Destins croisés de femmes depuis les années 30, dans une France qui ne brille guère par sa tolérance.
Sylvie Beauget, avec une empathie exemplaire, se penche sur des personnages blessés par la vie et une société indifférente, quand elle n'est pas hostile, répressive. Une écriture singulière, concise, efficace, exceptionnellement attentive au quotidien, sans afféteries ni clichés, marquée par l'ellipse et l'oralité — la façon dont on parle, simplement —, virtuose dans l'art d'aller et venir d'un personnage à l'autre, d'un destin à l'autre. Il y a là du
Giono, et du meilleur, celui de l'auteur de "Vie de Mademoiselle Amandine". La langue de
Sylvie Beauget, riche de fulgurances, s'invente comme en refus de toute volonté littéraire, ou tout au moins de tout style classique, cousinant ainsi avec les façons de certains peintres trop simplement classés dans "l'art brut".