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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lectrice avertie de Jeanne Benameur que j'apprécie beaucoup, j'ai directement été happée par la poésie de l'écriture présente dans chacune des phrases de ce roman. le thème ne se prête pourtant pas à la poésie, pas plus que les thèmes d'autres romans lus tels que « les demeurées » ou « Otages intimes ». Néanmoins, l'auteure a cette faculté de faire « danser » les mots donnant un relief harmonieux à la plus simple ou la plus triste des histoires.
Yvonne existe car elle est Madame Lure, l'épouse d'Hervé Lure un militaire qui l'a demandée en mariage alors qu'elle ne s'y attendait pas. Leur couple vit une vie paisible jusqu'au jour où son époux décède laissant l'appartement vide de sa présence à Madame Lure alors âgée d'une cinquantaine d'années. Cette dernière est incapable de se séparer des objets de son défunt mari l'empêchant de faire son deuil. Elle s'évade grâce aux catalogues de voyages, aux belles images bien colorées et cela la rend heureuse.
Et puis un jour, Vargas croise son chemin. Ce jeune homme particulier va entrer en contact avec Yvonne et ce que l'un apportera à l'autre permettra à chacun de retrouver « ses mains libres ».
Un beau roman, à la limite du conte moderne. L'écriture est toujours aussi charmeuse et fait de ce roman un très bon moment de lecture.
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Les mains libres, c'est cinquante mille nuances de gris. Gris comme les graviers d'une allée, semblables mais tous différents quand on les regarde de près. Des cailloux mis ensemble, et pourtant isolés les uns des autres.
Penchons-nous avec Jeanne Benameur sur deux de ces cailloux, invisibles et pourtant partout présents. D'abord Yvonne Lure, veuve sans enfant d'un expatrié. Elle passe ses journées à faire le ménage dans son appartement. Sa seule sortie quotidienne est pour le supermarché du quartier. Son seul plaisir : feuilleter chaque mois un catalogue pris dans une agence de voyage.
Un jour au supermarché, elle croise Vargas, un jeune marginal qui vole une tablette de chocolat. Elle se met à le suivre. Elle découvre qu'il vit dans une caravanne sur un terrain vague juste en face de chez elle. Elle se met à l'observer de derrière ses rideaux...
Bien peu d'action dans ce livre, mais, comme dit Jeanne Bennameur dans l'incipit :
"La meurtrière est "un vide étroit, pratiqué dans les murailles des ouvrages fortifiés, et destiné au passage des projectiles (Nouveau Larousse illustré, Ed. 1936).
La meurtière est aussi une femme qui a commis un crime.
Nous portons tous en nous le vide étroit.
Nous portons tous en nous la muraille.

Ni projectile, ni crime.
Il arrive que l'on soit simplement meurtri."
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Yvonne vit seule, les années ont mis du gris dans ses cheveux mais pas rempli l'espace intérieur où naissent les émotions, les joies, les douleurs, les larmes. le temps a passé et laissé ses empreintes : la solitude, l'absence d'un sourire, son corps sec et ses mains qui rangent et gardent l'espace propre. Yvonne traverse les espaces et rêve, seule avec les dépliants des agences de voyage, images pleines... vides.
Une autre vie croise la sienne, une autre vie solitaire, nomade, sans attaches. Deux solitudes, deux silences et un livre. Yvonne ne lit pas mais lit pour le jeune homme, le temps s'ouvre, le vide se remplit, il devient léger, et ses mains portent le livre d'où sortent les mots en offrande. Ses mains deviennent sens, ses mains tiennent, pour offrir, pour s'ouvrir. Geste fragile, geste fort, un fil est né celui qui tisse et garde ensemble chaleur, sourire, silence celui qui dit sans dire, qui offre les mains vides, très pleines et libres.
La plume exquise de Jeanne Benameur raconte dans un roman-poème de moins de 200 pages, le geste simple, inaperçu, d'une rare charge émotionnelle, sobre et pudique, délicate, le geste invisible, très présent, celui qui donne et reçoit l'essentiel.
Merci à Magali pour m'avoir fait découvrir cette plume d'une grande poésie et musicalité, d'une sensibilité à fleur de peau.
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« Comment fait on pour garder les vivants ? » Suffit il de s'en rapprocher ? de s'en composer ? « Pour que certains restent entiers, ne faut il pas que d'autres acceptent d'être pris, morceau par morceau ? » . Distance, contact, rapport. « Elle n'a jamais fait que garder les distances exactes entre les points. Ça ne fait pas un monde Mais c'était toute sa vie ». Relier alors. Comme ces dessins où il suffit de relier chaque point les uns avec les autres, et non aux autres, pour que l'image apparaisse. « Il y a une sorte de bonheur à laisser le monde se peupler ». Et si c'était ça vivre, une paume ouverte. «  Les images n'ont besoin que de caresse pour vivre ». Les livres sont des mots, relié les uns aux autres, mais que relient les livres, si ce n'est les uns avec les autres. Sans cela pas d'histoire, pas même sans doute le début d'une phrase. Une phrase se compose et c'est dans son harmonie qu'elle trouve sa place. Qu'elle creuse sa place. « Les mots de l'histoire ne s'installent pas...Mais ils soufflent...Ils arrachent tout.Une excavation.La vie de la photographie se nourrit de toute la place creusée.L'excavation rend fertile ». « Où mettre les mots » ? Où mettre l'histoire ? Est-ce qu'il y a un espace qui attend en chacun pour ce que d'autres ont inventé ? »Alors, bouger, marcher, parler, prendre le risque de composer, de déplacer, de se déplacer. Opérer sa propre lecture. « Une image faite de ses mains.Imparfaite.Qui ne lui dit jamais le monde tel qu'il est au moment précis où il le contemple.Qui lui dit juste ce qu'il lui est ce jour-là, devant le monde »L'exactitude de soi. La concordance voilà on l'on peut espérer toucher le monde. Passer sans écart, relier pour rejoindre.
Les mains libres pour rendre les mots.
L'écriture de Jeanne Benameur est une très belle rencontre. Ouvrez ce livre les paumes ouvertes.
Et en relisant le commentaire de lecture que j'avais rédigé en octobre 2013, ce n'est pas un hasard je crois si ce roman porte le même nom que le livre composé par Paul Eluard et Man Ray.
Relire pour relier. La composition repose sur l'accord et non sur l'objet. Cela est toujours vrai.

Astrid Shriqui Garain
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Ah, Jeanne Benameur.
Ma poésie à moi.
Cette lecture c'est comme une chanson douce que me chantait ma Maman.
Le livre que je voudrais qu'on me lise pour m'endormir.

J'ai une adoration sans borne pour son écriture.

Comment peut-on écrire si bien?

La rencontre de deux êtres que tout oppose, que rien ne présume à se rencontrer...

Merci merci merci

A lire sans modération!
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Après les demeurées, ce livre a été lui aussi une grande claque ! Un livre d'une beauté rare et magnifique ! Mme Lure s'est mariée comme on dit « oui » à quelqu'un qui demande un service. Elle dépoussière les livres de son défunt mari sans jamais les ouvrir. Les affaires de Monsieur Lure étaient à lui. Elle garde une distance vis-à-vis de ces objets, souvenirs de sa vie à lui. Elle n'en est pas propriétaire. Son plaisir est de voyager, découvrir des pays dans les brochures. Une photo et elle s'évade, elle rêve. Sa rencontre avec Vargas est le début du changement de sa vie. Elle décide de laisser la poussière se déposer, elle a désormais les mains libres. Elle a rompu ses liens invisibles. Vargas lui aussi va donner une autre orientation à sa vie grâce à cette rencontre. Malgré la barrière de la langue, ils se comprendront, s'aideront à travers des gestes et des silences aussi puissants que les mots.
Jeanne Benameur sait donner toute leur quintessence aux mots. Sous sa plume, ils deviennent plus forts, donnent leur vrai sens. Son écriture ciselée se boit, une écriture où l'économie des mots donne une force au texte. Je suis sortie de cette lecture comme « habitée » de ces mots…
Un coup de coeur !
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Madame Lure est une vieille dame solitaire. Elle fait ses petites courses chaque jour et c'est au supermarché qu'elle rencontrera Vargas. Jusque là elle rêvait seulement grâce aux publications des agences de voyage.
Vargas, lui, est un errant. Il voyage avec sa tante et son grand-père. Leurs caravanes commencent à faire jaser le voisinage.
L'écriture concise de Jeanne Benameur laisse la place aux émotions du lecteur, l'interroge même parfois. La belle rencontre de Vargas et Yvonne invite à l'espoir, pour lui, pour elle, pour nous aussi. C'est encore un bel hommage au livre et à la lecture.
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C'est l'histoire d'Yvonne Lure une vieille dame qui vit seule depuis la mort de son mari. Elle est « transparente » pour les autres, elle occupe ses journées avec le ménage et ses courses. Elle rêve grâce aux catalogues de voyages et aux photos dans lesquels elle se projette et s'évade. Un jour, elle va surprendre les mains voleuses d'un jeune homme, Vargas, dans un supermarché, sans réfléchir elle va le suivre jusqu'à sa caravane sur un terrain vague en face de chez elle. Elle va d'abord le surveiller de sa fenêtre, puis déposer à proximité du campement le livre de son défunt mari. Ils vont s'apprivoiser l'un et l'autre grâce à ce livre et à la lecture…
Je ne peux donc pas être insensible à ce livre plein de poésie, de tendresse avec ces deux personnages si perdus dans leur solitude.
Le style est fait de phrases courtes, de mots simples mais justes qui nous entraînent dans une histoire pleine de d'émotions.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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