Un livre péché mignon pour ma part, non pas qu'il soit que douceur, mais plutôt parce qu'il est un véritable plaisir à lire.
La plume de Beauchemin se déguste par petite bouchées.
Son imaginaire et ses métaphores, méritent qu'on prenne le temps de les déguster mais aussi de les intégrer. Des robinets pour parler des larmes, un garage pour signifier un nouveau départ.
Le récit littéraire familial, d'une petite famille qui est plutôt économe de ses mots.
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Au premier paragraphe, le ton du livre était donné....et je dégustais ce roman bonbon...
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Alors ce jour-là Joëlle lui a demandé monsieur Garcia, comment vous faites pour toujours voir les choses du bon côté ? En rigolant comme d'habitude il s'est tapé les cuisses avec tant de bonne humeur qu'on sentait que si son tibia avait pu, monsieur Garcia aurait fait quelques pas de danse juste là, dans la cuisine de son HLM. Puis il s'est calmé, il s'est penché vers Joëlle et il a dit mademoiselle, il vient un moment où il n'y a qu'une seule façon de lutter contre le chagrin, et c'est de faire semblant qu'on est heureux. C'est comme pour l'insomnie. La prochaine fois que vous aurez de la difficulté à vous endormir, essayez ce truc. Faites semblant de dormir. Tôt ou tard vous sombrerez dans le sommeil. Il vous faudra bien quelques années de pratique, mais croyez-moi. Le coeur humain ne demande qu'à être heureux. Répétez-lui les mêmes choses pendant un certain temps et il finira par les croire. (p.54)
Dehors l'été chauffait les trottoirs, et par la fenêtre ouverte on entendait parfois les cris des enfants du quartier qui jouaient dans des boîtes de carton devant les HLM. À ces voix se mêlaient celles des chiens qui sautillaient autour des gamins en essayant de comprendre les jeux des humains, mais qui au fond ne désiraient que leurs caresses. Sur les pelouses d'autres chiens faisaient la sieste, puis quand leurs rêves de chiens s'achevaient, ils se levaient et on voyait l'empreinte de leur physique qui restait un moment sur l'herbe. Ensuite le vent venait tout replacer. On regardait ça, on pensait un peu à la vie en général et on se demandait à la fin, qu'aurai-je laissé derrière moi?
Aussitôt dans la cuisine, il a dit salut! en ouvrant les bras en riant, mais même avec ce sourire et la casquette on n'arrivait pas facilement à oublier son apparence de mauvais garçon. Pour ça il fallait le regarder vivre un moment avec les gens, et alors sa gentillesse effaçait l'apparence, un peu comme lorsqu'on devient amoureux. À la fin la personne aimée peut bien ressembler à une truite, à cause du sentiment on ne fait plus la diférence. (p.175)
C'était pourtant un jour de printemps, et dans les nids les oisillons perçaient leur coquille avec leur becs de débutants. Une fois sortis de l'œuf ils commençaient leur chanson mais en se trompant un peu dans les notes, à cause de l'inexpérience. Puis au bout d'un couplet ou deux ça s'arrangeait et on comprenait que les beaux jours étaient bel et bien revenus dans le quartier.
En réalité autour de nous avec toute cette noirceur on ne voyait pas beaucoup l’avenir, mais Joëlle a souri quand même.
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