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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jeanne Benameur, je ne la connaissais pas avant Les mains libres. Juste un nom retenu au détour d'une critique sans me rappeler pourquoi. A peine commencé, le texte m'interpelle, j'ai la sensation que les espaces vides font sens, qu'il n'y a pas de mots inutiles.

Chaque phrase courte et poétique raconte une curieuse histoire, celle de la rencontre de madame Lure, une vieille dame repliée sur elle-même, avec un jeune nomade, Vargas. Deux mondes destinés à rester parallèles. « Elle, elle n'a rien su que l'espace ordonné d'un point à un autre. Elle allait, venait, faisait ce qu'il y avait à faire pour maintenir cet ordre et celui des corps qui le traversaient. Elle n'a jamais fait que garder les distances exactes entre des points. Ça ne fait pas un monde. Mais c'était toute sa vie. » Alors que pour lui, « il faut toujours partir et partir encore. Plus loin. Ailleurs. Il faut savoir tout abandonner, au matin, d'un ciel, d'un paysage, et s'en aller vers d'autres lieux (..).

Pourtant, au fil de leurs rencontres Vargas se sédentarise et la vieille dame regarde au-delà de sa fenêtre, s'aventure, découvre. Un monde, le monde. « Elle voit autrement », elle peut enfin lire « des livres qui disent toutes les histoires ». « Elle est vivante ».
A la page 80 de ce livre trouvé chez un bouquiniste, un petit mot sur un post-it jaune : « J'avais adoré « Les Demeurées » du même auteur, mais je l'avais sans doute emprunté à la bibliothèque. L'écriture est poétique ici aussi, le message un peu moins émouvant. Bises, Sylvie. »
J'ignore si Les mains libres est moins émouvant que Les Demeurées, mais je me suis promis de le découvrir.
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Les mains libres , roman de Jeanne Benameur est une invitation au voyage dans un autre monde...
Celui de l'errance d'abord. Celle que partage Mme Lure, une vieille femme aux cheveux gris et Vargas, un jeune nomade qui vit dans une roulotte non loin de chez elle. Sans ancrage, ils cherchent à se faire oublier et à oublier des traumatismes d'enfance tapis là, au fond d'eux-mêmes. le prix à payer ? Une solitude qui ne les quitte pas, qui les suit, fidèle compagne...
Mais dans l'univers de Jeanne Benameur, la lumière côtoie toujours l'ombre, heureusement. Et tous les deux font preuve d'un merveilleux pouvoir d'évasion, celui des rêves éveillés qui consolent ou aident supporter une réalité sans doute trop douloureuse si elle devait être affrontée "les yeux dans les yeux". Mme Lure s'évade dans les brochures de voyages qu'elle collectionne au gré du hasard et de sa fantaisie. Pour Vargas, c'est le dessin. Sa main court sur une feuille papier et s'empare du monde, depuis le jour où il a choisi de ne plus parler et de laisser la parole à une marionnette Oro, son double en quelque sorte.
Ce thème de la main qui renvoie directement au titre est très présent dans le roman. Main qui vole une tablette de chocolat comme celle de Vargas, main qui caresse comme le découvre avec étonnement Mme Lure , mais aussi main qu'on embrasse comme va le faire le jeune homme par le truchement de sa marionnette. Présence donc très forte d'une symbolique de la main tendue, qui s'ouvre et s'offre aux autres...
A ce ballet des mains s'associe celui du livre qui lui fait écho et le renforce. le pouvoir et la magie des mots, Mme Lure va le découvrir dans le dernier livre que lisait son époux avant de mourir et ce sera pour elle une sorte de "Sésame, ouvre-toi" à la fois sur le monde et sur l'autre car c'est grâce à un livre laissé près de la roulette du jeune homme qu'elle va entrer en communication avec lui.
Ouverture à soi-même, ouverture sur le monde, Mme Lure et Vargas vont tout doucement en faire la belle découverte. Et la perspective d'un nouveau départ possible pour chacun va se profiler à l'horizon. Pour Vargas ce sera un voyage vers d'autres cieux et pour Mme Lure ce sera un voyage par procuration, en confiant à Vargas une valise dans laquelle se trouvent tous les vêtements de son défunt mari.
J'ai aimé la construction symphonique où les thématiques s'entrelacent et se font écho. Même plaisir pour l'écriture. Comme toujours, Jeanne Benameur cultive avec fluidité l'art de passer de la poésie à une prose plus narrative.
Quelques bémols cependant. Même si je me suis laissé entraîner dans la rencontre fort improbable de ces deux personnages, j'aurais aimé que le personnage de Vargas soit plus fouillé et que son univers, celui des gens du voyage, soit évoqué de façon moins conventionnelle, voire stéréotypée. Plus globalement, j'ai eu le sentiment que ce roman était un peu hybride, un compromis entre une forme poétique qui admet une grande liberté à tous les niveaux et une forme romanesque plus exigeante sur le plan de la structure et du travail sur les personnages.
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Une jolie surprise que ce roman. C'est la première fois que je lis un livre de cette auteure et j'avoue que j'en lirai d'autres.
Dans cette histoire, deux personnages, que tout oppose en apparence.
Yvonne Lure, une vieille dame, veuve, que l'on ne remarque à peine. Son pêcher mignon, elle prend les catalogues des agences de voyages pour se distraire, et se laisse aller à vivre pleinement. Elle sort peu, juste pour faire ses courses du jour et c'est à ce moment-là qu'elle rencontre Vargas, un jeune sans-abri, qui vole une tablette de chocolat à l'aide de sa marionnette qu'il tient toujours dans sa main. Madame Lure l'a remarqué, mais ne fait rien voir, elle le suit simplement. Elle voit qu'il vit dans une caravane pas loin de chez elle. Quelques jours après, Vargas, vit dans la rue avec deux autres personnes autour d'un brasero juste en bas de chez elle.
C'est un récit lumineux, humain et pleins de promesse. L'écriture de l'auteur est forte et intense mais aussi douce et poétique, un véritable petit bijou. Je vous le conseille.
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Yvonne LURE est une petite personne âgée, effacée, veuve de son état, sans enfant. Elle vit seule, n'a pas d'amis, sort très peu. Son seul plaisir est de rêver à travers les brochures qu'elle se procure dans les boutiques de voyage.

Un jour, en faisant ses courses, elle aperçoit un jeune homme voler une plaque de chocolat. Sans raison et simplement parce qu'elle est intriguée, elle décide de le suivre. Oh ! pas pour le dénoncer, non. Par simple curiosité.
Elle se rend compte, que ce jeune homme vit en bas de chez elle, sous un pont, avec sa tante et son grand-père. Il ne communique que par le biais d'une marionnette.

Petit à petit, ces deux-là vont s'apprivoiser et faire un bout de chemin ensemble.

Leur vie va en être bouleversée.

Toujours autant de plaisir à découvrir les romans de Jeanne BENAMEUR, et surtout son écriture. le seul petit bémol est que dans celui-ci, à force de pudeur, je n'ai pas très bien compris qu'elles ont été les relations entre Yvonne et sa mère ; Certes, ils n'ont pas été simple, mais à comprendre ce qui s'est réellement passé n'est pas très clair, en tout cas pour moi. Mais cela n'enlève rien à l'intensité de ce livre.

Jeanne BENAMEUR décrit avec acuité la solitude. Pas seulement des personnes âgées, mais également des jeunes à travers le personnage de Vargas qu'Yvonne va rencontrer.

Comme quoi, il suffit de pas grand-chose pour rendre heureux quelqu'un, simplement briser la solitude, parler, communiquer, donner un peu de soi et aller au-delà des apparences.
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Après un sentiment mitigé suite à la lecture des deux derniers Benameur, il me tardait de retrouver un ton et une atmosphère qui m'avaient tant parlés lors de précédentes rencontres.
« Les mains libres » a rempli sa mission avec bonheur. Jeanne Benameur ne s'est pas éparpillée, pour ne pas dire perdue, dans son sujet comme dans « Ceux qui partent », sa dernière parution.
Nous voila plongés au coeur de la rencontre de deux solitudes.
Madame Lure, vieille dame effacée depuis toujours. Mariée sur un malentendu ou presque. Monsieur Lure ou un autre, qu'importe puisqu'Yvonne a toujours vécu à coté du monde. Engoncée dans un quotidien sclérosé, Yvonne est prise pour épouse comme on prend un animal de compagnie. Elle s'en contente tant c'était inespéré.
Depuis qu'elle est veuve, elle vit à travers des brochures prises dans des agences de voyages. Madame rêve, enfin.
Vargas, un tout jeune homme, vit de l'autre coté de la rue. Une roulotte partagée avec son oncle et sa cousine. Des gens du voyage. de ceux qu'on ignore par peur, par bêtise, par habitude…
La rencontre de ces deux invisibles va se faire par l'intermédiaire des livres. Ces livres que monsieur Lure chérissait, ces livres que madame Lure n'avait jamais caressés du regard. Un livre en particulier, celui qu'elle ne lira que pour lui sur un coin de table de cuisine lors de leurs rencontres. Elle lui dira les mots à lui qui ne sait pas lire dans une autre langue que la sienne, celle des gens de nulle part.

Que j'aime Jeanne Benameur quand son écriture allie délicatesse et douceur. Il ne se passe pas grand-chose dans « Les mains libres » mais chaque page m'a laissé en apesanteur, presque léger. J'y ai vu une sorte d'hommage à tous ces gens qu'on croise sans voir, qu'on voit sans regarder. Derrière la porte, derrière le figé des masques, la vie qui bat, toujours, malgré tout.
Les mains libres, enfin, ouvertes, accueillantes, amicales. Un excellent BenaCoeur.
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Réservée est effacée depuis l'enfance, Yvonne Lure est devenue une vieille dame, veuve et seule, grise.
Vargas, un jeune nomade, vit avec son grand-père et sa tante dans un camp de fortune, face à l'immeuble où habite Yvonne.
Rencontre improbable entre ces deux là.
Yvonne fait découvrir à Vargas l'idée de comment vivent ceux qui ne bougent pas.
Vargas ouvre l'extérieur et les ailleurs à Yvonne qui n'a jamais quitté son appartement, sauf en emmagasinant des brochures de voyages.
Grâce à leur influence réciproque, ils vont apprendre à ouvrir les mains, à avoir les mains libres.
Deux mondes parallèles se rencontrent et s'apprivoisent.
Des mains tendues qui ouvrent et rapprochent.
Des livres qui lient.
C'est un livre sur la solitude et la rencontre.
Tout est dit pudiquement, avec pudeur et une certaine réserve.
« Il y a dans le monde des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres »
Yvonne avec les livres de son mari et Vargas avec sa marionnette sont de ces jardiniers.
Les livres, les silences, les mots sont des liens forts entre ces deux là.
Il n'y a pas beaucoup d'action, pas beaucoup de mots dans cette histoire alors qu'il se passe tellement de choses.
C'est tout l'art et toute la poésie de Jeanne Benameur de suggérer, de rendre puissantes des relations, d'ouvrir à l'espoir.
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Madame Lure mène une vie de solitaire, son mari, grand lecteur est décédé depuis longtemps,autrefois,il est allé en Afrique......... Elle dépoussière ses livres sans jamais les ouvrir,elle garde une certaine distance vis à vis de ces objets.
Son grand bonheur c'est de voyager en pensée à l'aide de brochures touristiques colorées qu'elle se procure régulièrement dans une agence de voyages, une photo, du sable,elle rêve, elle s'évade, la Côte d'Ivoire,l'Afrique, ah, l'Afrique.......
Un jour, sa vie bascule......elle rencontre Vargas, un garçon mystérieux qu'elle suit jusqu'à son campement de nomades où il séjourne avec sa tante et son grand-pére. le lendemain, elle dépose un livre prés de chez eux, sur une pierre. Et c'est le début d'une histoire de livres,de lectures et d'amitié.......
Comment l'apprentissage des mots , du langage, de l'écriture peuvent devenir des vecteurs essentiels de la communication et d'union entre deux êtres que tout sépare?

Une belle et émouvante rencontre, une histoire toute simple, autour de la lecture,entre deux mondes différents, un point commun ,tout de même, Yvonne Lure est solitaire, Vargas aussi,l'auteur parvient à donner une vraie ampleur grâce à son style simple, juste, profondément humain,Jeanne Bénameur sait donner de la force aux mots, sous sa plume, ils prennent sens, une écriture ciselée, forte et lumineuse où elle invente, une économie de mots:"il y a dans le monde des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres, c'est ce que se dit Vargas en marchant".:Ceux qui nourrissent les rêves doivent être rares, Yvonne Lure est une de ces rares personnes"......
Une respiration,une légèreté bien à elle, un souffle, madame Bénameur habite son texte, lenteur,contemplation,humanité profonde:"Y a t-il un signe dans le ciel qui indique que quelque part, dans une ville, au milieu de tant de gens, deux êtres sont en train de vivre quelque chose qui ne tient à rien, quelque chose de frêle comme un feu de fortune, un feu de palettes, de bouts de bois, quelque chose qui s'arrime à la voix d'une vieille dame, à l'écoute grave d'un jeune homme qui rêve loin?
"Est ce pour cela que tant de gens se rencontrent?"
"Pour que de toute leur chaleur usée deux êtres fassent un feu?"

Les mains libres est un roman qui croit fortement au pouvoir des livres, des silences, des mots,:"Les mots sont des pierres blanches et noires reliées par quelque ancienne concrétion. Ils se couchent, forment un dessin."
Jeanne Bénameur sait parler directement à nos émotions profondes et enfouies, elle nous ouvre l'esprit, c'est une auteure lumineuse .
Après avoir lu : "Les demeurées"," Présent?", "Profanes","ça t'apprendra à vivre", je suis prête à continuer à découvrir les autres oeuvres de cette auteure que j'aime beaucoup.
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En parcourant ce délicat chemin de lecture proposé par Jeanne Benameur, le poème d'Eluard m'est souvent revenu en tête:
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l'affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler,
Faim à satisfaire,
Un coeur généreux
Une main tendue
Une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie: la vie à se partager.
La rencontre de la vieille dame, Yvonne et du jeune "errant" Vargas,tout à fait improbable vient en effet nous parler de générosité, de mains tendues et de mains ouvertes. Peu de mots sont prononcés entre eux et pourtant ce qu'ils se disent de coeur à coeur est puissant et va leur permettre de se révéler à eux même, de renaître, de devenir qui ils sont..en reléguant au passé la souffrance qui les empêchait de "partir". Jeanne Benameur utilise avec un très grand art le jeu des mots, leurs couleurs, leur double sens pour amener le lecteur à quitter un monde cartésien et accéder au rêve, à la poésie mais surtout à l'émotion.
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Une veuve âgée, Yvonne, dont les seuls voyages se font à travers les brochures de voyages dans lesquelles elle imagine l'ailleurs va offrir un livre à Vargas, un jeune homme du voyage un livre mais lui n'a pas la science des mots...

Ils sont opposés mais finalement complémentaires et vont unir leurs solitudes à travers la lecture, les livres, les mots et les mots Jeanne Benameur possède le don de les assembler et les faire résonner en nous.

C'est un court roman tendre, imprégné par la sensibilité de ces deux êtres qui vont grâce à l'autre trouver le chemin de l'apaisement.


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La lecture d'un roman de Jeanne Benameur a toujours suscité chez moi un immense sentiment de calme et de plénitude.
Madame Lure,cette petite bonne femme,récemment veuve ,si transparente qu'on ne la remarque pas,va grâce à une tablette de chocolat volée sous ses yeux, dans un magasin se réapproprier son corps ,et "va faire partie".
Oui,faire partie de la vie ,au travers ce jeune homme :Vargas, jeune errant ,vivant dans un campement près de l'appartement de Mme Lure ,qui croisera son chemin;deux êtres si différents et en même temps si semblables.
Toute l'histoire se raconte sans paroles ,par la gestuelle :les mains.
Les mains qui au contact des images sur les catalogues de voyage ,vont emmener Mme Lure dans de lointaines contrées.
Les mains de Vargas qui font bouger et parler sa marionnette.
Un roman d'une infinie tendresse ,d'une poésie touchante ,que je conseille à tous ceux ,qui parfois vivent de douloureux moments, afin qu'ils retrouvent au travers cette écriture forte et lumineuse,un sentiment de sérénité. 🌟🌟🌟🌟🌟
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