Si le tome 1 de la biographie de
Virginia Woolf était consacré aux années de jeunesse et à l'émergence de sa destinée d'écrivaine, le tome 2 s'attache au fonctionnement du tandem Leonard-Virginia et à la création des oeuvres de la maturité :
Mrs Dalloway,
La promenade au phare,
Orlando et
Les Vagues.
L'une des choses qui m'ont frappée est la solidité du couple Woolf sur tous les plans. Leonard connaît les signes annonciateurs des crises dépressives de Virginia, il la met à l'abri chaque fois que nécessaire, veille sur ses relations et modère ses sorties mondaines. Il n'agit pas comme un censeur, mais comme une sentinelle qui voit venir le danger. Par ailleurs, dans cette entreprise commune qu'est la Hogarth Press, chacun met la main à la pâte et Virginia accomplit sa part des tâches sans rechigner, dans l'encre et la poussière. Si elle n'a pas vraiment de goût à suivre son mari dans ses activités militantes et politiques, elle les assume à sa manière et elle l'admire sincèrement dans ses prises de position en faveur d'un socialisme réformateur. La longue relation amoureuse qu'entretiendra Virginia avec
Vita Sackville-West, aristocrate et romancière, n'est pas une difficulté pour le couple dont la sexualité était probablement très limitée. Virginia, victime d'attouchements de ses deux demi-frères Duckworth, éprouve peu d'attirance pour l'amour physique. Enfin, Leonard est le premier lecteur de son épouse, celui dont le jugement lui importe le plus, car elle lui reconnaît une grande puissance intellectuelle (il appartenait à la très élitiste et secrète société des « Apôtres de Cambridge »).
J'ai aussi été intriguée par le fait que Virginia écrivait souvent deux ouvrages en même temps, de nature différente : un roman et un essai, ou une pièce de théâtre, ou un texte de critique littéraire, ou un recueil de nouvelles. Sans oublier les nombreux articles fournis aux journaux.
La lecture de cette biographie étonne par la récurrence des épisodes dépressifs qui s'abattent sur l'écrivaine, leur violence, et la menace toujours présente d'un effondrement plus grave que les autres qui aura définitivement raison de sa santé mentale. Son suicide en 1941, à 59 ans, n'en est que plus compréhensible.