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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sacré petit bonhomme Augie! pas de trait particulièrement saillant mais un petit soleil à lui tout seul, qui attire à lui protections, conseils et amours auxquels il tétera le jus de l'expérience, mais n'aura de cesse de fuir dès que pèsera sur lui le poids de l'enfermement de ces conforts plus ou moins bienveillants. Car ce que ce petit gars des bas fonds de Chicago cherche avant tout c'est la liberté, et faire, à travers la grande dépression, les expériences un peu borderline avec les truands de la ville, la torpeur mexicaine ou même les rangs de l'armée, son propre chemin de vie.

Cela faisait longtemps que je voulais découvrir Saul Below dont on croise régulièrement le nom quand sont évoqués les grands influenceurs de la littérature américaine, et on retrouve en effet un peu de son parfum dans les oeuvres d'un Roth ou d'un Franzén.. C'est chose faite avec ce gros roman plein de réel, de poisse et de poésie, parsemé de scènes magnifiques bien qu'un peu long, et qui trace une philosophie de vie tout à fait singulière.
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Un livre intense et foisonnant dans la grande tradition de l'histoire initiatique qui prend ses racines dans les grands romans américains. On pense à Melville et à Moby Dick avec la quête personnelle et spirituelle d'Achab, à Steinbeck et à ses personnages hauts en couleurs et un peu border line de Rue de la Sardine, à Dos Passos et son portrait de l'Amérique et on plonge en apnée dans ces 900 pages de vie. Raconté sous la forme d'une autobiographie romancée, le roman est d'une densité qui pourrait rebuter mais qui attrape le lecteur et l'entraîne au milieu de ce chaos organisé, de ce Chicago foisonnant où tout semble possible, de rencontres improbables en passant par la folie et le désordre du monde. C'est un roman dense et touffus avec de nombreuses descriptions qui peuvent donner l'impression d'une certaine lenteur et c'est tout le contraire, ce roman est en perpétuel mouvement : que ce soit Augie, ses rencontres, ses petits boulots, son statut social du moment, tout avance constamment et ce livre qui pourrait être figé dans des descriptions sans fin et en fait tout le contraire : un monde en perpétuelle évolution…

Le style peut sembler inégal car l'on passe de descriptions plutôt classiques à des dialogues imagés, à des interrogations qui semblent arriver de nulle part comme si Augie se posait 5 mn pour réfléchir à sa condition, puis l'on repart à nouveau dans de nouvelles descriptions comme dans un perpétuel tourbillon d'idées et de rebondissements. J'avoue que j'ai eu du mal au début à me sentir concernée par le personnage d'Augie, je n'arrivais pas vraiment à m'attacher à lui : trop inconstant pour moi, trop immature dans sa façon d'appréhender la vie, sa famille… J'ai vraiment peiné sur les 100 premières pages, car malgré des personnages vraiment très travaillés et intéressants, j'avais l'impression d'être dans une sorte de fuite en avant perpétuelle. Passant d'un boulot à un autre, le personnage d'Augie est tout le temps en mouvement comme s'il avançait coûte que coûte vers l'inconnu sans prendre le temps de se poser. C'est ce mélange très étrange entre le mouvement constant des personnages et le style littéraire très descriptif et détaillé qui m'a le plus déstabilisé. "Quand il nous faisait à table ces récits, il émettait l'espoir que, d'une certaine façon, la grandeur finirait par l'englober, puisqu'elle l'effleurait déjà, qu'il séduirait quelqu'un, qu'il accrocherait le regard d'Insull et que le magnat lui tendrait sa carte en lui demandant de se présenter le lendemain matin à son bureau." Dans cette phrase on voit tout à fait le style classique et la multitude d'actions en cours et à venir. Finalement j'ai beaucoup aimé ce roman, j'ai fini par être happé par le sillage laissé par Augie, petit à petit la magie a opéré et je me suis attachée à ce perpétuel adolescent, instable, débrouillard, qui vise toujours à aller de l'avant. J'ai aimé les personnages secondaires, hauts en couleur, qui aident Augie à grandir et à devenir adulte, particulièrement les femmes qui l'aident à se poser et à se construire contrairement aux personnages masculins, que j'ai trouvés plus superficiels. Bien sûr il y a des longueurs, difficile sur les 900 pages de faire autrement mais finalement cela permet au lecteur de se poser et de ralentir un peu le rythme du récit. Pour résumer, je suis très heureuse de m'être plongée dans ce roman intimidant que je souhaitais lire depuis très longtemps mais la version anglaise me faisait un peu peur…
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Les aventures d'Augie March, 900 pages de Saul Bellow, écrites vers 1950, alors qu'il vivait à Paris. Saul Bellow fut Prix Nobel de Littérature en 1976. Philip Roth le tenait pour LE auteur et conseillait son chef d'oeuvre de jeunesse, la vie du petit Augie. J'ai suivi son conseil, acheté le livre.
Bon, voyons ça.
C'est Augie qui parle, Augie qui a neuf-dix ans, au début. Il raconte, son quotidien, tous les gens qu'il croise et qui font son décor, tout ce qu'il note des petites choses intrigantes de la vie. Au départ, je me suis demandée : est-ce que Saul Bellow est un génie qui sait retranscrire la pensée enfantine, ou a-t-il conservé suffisamment d'enfance en lui pour raconter ça en toute simplicité, dans ce style fouilli fourni qui est peut-être tout bonnement le sien ? C'est impressionnant de naturel, les années d'enfance d'Augie. Chicago, avant la crise de 29. Quartier populaire, sans être dans la misère totale, c'est le système d'chez la dame un peu autoritaire qui les accueille et emploie la mère. La Mama ? Oui, gentille, un peu bébête dit-il, comme son petit frère qui est simplet, et le grand frère qui se pose là. Un père ? Aux abonnés absents. Ce serait le quartier juif de la ville, mais ce particularisme apparait comme une sorte d'évidence sur laquelle on n'a pas besoin de s'attarder.
Et Augie raconte. Et ça déferle. On se croirait face à un petit gamin droit dans ses pompes, craquant, qui a mille choses à dire, avec sa petite mine concernée. Et on écoute, attendris par ce petit bout de chou si sérieux, on ne rit pas, on dit oui oui, on ne l'interrompt pas, tant ça a l'air de lui tenir à coeur.
Et on décolle pour un moulin ininterrompu de phrases de 12 km, un à-la-ligne toutes les 3 pages, les mots du petit garçon se déversent, on suit si on peut, on en garde des touches, des impressions, devenant gosse nous-même. Je ne me lassais pas, tout en me demandant ce que je foutais là, mais j'ai continué.
Il a une jolie manière de présenter chaque personnage en commençant systématiquement par une petite description physique. La peau, par exemple. Untel a "une belle peau saine", Bidule a "une peau bizarrement blanche", et la corpulence, les cheveux, et s'il y a une gourmandise à attraper, il précise, un teint de fruit aux belles joues rosées, de beaux cheveux brillant au soleil, une rassurante impression de solidité. On fait ainsi la connaissance de tous ceux qui composent le petit théâtre de la vie d'Augie le petit bonhomme. Il y a une sorte de sensualité toute simple, qui rend la lecture onctueuse.
Puis Augie grandit, on grandit avec lui, son langage aussi évolue. Il a quinze ans, son frère est un grand, presque monsieur, lui il s'intéresse aux filles. On le connait bien, à présent, on continue l'aventure avec plaisir en sa compagnie. La déferlante de mots a quand même cédé la place à un discours d'adolescent curieux de tout, puis Augie a vingt ans, des fiancées, des amours, des doutes. Et des maîtres à penser, et des exemples à suivre ou pas. Toujours le système D, d'autant que la crise de 1929 est passée par là, les maîtres à penser ont fait faillite, tentent de se maintenir quand même, et pourtant, en furetant, on trouve du boulot, on se frotte à la vie, ça passe. Augie garde sa légèreté, sa curiosité, sa sensualité, il ne juge toujours pas, et aime toujours décrire les belles peaux en faisant des phrases de 12km.
On grimpe sur les trains bondés de SDF, on s'envole en aigle au Mexique, on milite, on esquive les beaux mariages, on flotte sur un radeau, c'est notre Augie, notre copain, qui ne sait toujours pas vraiment ce qu'il veut, et apprend petit à petit à savoir ce qu'il ne veut pas. Plus ou moins. Rien de plus péremptoire.
Alors, je le conseille, ce pavé tout fouilli ?
La balade a été bien riche et charmante en sa compagnie. Passé l'étonnement - l'agacement ? - des phrases sans fin, on s'habitue, on avance, ça ressemble à la vie, et finalement, en tournant la dernière des neuf cents page, on en voudrait encore, des tranches de vie avec notre pote. Alors oui, si ça vous dit…
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Le caractère d'un homme est son destin selon Héraclite. Et celui d'Augie March, qui n'a jamais eu vraiment d'endroit où se poser, bien qu'aspirant par cela même à la tranquillité d'une existence heureuse et paisible, est du genre influençable et aventureux. Enfant naturel d'une mère déficiente visuelle, n'ayant jamais connu son père, second d'une fratrie comprenant un aîné ambitieux et un simple d'esprit, régenté par une vieille pensionnaire, l'instabilité a toujours été une composante essentielle de son existence, voyant finalement sa génitrice et le benjamin de la famille échouer dans des foyers d'emprunts, instituts spécialisés. D'autant plus que tout le tout le monde semble vouloir faire rentrer le héros éponyme dans ses plans. Ainsi les aventures d'Augie March se résument beaucoup au hasard des rencontres et à leurs conséquences.

Le présent roman reprend les motifs, les thèmes et les ressorts intemporels du roman picaresque et du roman de formation, en le transposant dans le Chicago de la Grande Dépression et de la pègre. Il en acquiert ainsi la dimension d'un classique de la littérature américaine, couronné par le National Book Award en 1953, figurant dans les 100 meilleurs romans de langue anglaise du XXème siècle de la Modern Library. Ce premier grand roman de Saul Bellow, est une introduction pleine de promesses dans l'oeuvre très largement célébrée du prix Nobel de littérature 1976.
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Bien ! Petite chronique américaine de la première moitié du 20e siècle mettant en scène toute une diaspora de juifs immigrés pauvres.
C'est surtout l'histoire de la vie et des rencontres du sieur March, personnage insaisissable, ambigu et représentatif de cette humanité sans attaches et sans credo, qui évolue au gré du vent et de l'histoire.

C'est bien écrit avec verve, humour et inventivité; et même quelques moments de grâce...
Eh oui ! Ce n'est pas l'oeuvre du siècle, mais assurément elle y participe avec intelligence et chaleur.
(National Book Award 1954)
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Augie March appartient à la communauté juive de Chicago. Si ses aventures confinent dans le deuxième partie du livre, aux péripéties à caractère rocambolesque , c'est d'avantage dans le saisissant spectacle du personnage principal aux prises pendant les années de la grande dépression, avec le monde du travail, que réside dans sa première partie ,l'impressionnante force du récit quasi énumératif et haletant. Focalisé sur la description fine et sensible - à travers des situations de subordination - des rapports de dominations à l'oeuvre, et de la quête obsessionnelle d'ascension sociale intracommunautaire qui semble tarauder l'ensemble de ses membres , Saul Bellow, malgré une inspiration autobiographique, en vient et c'est dommage, à négliger d'inscrire et d'ancrer véritablement son histoire dans un lieu: ici Chicago dont on ne saura rien et qu'on abandonne bientôt pour suivre ailleurs les pérégrinations de son personnage.
Car le projet de Saul Bellow réside justement à faire d'Augie March l'illustration de ce qui résiste au destin social et matrimonial qui échoit aux individus d'une communauté. C'est surement le versant le moins réussi du livre puisque en dehors des parties brillantes consacrées aux rencontres amoureuses comme autant de jalons et de bifurcations dans un itinéraire, les considérations réflexives du personnage sur lui-même peinent quant à elles ,à dépasser le plus souvent, le stade d'un bavardage un peu convenu et oiseux .
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Augie March se cherche (beaucoup).
Le roman nous raconte la jeunesse d'un jeune homme pauvre de Chicago, d'origine juive polonaise, dans les années 30, sur fond de crise économique et de rêve américain.

Malgré quelques longueurs (philosophiques, idéologiques, métaphysiques), j'ai beaucoup aimé ce roman.
Je l'ai trouvé plein de profondeur et de finesse, parfois drôle, souvent doux-amer, jamais dans le cliché.

A lire lentement pour bien savourer le texte. (Et du coup, prévoir du temps pour avaler les 900 pages...)
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il y a quelque chose de profondement revelatrice dans cet roman que j'ai bien apprecié
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