Il s'agit d'un volume reprenant des textes courts de
Mary Beard : critiques de livres, résumés de conférences. Comptez 7 à 9 pages par texte. L'on peut voir dans ce receuil une reflection sur
L Histoire, les histoires et la vérité historique,
Une première partie reprend des textes relatifs à la Grèce antique.
Les palais Minoéens de Knossos par exemple. En fait, il n'en restait pas grand'chose. Ils ont été reconstruits au 19ième siècle par un archéologue qui a été très libre de suivre son intuition. La reconstruction a largement utilisé le béton. Maintenant, il serait impossible de défaire ce qui a été fait . Alors, ruine minoéenne ou fantaisie victorienne ?
Sappho était elle une poétesse lesbienne ou une auteure à l'imagination débridée ? Comment savoir ?
Thucydide, historien grec du début du 5ième siècle avant notre ère est presque incompréhensible en langue originale. Tant son style est bizarre, original, incongru. En décrivant le conflit qui opposa Athène et Sparte, a t-il écrit l'Histoire de cet épisode, ou a t-il voulu inventer le récit historique en utilisant ce conflit comme étude de cas ? En tous cas, une oeuvre pionnière,
Alexandre....le Grand. Mary le décrit comme un jeune homme immature, ivrogne, vain au delà de toute mesure, qui se livra à un raid durant plusieures années, déboulant jusqu'au Pundjab, sans trop savoir pourquoi ni comment. Phantasme pour mégalomanes ou tacticien de génie dépourvu de projet ?
La seconde partie concerne la Rome républicaine .
Tite-Live. Historien romain, dont le latin est très compréhensible, mais soporifique. Et s'il écrit bien en latin, il ne comprend pas bien le grec de ses sources primaires, ce qui le mène à confondre dates et lieux. Que peut-on conclure de
Tite-Live ?
La carrière de Verres, gouverneur romain de Sicile, qui s'acquitta si honnêtement de sa tâche que 2000 ans plus tard l'adjectif " verreux" constitue toujours une référence . Maitre-chanteur, voleur d'objets d'art, pillard de palais et de temples, trafiquant. Mais était il pire que les autres – tout gouverneur s'attendait à rentrer à Rome bien plus riche qu'il n'en était parti ? Et que penser d'un homme obsédé par l'art grec, dans une société romaine qui se demandait encore s'il ne s'agissait pas là d'une forme de décadence, et même s'il était admissible que l'art soit une propriété privée ? Que penser, d'ailleurs, de toutes ces oeuvres d'art, trophées des guerres européennes, qui peuplent nos musées ? Pouvons-nous juger Verres ?
Le meurtre de César, enfin. de fait, César fut l'objet d'un véritable massacre : une vingtaine de conspirateurs plongeant des dagues dans son corps – ou dans la confusion, dans le bras ou la jambe d'un confrère. Les autres sénateurs, témoins pétrifiés, se ressaisissent, et prenant la fuite, rencontrent une foule qui quitte
le Colisée après le spectacle. Tout le monde se regarde, on comprend plus ou moins ce qui s'est passé ,,, et c'est la foule qui panique: “ rentrez chez vous ! fermez vos portes !”, Apres quelques jours où Rome se terre, l'on claironne l'histoire officielle : en la personne de ses courageux sénateurs, le peuple s'est soulevé contre le tyran ! En fait non seulement le peuple n'a rien fait, mais il n'aurait pas voulu la mort de César qui distribuait grain et argent à la plèbe. Mais il était moins populaire parmi les familles aristocratiques, qui détestaient la façon dont il accaparait le pouvoir, diminuant ainsi le leur,
Quelques exemples, ou de cas, d'un livre qui poursuit avec la Rome impériale, avant d'interroger plus directement notre relation à cette histoire antique.
L'Histoire, les histoires et la vérité historique.
Mary Beard sait que nous n'avons, au fonds, que des éléments épars de ce qui s'est passé, un puzzle qui sera toujours très incomplet, de plus en plus incomplet au fur et à mesure que l'on s'enfonce plus profondément dans le temps. L'histoire, la vérité historique sont des constructions faites de ces pièces – et les pièces viennent d'auteurs différents qui eux mêmes avaient des images différentes en tête. Mais aucun de ces auteurs ne vivait à notre époque –aucun n'en partageait les cadres de référence ou les valeurs – et aucun n'écrivait à notre intention. Il s'agit donc d'une reconstruction, que l'on peut qualifier de conversation, entre des voix venues du fonds des temps, et les nôtres. Parfois les voix antiques acceptent de répondre à une question que nous leur adressons, parfois elles déclinent l'offre, faute de sources, Ces voix se contredisent, s'entre-mêlent, tant les leurs que les nôtres. Une conversation, donc, qui n'est pas près de se conclure, C'est pourquoi
Mary Beard croit en l'avenir des études de l'antiquité. Puisse-t'elle avoir raison.