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EAN : 9782923986555
325 pages
MEditeur (28/06/2013)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Depuis plusieurs années, des jeunes et des moins jeunes de plusieurs pays, notamment du Québec et du Canada, s'investissent dans la grande aventure de la solidarité internationale. Plusieurs partent chaque année pour ouvrer comme stagiaires ou coopérantes volontaires auprès d'organisations de la société civile en Afrique, en Asie et dans les Amériques. D'un autre côté, dans leur pays respectif, des citoyennes mettent sur pied des campagnes de solidarité pour venir e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Coopération et solidarité internationale transparente et ouverte

L'ouvrage comporte quatre parties : « Notre monde, uni et divisé », « Les peuples se prennent en main », « Les nouveaux chemins de la solidarité », « S'engager : où, quand, comment ? » et pour ne pas conclure « La solidarité internationale, un engagement citoyen ».

En introduction « La solidarité internationale au Québec, ça vient de loin ! », Pierre Beaudet, Raphaël Canet et Amélie Nguyen indiquent, entre autres : « C'est cet impératif de solidarité qui constitue le fil conducteur de l'ouvrage que vous avez entre les mains. Cet ouvrage a été écrit par plusieurs personnes, pratiquement de trois générations différentes. Il est le fruit d'expériences et d'engagements, d'espoirs et d'aspirations. Il se veut un outil pour les personnes qui souhaitent s'engager dans cette belle aventure de la solidarité internationale, mais avec les pieds bien ancrés dans notre réalité nationale, car changer le monde commence par se changer soi-même, puis changer son entourage, sa communauté, sa société… Partir à la rencontre de l'autre conduit souvent à se découvrir soi-même ».

La première partie est une sorte de radiographie des tendances lourdes du monde uni et divisé, des réalités de la mondialisation. La seconde explore une partie des situations régionales et des mobilisations/réponses en cours de construction. Dans la troisième partie, les auteures analysent les relations entre le Québec et les pays dits du tiers-monde, les réflexions, les propositions en débat de militant-e-s engagé-e-s dans les actions de solidarité. La dernière partie envoie au titre de l'ouvrage « Passer de la réflexion à l'action ».

Je mets l'accent, très subjectivement, sur quelques éléments.

Mondialisation et libre échange, privatisations et déréglementations construits par les États. « Ce processus se fonde sur la croyance que le secteur privé est plus efficace que le secteur public pour produire de la richesse et que la libéralisation de l'activité économique stimule la croissance et améliore le sort des population. C'est cette croyance que l'on nomme le néolibéralisme et qui sert de fondement idéologique à la mondialisation ». le grand marché planétaire est construit par les pouvoirs publics et les institutions internationales.

Mondialisation et approfondissement des inégalités sociales. Cependant à notre époque, il y a combinaison d'une baisse de l'inégalité internationale et d'une hausse des inégalités sociales au sein des différents pays. Les États ont adopté des politiques fiscales réduisant les taux d'imposition des entreprises et des plus riches, sans oublier les évasions vers les paradis fiscaux. Dans le même temps, ils organisent la baisse du coût relatif du travail. « Avec la mondialisation, le rendement du capital a donc explosé au détriment de celui du travail, lequel a fortement été réduit »

Il convient de rappeler que le néolibéralisme « ne constitue qu'une interprétation de la réalité et de son devenir ». La force du TINA (there is no alternative) s'est construit sur les renoncements des gauches gouvernementales. Ce qui ne dédouane pas les gauches d'émancipation de leurs difficultés à élaborer de nouvelles hypothèses stratégiques, à favoriser les luttes sociales et politiques, leurs auto-organisations et leurs coordinations, à proposer des solutions démocratiques et socio-économiques à vocation majoritaire, ou à construire des solidarités actives au services des populations en lutte à travers le monde. Les auteur-e-s soulignent les dynamiques d'opposition, « l'antimondialisation contestataire », les dynamiques de propositions de « l'altermondialisation créatif » ou l'innovation des Forum sociaux mondiaux (FSM), sans oublier, l'étincelle zapatiste, la bataille de Seattle, Gênes contre le G8, les Indigné-e-s ou le printemps arabe, sans oublier les luttes des jeunes ou des étudiant-e-s…

J'ai particulièrement été intéressé par les articles sur le Brésil ; l'Inde et les « oppriméEs des oppriméEs » et la place des femmes ; le printemps arabe et la place des jeunes ou les analyses sur les forces politiques islamiques « elles sont plutôt favorables aux politiques néolibérales, ce qui a profité à certaines couches sociales moyennes, et n'envisagent pas de faire des réformes sociales d'envergure en s'abritant derrière une véhémente rhétorique selon laquelle une imposition stricte de la religion (la charî'a ou charia) réglera tous les problèmes », sans oublier la colonisation de la Palestine (un chapitre dans la troisième partie du livre est consacré à la solidarité avec la Palestine : « Un bateau pour Gaza ») ou la « guerre sans fin » ; la Bolivie et « Pachamama » (terre-mère en quechua) ; le Mali.

Les auteur-e-s décrivent les « nouveaux chemins de la coopération », les limites et les contradictions de l'aide humanitaire. Les politiques d'aide sont le plus souvent « déterminées en fonction de l'intérêt des pays donateurs ». L'aide humanitaire participe « de l'affaiblissement des capacités des institutions locales ».

L'économie sociale et solidaire est mise en avant et cinq critères sont soulignés :

« - Lucrativité maîtrisée (par distinction avec l'entreprise capitaliste qui mise sur le maximum de profits) ;

- démocratie d'associés (par distinction de l'entreprise capitaliste où dominent de grands actionnaires contrôlant le pouvoir dans l'entreprise) ;

- logique d'accompagnement social dans la communauté (par distinction avec une logique de surconsommation individuelle) ;

- réponse à des besoins dans la recherche d'un « bien vivre » (par distinction avec la création de richesse liée à un « vivre avec toujours plus ») ;

- ancrage dans les territoires (par distinction avec l'entreprise capitaliste peu soucieuse de sa localisation). »

Dans la troisième partie j'ai notamment été intéressé par les articles sur la place des femmes et l'intégration de la notion de genre (« Remettre les femmes au centre du processus de développement ») et l'article sur « Valoriser les droits des peuples et des femmes autochtones ».

Cette partie se termine par une invitation à « Penser, travailler et agir ensemble » : « Bref, travailler en coalition, c'est travailler à la production d'un espace où des sujets constitués à partir de positions variées se rencontrent provisoirement pour prendre la parole et agir sur le terrain politique. Travailler en coalition, c'est occuper un espace qui n'est celui d'aucun sujet en particulier ; on n'y évolue qu'au prix d'une certaine altérité dans la mesure où être avec l'Autre ne signifie pas s'approprier sa lutte, parler en son nom, l'inclure, l'organiser, mais exige que l'on reconnaisse la différence. Dans cette optique, travailler en coalition suppose que l'on agisse en admettant que les ruptures et les divisions fassent partie du processus démocratique, davantage que l'unité imposée par des rapports de pouvoir, au nom d'intérêts communs souvent fictifs ».

S'il faut sauver des vies et ne pas renoncer aux aides d'urgence, il faut aussi et surtout aider « les communautés à se relever et à mettre sur pied des stratégies pour regagner leur autonomie et la sécurité ». Les auteur-e-s montre comment « partir comme stagiaire », démystifient la coopération internationale volontaire.

Il convient aussi de « s'engager dans le combat contre la guerre et la militarisation » ou de « lutter pour la souveraineté alimentaire ». D'autres points concrets sont traités.

« Il s'agit à la fois de maintenir une capacité d'autocritique et d'adaptation dans les organisations, de défendre et de maintenir la coopération solidaire ancrée dans des actions politiques ici et ailleurs, de se réapproprier collectivement le discours en ce moment malmené de la solidarité internationale et de sensibiliser le public aux enjeux de la coopération et de la solidarité internationale de manière originale, transparente et ouverte ».

Des articles complétés de cartes, d'encarts détaillés, de photos, de graphiques, de petites bibliographiques et d'indications d'articles ou de sites sur Internet. Un livre écrit très lisiblement, contrairement à bien des ouvrages de ce coté-ci de l'Atlantique. Un ensemble toujours à compléter, qui ne renvoie pas les actions de solidarité à d'autres conditions sociales, à d'autres temps, tout en ne cachant pas les errements de certain-e-s ou les contradictions existantes. Et comme habituellement, pour cet éditeur, le non-oubli des travailleuses et des travailleurs qui ont imprimé le livre.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C’est cet impératif de solidarité qui constitue le fil conducteur de l’ouvrage que vous avez entre les mains. Cet ouvrage a été écrit par plusieurs personnes, pratiquement de trois générations différentes. Il est le fruit d’expériences et d’engagements, d’espoirs et d’aspirations. Il se veut un outil pour les personnes qui souhaitent s’engager dans cette belle aventure de la solidarité internationale, mais avec les pieds bien ancrés dans notre réalité nationale, car changer le monde commence par se changer soi-même, puis changer son entourage, sa communauté, sa société… Partir à la rencontre de l’autre conduit souvent à se découvrir soi-même
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Il s’agit à la fois de maintenir une capacité d’autocritique et d’adaptation dans les organisations, de défendre et de maintenir la coopération solidaire ancrée dans des actions politiques ici et ailleurs, de se réapproprier collectivement le discours en ce moment malmené de la solidarité internationale et de sensibiliser le public aux enjeux de la coopération et de la solidarité internationale de manière originale, transparente et ouverte
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Bref, travailler en coalition, c’est travailler à la production d’un espace où des sujets constitués à partir de positions variées se rencontrent provisoirement pour prendre la parole et agir sur le terrain politique. Travailler en coalition, c’est occuper un espace qui n’est celui d’aucun sujet en particulier ; on n’y évolue qu’au prix d’une certaine altérité dans la mesure où être avec l’Autre ne signifie pas s’approprier sa lutte, parler en son nom, l’inclure, l’organiser, mais exige que l’on reconnaisse la différence. Dans cette optique, travailler en coalition suppose que l’on agisse en admettant que les ruptures et les divisions fassent partie du processus démocratique, davantage que l’unité imposée par des rapports de pouvoir, au nom d’intérêts communs souvent fictifs
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