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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Telle une musicienne des mots, Jeanne Benameur compose un roman tout en poésie comme à son habitude. Elle décrit avec sensibilité et finesse la rencontre entre une femme âgée tellement seule et un nomade pelotonné au coin d'un feu de camp.
C'est une histoire sans histoire.
Dans les dédales de la solitude.
Les mots se taisent.
Les mains racontent.
C'est un enchevêtrement de photos qui décomposent le mouvement des mains pour apporter de la substance à l'instant.
C'est une cavité d'où s'infiltre un peu d'espoir, un peu de tendresse. Parce que nos deux vagabonds regardent le rien, le peu, ils emprisonnent les images du hasard pour en faire des pensées douces.
Et puis, toujours, des mains libres, des mains ouvertes pour recevoir, tenir, accompagner...
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Étonnante, cette lecture m'a laissée mitigée, moi qui avais plus qu'apprécié Les demeurées.
J'y ai retrouvé le même style haché et mystérieux, mais là, il m'a gênée, j'ai pensé qu'il desservait cette histoire.

Cette rencontre improbable entre une personne âgée veuve et un ado issu des gens du voyage. Pour moi, cela n'a pas pris, malgré la beauté de l'intention, la rencontre un peu magique autour de la lecture, les mains qui disent plus que des mots, les mains qui prennent, les mains qui donnent.

Je n'ai pas toujours saisi où elle voulait en venir, mais j'ai noté qu'elle est restée fidèle à son message de tolérance, et ces questionnement sur la vie, la différence, les blessures secrètes.

Le thème du suicide assisté en fin de vie est évoqué, subtilement.

Mes mains sont restées libres, elles ont refermé ce livre pour en choisir un autre...de Jeanne Benameur, encore !
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J'apprécie beaucoup Jeanne Benameur dont j'ai particulièrement aimé Profanes, Otages intimes ou Les demeurées.
La sensibilité de cet écrivain me touche, son style épuré et poétique fait mouche.
Dans Les mains libres, Jeanne Benameur raconte une rencontre improbable entre une vieille femme solitaire et un jeune gitan. Deux personnes cabossées, meurtries par la vie, qui se trouvent et se parlent sans paroles, barrière de la langue oblige.
Les deux portraits sont très réussis. Par petites touches, Jeanne Benameur nous présente madame Lure et Vargas, et nous raconte leur passé. Ils sont touchants, chacun à sa façon.
Elle, a toujours vécu modestement, une vie sans éclat, effacée. Elle, "qu'aucun apprêt n'aurait pu rendre jolie" ne s'est jamais mise en avant.
Lui, dans sa vie de nomade, n'a jamais rien possédé, ou si peu. Il se souvient de l'un des rares objets qu'il avait étant enfant. Un livre qu'il a usé jusqu'à la trame et dont le contenu le fascinait, car il y contemplait le monde "des maisons qui ne bougent pas".
Voilà ce que j'ai aimé dans ce roman.
Le reste m'a nettement moins convaincue.
J'ai trouvé l'histoire un peu trop simpliste, un peu trop pleine de bons sentiments.
Madame Lure et Vargas ne parlent presque pas, mais, l'un comme l'autre, ont des pensées riches, nobles, subtiles, fines et poétiques. Ils ne parlent pas la même langue mais ils se comprennent et ont des attentions très touchantes l'un envers l'autre. Et ça, j'ai du mal à y adhérer.
C'est trop beau pour être vrai, même dans le monde idéalisé de la littérature.
Quand je vois la violence du monde actuel, quand je vois la sauvagerie des casseurs dans les dernières manifestations, quand je vois que Mireille Knoll a été brutalement assassinée par son voisin simplement parce qu'elle était juive, et malheureusement tant de choses encore, j'ai un peu (beaucoup) perdu ma foi en l'Homme.
Je n'arrive plus à voir en chacun un être potentiellement bon, sensible et pourvu d'empathie.
Voilà pourquoi je n'ai pas accroché, je n'ai pas pu croire à cette histoire.
Les mains libres, libres de recevoir l'autre, de l'accueillir, oui... mais l'esprit en éveil.
La confiance, oui... mais pas béatement, pas naïvement : avec réalisme.
C'est certainement moins beau, moins pur, moins poétique, mais dans notre monde qui tourne de moins en moins rond, cela me semble malheureusement indispensable.
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Ce n'est pas le roman de Jeanne Benameur que je préfère mais il restera tout de même dans ma mémoire tellement cette écriture épurée, puissante, sensuelle, me plaît!
Dans la femme ici décrite, Vargas l'enfant du voyage orphelin cherche-t-il le visage de sa mère partie?
C'est un très beau roman,qui regorge d'images et de couleurs, dans lequel même le gris est chatoyant!
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liens intenses entre une vieille dame et un gitan
mais nous partons vers les profondeurs insondables
avec Jeanne Benameur. Un beau moment de fraternité.
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D'Yvonne, on saura qu'elle est âgée, veuve. Elle a épousé quand elle était toute jeune fille un homme bien plus âgée qu'elle. Elle vit seule maintenant dans un deux-pièces dans une ville qui ne sera pas nommée. Un jour, elle remarque un jeune homme dans un supermarché en train de voler une tablette de chocolat. Elle le suit jusqu'au campement où il vit avec son oncle et sa tante, gitans.
De Vargas le jeune gitan on devinera plutôt qu'on ne connaîtra son âge (je dirais une vingtaine d'années). Il est très solitaire comme Yvonne, se promène avec sa marionnette faite de bric et de broc.
La rencontre entre ces deux personnes, très solitaires l'une comme l'une comme l'autre, permettra à Vargas de prendre un nouveau départ et à Yvonne de combler un peu sa solitude...et de faire son deuil...
La rencontre de deux êtres que seul le hasard pouvait faire se croiser ... poétique... très triste aussi toute cette solitude...
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une rencontre entre deux mondes différents que tout oppose , malgré tout un point commun entre les deux personnages l'isolement , la solitude.
La rencontre entre Yvonne et Vargas est le fruit du pur hasard, mais puissante, peu de mots mais des attitudes fortes ..
Roman plaisant
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La Feuille Volante n° 1087
Les mains libresJeanne Benameur – Denoël.

Une histoire simple comme il en arrive souvent, celle de Mme Yvonne Lure, une femme sans relief qui s'est mariée tard avec un homme qui avait longtemps vécu en Afrique et l'avait rencontrée par hasard à l'occasion de la liquidation de la succession de ses parents. de lui il lui reste des livres qu'elle dépoussière sans les ouvrir, un peu comme si, parce qu'ils ont été touchés par son mari, cela lui en interdisait la lecture. Maintenant elle est veuve, solitaire, repliée sur elle-même en attendant sa propre mort. le seul plaisir qu'elle s'accorde est de rêver sur les catalogues des agences de voyages. Par hasard, elle rencontre Vargas, un jeune nomade, un voleur, qui vit avec sa tante et son grand-père à proximité de chez elle. le lendemain elle dépose un livre qui a appartenu à son mari près de sa caravane et cette rencontre improbable de deux êtres que tout oppose va changer sa vie, une histoire de livre qui va l'amener à découvrir le monde. Vargas ne sait pas lire et cette veille femme va lui faire découvrir, par sa voix, ce que contiennent les livres qui ont appartenu à M. Hervé Lure. Cela rappelle au jeune homme les histoires que lui lisait sa mère aujourd'hui remariée et donc cruellement absente de sa vie et ce souvenir le touche. C'est un peu comme si, à travers sa voix, Mme Lure prenait petit à petit et fictivement la place laissée vacante par cette mère. C'est aussi pour Mme Lure une manière de résilience. A cette occasion, elle peut se réapproprier les livres de son mari et en faire profiter le jeune homme. Vargas parle peu mais s'exprime plus volontiers à travers une petite marionnette qui ne le quitte jamais, comme un avatar de lui-même. Ainsi les mots qui passent à travers la douce voix de la vielle dame, à travers leur poésie, leur musique, ont ils pour le jeune gitan une fonction d'exorcisme de l'inexistence de sa mère, un peu comme si les deux deuils que vivent ces personnages étaient adoucis par les mots. Cette rencontre toute en nuances va sortir Yvonne de chez elle, l'inviter à s'intéresser aux autres, correspondre à une sorte de renaissance qui lui fait préférer la vie à la mort, lui rendre le goût du partage, lui donner de l'énergie au quotidien, l'inviter même à refaire le chemin à l'envers et retrouver sa jeunesse. C'est un peu comme s'il y avait une sorte de complémentarité entre eux. Ce qui caractérise cette relation, c'est le silence et Vargas va dessiner Yvonne, mais seulement ses mains et de mémoire, dans les tons de gris, couleur de leurs deux vies. Dans ces dessins il y a une dimension d'attente silencieuse, une sorte d'abolition du temps, un oubli de la différence d'âge, de culture et de condition sociale, une sorte de tentation de l'inconnu pour Yvonne qui avec son mari avant connu la sécurité alors que maintenant c'est une sorte d'aventure qui s'offre à elle.
Pour autant, j'ai senti une grande solitude chez chacun d'entre eux. Malgré les apparences qui ne sont qu'illusions, ils vivent chacun leur vie et ne se rejoindront pas, même si, à la fin, il y a une sorte de rapprochement à travers les souvenirs laissés par son mari. Mais finalement chacun confie au hasard le soin de commencer une histoire entre personnes qui ne se connaissent pas, un peu comme leur propre relation éphémère, à travers des livres déposés dans la ville, ce qu'on nomme maintenant «  cross booking », une manière de donner une nouvelle vie aux livres, de les faire partager, de les faire voyager aussi, un peu comme ceux des agences qui invitaient Yvonne rêve et au départ.;
L'auteure procède par petites touches poétiques pour composer ce tableau agréable. J'ai lu ce court texte en forme de roman comme une fable qui abolit le temps. Pourtant je ne suis pas entré dans cette histoire et j'en ai poursuivi la lecture davantage par curiosité et par attachement à la belle écriture de l'auteure que par réel intérêt

© Hervé GAUTIER – Novembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Cette fois-ci, je n'ai pas suivi Jeanne Benameur dans l'évocation de ces deux personnages marginaux : Madame Lure, retraitée isolée dans son appartement et Vargas, jeune homme du voyage. le rythme de ce roman, non dépourvu de poésie, n'était pas le mien à ce moment précis. Une autre fois pour une nouvelle rencontre.
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