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sur 568 notes
Comment trouver les mots lorsqu'on est bien au-delà du coup de coeur ? Comment dire cette connexion particulière, ce sentiment de faire corps avec les phrases, de ressentir chaque mot au plus profond de soi ? Comment dire cette résonance particulière ? J'avais croisé la prose de Jeanne Benameur au détour de quelques textes en atelier d'écriture mais je n'avais pas encore plongé dans l'un de ses romans. Celui-ci m'a laissée sans voix, à bout de souffle et totalement éblouie.

"Croire. Croire encore. En l'homme. En quelque chose de bon dans cette humanité. Il fait partie. Il fait partie et il a appris, par le corps et par l'esprit qu'il faisait complètement partie. Oui le monde peut être cette tuerie sans nom. Oui les hommes peuvent être des barbares. Tous. Chacun. Lui aussi. C'est ça être humain ?

Etienne est photographe de guerre, sa vie était faite de départs et de retours, pour témoigner au plus près des réalités du terrain. Témoin de la folie des hommes, témoin aussi de formidables moments d'humanité. Côtoyant la mort au péril de sa vie. Etienne a été enlevé, là-bas, dans l'un de ces pays en guerre. Un moment d'inattention, le regard posé sur une femme tentant d'organiser la fuite de sa famille. Un moment qu'il n'a pas capturé avec son appareil mais conservé intact dans sa mémoire. Un moment qui le hante à présent qu'il est libre, de retour en France. Libre ? Mais est-on jamais libre ?

Dans le village qui l'a vu naître, à l'abri des curieux, Etienne entreprend un difficile retour à la vie, à lui-même. Auprès des siens. Sa mère et ses deux amis d'enfance. Enzo, le fils de l'italien et Jofranka, la petite venue d'ailleurs. Pour Etienne c'est le début d'un long processus introspectif, d'un face à face avec lui-même, pour tenter de comprendre et se réconcilier avec ce qui le constitue. Revenir aux sources. Plonger dans les origines de ses motivations profondes. Se retrouver et s'accepter à nouveau. Comprendre la nature des liens qui l'attachent aux autres et la façon dont ils peuvent se transformer en entraves. Assumer ses choix et en payer le prix.

C'est la première fois qu'après avoir tourné la dernière page, lu la dernière phrase, j'ai cette impression incroyable d'être en présence du livre parfait. Par la clarté et la puissance du propos qui interroge l'essence même de l'être humain. Par la force des personnages, leur capacité à entrer en résonance avec chacun de nous. Merveilleuse figure de mère, Irène, forgée par l'attente d'un mari marin puis d'un fils voyageur, ancrée à sa terre qui la porte et la régénère mais terriblement affectée par cette ultime épreuve.

"Son pas aura désormais cette fragilité de qui sait au plus profond du coeur qu'en donnant la vie à un être on l'a voué à la mort. Et plus rien pour se mettre à l'abri de cette connaissance que les jeunes mères éloignent instinctivement de leur sein. Parce qu'il y a dans le premier cri de chaque enfant deux promesses conjointes : je vis et je mourrai. Par ton corps je viens au monde et je le quitterai seul. Il n'y a pas de merci."

Pour Etienne et ceux qui l'entourent, la reconstruction passe par l'acceptation de soi et de sa façon d'être au monde. Etienne et Jofranka ont choisi "le chaos du monde", lui en tant que reporter, elle en tant qu'avocate à La Haye auprès de la cour pénale internationale. Enzo et Irène ont choisi de vivre simplement, au plus près de la beauté. Il n'y a pas de héros. Seulement des êtres qui font au mieux. Pour tenter de gagner leur liberté.

Un coup de foudre. Voilà. L'écriture de Jeanne Benameur m'a littéralement foudroyée. Chaque mot est à sa place, c'est à la fois ciselé et simple, comme une évidence. Je pense que je porterai longtemps ce livre en moi, même après avoir découvert les autres écrits de l'auteure, très bientôt j'espère. Une empreinte indélébile.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Otages intimesJeanne Benameur

Étienne photographe de guerre a été pris en otage quelque part dans un pays en guerre. Après une longue captivité il est enfin libéré et retrouve la France et sa famille. Dans son village natal entre sa mère, son ami Enzo, menuisier, qui n'a jamais quitté ce village et Jofranka, avocate à La Haye il essaie de se reconstruire.

Comme à son habitude Jeanne Benameur avec beaucoup d'émotion nous entraîne dans la tête d'Étienne, heureux d'être en vie mais complètement perdu après ce traumatisme qu'a été sa captivité.
Avec lui nous parcourons les forêts et les montagnes autour de son village, nous revivons ses souvenirs d'enfance mais aussi les moments tragiques avant et pendant son emprisonnement.

Tout en essayant de reprendre pied Étienne réfléchi à sa vie, à l'amour de la vie, à l'amitié, à ces liens profonds qui le lie à sa mère, à la liberté, à la solitude, la peur.

L'auteure nous entraîne dans de profondes réflexions, ces personnages sont attachants et émouvants et tout au long de notre lecture résonnent les notes du piano d'Étienne et du violoncelle d'Enzo

Très beau texte plein de sensibilité, mais pas toujours facile d'en parler tant il m'a ému.

Challenge le tour du monde
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Étienne, reporter - photographe de guerre dont le travail est d'informer et montrer ce qui se passe dans le monde, son Leica en main il est au plus près des conflits. C'est lors d'une mission il est enlevé et retenu en otage. le roman s'ouvre sur la libération d'Étienne, il est libre dans les faits, mais il se sent toujours en captivité. Il rentre dans son village natal auprès de sa mère et de ses deux amis Enzo et Jofranka, mais il est toujours hanté par l'image d'une femme, ses deux enfants et d'un homme, les dernières personnes qu'il a vues avant d'être enlevé, va-t-il pouvoir oublier ? Se reconstruire ?
Comme toujours avec Jeanne Benameur un très beau texte avec beaucoup de sensibilité, de délicatesse, un roman touchant, à ne pas manquer en cette rentrée littéraire.
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Jeanne Benameur écrit sur l'intime des personnages en s'attachant aux mots pour qu'ils soient au plus près des sentiments. Elle évoque ici ce que l'emprisonnement a laissé comme traces sur Étienne, journaliste, otage d'un pays ravagé. A travers lui d'autres otages se livrent : sa mère, ses amis, son ex, tous ont vécu l'enfermement de leurs ressentis, sentiments.

Avec délicatesse elle raconte les conflits, les absents, un regard croisé avec une inconnue mais aussi le lent travail de reconstruction, sur l'intime, sur les blessures de l'âme.

Un roman où se côtoient l'amitié, la musique, l'amour, les questionnements, la nature, l'enfance car finalement tout se rejoint, se mêle, pierre après pierre sur le difficile chemin de la reconstruction impossible.
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Un court roman pour parler de l'intime, de l'après. Que vit-on quand on a vu l'horreur jour après jour, quand on s'est cru perdu à jamais ? Peu de personnages mais une résonance de voix qui exprime le retour, la vie, la liberté.
J'ai bien accroché avec le style même si toutefois l'histoire ne m'a pas vraiment plu. En 2020 je lirai sûrement d'autres livres de Jeanne Benameur que je découvre ici.
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Etienne, photographe de guerre, a été pris en otage alors qu'il couvrait un conflit. Libéré après des mois de détention, il retourne vivre chez sa mère, Irène, dans le village de son enfance. Commence alors un difficile travail de reconstruction. Pour le soutenir, Enzo, l'ami de toujours, est bientôt rejoint pas la belle Jofranka, devenue avocate à la cour pénale internationale de Lahaye. Leur trio se reforme après des années et chacun de s'interroger sur la part d'otage qui sommeille en chacun d'eux.

Ne sommes nous pas finalement tous, à différents degrés, otages de quelqu'un ou de quelque chose ? Etienne l'a bien sûr été au sens le plus « extrême » du terme, mais sa mère et ses amis le sont à leur façon et pour diverses raisons. Etienne cherche le silence et la solitude. Il cherche un horizon « pour que les images s'éloignent lentement, pour les suivre des yeux jusqu'à perdre la vue ». « On ne peut pas se remettre de ça. […] Pour vivre, il faut inventer une nouvelle façon. On ne peut pas juste reprendre la vie d'avant. […] Inventer le visage neuf des jours neufs ».

Comment vous dire… c'est un bonheur de retrouver la petite musique de Jeanne Benameur, ses phrases courtes qu'elle semble vous chuchoter à l'oreille, ses personnages travaillés à l'extrême qu'elle porte à bout de bras et auxquels elle accorde une tendresse si particulière, cette humanité débordant à chaque page. Une humanité qui, malgré les obstacles et les blessures, pousse chacun à aller vers l'apaisement. Ici, elle interroge sur le rapport aux autres, aux siens, à soi-même, à l'Histoire. Elle touche à l'intime avec une pudeur et une simplicité bouleversantes, avec une économie de moyens et d'effets qui donne à chaque mot une résonance unique. C'est beau, sans la moindre ostentation, sans chercher à en faire des tonnes sur un sujet qui pourrait pourtant facilement tirer vers le pathos et le larmoyant. Superbe et intense.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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De ce roman on ne peut sortir indemne:
Etienne, jeune photographe de guerre, rentre d'une captivité de plusieurs mois. C'est un otage libéré: Pourquoi lui?
De ces mois loin de son pays, dans l'angoisse de la mort, de la solitude, lui non plus ne sort pas indemne.
Retrouver la liberté, son pays, sa mère, ses amis d'enfance Enzo et Jofranka n'est pas si simple. Etienne ne peut oublier les gestes de cette femme pour ses enfants, gestes de survie et d'amour brut, l'image de ce vieil homme et de son piano, ces images le hantent.
Sommeil agité ou inexistant, difficultés à retrouver un quotidien qui pourtant l'aide à se reconstruire, l'amour des siens ne suffit pas.
Jeanne Benameur est une vraie magicienne des mots. Contrairement à mes habitudes de lecture ( je suis une grignoteuse), j'ai dû faire des pauses, ou relire certains passages. C'est un texte magnifique, qui parle de nature et d'attachement à la vie, de souffrance et de mort.
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Un livre de Jeanne Benameur tient de la promesse pour moi. Une promesse de passer un très agréable moment de lecture. Une promesse de trouver du sens à la vie. Une promesse de partager des valeurs fortes…

Quand j'en ai lu la critique sur la revue Page des Libraires et que j'ai découvert les premières pages sur leur site internet, je me suis dit, c'est fait pour moi et je n'ai pas regretté. La vie d'Etienne et de son entourage bascule le jour où il est pris en otage alors qu'il effectue un reportage dans une zone en guerre. Au moment où le roman démarre, il vient d'être libéré. Il est dans l'avion qui le ramène en France. Jeanne Benameur nous invite à suivre ce retour dans son monde d'avant. Et c'est l'occasion pour Etienne de se questionner sur son métier, sur sa vie, sur ses relations, sur la manière dont il a vécu la captivité…

Ce roman agit chez moi comme un bon thé à savourer lentement à petites gorgées. Il me fait du bien. Il me réchauffe. C'est tout sauf un roman d'action. le rythme est lent, comme le temps nécessaire pour digérer un événement douloureux, pour entrer en relation vraie avec des personnes, pour comprendre le monde qui l'entoure, pour reprendre goût à la vie, pour retrouver le chemin de la liberté, le chemin des coeurs…

J'ai été très touchée par cet homme. Je lui ai vu à la fois de la force et de la fragilité. J'ai apprécié les liens et les questions qu'il se pose sur entourage (sa famille, ses amis). Ce livre est un trésor pour moi.
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Étienne, photographe de guerre, a été pris en otage pendant des mois dans une ville en guerre. le roman s'ouvre alors qu'il est sur le point d'être libéré. Commence alors pour lui un difficile retour à la vie.
Pour se libérer des images qui l'obsèdent, il part s'installer chez sa mère dans son village natal. Il y retrouve aussi son meilleur ami d'enfance que vient rejoindre le troisième membre du trio d'inséparables , une jeune femme devenue avocate au tribunal de la Haye auprès de femmes torturées dans les pays en guerre.
Petit à petit, Étienne arrive lentement à surmonter ses peurs et à apprivoiser ses souvenirs.

Au delà de l'enfermement d'un otage aux mains de ses geôliers, Jeanne Benameur s'interroge sur « la part d'otages en chacun de nous ». Ceux qui restent et qui attendent , comme la mère d'Etienne qui a tant attendu son mari navigateur ou sa compagne Emma à chacun de ses départs : « A chaque fois que tu pars, jusqu'à ton retour, je t'attends…. Je me sens prise en otage, moi, ici » lui a t-elle dit lors de leur rupture. Et de façon plus générale, ne sommes nous pas tous un peu « captifs » de notre passé, de notre enfance, de nos choix de vie…?

Un livre intimiste, écrit dans une langue très travaillée, épurée et poétique qui peut plaire ou déplaire…moi, elle me plait !
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Après avoir été pris en otage dans un pays étranger, Étienne reporter-photographe rentre enfin. Il retrouve le village de son enfance, sa chambre, sa mère patiente et attentionnée, deux amis d'enfance Enzo toujours présent et Jofranska qui lutte pour les femmes dans le besoin...

Mais le retour est forcément difficile. Les souvenirs de l'enfermement reviennent. Les scènes du pays en guerre tournent sans cesse dans l'esprit d'Étienne. Ses proches peuvent-ils l'aider ? Eux mêmes font pourtant face à des tourments qui les prend aussi en otage d'une certaine manière. Un beau roman ou on plonge dans l'intimité des personnages.
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