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4,08

sur 980 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Des têtes de chapitres entre parenthèses comme si elles s'excusaient d'être là …
Qui donnent la parole par intermittence aux colons et aux soldats …
Dans un cas, une prière qui scande le récit …
Sainte et sainte mère de Dieu …
Dans l'autre, des injonctions qui scandent le récit …
Vous n'êtes pas des anges …
Des phrases qui se suivent certes ponctuées mais qui se suivent sans liaison …
Le point final ne sera que la fin du chapitre …
Une écriture particulière qui rythme le récit comme une litanie, comme une prière, comme un slogan …
Sainte et sainte mère de Dieu …
Où vous n'êtes pas des anges …
Tout ça pour finalement nous dire :
Mais qu'est ce qu'on est venu foutre là !

Vient ensuite le choléra …
Cette bête immonde qui tue sans pitié et sans raison …
Sainte et sainte mère de Dieu …
Mais qu'est ce que vous foutez !
Vient ensuite les tueries …
Pour quelles obscures raisons tue t on …
Pour faire comme les autres …
Pour montrer qu'on est comme les autres …
Que l'on forme une famille …
C'est vrai que l'on n'est pas des anges …
Peut être simplement des anges de la mort !

Un livre spectaculaire,
De par son style, inégalé,
De par son sujet, la colonisation dans toutes son horreur,
Aussi bien pour les colons, trompés sur la marchandise,
Que pour les colonisateurs, transformés en assassins sans qu'ils s'en rendent compte,
Que pour les colonisés, qui n'avaient rien demandé à personne.
Un beau gâchis démontré au travers de ce court et poignant roman.
Il ne me reste plus qu'à me plonger dans la trilogie de l'auteur …
C'était notre terre
Les vieux fous
Un faux pas dans la tête d'Emma Picard.
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Le paradis promis aux colons !
Ben ils ne devaient pas vraiment être croyants nos politiciens et militaires haut gradés de l'époque.
Ce livre superbement écrit, au phrasé simple et percutant, m'a touché vraiment très fort.
Mon père était algérien. Je ne suis jamais allé en Algérie. Mon père a très très peu partagé sa vie de là-bas, d'avant la France. Par moment j'ai envie de lire sur ce pays, sur son histoire, sur la tragédie que la France a répandue comme la gangrène. Pays qui malgré moi est partie de moi. Alors quand j'ai ouvert ce livre, j'ai été happé par l'histoire et L Histoire.
Un livre à découvrir pour se dessiller les yeux sur notre histoire française.
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Prix du Livre Inter 2023.

Prix littéraire du journal le Monde.

En me faisant partager la vie des premiers colons poussés par la France à traverser la Méditerranée, en me plongeant au plus près des atrocités commises par l'armée française en Algérie, Mathieu Belezi a réussi une vraie performance littéraire.
C'est pourquoi le Prix littéraire du journal le Monde et le Prix du Livre Inter 2023 qui ont été décernés à Attaquer la terre et le soleil sont une formidable opportunité pour faire connaître et faire lire un livre qui sort des sentiers battus. Si le style de Mathieu Belezi est fluide, la disposition de son texte surprend. Peu de points et de majuscules, des virgules rares, d'autres signes de ponctuation absents et, si c'est surprenant, cela ne m'a pas du tout gêné.
Entre Rude besogne et Bain de sang, me voilà plongé dans la réalité dure, atroce, insoutenable de ce que nos actions de « pacification » ont apporté à l'Algérie, au XIXe siècle. Notre volonté de civiliser, bref de coloniser un pays par la force, par tous les moyens, décidée en haut lieu, comme on dit, ne recule devant aucun sacrifice, aucun massacre. Les colons, pour la plupart braves gens du peuple séduits par la propagande officielle, se retrouvent plongés dans des épreuves, des souffrances difficilement soutenables et la plupart y laissent la vie, emportés par des maladies terribles, ou tués par les autochtones qui n'acceptent pas d'être spoliés de leurs terres.
Séraphine, mariée à Henri et mère de deux garçons et d'une fille, raconte dans Rude besogne. Rosette, sa soeur et son mari, sont du voyage aussi. Cela donne un récit émouvant, sensible, déchirant comme dans cette page où elle détaille son quotidien sans occulter les moindres détails les plus concrets qui font que notre vie est supportable ou non. Quelles douleurs ! Quelles épreuves !
Quand le soldat prend le relais avec Bain de sang, le contraste est énorme. La liste des méfaits causés par l'armée française s'allonge, dans des conditions extrêmes certes, mais avec la baïonnette qui transperce tous les êtres vivants qui se présentent, hommes de préférence, les femmes ayant droit au traitement que l'on imagine avant de passer de vie à trépas…
Mathieu Belezi est encore original lorsqu'il glisse, en italiques, un paragraphe de commentaires qui se voudraient objectifs, ce qui irrite beaucoup notre soldat qui s'écrie : « suffit ! suffit ! » avant d'obéir aveuglément aux ordres de son capitaine, véritable fou furieux qui se distingue par sa fougue et sa volonté d'occire le maximum de ceux qu'il appelle des « guenillards ».
Quand Séraphine répète régulièrement « sainte, sainte mère de Dieu » et se pose de plus en plus de questions sur sa foi aveugle, le soldat répète, à chaque intervention sanguinaire : « on n'est pas des anges »…
Attaquer la terre et le soleil est un livre absolument nécessaire qui permet d'éclairer de manière très concrète les ravages causés par la colonisation, ravages qui se poursuivent indéfiniment. Ici, tout se fait sous l'autorité du général Mac-Mahon, gouverneur général d'Algérie (1864-1870) avant d'être Président de la République en 1873 pour six ans. Cet éminent personnage qui pousse au maximum la colonisation de l'Algérie, rend même une visite aux colons qui tentent de survivre dans leur village fortifié, sans même descendre de son cheval de parade…
Pendant que les uns sont décimés par de terribles maladies, choléra, fièvre jaune, terribles diarrhées… les autres s'acharnent à exterminer les gens du pays refusant de se soumettre, à détruire, à violer, à piller sans état d'âme. Je n'avais jamais lu un livre aussi juste, aussi original.
Attaquer la terre et le soleil est une petite merveille de littérature !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Il s'agit de 2 récits écrits à la première personne du singulier qui se répondent en alternance. "Rude besogne" : Une femme raconte l'installation de sa famille dans l'Algérie nouvellement conquise. Elle dit la terre ingrate, le soleil incandescent, le choléra meurtrier, les autochtones belliqueux. Elle explique la réalité des 7 hectares que la France a donné à chaque famille de colons et compte ses morts. "Bain de sang" : Lui est trouffion et fait partie d'une troupe de soldats français venus "pacifier" l'Algérie. Il raconte les marches dans le désert, les villages razziés, les villageois passés par la baïonnette, leurs femmes violées, les résistants enfumés dans les grottes...L'écriture est belle, le titre aussi. Presque pas de ponctuation, ni de majuscules, comme un flots de pensées, un cri sort de la bouche des 2 personnages que l'on suit. Un narrateur intervient dans les moments les plus atroces des "bains de sang", il n'est pas question de laisser au lecteur un quelconque doute sur le positionnement de l'écrivain, lui laisser penser que ce dernier pourrait cautionner ces faits au nom de la pacification d'un pays. C'est un livre de la colère, très organique, on plonge dans le sang, dans la crasse, les excréments. Ce roman violent et abrupt comme il en est de la folie des hommes, sidère par moment et vous laisse sur le carreau. Il se termine sans point final. L'homme se comportera encore et toujours comme un loup pour ses congénères. Un livre d'une grande puissance.
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Une histoire d'Algérie, conquête inconnue de froidures et de brûlures qui, sous la plume de Mathieu Belezi, pénètre et la terre et la chair.

Le texte suggère en creux le parcours pernicieux du mensonge : il commence sur le sous-main d'un bureau puis se démultiplie jusqu'au bout de chaîne où trône l'exécutant, le soldat ivre et besogneux qui applique les ordres à la lettre et au sabre.

La colonisation pour Mathieu est cette saloperie toujours accompagnée de sa cavalcade d'horreurs : il nous soule de peurs et d'odeurs, dilate la violence de l'homme en meute en parallèle aux ravages aveugles des maladies.

Même si rien ne nous est épargné, le style hypnotisant colle au texte comme à la peau, avec ses lenteurs alternées à de courtes frappes.

Allégé d'inutiles ponctuation, les images fleurissent et les refrains envoûtent : ce n'est plus moi qui tiens le livre mais le livre qui me tient, avec ce souffle unique qui semble écrit d'une traite.

Accompagnée de ses personnages que j'aime et que je hais, la flèche qu'il laisse en moi palpite.


Lien : https://pecayral.fr/attaquer..
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Un récit cru et réaliste qui nous assène comme un gifle la vérité de ce qui s'est passé sur les terres algériennes sous couvert d'une colonisation sensée apporter à ces "barbares " la grandeur de la France....
Comment aujourd'hui ne pas avoir honte de la politique des dirigeants de notre pays à cette époque...triste facette de la nature humaine...tout le monde devrait lire ce livre...
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il a pas eu un prix pour rien.... super livre
on suit en parrallele deux histoires. Une de colons français envoyés en Algérie, ce qui m'a permis de decouvrir un phase du colonialisme que je ne connaissais pas du tout, et l'autre histoire celle d'un détachement militaire français en Algérie détaché pour maintenir l'ordre (si l'on peut dire...)
C'est très bien écrit et ça m'a pris aux tripes, bref tout ce que l'on demande à un bon bouquin : de vous emmenez avec lui.
Ce roman m'a rappelé au niveau la narration et de l'ambiance celui de Mc CArthy : "la route", pas de grande phrases superflues, du concret, du vital, du rude.
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Attaquer la terre et le soleil est un roman sur la colonisation de l'Algérie au XIXe siècle.
Deux voix racontent. L'une donne le point de vue des colons et l'autre, celle des soldats.
La première c'est celle de Séraphine venue avec sa famille, son mari, ses trois enfants et sa soeur.
Ils ont dû depuis Paris suivre les voies d'eau, sur des bateaux plats, pour arriver jusqu'à Marseille où ils étaient pas moins de cinq cents à embarquer à bord de la frégate le Labrador, et supporter des jours et des nuits de traversée avant de poser les deux pieds sur cette terre d'Algérie.
Elle raconte alors la vie de misère qui est la leur, loin de ce qui leur avait été promis…
Les conditions qu'ils vont rencontrer à leur arrivée seront déplorables. Ils vont devoir supporter des mois de mauvais temps, vent, pluie, sous des tentes militaires avant que soient construites des cabanes. Une chaleur extrême va alors s'installer et bientôt l'arrivée du choléra qui va décimer une partie de sa famille et de la colonie. À cela s'ajouteront le travail du sol particulièrement rude, les attaques des lions sur leurs vaches et moutons, les pillages des récoltes par les Arabes et le massacre de ceux qui n'étaient pas assez prudents…
Les chapitres qui lui sont consacrés ont pour titre Rude besogne ce qui n'est pas un vain mot…
L'autre voix est celle d'un escadron de soldats pillards qui, sous le prétexte d'apporter les lumières de la civilisation se laissent aller à leurs plus bas instincts, pillant, violant, massacrant brûlant les villages, abattant le bétail, les arbres fruitiers. À leur tête, un capitaine tout ce qu'il y a de plus grotesque s'il n'était pas ce fou sanguinaire !
Les chapitres qui relatent cette violence inouïe de la part des soldats français, Mathieu Belezi les nomment Bain de sang, voilà encore une dénomination bien adaptée au contenu.
Attaquer la terre et le soleil, en l'occurrence, celle de l'Algérie, de Mathieu Belezi est un roman que j'ai lu d'une traite et en apnée.
L'auteur y décrit à travers ces deux voix très différentes par le style et se complétant parfaitement, le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne au dix-neuvième siècle.
Que ce soit, le froid, la pluie, la chaleur, la maladie ou la souffrance Mathieu Belezi sait nous les faire sentir et ressentir au plus profond de nous-même tout comme il sait nous plonger dans cette horreur et cette folie de massacres et nous en écoeurer jusqu'à la nausée.
Toute la folie et l'enfer que fut cette colonisation sont évoqués dans ce superbe bouquin avec puissance et réalisme.
Une écriture avec peu de points, des retours à la ligne fréquents et sans majuscules, tels des vers libres, apportent force, vie et réalisme au récit.
Lauréat du prix du journal le Monde en 2022 et Prix du Livre Inter 2023, Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi s'attache à démontrer la folie des hommes et l'absurdité de la colonisation, rappelant que l'horreur en Algérie n'a pas commencé avec la guerre d'indépendance comme on pourrait le croire parfois.
Un véritable coup de coeur !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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- Je m'appelle Séraphine, je suis riche de mes rêves et de mes espoirs lorsque j'embarque à Marseille sur le Labrador à la fin du XIXème siècle. La suite de mon histoire et de ma vie s'effilochent dans la puanteur, la promiscuité, l'insalubrité. Les lambeaux de mon existence mourront sur le sol algérien dans la perte des êtres chers, l'infertilité des terres allouées et l'insécurité qui fait trembler mon corps et empêche le repos.

- Je suis soldat de France et je mets mes grolles dans les sabots du cheval de mon commandant. J'obéis à cet homme, le seul qui sait ce qui est bon pour nous et pour notre patrie. le fusil, la baïonnette et le sabre auront raison de ces mécréants, de ces barbares. Nous pillons, saccageons, tuons, violons, incendions ces « mauricots » afin de pacifier ce pays de « sans- Dieu ».

Attaquer la terre et le soleil est l'histoire du désenchantement des colons français qui, comme Séraphine, ont embarqué pour une terre promise, un pays de Cocagne et se heurtent à la réalité sans nuances de l'Algérie.

Du récit de Belezi, émane une violence extrême, une brutalité sanguinaire, un déchaînement de pulsions féroces qui gravent en nous le bain de sang et d'horreurs engendré par les conquêtes coloniales. Non, nous ne sommes pas des anges comme le répète à l'envi ce soldat docile.
Des mots de Belezi, écrits dans un seul souffle, émanent une beauté, une grandeur et un rythme qui m'a électrisé. J'ai suivi, sans sourciller, ces gens ordinaires plongés dans une histoire trop grande pour eux.
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Terrible et magnifique !
Quand la « grande histoire » nous rattrape par les tripes avec le quotidien de ceux qui l'ont vécu, pensé, craint et ressenti dans leur chair.

XIX ème siècle. La colonisation algérienne. L'alternance de deux voix successives, de deux pensées plutôt pour évoquer le quotidien.
Celle de la mère d'une famille de colons. Ses plaintes, ses terreurs en découvrant l'Algérie puis leur vie misérable et dangereuse.
« Sainte et sainte mère de Dieu, si j'avais su ce qui nous attendait, nous autres colons »
Celle d'un soldat d'un bataillon. Les ordres d'un capitaine sanguinaire, l'engrenage dans la barbarie habituelle, puis banalisée.
Le capitaine, « de sa voix d'ogre » : « Ça veut dire que nous serons sans pitié, nom d'un bordel ! ça veut dire que nous n'hésiterons pas à embrocher les révoltés un par un, brûler leurs maisons, à saccager leurs récoltes, tout ça au nom du droit, de notre bon droit de colonisateurs venus pacifier les terres trop longtemps abandonnées à la barbarie, comprenez-vous bien soldats, ce que cela signifie ? »

L'absurde ou le pire (mais toute guerre ou toute colonisation n'est elle pas absurde ?), c'est que les exactions des soldats français retombent obligatoirement sur les colons.

Il n'y a pas de jugement de la part de Bélezi sur les hommes à cette époque. C'est bien plus fort que cela. C'est toute une pensée, un paradigme qui sont remis en cause. Dont on voit sur le terrain, en chair, en sang et en larmes ce qu'il signifie et ce qu'il provoque.
Un magnifique plaidoyer contre toutes les guerres, contre les horreurs et la barbarie.

L'écriture semble erratique, comme l'est le cheminement de la pensée, sans filtre, sans recul, devant le quotidien, « hantée par Faulkner » ( comme l'indique l'éditeur). Et je suis d'accord d'autant plus que j'avais adoré « le bruit et la fureur », et que j'en garde un souvenir précis.
Même si Mathieu Bélezi n'est pas allé aussi loin que l'écrivain américain, qui ne finissait pas souvent les phrases des protagonistes qui s'exprimaient. Comme lorsqu'on pense : on passe d'une idée à une autre sans parfois terminer la première.

Un magnifique roman, consacré par le Prix Inter 2023, largement justifié.
Chapeau bas, Mathieu Bélezi !

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