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sur 566 notes
« Otages intimes » aborde le difficile retour à la vie après une non-vie d'otage, mais aussi la difficulté de vivre de ceux qui ont choisi de côtoyer l'abjection de la guerre et la face obscure des hommes…
Bien que sensible à la très forte densité de forme et de fond de ce texte, je n'ai pas eu le plaisir d'apprécier autant que d'autres la plume de Jeanne Benameur ; ce n'est simplement pas mon style, avec ce petit je ne sais quoi de surfait et de désincarné dans l'écriture qui fait que je passe à côté.
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C'est l'histoire d'un retour, d'un retour à la vie. Etienne est photographe de guerre, et a été pris en otage. On ne sait pas vraiment où, on ne sait pas vraiment combien de temps, des mois sûrement. C'est l'histoire de son retour, de sa mère, Irène, qui l'attend sur le tarmac, qui le ramène dans son village. C'est l'histoire de ses cauchemars, qui l'accompagneront encore longtemps. C'est l'histoire des sensations qu'il retrouve, l'odeur du pain, la musique du piano de sa mère, sa chambre d'enfant. C'est aussi l'histoire de sa mère, de sa résurrection, du bonheur de retrouver enfin son enfant.
Superbe écriture de l'auteur, magnifique ode à la vie, aux petites choses, à l'amitié. le destin d'Etienne croise aussi celui de ses amis, Enzo, Jofranka, celui de la femme qu'il aime, Emma.
Ce livre est juste, je pense, et tout simplement très beau.
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Comme une claque mais en plus puissant ...

Quelle lecture: forte, intense, émouvante, révoltante

Un roman qui ne se lâche pas, qui s'invite en vous en une fois. Je n'ai pas dévoré le roman non. Mais je l'ai reçu, comme ça en pleine figure. Une plume incroyable que beaucoup devraient lire ne fusse que pour le travail exceptionnel des émotions. Frissonner aux côtés d'Etienne, lui tenir la main dans sa reconstruction, entendre ses notes de musique et les bruits de la nature qu'il affectionne. Partager l'émotion, la joie et la prudence de ses proches. Sentir son coeur de mère se serrer encore et encore. Tous ces éléments qui font de ce roman un grand roman, je les ai ressenti à chaque page, à chaque phrase, à chaque mot. Je me suis imprégnée de ce joyau qui plonge au plus profond de l'humain, dans une forme d'intimité et de quête de sens. Ca bouscule, ça chahute, bon sang qu'est-ce que l'humain? Pas une once de mélodrame malgré le sujet, que des sentiments bruts et sincères. Incroyable, incroyable je vous dis, fou ce qu'une lecture peut-être profonde et remuante.

Première percée pour moi dans le monde de l'auteure, mais pas la dernière. Cette lecture coup de coeur laissera sa trace et me poussera à découvrir sa plume dans d'autres romans.
Lien : http://desmotssurdespages.ov..
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Etienne est un photographe-reporter qui a été pris en otage lors d'un conflit. Il apprend qu'il va être libéré. Dans l'avion qui le ramène en France, il pense à ce qu'il a vécu et aux personnes qu'il va retrouver. Il y a d'abord Irène, sa mère, qui revit avec son fils ce qu'elle avait vécu avec son mari, marin disparu en mer.
Il y a aussi Enzo et Jofranka, les amis d'enfance, le trio inséparable du village natal. Il y a aussi Emma, femme qu'il a aimée.
Un roman très touchant, introspectif, écriture emplie de douceur, lenteur, délicatesse. Très beau roman, comme souvent ceux de Jeanne Benameur.
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J'avais lu « Ceux qui Partent » que j'avais beaucoup aimé, et j'ai apprécié la personnalité attachante de cette auteure lors de son interview dans « un endroit où aller », cela a suffit pour que je lise autre chose d'elle et « otages intimes » a confirmé mon impression de ses grandes qualités littéraires. Etienne, photographe de guerre vient d'être libéré après avoir été otage, son traumatisme est palpable et son retour parmi les siens, les gens qu'il a aimé depuis son enfance est l'occasion de réflexions diverses et variées sur le sens de la vie, sur les souvenirs d'enfance, sur l'amour et l'amitié parfaitement décrites par la plume sensible de l'auteure. Une grande poésie accentuée par l'évocation récurrente de l'instant fugace saisi par le regard d'Etienne tourné vers cette femme, ses enfants, et cet homme blessé au fond d‘une voiture cherchant à fuir les combats, avant qu'il ne soit lui même capturé anime ces lignes poignantes de délicatesse.
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Jeanne Benameur a le don de savoir écrire des choses que l'on ne pensait même pas ressentir, mais qui sont pourtant bien là. Elle sait dire, et cela de façon précise, ce qui nous échappe... Ce qu'on ne voit pas forcément, ce qu'on entend pas, ce qu'on ne comprend pas.
Ici, elle raconte la prise d'otage d'un jeune photographe de guerre, ou plutôt son retour et la reprise de sa vie. On dirait qu'elle a vécu elle-même cette période de "déphasage", ou qu'elle était dans sa tête, pour aussi bien décrire tout ce que l'on peut ressentir après un tel événement. Réapprivoiser son environnement, ses proches et surtout soi-même.
C'est un livre assez intime, centré uniquement sur ce retour. Ne cherchez pas l'action, le sensationnel, ni les coulisses d'une libération d'otage, car vous seriez déçu. Ce livre a bien plus à offrir que cela...
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La guerre. Cette saloperie dont on ne revient jamais tout à fait, même si on revient... Soldat, civils, soignants ou journalistes, c'est vrai pour tout le monde.

Ici, Etienne est photographe de guerre, et il est revenu. On ne sait pas de quelle guerre il s'agit, de quel pays, de quelle cause, mais tant mieux car au final ce n'est pas important, ça renforce le côté universel (et monstrueux) de la chose. Justement, ça montre bien à quel point la guerre est une aberration. Et pourtant il faut la photographier (le faut-il ?), pourtant il faut dénoncer, il faut montrer ce qui se passe “là-bas”, car évidemment ça se passe là-bas, pas ici, mais parfois on se pose la question : est-ce que tout ça change réellement quelque chose. Je me demande, je ne sais pas. C'est une des questions posées par le livre. Il n'y a pas de réponse, évidemment.

Etienne a été pris en otage. Il est revenu. On ne saura jamais non plus de qui il était otage, combien de temps il l'est resté, pourquoi ou contre quoi il a été libéré, mais pareil qu'avant, ce n'est pas important. En fait, vous l'aurez compris, c'est un livre où on ne nous dit pas grand chose du contexte et c'est justement ce qui fait sa force.

Au fil des pages, on comprend que oui, on peut être pris en otage mais on peut être aussi intimement otage de quelque chose. Ou les deux. C'est ce que nous montre Jeanne Benameur à travers ce petit roman. Parce dans cette histoire, tout le monde est un peu otage finalement. Otage de l'attente par exemple, comme Irène, la mère, qui a longtemps attendu son mari avant d'attendre son fils, comme Emma l'ex petite amie qui ne faisait pas le poids face au besoin impérieux de départ qui animait Etienne. Otages de leurs enfances, comme Jofranka et Enzo, pour des motifs différents, avec des réactions différentes. Bon et oui, bien sûr, otage tout court, comme Etienne. Tout court façon de parler parce que ça doit être infiniment long justement d'être enfermé, confiné comme il dit. D'ailleurs, après ça, on n'est plus jamais totalement libre. Un petit morceau de soi restera toujours confiné. On ne peut pas juste reprendre sa vie où on l'avait laissée, les autres ne peuvent plus vous voir non plus exactement comme ils vous voyaient avant. Vous êtes devenu un ex otage. For ever. Et il va falloir faire avec.

Donc voilà, rien que des choses impossibles à raconter, des choses que les mots ne peuvent pas dire, et pourtant Jeanne Benameur, avec sa plume magique, a réussi à exprimer tant de ces choses qu'il est impossible de rester indifférent et on devient forcément otage de ce livre en allant d'une traite jusqu'au bout. J'ai été ravie de découvrir cet auteur et je vais ranger ce roman dans ma bibliothèque imaginaire au rayon “retour de guerre” avec Un dieu un animal de Jérôme Ferrari, Ballade pour Leroy de Willy Vlautin et bien sûr Yellow birds de Kevin Powers.
Lien : https://tracesdelire.blogspo..
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« Qu'est-ce qui de nous est pris en otage ? » : telle est l'interrogation majeure de ce roman de J. Benameur. Dans son œuvre, les thèmes de l'enfance mais aussi de la sensation et du corps sont très présents. 'Otages intimes' ne déroge pas à l'habitude mais avec un écho tout particulier du fait de l'actualité internationale.
Étienne, photographe de guerre, capturé et pris en otage dans un pays lointain et indéterminé (mais qu'on situe instinctivement au Proche-Orient), est libéré sans rien savoir des tractations qui ont abouti à cette libération. La scène – entrecoupée par d'autres – du voyage en avion qui le ramène chez lui, dose parfaitement ce que le personnage ressent de doute, de colère rentrée, de honte aussi. On est tout de suite touché par ce personnage qui ressemble à ce que nous serions probablement dans une telle situation. « Je rentre » se dit-il, en veillant à ne pas le penser trop fort pour ne pas briser le miracle. C'est lui l'otage physique, qui en réchappe pendant que d'autres sont restés menottés dans une cave obscure, à la merci d'une exécution sommaire. C'est lui le véritable otage du roman, marqué dans sa chair, dans son âme, par cette expérience extrême.
Le reste n'est que littérature, serait-on tenté de dire.
L'auteur met en résonance le retour d'Étienne au pays, dans son village natal, avec son entourage. Il n'est pas un personnage qui n'ait une prison intérieure d'où il veut ou devrait s'enfuir. Chacun a ses murs intérieurs et s'y cogne toujours. Quelle est cette part de nous prise en otage pendant l'enfance et qui reste à reconquérir le reste de sa vie ? Cette idée que l'on est toujours otage de quelqu'un, de quelque chose, se développe dans le récit : rien de vraiment nouveau sous le soleil littéraire, avec « cette quête de cette part de soi à se réapproprier ». Et il est vrai que la suite du roman se révèle moins convaincante, enchaînant quelques poncifs : la mère courage harassée par un lourd et vieux secret ; l'amoureuse lassée de l'attente qui a refait sa vie mais se torture encore intérieurement ; les deux ami d'enfance, Enzo l'ébéniste taiseux qui, lui, n'est jamais parti, et Jofranka, l'orpheline recueillie devenue avocate à La Haye auprès d'autres femmes, d'autres victimes de guerre… Casting presque trop parfait, scénario idéal pour film sentimental. L'écriture est heurtée, faite d'insistance, mais certains lecteurs la jugent au contraire fluide et délicate – c'est affaire de ressenti, même le lecteur a ses préjugés, ses prisons émotionnelles - ; elle se révèle en tout cas très intimiste, en phase avec le sujet du roman.
Le récit est celui d'une reconstruction, le retour aux choses simples, au quotidien, une promenade dans une nature qui a tout pour être accueillante, et devenue cependant un peu étrangère : « Il a besoin d'un lieu que son corps n'a jamais occupé, comme si ce corps nouveau qui est le sien ne pouvait plus s'arrimer aux anciens repères ». Ce n'est pas si simple de goûter à la simplicité. Toutes les horreurs naissent d'elle, même les bourreaux cagoulés ont été enfants. « Comment passe-t-on du sauvage de toutes les enfances à la barbarie ? » La phrase est lumineuse autant qu'accablante. Mais c'est d'autant plus compliqué de suivre Étienne dans sa reconstruction personnelle que le récit est polyphonique, un peu confus et ennuyeux, amalgamant les points de vue, usant de paragraphes fractionnés, comme l'exige la modernité littéraire. On se perd un peu. Il est vrai qu'Étienne non plus ne sait plus trop où il en est et ce qu'il devrait faire.
Le narrateur/la narratrice, omniscient(e), semble vouloir tout cerner, tout expliquer, dans les moindres recoins de l'âme de cet homme brisé, qui aspire simplement à s'adosser à un arbre, boire un verre de vin, ne pas perdre le goût du pain. « S'arrimer à ce qui est tangible. Ne pas essayer de décortiquer ce qui se passe. le vivre c'est tout ». Pourtant, c'est la tentation à laquelle l'auteur ne résiste pas. Son style est travaillé, joliment certes, mais manque de naturel. Jacques Brel le disait un jour : « le plus important dans la vie c'est vivre, c'est l'acte de vivre, le reste c'est du luxe. »
Roman luxueux donc, remarquablement écrit, qui fait du sentiment humain un objet d'études. Les personnages sont tous des otages et ils ont de ces exutoires que n'a pas nécessairement le commun des mortels : la mère joue du piano, Enzo empoigne le violoncelle, Jofranka sort sa flûte et joue aussi. Le roman intimiste devient un peu cacophonique. Étienne lui-même s'y met, tapote sur les touches et les souvenirs enfouis remontent à la surface de la conscience, on balance entre émotion vraie et gros cliché cinématographique.
Chacun a une part de soi qu'il ne libère pas, soit qu'il ne l'atteint jamais, soit qu'il a accepté cette captivité intérieure… Dans la deuxième moitié du roman, la quête se fond alors dans la fatalité, le consentement. Le roman atteint alors une autre vérité, en devient parfois presque nihiliste : « aucun pacte ne tient ». le parfum consensuel de l'ensemble du roman s'évapore quelque peu, une mélancolie plus rude imprègne alors l'écriture. Et puis, on se laisse fasciner par cette Jofranka, qui respire tant la lucidité, peut-être la sagesse : « Déjà elle savait que le bien et le mal c'étaient des gens. Rien que des gens. Et que c'était pire ».
Dernières pages, encore une libération pour Étienne. Jofranka la guérisseuse des âmes, la faiseuse de paix, soulage son ami d'enfance en posant ses mains, sa tête, sur lui. Ils font l'amour : convenu mais beau. La confession est une délivrance : « ce que Jofranka lui révèle, c'est ce qu'il sait déjà de tout son être sans l'avoir jamais dit » L'homme de photographie se libère par la parole « Sa vérité, elle était là. C'était la place exacte du goût de la mort en lui. La guerre, il la cherchait, il la traquait sur les visages, sur toute la planète. Parce qu'elle tient la porte grande ouverte sur la mort ».
Fin du livre, dernier mot : « espérance » ; nous aussi on est libéré.
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Voilà un livre que j'ai trouvé tout simplement magnifique et émouvant. La plume de Jeanne Benameur est splendide, poétique et touchante. le sujet traité dans ce livre est d'actualité puisqu'il parle d'un homme, plus précisément d'un photographe de guerre pris en otage dans un pays non précisé.

Alors quand on commence le livre, on arrive à la fin de sa captivité. On ne sait pas pourquoi il a été kidnappé, par qui et pourquoi il a été libéré mais, on suit son petit parcours jusqu'à son arrivée sur Paris.

En parallèle, on découvre d'autres personnages qui sont dans la vie du protagoniste et qui vivent à travers l'écran de télévision et les journaux, cette angoisse. Une mère qui est dans l'attente de revoir son fils, un jour, tout en nous racontant par-ci, par-là, sa vie de femme, de mère, et d'épouse.
Nous avons aussi les meilleurs amis qui se connaissent depuis gamins. Une ex qui a refait sa vie mais qui tremble de peur pour lui....
L'auteure nous fait jongler entre tous ces personnages.

Une fois arrivé parmi les siens, il faut réapprendre à vivre. Mais, les flashs, les visages, les morts, la peur, la guerre sont là, ne partent pas. Sont en lui. Comment vivre après une longue captivité ?
Essayer de comprendre, de faire le vide, de s'isoler mais est-ce la solution ?
Tandis que son entourage cherchent les gestes, les mots pour l'apaiser.
Ce livre est envoûtant malgré un sujet assez perturbant. Il y a les conséquences, toujours des conséquences ; ce risque de tout perdre, de se perdre. Photographe de guerre est un métier à risques mais un métier tout de même, qui nous permet d'avoir les images, de comprendre ce qui se passe dans ces pays où la guerre frappe encore et toujours. Mais l'élément principal dans ce récit est vraiment la reconstruction d'un homme après avoir frôlé la mort.

Très belle plume.
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Quand je lis Jeanne Benameur, le temps se met au ralenti, le silence s' installe et je savoure chaque mot, chaque phrase que je lis encore et encore. Une douce plénitude s' empare de mon être et je me laisse emporter.
Quatrième de couverture : de la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. "Otages intimes" trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.
Comment revenir à la vie après avoir été enfermé durant des mois, otage d'une guerre sans nom ? En s' accrochant au passé, à l'enfance, à la nature, à la mère. Et à chacun de revivre ce passé qui va les emmener vers leur futur.
On ne ressort pas indemne de cette lecture. C'est d'une telle humanité malgré toutes les horreurs de la guerre. L'amour est plus fort que tout. Il faut trouver sa place et y donner un sens.
A peine refermé, j'ai envie de le relire. Merci, merci pour ce beau moment de lecture. Comme j'aime votre écriture, Madame Benameur.
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