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Finalement, c'est bien Jean-François Beauchemin qui parle le mieux de son dernier livre, le vent léger :

« Ça n'était pas un récit palpitant et très de son temps, sarcastique ou nihiliste, raconté dans un style convulsif avec beaucoup de repères modernes. Mais il y avait là des gens qui vivaient de leur mieux les uns auprès des autres. »

Voilà, on pourrait s'arrêter là. Et se méfier. Pourtant, étonnement et comme pour le Roitelet, je me suis encore fait prendre dans les filets de ce court roman qui dégouline d'amour, de nature et de bons sentiments. D'aucuns en feraient un best-seller feelgood. Beauchemin en fait un moment de pure grâce littéraire.

Dans les années 70, l'harmonie de la famille Cosson forte de six enfants va se trouver brisée par la longue maladie de la mère, à la fin inéluctable. En pleine conscience, elle s'y prépare, en équilibre entre l'avant et l'après :

« Car elle hébergeait une âme non pas décousue, mais, comment dire, disséminée, comme on le dit de certaines graines transportées par le vent léger, et qui restent longtemps ainsi transportées, suspendues entre ciel et terre. »

Elle avait atteint « cette étape de la vie (…) qui fait que la conscience est en paix relative, et désormais assez détachée du monde pour enfin s'y intéresser lucidement, sans trop de prudence ni trop de légèreté. »

Le père et les enfants s'y préparent également : « Je vote pour que nous commencions dès aujourd'hui à développer je ne sais comment notre courage, car je sens que nous en aurons besoin. »

Leur force, ce sont toutes ces valeurs aujourd'hui has been : l'amour mutuel, la curiosité, la bienveillance…

« Nous avions dès notre plus jeune âge développé une sorte de méthode, une façon de vivre inexplicablement basée sur une théorie du bonheur. » où les épreuves et même la mort « ne prenaient jamais complètement le pas sur la joie, la force, l'amour qui sauve, l'espoir, le rire et la vie. »

En parallèle du bruit du monde qui ne s'arrête pas pour respecter la peine, Beauchemin nous raconte ces mois particuliers qui inquiètent et soudent une famille. C'est beau. C'est triste mais c'est beau. C'est simple mais jamais simplet. À l'image de ce grand-père fantôme qui réapparaît parfois pour souffler quelques vérités :

« Je pense qu'il est seulement venu nous rappeler que même si les gens meurent, ça n'est pas une raison pour ne pas aimer vivre. »
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🍃Chronique🍃

Comment résister à la peine. Je n'y met même pas de point d'interrogation tellement il me paraît difficile ou propre à chacun d'y répondre. Car est-ce qu'on le peut. Et qui le pourrait. Est-ce qu'on y résiste en s'accrochant de toutes nos forces à la joie. Est-ce qu'on y fait face comme on fait face au soleil de l'hiver. Décris-moi ton paysage avec un être cher en moins. Décris-moi ton émotion avec une partie de toi qui s'en va. Décris-moi les mots quand la mort s'invite à ta table. Est-ce qu'un coeur est capable d'arrêter sa combustion. Je cherche mais je ne trouve pas les réponses et il n'y a pas de questions. Les choses sont là. Pour rien. Et c'est le plus dur d'encaisser une réalité terrible avec ce rien qui rôde. Et si l'heure est au rapprochement, la famille Cresson était déjà unie, heureuse, épanouie. Tout en simplicité. Tout à la joie de n'être qu'avec ceux que l'on aime. Ils avaient déjà cette force là. Ça, et cette propension à la joie. Ils la gardent, jusqu'au bout. Malgré le déséquilibre que le vent léger emmène, ils restent ces êtres émerveillés, dans l'émerveillement perpétuel, encore et toujours en capacité de s'émouvoir, avec leurs cinq sens, aux merveilles. C'est extraordinaire. S'émerveiller de l'ordinaire. D'un chapitre à l'autre, l'auteur nous raconte la vie de cette cellule familiale faite d'un couple et de leurs six enfants, et tout est beau, d'une simplicité formidable, d'un ordinaire commun. Et pourtant. Il faut avoir les mots et les émotions pour embraser nos coeurs ainsi. le mien n'y a pas résisté. Imagine. Imagine avec quelle candeur je m'y suis adonnée. Pour la raison simple que la simplicité est fascinante. Que le bonheur est léger, aussi léger que le vent. Que toutes ces petites choses qui font une vie, forment un tout cohérent et sublime. Les peines et les joies sont des états éphémères mais nécessaires pour apprendre à grandir, à mûrir et laisser place. La résistance doit se situer ailleurs et si vous écoutiez le vent léger vous saurez à quoi elle peut être utile. Alors là, je vous dirai que j'y mettrai toutes mes forces. Mais c'est une autre histoire. Et si je vous ramène à celle-ci c'est parce qu'elle est piquée de poésie. La poésie est multiple, grande et si délicate. Elle est graine, fleur, arbre. Tout comme nous. Il faut avoir le coeur ouvert pour la comprendre, la suivre dans le vent léger. Je crois intimement et dans le secret, que Jean-François Beauchemin est cet être voisin qui m'a soufflé de le suivre. Et non seulement, j'ai aimé le tour, mais plus encore la philosophie. Je ne crois pas que questionner quoi que ce soit serve vraiment à grand-chose, en revanche c'est bel et bien dans la lumière du ciel que je trouve toutes mes réponses…À l'instar de la famille Cresson…
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Un auteur récemment découvert avec le sublime Roitelet va entrer dans mon Panthéon. Encore un roman court et dense comme je les aime et une plume agréable par sa simplicité et sa poésie.
Le vent léger se situe en 1971 au début, et le récit sera ponctué de références à l'actualité mondiale mais tout se passe dans la famille Cresson: un couple aimant et leurs six enfants: Enzo, Léonard (le narrateur) Zelda, Elliot, Arthur et Zénon.
Sans oublier Ringo, le bouc familier et l'ami: le fermier Bertin.
Premier deuil: le grand-père maternel tant aimé. La mère qui adorait son père dit cependant: "Bien que ce soit un jour de pleurs, de souffrances et d'imposante tristesse pour nos coeurs et nos esprits, ce n'est pas une raison pour ne pas aimer vivre".

Baudelaire, Nietzsche,Sartre, plus curieusement Piaget occupent les esprits mais aussi des célébrités du monde du spectacle: Luis Mariano ténor, mort le 14 juillet, Martine Carol, comédienne, les Moody Blues avec Nights in white satin ; des faits historiques: mort du général De Gaulle, celle de Khrouchtchev...et pourtant
Joie, émerveillement ,prédisposition pour le bonheur, beauté qui guérit tout...mais tout de même plombé par une terrible nouvelle annoncée par la maman:"La maladie s'appelle la leucémie aiguë lymphoblastique...il n'y a pas de traitement possible, il est trop tard".
La mort va s'installer dans les esprits; les enfants vont d'abord s'occuper de leur père dévasté puis se serrer les coudes pour conserver la joie ne serait-ce que pour leur mère dont l'agonie sera bien longue." Maman qui n'aimait pas voir les gens malheureux, avait insisté pour que le cancer ne change pas notre habitude de la légèreté et de la joie"
Elliot: " je crois que le chagrin est une sorte de chat sauvage, de couleur grise, et plutôt retors. Il faut se mettre à plusieurs pour en venir à bout. Car tout seul on y arrive mal."Nous allions devoir nous rapprocher encore un peu plus les uns des autres. Ils sont athées: pas de consolation divine (même si le père chante à l'église le dimanche à cause de sa belle voix.)
De temps en temps Léonard, le narrateur, adulte, s'interroge sur la nécessité d'écrire cette histoire."je m'en veux tout-à-coup de raconter une histoire pareille alors que ce que je cherche toujours à faire, c'est apporter de la joie aux gens".
C'est toujours plein d'humanisme sincère.La dernière page et la dernière phrase sont à méditer.
J'espère trouver les autres en médiathèque ou en librairie, Tout particulièrement La fabrication de l'aube mais aussi ceux qui sont sortis entre le Roitelet et le Vent léger: La Source et le Roseau et Trois ans sur un banc..




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Le vent léger
Ce livre qui se veut comme le suggère l'auteur, ‘'…une visite guidée de la
mémoire d'un homme'', raconte l'histoire d'une famille qui se trouve confrontée
à la maladie incurable d'une mère. On suivra jusqu'à la fin l'évolution du mal et
le cheminement du père et des enfants face à ce drame. Mais qu'on ne s'y
trompe pas ; il ne s'agit pas ici d'une histoire sombre, loin de là. C'est plutôt vers
la lumière que nous entraîne l'auteur Jean-François Beauchemin, dans une
remarquable esquisse de ce que peut être la vie, même dans ses moments les
plus graves, et ces visions opposées qui, au final, s'enrichissent l'une l'autre.
Comment Beauchemin a-t'il pu, avec un sujet, somme toute, aussi lourd,
insuffler à son récit un tel envol, une telle brillance, une si vaste espérance ?
Comment, dans une descente inexorable vers la mort, cet auteur a-t-il pu
révéler tant de vie et de lumière ? Voilà précisément l'immense talent de Jean-
François Beauchemin.
Chacun des nombreux chapitres, courts et incisifs, lié aux actualités des années
soixante, porte en lui une réflexion authentique sur la vie, la mort, la douleur ou
la beauté, l'entraide et le soutien, avec une poésie qui s'envole avec nous sous
son aile, et souvent un humour qui éclate, sourire en coin:
‘'Zelda étudiait les composantes du moteur avec une attention d'hygiéniste
dentaire.''
‘'Peu à peu nous mettions nos pas dans ceux de notre avenir.''
‘'…alors son âme apparaissait comme un noyau dans un fruit entrouvert.''
‘'C'est le temps et le hasard qui déblaient pour vous le chemin. Car, tout seul, on
y arrive mal.''
Des larmes, oui, bien sûr, mais pas sans nos larmes mêlées, nos étreintes, notre
douleur partagée.
Le vent léger est un livre à la fois compact et aéré comme la vie, comme la
nature qu'il sait si bien décrire, avec ses animaux aussi, témoins silencieux de
nos vies et qui sont d'ailleurs partout présents dans son oeuvre.
Une âme qui se déchire laisse éclater sa force et sa lumière, elle libère son
contenu, et c'est de mille façons que ce livre nous apprend à demeurer sensibles
à la beauté des choses.
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Qu'il est savoureux de retrouver la plume et l'univers plein de sensibilité de Jean-François Beauchemin. Dès la première phrase la respiration s'apaise et un sourire naît sur les lèvres.
"Un matin de l'été mille neuf cent soixante cinq, peu après le passage de la benne à ordure, la verroterie des dernières étoiles a cessé de scintiller, et la nuit noire du monde cédé sa place aux rayons poétiques et très anciens du soleil."

Ce matin là Zenon le sixième enfant de la famille Cresson vient de naître. Une famille vivant, à la campagne, une vie simple et ordinaire, ancrée dans le présent. Une famille étonnante où chacun est accepté et s'accepte, développe sa sensibilité et se construit grâce la force des liens familiaux. le père lit Nietzche et Baudelaire, fabrique des chaises et chante Bach à la chorale. La mère, "ses épaules poétiques, son sourire de littoral espagnol..." cultive l'amour de la vie, le sens de la solidarité, le goût de la liberté et l'émerveillement permanent.
C'est Léonard le second de la fratrie qui écrit cette histoire pour se rappeler "que nos esprits et nos coeurs quand ils s'unissaient négociaient mieux les courbes dans le tournant abrupt des choses, que ce qui nous importait était non seulement notre propre situation, mais également l'état de santé du vaste monde, la guêpe venue reposer sur ses épaules ses ailes inquiètes"
La vie de la famille, histoire dans la grande Histoire, fait partie du tout de l'univers. Lorsqu'en en mille neuf cent soixante et onze la mère est frappée par une leucémie la famille, soudée, fait face regardant courageusement la mort à l'oeuvre mais n'oubliant jamais de savourer l'instant présent. Léonard dit que la famille cultive une méthode, "une façon de vivre inexplicablement basée sur une théorie du bonheur, et que pour nous la
maladie, la souffrance, le malheur, la désolation, la fatigue la détresse ou la mort nous stimulaient, en un sens, ou en tout cas ne prenaient jamais complètement le pas sur la joie, la force, l'amour qui sauve, l'espoir, le rire et la vie."

Ce texte est une magnifique leçon de philosophie, d'humanité et de solidarité. Il place l'homme comme un élément au sein du grand monde, situe au même niveau L Histoire et les histoires des hommes, des animaux et de la nature. Il questionne la vie, la mort avec délicatesse et spiritualité, un "athéisme doux". L'écriture est simple et lumineuse, pleine de sérénité et de poésie.
Ce récit, de la plus belle des manières, apaise, charme et console.
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Une famille de six enfants vit au Québec.
Les deux parents leur inculquent la joie de vivre et l'amour de la beauté et de la nature.
C'est une famille heureuse.
Mais en 1971, terrible nouvelle.
La mère âgée de 40 ans à un cancer inguérissable.
Elle s'étiolera au fil des mois.
Le père et les enfants tentent chacun à leur manière de faire face à cette implacable fatalité.
C'est un récit tout en douceur, très certainement autobiographique.
L'écriture très poétique est émouvante.
Certes je l'ai trouvé parfois un peu lent et répétitif, mais ça demeure très beau.
J'ai très envie de lire « Le roitelet » du même auteur.
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Le père, homme solide et modeste, travaille dans un magasin de fruits. Il lit Nietzsche et Baudelaire et il chante Bach dans la chorale de l'église.
La mère, lumineuse, inculque un usage poétique de la vie, un émerveillement permanent.
La famille vit dans un coin paisible près de la forêt.
Comment s'étonner de la prédisposition au bonheur de cette petite famille ? Si on ajoute en plus la présence fantomatique du grand-père maternel, un voisin empreint de son livre de sagesse et un bouc chevelu fidèle.
Malheureusement, en cette année 1970 la maladie s'invite dans ce bonheur simple et collectif. Si la beauté environnante les guérissait de tout, comment la famille va-t-elle vivre avec le cancer de la mère.
Léonard, le fils de quinze ans, est le narrateur de cette histoire qui aurait pu être bien sombre sans la respiration la nature, la force de leurs liens et la lumière de la spiritualité. C'est une histoire de résistance au cynisme, au découragement et au chagrin inévitable. A force d'émerveillement, de compassion et d'amour partagé.
C'est toutefois, un moment de doute et de questionnement sur la vie après la mort, sur la nature de l'âme.
Au fil de cette année qui signe la fin de la douce enfance, les échos de l'actualité montrent que la vie continue. L'auteur égrène des repères, faits de l'actualité des années 70, des instants mémorables, des chansons du moment. Nous ne sommes que des maillons dans une chaîne qui continue à vivre.
Un roman d'une beauté simple, d'une lumineuse humanité qu'il faut lire et relire.

Lien : https://surlaroutedejostein...
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Comment un enfant, ici Léonard Cresson âgé de 15 ans, même à l'abri d'une fratrie peut-il envisager la mort de sa mère atteinte d'un cancer incurable ?
Comment la fratrie même, composée de 6 enfants, trouve la force d'envisager l'avenir sans elle ?
C'est ce que nous propose de découvrir Jean-Francois Beauchemin dans ce texte court mais dense, si beau !
Dans la famille Cresson on ne croit pas en Dieu, mais on s'émerveille des beautés de la nature, de ce qu'offre la vie à son contact, de la poésie. Et surtout on s'aime, on se respecte, on se soutient.
C'est Leonard qui raconte cette année 1971, celle qui précède la mort de la mère. Champion du monde de l'optimisme, il dit le cheminement de cette tribu, le réconfort des choses simples, un poème raté du père, une pensée philosophique du voisin fermier.
On devine qu'il enjolive, qu'il embellit, qu'il ne dit pas tout, on l'en remercie.
Ce texte est un baume. Précipitez vous !
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Après lu sublime "le Roitelet" l'émerveillement est à nouveau au rendez-vous, car Jean-François Beauchemin sait raconter l'humanité comme personne, même à travers le malheur.

1971. Une famille de six enfants et leurs parents vivent une existence paisible à la campagne. le cancer s'invite dans le corps de la mère, amenant son entourage à renforcer les liens et les attentions qui les habitent déjà.

Ah travers son regard parfois décousu mais toujours poétique, Léonard, deuxième de cette grande fratrie, nous raconte le banal et l'ordinaire, la petite histoire imbriquée dans la grande, celle du Québec, il évoque ses questionnements sur la vie, l'après, l'âme, la nature...conscient que la fin de l'enfance et de l'innocence est proche.

Baigné des tendres réflexions d'un père qui lit Baudelaire et Nietzsche entre ses créations de chaises et ses chants à l'église, athée qu'il est. Il y a aussi les observations lumineuses du voisin, du sage fermier Bertin avec ses métaphores, et bien sûr de chaque enfant au caractère propre et éveillé.

Riche en réflexions, en émerveillements, sur la vie et ses tourments, mais aussi sur la force et l'amour qui existent et demeurent malgré tout, Jean-François sait redonner foi en l'humanité comme personne et cela fait un bien fou.
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Bonsoir,
Je continue ma découverte de l'auteur québécois Jean-François Beauchemin avec « le vent léger » aux éditions Québec Amérique. Comme avec le roitelet, nous sommes dans l'absolue simplicité de la poésie de la nature. C'est bouleversant d'authenticité et de spontanéité. C'est triste bien évidemment puisqu'il parle de la maladie de la maman de 6 enfants mais tellement plein de vie. Un bel hymne à la joie de vivre, l'amour, la vie. J'ai adoré !

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