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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore une fois les fées vous nous proposez une lecture originale qui ici peut-être considérée comme un véritable ovni !

Clémentine Beauvais est une auteure qui a de nombreuses cordes à son arc. Après s'être essayée à la littérature jeunesse, young adult ou encore à la romance, notre jeune écrivaine s'aventure dans un nouveau genre; celui de la poésie. Par sa plume qui donne vie à des vers, Clémentine va revisiter l'une des oeuvres les plus connues de Charles Baudelaire: "Une Charogne".  Qui est donc ce cadavre qui gît sur le bord de la route et qui est en train de se faire dévorer par les insectes? Au fil des chapitres, Clémentine Bauvais va nous entraîner dans son imagination débordante pour redonner vie à ce corps.

Roman engagé et très poétique, cet ouvrage ne laissera pas indifférent de par sa forme et de son contenu. Je tiens à féliciter notre autrice qui sait se réinventer et qui ose s'aventurer dans des genres très variés.
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Clémentine Beauvais explore les chemins de traverse de la poésie avec ce nouveau titre . Décomposée revisite l'un des poèmes les plus célèbres de Baudelaire, dans une ingénieuse et jubilatoire réécriture féministe : « une charogne » s'adresse à la muse du poète Jeanne Duval, La forme du texte peut déstabiliser mais elle joue entre les genres pour mieux appréhender la fantaisie et le processus littéraire poétique. Cet ouvrage a bien des égards permet de dépasser les frontières et préjugés en mettant également en évidence Jeanne Duval dans son rôle de femme. La trame du récit se déguste comme un court roman qui rend hommage à l'histoire d'amour entre Baudelaire et sa muse à travers des dialogues savoureux et enrichis par la richesse des mots et de la langue.
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Entre roman et poésie, en nous faisant re-découvrir le poème de Charles Baudelaire La charogne, Clémentine Beauvais donne vie aux femmes oubliées.

Jeanne la muse du poète
Grâce, celle qui est abandonnée, morte dans le fossé, à la merci des charognards qui se repaissent de son cadavre.
Mais Grâce a eu une vie, des soeurs, un père et un frère.
Grâce a protégé les soeurs des assaults du frère en les subissant nuit après nuit, jusqu'au départ pour la ville.
Grâce à soigné les filles, les femmes, fait des anges de ces petits corps qui voulaient pousser dans le ventre des filles de rien, des femmes aussi.
A réparé les blessures, faites en tombant, faites en trimant, faites dans les silence des foyers où l'homme toujours est tout puissant.
Grâce abandonnée là, au bord du fossé.

Alors Jeanne la muse du poète entend, comprend, se remémore, sait qu'il ne faut pas oublier ces femmes qui aident, subissent, triment, partagent, donnent aux autres.

Une véritable surprise. Un roman à la forme originale qui sait dire les autres, la condition des femmes, l'avortement, le viol, la prostitution, la solidarité féminine mais aussi les lieux de vie et le temps qui passe.
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Charles Baudelaire se promène avec Jeanne Duval, sa muse, quand il découvre une charogne. 

L'autrice revisite le poème “ Une charogne” de Charles Baudelaire et le transforme en un roman en vers.
Elle fait parler Charles et Jeanne.
La charogne exprime ses dernières pensées et ses souvenirs déjà entrain de s'évaporer dans l'air, eux aussi et c'est le destin de cette femme, de cette charogne, qu'elle imagine, la faisant prostituée, chirurgienne, avorteuse, tueuse en série.

"Ceci n'est plus mon corps. Dans la mort, il est devenu celui de tout le monde. Il appartient au détour d'un sentier à tout le monde.
Faites-en des poèmes. 
Je préfère cela à la tombe, à la pierre roussie de lichen, je préfère, c'est ma dernière coquetterie."

Une oeuvre singulière, intelligente et engagée. 
Un roman court et impertinent.
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Tour de force intelligent et poignant : la transformation d'un bref poème de Baudelaire en un roman en vers, socio-politique et intime.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/08/22/note-de-lecture-decomposee-clementine-beauvais/

Si « Songe à la douceur », en 2016, premier roman en vers de Clémentine Beauvais, empruntait son titre à « L'invitation au voyage » de Baudelaire, il s'agissait pourtant d'une libre et redoutable adaptation de l'« Eugène Onéguine » de Pouchkine (lien PouchkineBaudelaire ?). « Décomposée » en revanche, son deuxième roman en vers, publié en avril 2021 dans la passionnante collection L'Iconopop des éditions L'Iconoclaste, est une transmutation audacieuse d'une autre des « Fleurs du mal », celle du poème « Une charogne ».

En imaginant une vie avant la mort au cadavre putréfié, rencontré un jour de promenade, entre spleen et idéal, par le poète et sa compagne, en travaillant au corps encore préservé cette vie, en y introduisant avec force des marqueurs féministes et émancipateurs – d'époque – et en confiant à la muse Jeanne Duval la délicate mission de contredire in petto les certitudes patriarcales de son amant Charles, l'autrice nous propose un exercice intelligent et poignant, composant sous nos yeux un diabolique concerto à trois voix et choeurs historiques, transformant la décomposée du titre en un précieux témoin social et politique de ces années 1820-1850 – et de leur descendance jusqu'à nos jours, pour le meilleur et pour le pire. On songera certainement, parmi les résonances possibles, aux formidables « Trois maisons » de Perrine le Querrec, même si celles-ci ne seront habitées que quelques dizaines d'années plus tard, à l'infiltration généralisée d'un hygiénisme moralisateur réussissant au fil du temps la prouesse de mépriser le corps des femmes tout en en revendiquant le contrôle, à l'incisif « Faire passer » de Carole Zalberg, actualisant pour nous, de nos jours, la faiseuse d'anges du XIXème et du premier XXème siècle, et on admirera l'adresse et l'élégance avec lesquelles Clémentine Beauvais, naviguant entre le détour d'un sentier de 1855 (véritable boîte à rythmes et glas étrange de l'ensemble du poème), la montagne et le ravin de 1820-1821, tout un monde lointain de 1830, une cour où des enfants jouent aux osselets de 1843, une chambre en haut d'un escalier de 1841, diverses chambres (plus anonymes cette fois, mais pas moins poignantes) des années 1840, et l'autre pôle presque permanent du récit, la rue de la Femme-sans-tête en 1843, en 1845 et en 1855 (« quelques jours avant »), crée sous nos yeux un roman politique acéré à partir de deux quatrains célèbres, de quelques suppositions biographiques et d'un sens prononcé de l'histoire sociale et intime de notre pays.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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J'aime beaucoup la plume de Clémentine Beauvais... et je n'attendais pas là l'autrice, dans cette revisite du poème "Une charogne" de Charles Beaudelaire.
Roman-poésie en vers, parfois crus, souvent engagés, toujours grincants. le début est un peu déroutant, mais une fois lancé on ne veut que découvrir pourquoi/comment cette femme est arrivée là, sa vie, sa mort.
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Sur la quatrième de couverture, il est mentionné que l'autrice revisite le célèbre poème "Une charogne" de Charles Baudelaire. Encore un cours de français que j'aurais manqué. Heureusement, il est encore temps de remédier à cette lacune ; et ma librairie préférée possède Les fleurs du mal dans son rayons poésie. Je viens de vérifier. J'ai fait quelques recherches sur internet - merci internet. Les personnages de ce court roman, particulier dans sa forme sont Charles Baudelaire et Jeanne Duval, sa maîtresse.
Le titre du livre m'a plu "Décomposée". La forme m'a plu, une prose inventive avec une répartition des mots, des phrases irrégulière. J'ai apprécié le thème féministe. Mais j'ai trouvé le roman difficile car protéiforme.
Jeanne invente une vie à cette charogne. Une vie malheureuse, une vie gâchée par la condescendance des hommes qui utilisent les femmes pour leur plaisirs. Ils les privent d'une vie de femme, d'épouse, de mère. Mais la charogne se venge.
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Inspirée par le poème « une charogne » de Charles Baudelaire, Clémentine Beauvais imagine la vie de ce cadavre, non pas en animal comme personnellement je me le suis toujours figuré en lisant ce poème, mais en femme. Elle en fait une personnalité peu commune, de femme forte à un point discutable, rattrapée par la violence de la vie qui finit par lui faire perdre le sens commun.

Ce cadavre parle par-delà la mort, raconte sa vie, ses épreuves, ses choix. Il s'adresse plus particulièrement à Jeanne, Jeanne Duval, la compagne de Baudelaire, à qui le poème est dédié, à Jeanne en tant que femme, qui elle aussi a traversé des épreuves, nombreuses.
L'autrice imagine le fil de pensée de Baudelaire à la création du poème, et le met en dialogue avec le cadavre et avec Jeanne, leur donnant le pouvoir et dépossédant quelque peu le poète.
L'écriture et les images de Clémentine Beauvais sont aussi crues que celles de Baudelaire dans son poème, le destin du personnage aussi noir et lumineux.
Le charme de l'écriture en vers se fait discret mais essentiel.

Clémentine Beauvais parvient à peindre des femmes et à faire deviner la société du XIXème siècle avec un écho troublant à aujourd'hui, faisant ressentir cette lignée du fond des âges, cette condition féminine qui sonne comme une fatalité. Glaçant.
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Décomposée de Clémentine Beauvais

Iconopop

Quelle curieuse lecture !

C'est un récit autour de la Charogne, le célèbre poème de Baudelaire.

Le cadavre git sur un bas-côté, putréfaction, décomposition avancée du corps.

A l'instar de Charles, Jeanne prend la parole.

Elle s'octroie la parole, elle a des choses à dire, de l'imagination à revendre, ses propos perturbent le poète, le fascinent, l'effraient.

Si la fiction prend ses racines dans la légende, on peut alors comprendre combien Jeanne Duval, la maitresse venue des îles peut inspirer le poète, sa muse aussi mystérieuse que redoutable !

Un livre court, presque un exercice de style, un texte polyphonique où Jeanne devient porte-parole des femmes, de toutes les femmes, de ses soeurs, maltraitées, abusées.

Clémentine Beauvais donne à Grâce, une vie, une consistance, des rêves, des espoirs, des illusions, une voix dans la mort.
Le XIXème siècle, la voix d'une femme inaudible, la route sera longue, difficile mais le droit des femmes commence là, à coup d'aiguilles et de meurtrissures…

Le parallèle est intéressant, une variation poétique originale.

🎈« Ta peau brune, fumée, parcourue de baisers

et de frissons,

Fiévreuse et amoureuse, ayant tout oublié

De la charogne au détour d'un sentier.

Simplement tendresse entre les joues des oreillers. »🎈

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Le poème "Une charogne" se trouve dans le recueil Les Fleurs du mal écrit par Charles Baudelaire. Quel lycéen.ne n'a pas hoqueté/ricané de fascination et/ou dégoût devant la description de ce corps de femme en décomposition abandonné le long du chemin. Par lui, les élèves apprennent que la beauté classique n'est pas la seule recevable et que la pourriture peut engendrer le sublime, la preuve par Charles !
Clémentine Beauvais imagine que la muse de Baudelaire, Jeanne Duval raconte la vie de cette femme avant qu'elle soit assassinée, l'inventant tour à tour couturière, prostituée, chirurgienne, avorteuse, meurtrière... Ces situations, extrêmes et plausibles, reflètent la faible marge de manoeuvre laissée aux femmes de sa condition, dans ce XIXe siècle qui traitait avec mépris celles qui troublaient le cadre sociétal par un comportement en dehors de l'ordre établi en sortant un tant soit peu de la place qui leur était assignée : en gros, tenir un ménage, faire des enfants et se taire.
En ressuscitant le corps décomposé, Jeanne Duval s'empare du récit, ce que bien sûr Baudelaire ne peut admettre et c'est bien lui qui aura le dernier mot, en écrivant le macabre poème qui passera à la postérité. Clémentine Beauvais offre ainsi une visibilité aux deux femmes, en redonnant de la dignité au cadavre du poème et à la maîtresse marginalisée du poète.
Les chapitres mêlent narration, poésie et théâtre (il faut lire ce texte à haute voix !), mélangent les calligraphies, allient l'exaltation débridée au réalisme cru ; la lecture ne s'en trouve pas facilitée mais qu'importe, cette fleur du Mal revisitée est un livre réussi qui bouscule.

Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure
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