Si vous aimez
Tonino Benacquista, je vous recommande cette intéressante autobiographie, mais davantage pour son intérêt documentaire que pour ses qualités littéraires, bien qu'une émotion touchante s'en dégage.
Tonino Benacquista est un auteur prolifique qui s'est illustré dans plusieurs genres: romans, noirs et autres, pour enfants et pour adultes, nouvelles, théâtre, scénarios de bandes dessinées, scénarios de films. J'ai lu quelques uns de ses romans et recueils de nouvelles, à chaque fois avec beaucoup de plaisir. C'est un auteur que je vous recommanderais vivement de placer en bonne place parmi vos suggestions de lectures.
Tonino Benacquista est né en 1961 dans la région parisienne; ses parents s'y étaient installés après avoir quitté leur Italie natale, où étaient nés leurs autres enfants.
Dans une interview, il déclare ceci: «J'ai surement voulu écrire mon histoire, pour me réconcilier avec, parce que je suis fâché avec cette histoire et ce passé. Là, parler de moi m'a permis de parler de déracinement : comment le vit-on, provoque-t-il forcément de la mélancolie ? Mais aussi de culture populaire et de double culture. S'il y a de l'italianité dans mon ADN, je voulais savoir où elle se trouvait, moi qui parle français depuis ma naissance. Finalement, je crois que la double culture, c'est faire la part entre les deux : l'Italie c'est mon ADN, et la France, ma culture. »
Né en France,
Tonino Benacquista a grandi entre deux cultures. du sang italien coule dans ses veines, mais il se sent Français. Son père a quitté l'Italie comme ses frères, si ce n'est qu'eux sont partis aux États Unis. Il a fait le choix de partir, mais il a le mal du pays. C'est sans doute pour cela qu'il boit, mais son fils n'en sera jamais complètement sûr. Sa mère vit une sorte de dépression, son installation n'est pas complètement son choix, mais plutôt celui de son mari. Les parents de Tonino parents sont heureux de passer des vacances en Italie, lui s'y ennuierait plutôt: il ne se sent pas chez lui, on le considère à moitié comme un étranger. Situation typique des émigrés…
Bien vite, c'est Tonino qui maîtrise le mieux le français, dans la famille. Il raconte qu'il a commencé à écrire avant de commencer à lire, c'est-à-dire avant de se plonger dans la littérature. Il aimait, il aime toujours, raconter des histoires, écrire. À l'école, il n'était pas un bon élève. Mais plutôt que de remettre une feuille blanche lors d'une interrogation, il remettait une nouvelle, par exemple pour expliquer pourquoi il n'aurait remis qu'une feuille blanche. Dans un entretien, il explique que prendre la parole en public l'a toujours mis mal à l'aise, ce qu'il a compensé en écrivant, pour pouvoir travailler les mots.
L'écriture est pour lui un refuge, un voyage dans son musée imaginaire. C'est tout cela qu'il raconte dans «
Porca miseria ».
Dans les interviews et les critiques, j'ai le plus souvent constaté que l'on mettait l'accent sur ces aspects socio-culturels et je m'étonne que l'on passe sous silence les derniers chapitre du livre, où
Tonino Benacquista relate avec beaucoup de pudeur la dépression d'épuisement dont il a été victime et dont il ne parvient toujours pas à se défaire. Aucun remède ne calme les crises qu'il connaît encore, confie-t-il avec une certaine pudeur, sauf une lampée de vodka.