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4,03

sur 875 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je me suis donc replongé avec avidité et empressement dans un 2ème jeanne benameur, à vrai dire le moins cher que j'ai pu trouver ;-)

très court (lecture en 1h), il explore "ces enfants empêchés d'apprendre" dont nous parle Boimare : une petite fille arrivée à l'âge d'aller à l'école et qui ne peut plus s'y soustraire, qui refuse d'entrer dans les apprentissages parce que cela risque de rompre la relation avec la mère "demeurée"; et qu'y a-t-il de plus important, si ce n'est cet amour inconditionnel entre cette mère et sa fille? le désarroi de l'instit devant ce "cas" (qui dans la vie normale, hein, est loin, très loin d'être isolé) est touchant et le cheminement de la petite est décrit avec justesse et poésie.

Je retrouve dans ce roman le style que j'ai tant apprécié, cette grâce dans le choix des mots et cette justesse de sentiment Mais, alors que je suis directement concernée par le thème abordé, étant maîtresse, (ou à cause de ça peut être?), je l'ai trouvé seulement "bien" et pas "extraordinaire" comme "Profanes".

à conseiller aux instits débutants ou en voie d'humanité...
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Les demeurées, ce sont une idiote du village et sa fille, fruit d'un contact éphémère avec un ivrogne de passage. Entre ces deux êtres d'infortune, nulle parole. Leur amour est silencieux, bâti sur leur seule présence l'une à l'autre. Leur vie recluse, solitaire, doit cependant prendre fin lorsque la petite Luce prend le chemin de l'école. Là, le monde l'attend et mademoiselle Solange, l'institutrice, est décidée à rompre l'ignorance, à faire jaillir les mots. La Varienne et sa fille vivent cette intrusion de l'extérieur comme une menace. Ensemble, elles renforceront ce lien primal, instinctif qui les unit: un amour quasi mystique, indéfectible, originel.
Les Demeurées est le premier roman pour adultes que signe Jeanne Benameur. Auparavant, elle a publié de la poésie (Naissance de l'oubli), des pièces de théâtre (Fille d'Ulysse) et des nouvelles (Une bouffée de lilas), mais surtout de nombreux ouvrages pour la jeunesse (Ça t'apprendra à vivre), tous profondément ancrés dans l'humain et la jouissance de la vie. Lu et bien aimé ce court livre. le démarrage en langage rough-rough m'a rebutée. Mais il s'estompe au fil des pages. Ouf. Et permet d'entrer de plain-pied dans la relation brute de pomme des 2 héroïnes. Il y a du misérabilisme et ça m'énerve. Mais l'hommage aux savoirs et leurs passeurs enseignants passionné.e.s m'a touchée. La fin tragique pose les enjeux, vie ou mort, vie et mort. Les mots comme éternel lien. Offert par Nat Luq lors de ma dédiK Lib L'instant avr 24. Émouvant cadeau. Couche d'attachement supplémentaire.
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Une écriture, oui, bien poétique, certainement.
A part ça, une histoire simple, mais dont j'ai pressenti trop vite les rebonds.
Pas inoubliable.
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La façon dont le lettré s'empare du monde lui est tout à fait propre. C'est parfaitement normal, et c'est même humain : nous venons chargé de notre culture, de nos références et de nos hiérarchies de valeur, et c'est lourds de tout cela que nous appréhendons ce qui nous est inconnu. A cela peut s'ajouter une surcouche un peu plus encombrante encore, parce que discours public, parce que Littérature, etc.

Au début, cependant, j'ai été intriguée, conquise presque, par la plume de Jeanne Benameur. J'ai beaucoup aimé l'ambiance de ce domicile où les mots n'ont pas leur place, mais où des choses fortes et profondes s'expriment malgré tout, de façon plus instinctive. J'ai eu l'impression que si on pouvait ne pas être d'accord avec la façon dont les demeurées ont été dites et représentées, il y avait au moins une absence de jugement qui rendait cela rafraîchissant.

Mais cela se gâte avec l'arrivée d'un troisième personnage dans le duo : en effet, Luce arrive à l'âge où il faut aller à l'école, où il faut apprendre à lire, à écrire et à compter, et on rencontre avec elle Mademoiselle Solange. Et là, hélas, j'ai trouvé que le face à face ne fonctionnait pas. J'ai bien conscience que, pour qu'il y ait récit, il fallait qu'un conflit, qu'une menace apparaisse dans le petit monde de la Varienne et de sa gamine. Mais la mise en place et, pire encore, la résolution dudit conflit m'ont laissée sur ma faim. Luce s'arc-boute contre ces sons, ces mots, ces lettres qu'on veut faire entrer dans sa tête, qui lui semblent d'un autre monde et l'éloignent de la Varienne. le reste du village hausse les épaules : telle mère, telle fille, rien ne sert de s'acharner, mais mademoiselle Solange refuse de baisser les bras. Elle propose à Luce des cours particuliers, elle essaie d'aller chez elle pour comprendre pourquoi elle renâcle. Et puis son échec la mine, elle tombe malade. Déjà, là, je me suis méfiée : ça devenait un peu trop symbolique à mon goût. C'était sans compter la fin, qui [attention, divulgation !] donne à mademoiselle Solange une belle victoire métaphorique par-delà la mort. Luce, par un chemin qui lui est propre, est finalement arrivée à la beauté créatrice de l'écriture, à cette maîtrise que la Varienne, demeurée dans l'instinct presque animal qui est le sien, ne connaîtra jamais…

Beaucoup ont trouvé ce très court récit poignant, et vous trouverez sur la toile nombre de critiques dithyrambiques. D'ailleurs, je crois que je peux comprendre ce qui a plu dans ce texte, puisque c'est sans doute la même chose qui m'a gênée à la lecture. J'ai beaucoup aimé le début qui campe les personnages, et j'ai éprouvé une fascination pour la Varienne et Luce, leur communion, leurs différences. Ce qui est dommage, c'est qu'à l'arrivée de Mademoiselle Solange, moins développée – ou dont le développement m'a moins intéressée, à voir – j'ai eu l'impression de deviner trop clairement les ficelles du récit. Et puis il y a la maladie, l'accident, qui arrivent exactement au bon moment, comme il faudrait, comme les coïncidences folles des vieilles pièces de théâtre… A partir de ce moment-là, je n'ai plus cru à cette histoire et, dès lors, elle a cessé de me toucher. Rideau sur les personnages, au bénéfice d'un sens profond qui devrait les dépasser tous, au profit d'un symbolisme dont ils sont les victimes. Tout de même, c'est pas de chance, de se faire écrabouiller par du symbolisme.

En somme, moi aussi je suis demeurée, impuissante, sur le seuil de ce texte, sans pouvoir y entrer tout à fait. Je vous recommande cependant d'y jeter un oeil, car la première partie est fascinante, qu'il ne fait que 80 pages en poche, et qu'il crée des réactions très contrastées. Et je vous laisse en sus le lien vers une interview de l'auteur, qui éclaire assez, ce me semble, les intentions dudit récit :
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Une écriture très "littéraire" qui peut sembler un peu trop "perchée" sur les premières pages.
On craint un moment que ce style soutenu contribue à éloigner le lecteur de la sensibilité que le sujet traité requiert. Fort heureusement, une fois surmonté le cap des vingt premières pages, on saisit tout le bénéfice que ce style travaillé confère à cette triste et bouleversante histoire : une mère "simple d'esprit" et sa petite fille à peine scolarisée, cette dernière se retrouve déchirée entre la relation fusionnelle avec sa mère et son apprentissage du monde extérieur par la découverte des mots, de la lecture.
Une institutrice que son attachement à sa mission d'alphabétisation va mener aux portes de la dépression, confrontée à l'amour indéfectible entre la petite fille et sa maman.
Mais le pouvoir des mots va l'emporter sur tout le reste, en dépit d'un environnement familial peu propice au savoir. Et c'est tout simplement puissant, beau. Une belle découverte qui m'a touché.
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Un livre totalement boulversant qui est dur à lire au début mais tout s'éclaircit à lire au début, mais au fil du temps tout s'éclaircit ! Ce livre est magnifique tant par son écriture que par sa signification ! Pas avant 13 ans...
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C'est un livre plein de mystère, qui laisse les lecteurs dans le doute et la confusion la plus totale. C'est un livre touchant et émouvant. L'amour entre mère et fille est très touchante ainsi que les moquerie des habitants qui sont plutôt injuste. C'est un livre plutôt dur a lire alors je le conseillle a partir de la 4ème pour les adolescents après les adultes peuvent aussi.
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[Ressenti vs langage]
L'autrice explore l'apprentissage du langage dans sa réception émotionnelle. Les "Demeurées", mère et fille, demeurent à l'aune du primaire et le langage intervient dans leur nid avec brutalité, pour contrôler les choses, les intellectualiser. Telle une intrusion où la perception et le sentiment se perdent face à la nomination de l'objet. L'antagonisme ressenti/langage se vit dans une obligation de rejet, sans conciliation entre les deux. Ainsi, la brutalité vient de ce choix "être ou ne pas être", "savoir ou ne pas savoir", "ressentir ou ne plus ressentir", "laisser le monde entrer dans ce nid ou le laisser à la porte" car rejoindre les mots n'est plus demeurer, alors "apprendre" signifie aussi "abandonner".

[Amour et déchirement]
L'histoire questionne aussi le poids du savoir face à l'amour. La mère et la fille vivent par le flair dans le silence de l'amour total, animal. Un nid d'instinct où les mots n'ont pas de place, où seul le ressenti existe. Ainsi, la fille - Luce - subit un arrachement brutal à la découverte de l'écriture de son nom. Si Luce apprend, alors elle devient par la nomination, et la mère - sujet non-nommé sauf par le sobriquet "La Varienne" - deviendra pour toujours celle qui demeure une demeurée rangée dans une case que les "sachants" lui ont attribué ; mais si Luce demeure, elles resteront ensemble dans une catégorie non-conscientisée car non acquise. Dès lors, que faire de ce savoir s'il brise l'amour total, s'il signifie "exclusion" au détriment de l'affect.

[En bref]
Un court roman littéraire hautement poétique dont la lecture peut être difficile, voire nébuleuse malgré une beauté certaine et un questionnement fondamental.
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Livre court, étrange, au style très particulier.
Il m'a donné le sentiment que je lisais le silence. le silence de cette femme et de son enfant, de leur ignorance. le silence heureux.
Puis l'école arrive, et le monde de la petite fille s'effondre pour la connaissance.
Son contraste, le professeur, a aussi tout ses mots à dire. Mais face au silence, cela a-t-il vraiment une utilité?

La fin est très brutale et (pour moi) incompréhensible. Un peu de la même manière que le début du livre..?

Par son étrangeté, il mérite le détour.
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Je ne sais quoi penser de ce livre. le style de l'auteure est formidablement poétique. Une belle prouesse littéraire d'après moi, même si le fond m'a assez désintéressé.
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