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Citations sur L'enfant de sable (103)

La place est propre. Plus de charmeurs de serpents, plus de dresseurs d'ânes ni d'apprentis acrobates, plus de mendiants montés du Sud à la suite de la sécheresse, plus de charlatans, plus d'avaleurs de clous et d'épingles, plus de danseurs ivres ni de funambules unijambistes, plus de djellabas magiques aux quinze poches, plus de gamins simulant l'accident sous un camion, plus d'hommes bleus vendant des herbes et du foie de hyène pour jeter le sort, plus d'anciennes putains reconverties dans la voyance, plus de tentes noires fermées sur le mystère à garder précieusement au fond de la mémoire, plus de joueurs de flûtes qui charment les jeunes filles, plus de boutiques où l'on mange des têtes de mouton cuites à la vapeur, plus de chanteurs édentés et aveugles qui n'ont pas de voix mais qui s'entêtent à chanter l'amour fou de Qaïss et Leila, plus de montreurs d'images érotiques aux fils de bonne famille, la place s'est vidée. Elle n'est plus une place tournante. Elle est juste un lieu propre pour une fontaine inutile. On a déplacé aussi la gare routière à l'autre bout de la ville. Seul le Club Méditerranée est resté à sa place.
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Je n'ai cessé toute ma vie d'opposer le pouvoir des mots à la force du monde réel et imaginaire, visible et caché. Il faut dire que j'avais plus de plaisir à m'aventurer dans le songe et l'invisible que dans ce qui m'apparaissait violent, physique, limité.
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« Elle avait le visage gracieux d’un adolescent.
Elle se pencha sur lui et lui donna un baiser sur le front.
L’adolescent était d’une beauté troublante, son visage changeait,
il était tantôt celui de ce jeune homme qui venait d’apparaître,
tantôt celui d’une jeune femme légère et évanescente.
Il ne savait plus qui l’embrassait, mais avait pour seule
certitude que la mort se penchait sur lui malgré
le déguisement de la jeunesse et de la vie qu’elle affichait
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A cinquante ans ,il se sentait léger comme un homme .Il avait oublié -ou peur- être faisait-il semblant -qu' il avait tout arrangé .Il avait bien vu une fille ,mais croyait fermement que c' était un garçon .
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Naître garçon est un moindre mal... Naître fille est une calamité, un malheur qu'on dépose négligemment sur le chemin par lequel la mort passe en fin de journée... Oh ! je ne vous apprends rien. Mon histoire est ancienne... Elle date d'avant l'Islam... Ma parole n'a pas beaucoup de poids... Je ne suis qu'une femme, je n'ai plus de larmes. On m'a tôt appris qu'une femme qui pleure est une femme perdue... J'ai acquis la volonté de n'être jamais cette femme qui pleure. J'ai vécu dans l'illusion d'un autre corps, avec les habits et les émotions de quelqu'un d'autre. J'ai trompé tout le monde jusqu'au jour où je me suis aperçue que je me trompais moi-même. Alors je me suis mise à regarder autour de moi et ce que j'ai vu m'a profondément choquée, bouleversée. Comment ai-je pu vivre ainsi, dans une cage de verre, dans le mensonge, dans le mépris des autres ? On ne peut passer d'une vie à une autre juste en enjambant une passerelle. Il fallait quant à moi me débarrasser de ce que je fus, entrer dans l'oubli et liquider toutes les traces. L'occasion allait m'être donnée par les gosses, tous ces gamins des bidonvilles, renvoyés des écoles, sans travail, sans toit, sans avenir, sans espoir. Ils étaient sortis dans les rues, d'abords les mains nues, ensuite les mains pleines de pierres, réclamant du pain. Ils hurlaient n'importe quel slogan... Ils n'en pouvaient plus de contenir leur violence..., des femmes et des hommes sans travail les rejoignirent. J'étais dans la rue, ne sachant quoi penser... , je n'avais pas de raison de manifester avec eux. Je n'avais jamais connu la faim. L'armée a tiré dans la foule. Je me suis trouvée mêlée aux gosses presque par hasard. J'étais avec eux face aux forces de l'ordre. Je connus ce jour-là la peur et la haine. Tout a basculé sur-le-champ. Je reçu une balle à l'épaule, des femmes qui étaient à leur porte pour encourager les manifestants me ramassèrent en vitesse et me cachèrent chez elles. En entrant dans cette maison de pauvres, recueillie par des femmes dont les enfants devaient être parmi la foule, j'eus une émotion très forte jusqu'à oublier la douleur causée par la blessure. Elles s'occupèrent de moi avec efficacité et gentillesse. Depuis ce jour, je m'appelle Fatouma. Elles me gardèrent longtemps chez elles. La police recherchait partout les blessés pour les arrêter. Elle gardait même les cimetières. Le principe était de nettoyer le pays de la mauvaise graine pour empêcher de nouvelles émeutes. Hélas ! le pays ne fut pas vraiment nettoyé... , d'autre émeutes, plus sanglantes, eurent lieu quinze et vingt ans après...
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J'ai tout quitté: la vieille maison, l'autorité que j'étais condamnée à exercer sur ma famille, les livres, le mensonge et l'immense solitude qui m'était imposée. Je ne pouvais plus simuler une vie qui me faisait honte.
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Être femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Être homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être est simplement un défi.
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J’aime ce vent qui nous enveloppe et nous retire le sommeil des yeux. Il dérange l’ordre du texte et fait fuir des insectes collés aux pages grasses.
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Levez la main droite et dites après moi : Bienvenue, ô être du lointain, visage de l'erreur, innocence du mensonge, double de l'ombre, ô toi tant attendu, tant désiré, on t'a convoqué pour démentir le destin, tu apportes la joie mais pas le bonheur, tu lèves une tente dans le désert mais c'est la demeure du vent, tu es un capital de cendres, ta vie sera longue, une épreuve pour le feu et la patience. Bienvenue ! ô toi, le jour et le soleil ! Tu haïras le mal, mais qui sait si tu feras le bien... Bienvenue... Bienvenue !
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Il est des folies que même le diable ignore
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