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sur 980 notes
Une description saisissante de la colonisation de l'Algérie au 19 ème siècle qui ne nous rend pas fiers de l'avoir accomplie. le roman met en scène alternativement l'installation et la vie d'une famille de colons dans des chapitres intitulés « rude besogne » et la pacification par l'épée des populations indigènes dans des chapitres intitulés « Bain de sang ». La souffrance des colons et la cruauté des soldats sont racontés avec une grande force évocatrice, on retient son souffle devant ce chaos et la folie ambiante restituant l'absurdité et la bêtise humaine sur un rythme effréné.
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LES PETITES MAINS DE LA COLONISATION.
Je suis étonné qu'un ouvrage majeur tel que celui-là ait eu si peu de lecteurs sur Babelio (1493 à ce jour). Il raconte pourtant la base de la colonisation algérienne dans les années 1850 ( Mac Mahon est cité). L'histoire est racontée par le femme d'une pauvre famille française, « venue jouer les colons pour les beaux yeux de la République francaise » et d'un militaire simplet qui suit aveuglément les ordres de son capitaine. le paradis promis devient vite un enfer : les calamités s'abattent si fort sur ces pauvres colons : neige, soleil de plomb, choléra, yatagan des barbares que l'on est venu pacifier et civiliser, qu'ils viennent à s'associer aux razzias des militaires. Misère et vengeance. Qu'un sang impur abreuve les sillons de leurs 7 hectares cultivés avec labeur. On connaît la suite de l'engrenage de la violence…De quoi adhérer au wokisme !
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Les soldats d'avant hier, ceux d'hier, d'aujourd'hui et ceux de demain, c'est plus la même ligne. La technologie remplace la barbarie, même si l'on meurt autant.. Tous les soldats de ce livre sont sans personnalite, ils sont mécaniquement utilisé, était ce la réalité, un effet de racisme automatique ?
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Une chaleur étouffante, pendant des jours. La pluie, des trombes d'eau, pendant des jours. le choléra, qui débarque comme ça, et qui tue, pendant des jours. La poussière, la terre si peu fertile. Pendant des jours, subir, la peine, le temps, les pertes, la désillusion, pour quelques instants de sérénité. Retenir son souffle pendant des jours pour respirer librement juste une minute, le temps d'une union, le temps d'une valse.Voilà à quoi ressemble la vie d'un colon en Algérie au XIXe siècle. de pauvres gens à qui l'état français promettaient l'eldorado. Qui se retrouvent entourés de murs, dans un lieu, qui crie de toutes ses forces, qu'il ne veut pas d'eux.

Tuer, pendant des jours. Faire rouler des têtes, éventrer, hommes, femmes, enfants, vieillards, sans pitié pendant des jours. Prendre la chair, des filles, des bêtes, et rester là, entre soldats pendant des jours. A brides abattues, traverser ce pays, et ne rêver que d'une trêve, de la chaleur d'un feu. Retenir son souffle pendant des jours et ne plus savoir respirer. Être démon, être le feu. C'est à ça que ressemble la vie d'un soldat en Algérie au XIXe siècle. Des hommes qui obéissent et tuent d'autres hommes, qui crient de toutes leurs forces, qu'ils ne veulent pas d'eux.

Deux voix pour mille. Pour dire la colonisation de l'Algerie par la France. C'est violent. Percutant. Poisseux. La lumière elle-même est dure. Mais elle éclaire tout un pan de l'histoire qu'on ne connaît pas. A la lecture de ce texte, on sent que Mathieu Belezi maîtrise son sujet. Plus que ça, il en fait son oeuvre. le texte est court, assez pour que l'horreur soit supportable. C'est aussi ce qui lui donne une force supplémentaire. Pas besoin de s'appesantir sur des pages et des pages. Les témoignages des deux personnages ne se perdent pas en psychologie inutile. On laissera ça à la mauvaise autofiction. Quand la situation est aussi hostile et oppressante, la psychologie est un luxe que personne ne peut s'offrir.

Encore une fois, le Tripode frappe fort. Ce roman a ébloui autant que laissé sur le carreau mes comparses de lecture (@point.a.laligne @sandra_etcaetera @moonpalaace et @eva_tuvastabimerlesyeux ) et moi-même. C'est grand.
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Ce fut un beau rêve cette colonisation de l'Algérie. Certains se sont imaginés faire fortune dans un pays où tout était à construire, d'autres ont cru venir pacifier « une terre de barbarie ». Chaque français s'y sentait une mission et pensait offrir à « ce pays inculte, les ors d'une culture millénaire ».

Ce roman retrace, en parallèle, quelques mois du parcours d'un soldat de l'Armée de colonisation sous les ordres d'un capitaine exalté et de celui d'une femme venue s'installer dans une colonie agricole avec sa famille.

Les chapitres qui s'intercalent, portent tous les titres bien appropriés de « bain de sang » pour les militaires et « rude besogne » pour les colons.

On comprend, au bout d'un certain temps, que l'histoire se situe 15 ans après le début de la colonisation, soit en 1845. Mais ça ne coule pas de source et c'est un reproche que je peux faire à ce roman qui traite d'un sujet historique, sans s'ancrer clairement dans l'époque.

Mais si l'on parvient à s'éloigner du contexte, on est atterré par les mentalités de ces colons qui, dans un mélange d'inconscience et de conviction, ont réussi à asservir un pays tout entier, sans jamais douter du bien-fondé de leur démarche.

Touchés par la misère et la maladie, les premiers colons ont surmonté de difficiles épreuves mais entièrement préoccupés par leur propre survie, ils n'ont jamais éprouvé une once d'humanité pour les populations locales victimes de massacres et d'exactions.

Avec ce roman très réaliste, Mathieu Belezi témoigne de la violence morale et physique qui a, de tout temps, été reproduite lors de chaque colonisation à travers le monde. S'il se positionne au coeur du terrain, au niveau des petites gens, il nous apporte sur le fond une vision beaucoup plus globale que ce qu'il semble décrire.

Attaquer la terre et le soleil est un roman passionnant à l'écriture limpide que j'ai lu sans pouvoir le quitter. Si l'imprécision du contexte m'a gênée, l'imprégnation dans la mentalité des premiers colons d'Algérie est néanmoins totale.

Un regard sur le phénomène de la colonisation édifiant qui éclaire bien des situations actuelles.
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Début de la colonisation algérienne vers 1850.
Deux récits alternés :
(Rude besogne), raconté par Séraphine.
Des français à qui l'on donne sept hectares en Algérie se retrouvent en terre hostile.
Trois mois de pluie sous la tente, la construction de cabanes en bois, la chaleur torride de l'été, le choléra, les attaques, la terre si difficile à travailler, les morts.
(Bain de sang) raconté par un soldat anonyme.
Une soi-disant « pacification » menée dans une violence inouïe.
Massacres, décapitations, viols, pillages, incendies.....
Un roman dur, impitoyable, glaçant, d'un réalisme à la limite du soutenable.
L''écriture contribue à restituer toutes ces émotions.
Peu, voire pas de ponctuation, bien que le texte soit aéré.
Une écriture fine, précise, descriptive, sensible.
Un roman magnifique que je préférerais presque ne pas avoir lu tant il me met mal à l'aise.
Les dérives de la colonisation ont sacrifié tant de vies, causé tant de souffrances, d'abominations que l'entendre et le lire est difficile à supporter.
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J'ai d'abord eu très peur ...
Premières pages, absence de ponctuation ...
Encore un roman où l'auteur s'essaye à une mise en scène linguistique, comme pour se démarquer de la concurrence ?

Et puis ...
Je me suis laissé littéralement happé, aspiré, par ce court roman de sang, de larmes et de fureur.
J'y ai plongé et n'ai repris mon souffle qu'à la dernière ligne.

C'est une tempête, une furia ...
Le lecteur est entraîné à la suite de deux groupes distincts, pendant la colonisation de l'Algérie au 19ème siècle.
Une famille de colons venue de France, attirée par la promesse d'une terre à exploiter, d'un pays à bâtir. Et qui rencontrera les rigueurs du climat, le choléra et son cortège de morts, l'hostilité des populations locales, elles-mêmes pourchassées, dépossédées de leur terre, de leurs traditions ...
Une troupe de soldats, menée par un capitaine charismatique, qui sous couvert de pacification miltiplie les razzias, les meurtres, les viols, les représailles entraînant les représailles, dans un cycle de violence sans fin ...

Je suis resté en apnée ... j'ai peiné à reprendre mon souffle ...
Ce récit est grand et remarquable. Tout au plus ai-je regretté que les destins de ces deux groupes ne se croisent pas. Mais c'est sans doute mieux ainsi. Deux trajectoires, deux échecs, et un auteur qui ne cède finalement pas à la facilité de faire se rejoindre les destinées de ses personnages.

Non, finalement, ce choix de l'absence de ponctuation n'était pas une coquetterie. C'était l'essence même du livre.
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Les deux récits se déroulent dans l'arrière-pays De Bône en Algérie pendant les premières années de la colonisation.

Nous suivons une famille de migrants fraichement arrivée et un groupe de soldats chargés de « pacifier » la région.

J'ai appris du vocabulaire : le yatagan (sabre turc utilisé par les algériens) – le fondouk (hôtellerie et lieu où sont entreposées les marchandises) – le douar (groupement d'habitations).

J'ai découvert que les soldats n'étaient pas des anges, et cette formule est répétée à l'envie.

Comme les migrants, j'ai découvert avec horreur que les colonisés coupaient les têtes des colonisateurs qui étaient sans protection.

Mais j'ai souffert avec la colonie de migrants qui passe son premier hiver dans le froid, puis est victime du choléra, puis des attaques des villageois.

Un roman qui ouvre les yeux sur la brutalité de la colonisation et le nombre de morts des deux côtés pour la possession aléatoire d'un bout de terre.

L'image que je retiendrai :

Celle des deux capitaines (celui du groupe de migrants et celui des soldats) qui prononcent des discours enflammés pour motiver les troupes.
Lien : https://alexmotamots.fr/atta..
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Des têtes de chapitres entre parenthèses comme si elles s'excusaient d'être là …
Qui donnent la parole par intermittence aux colons et aux soldats …
Dans un cas, une prière qui scande le récit …
Sainte et sainte mère de Dieu …
Dans l'autre, des injonctions qui scandent le récit …
Vous n'êtes pas des anges …
Des phrases qui se suivent certes ponctuées mais qui se suivent sans liaison …
Le point final ne sera que la fin du chapitre …
Une écriture particulière qui rythme le récit comme une litanie, comme une prière, comme un slogan …
Sainte et sainte mère de Dieu …
Où vous n'êtes pas des anges …
Tout ça pour finalement nous dire :
Mais qu'est ce qu'on est venu foutre là !

Vient ensuite le choléra …
Cette bête immonde qui tue sans pitié et sans raison …
Sainte et sainte mère de Dieu …
Mais qu'est ce que vous foutez !
Vient ensuite les tueries …
Pour quelles obscures raisons tue t on …
Pour faire comme les autres …
Pour montrer qu'on est comme les autres …
Que l'on forme une famille …
C'est vrai que l'on n'est pas des anges …
Peut être simplement des anges de la mort !

Un livre spectaculaire,
De par son style, inégalé,
De par son sujet, la colonisation dans toutes son horreur,
Aussi bien pour les colons, trompés sur la marchandise,
Que pour les colonisateurs, transformés en assassins sans qu'ils s'en rendent compte,
Que pour les colonisés, qui n'avaient rien demandé à personne.
Un beau gâchis démontré au travers de ce court et poignant roman.
Il ne me reste plus qu'à me plonger dans la trilogie de l'auteur …
C'était notre terre
Les vieux fous
Un faux pas dans la tête d'Emma Picard.
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Sous le soleil brûlant d'Algérie, la menace des bêtes sauvages, des épidémies de choléra et des yatagans affûtés dans la main de ceux qui s'élèvent contre l'envahisseur, une poignée de colons doit attaquer la terre offerte par la République de France. Il faut la bêcher, la cultiver, la peupler, la civiliser à l'encontre des barbares qui l'occupent. L'armée les accompagne pour les protéger et asseoir l'autorité française, baïonnette au fusil et bottes prêtes à piétiner. Poitrails gonflés d'orgueil, membres virils avides de transpercer les ventres, les soldats suivent un capitaine aux discours envolés et au sabre toujours prêt à trancher des têtes.

Ce récit des débuts de la colonisation de l'Algérie, période souvent oubliée de l'Histoire, est narrée par deux voix humbles et simples. Une femme colon du nom de Séraphine, partie à l'aventure depuis Marseille avec son époux, sa soeur et leurs enfants, ainsi qu'un soldat anonyme gavé aux illusions de pouvoir et de sournoises paroles civilisatrices. Dans ce récit, on ne détourne pas le regard de l'horreur, de la puanteur et du sang. On respire la poussière et la mort, le désespoir et la hargne. Dans une langue abrupte aux longues phrases sans majuscule ni point, comme s'il n'y avait à l'enfer sur Terre ni commencement ni fin, Mathieu Belezi raconte la folie des hommes, le désespoir des femmes et des mères. C'est court comme un souffle coupé, acéré comme une baïonnette prête à embrocher, et ça porte la voix de ceux qui ont vécu et perpétré l'horreur.

Le texte est vite lu mais il colonise l'esprit, rappelle à la mémoire les hontes du passé et les principes perfides ayant justifié l'odieux et le monstrueux. La littérature tout comme le cinéma racontent plus volontiers l'exode des Pieds-Noirs dans les années soixante que les débuts de la colonisation française de l'Algérie au dix-neuvième siècle. Aux racines de la débâcle, il y a toujours le poids terrible d'une injustice, que ce récit illustre à travers deux regards parmi la multitude. Si le personnage de Séraphine laisse transparaître une humanité blessée, celui du soldat anonyme en revanche reste frustrant d'inanité.
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