Les seins de l’amante

Au titre , aux premiers vers,  j'ai naturellement projeté sur "Les seins de l'amante",  des fantasmes qui au bout de quelques pages se sont  dissipés pour me plonger dans une réflexion bien plus profonde.
Celle de la réconciliation avec soi qui n'est possible que si on a le courage de se regarder sans complaisance,  d'accepter que rejaillisse à la surface de notre être,  ce que le poète appelle "la mémoire oubliée".

L'histoire de l'amant, son errance,  est celle de tant de nous, africains , que j'ai lu son poème,  suivi ses pérégrinations, le ventre noué, consternée et même saisie de terreur,  jusqu'à l'issue du récit où le poète dévoile complètement sa pensée.
 
Les images sont si fortes qu'il m'arrive d'avoir un flash de cet homme glacé haletant sur cette route de Yaounde dans la nuit noire, rappelant étrangement une sorte d'Adam esseulé, non pas chassé du paradis mais marchant vers les portes de l'enfer [/masquer]

Si au final il ne s'agit pas de frivolité amoureuse, "Les seins de l'amante" est tout de même un poème d'Amour. D'amour de soi, de l'Afrique, de la vie, de gratitude et d'espoir. L'amante aux seins maudits est celle qui révèle à l'homme, à l'amant,  son  anéantissement pour une prise de conscience sans laquelle la renaissance est impossible.  Une lecture inoubliable.

Découvert le magnifique poème de l'auteur camerounais Timba Bema, Les seins de l'amante. Je recommande absolument. La langue poétique y est sublime. Je n'avais pas lu d'aussi bons poèmes depuis très longtemps. J'aime les poèmes-accordéons, ceux qui ouvrent leur gueule béante, poussent leur cri, expirent presque et repartent de plus belle. Par le voyage panoramique qu'il nous offre au bout de l'être, j'y ai senti une proximité avec les univers poétiques de Whitman et Cendrars. Timba Bema a le don de trouver l'image juste, de vous faire basculer dans des sphères vertigineuses et de vous faire réfléchir. Recueil puissant, à lire sans retenue.

Les premières pages sont ardues. C'est un poème. Un long poème. Ou un récit. Un court récit. Ou une fiction désorganisée. Une courte fiction désorganisée. Que sais-je? Il est dit que c'est un poème.

Tout commence par une fuite. La fuite d'une femme vers les steppes du nord. Les poètes sont saoûlants avec leurs allusions indescriptibles. Les steppes du nord, c'est quoi. Que je sache, on ne trouve de steppes qu'en Russie ou en Mongolie. Passons. Elle part. C'est une question de survie.
(Extrait de mon article)
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