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Jessica Jones tome 2 sur 3
EAN : 9782809469516
136 pages
Panini France (28/02/2018)
5/5   3 notes
Résumé :
Qui cherche à tuer Maria Hill, l'ex-directrice du S.H.I.E.L.D. ? Pour le savoir, Jessica Jones plonge dans les recoins les plus sombres de l'univers Marvel et fait une découverte des plus surprenantes.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Uncaged! (épisodes 1 à 6) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2017, écrits par Brain Michael Bendis, dessinés et encrés par Michael Gaydos, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth. Les couvertures ont été réalisées par David Mack. Javier Pulido a dessiné et encré 9 pages de l'épisode 11, et 7 pages de l'épisode 12 pour des séquences se déroulant dans le passé. Il comprend également les couvertures alternatives réalisées par Nic Klein, Marco Checchetto, Tony Fleeces, Martin Simmonds, Mr. Oz et Djbril Morissette-Phan.

Sur les toits de New York, Maria Hill court pour échapper à son poursuivant, un grand chauve au visage balafré, torse nu avec un grand tatouage tribal autour du cou, et un bouc teint en rose. le grand balèze finit par la rattraper et lui assène un coup de poing massif sur le crâne, lui faisant perdre connaissance. Il commence à se féliciter de sa réussite, mais s'interrompt rapidement en découvrant qu'il s'agit d'un androïde (un LMD: Life Model Decoy) à l'image de Maria Hill, et il s'effondre, tué par une balle entre les 2 yeux tirée par Maria Hill depuis un toit voisin. de son côté, Jessica Jones est en train d'acheter une bouteille de bourbon dans la supérette du coin. Elle ressort et casse le poignet d'un individu qui était en train d'harceler une femme, mais le couple s'en prend ensuite à elle, la considérant comme une personne dangereuse, pas bien dans sa tête. Elle se rend alors dans un restaurant huppé où Danny Rand (Iron Fist) est en train de diner. Il lui demande de ne pas faire d'esclandre et finit par se laisser convaincre de lui dire où se trouve Luke Cage et leur fille Danielle.

Les retrouvailles ne se déroulent pas de manière chaleureuse et Jessica Jones repart de l'appartement la tête basse. Elle se rend directement au bureau de son agence de détective privé Alias. Elle s'assoie dans son fauteuil et se lamente sur les conséquences de ses choix sur sa vie de famille. Elle relève la tête en entendant du bruit dans les toilettes. Elle s'y rend et y découvre Maria Hill en train de se faire un pansement de fortune. Elle lui tend sa bouteille de bourbon et commence à l'écouter, tout en sachant qu'elle ne peut accorder aucune confiance à quelque parole que ce soit proférée par cette experte en manipulation et en mensonge. Hill lui explique qu'elle souhaite l'engager pour découvrir qui a placé un contrat sur sa tête.

En découvrant la couverture de ce second tome, le lecteur a la même réaction que pour le premier : d'abord un mouvement de recul en se disant que la série n'a pas besoin d'effectuer un détour par Secret Empire de Nick Spencer, puis un soupir d'aise devant l'illustration de David Mack. En fait il n'est question de l'Hydra que de manière incidente dans les 2 derniers épisodes, et la série ne participe pas au crossover. le premier tome avait convaincu le lecteur que Brian Michael Bendis & Michael Gaydos n'avaient pas complètement perdu leur lien affectif avec Jessica Jones, personnage qu'ils avaient créé en 2001 pour le label Marvel MAX. Il revient donc avec plaisir pour se plonger dans son quotidien souvent sordide, désespérant et violent. Il retrouve les dessins baignant dans des couleurs sombres, un peu cafardeuses, attestant d'un quotidien vécu à la lumière artificielle, toujours sous le poids d'une forme de grisaille. Il n'y a que lorsque Danielle (la fille de Jessica et Luke) est présente, que cette grisaille pesante se dissipe et que les couleurs deviennent plus vives et plus franches. En surface, le lecteur a l'impression que Matt Hollingsworth se contente d'aplats de couleurs boueuses. En y prêtant attention, il se rend compte qu'il souligne très discrètement les reliefs des surfaces et qu'il participe tout aussi discrètement à faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres. C'est un exercice assez difficile, car il lui faut éviter de charger des cases, déjà denses en traits encrés.

En découvrant l'agencement des pages 3 & 4 de l'épisode 8, le lecteur sourit car il retrouve l'utilisation de cases photocopiées chère à Bendis lors de la première série, mais c'est la seule occurrence de ce dispositif narratif. Il reconnait également le recours à un autre dessinateur pour des séquences dans le passé, comme les auteurs y avaient déjà eu recours dans la série initiale, avec les pages dessinées par Mark Bagley pour les passages dédiés à Jewel, c'est-à-dire la courte carrière de superhéros de Jessica Jones. Ici, c'est Javier Pulido qui vient illustrer les séquences consacrées à la jeunesse de Maria Hill, avec un graphisme naïf et rétro, mais une narration visuelle impeccable et un découpage de planche inventif. Cette approche est entièrement justifiée par le fait qu'il s'agit de séquences du passé, et que ces souvenirs sont revécus comme si Maria Hill ressentait es mêmes émotions que lorsqu'elle était plus jeune, avec une forme de regard adulte sur une période plus simple.

Dans la majorité des 6 épisodes, le lecteur retrouve les dessins sophistiqués de Michael Gaydos. Il remarque qu'il continue d'utiliser de références photographiques pour les décors urbains et les intérieurs comme le faisait Alex Maleev sur la série Daredevil écrite par Brian Michael Bendis. le lecteur a l'impression de pouvoir toucher la granulosité des briques sur les toits. Il appréhende de toucher les échelles de secours, pour partie rongées par la rouille. Il peut s'amuser à compter le nombre d'alcools différents sur les rayonnages du marchand de spiritueux. Il peut observer chaque façade lors des scènes de rue, pour en comparer les architectures. Il peut ainsi constater de visu le changement de quartier d'une scène à l'autre. Cette approche graphique ancre les actions dans la réalité, et y apporte un parfum d'authenticité qui participe à développer l'atmosphère si particulière, totalement urbaine. Michael Gaydos apporte le même soin aux décors d'intérieur, que ce soit la décoration du lieu de travail de Raindrop Lilly (avec les étonnants posters au mur, des couvertures de comics), le bureau d'Alias plongé dans la pénombre avec les stores vénitiens, sa salle de bains hygiénique à l'éclairage glauque, l'absence de toute intimité dans la cellule où se retrouve Jessica Jones, le bar à la propreté douteuse, la banlieue proprette où réside la mère de Maria Hill, etc.

Michael Gaydos fait évoluer ses personnages dans ces décors, avec un naturel impressionnant. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit du milieu naturel de Jessica Jones et que son bureau est le reflet de sa personnalité. de séquence en séquence, le lecteur se rend compte de la justesse des expressions sur son visage et de leur nuance. le lecteur côtoie une personne cynique, vaguement désabusée, avec un défaut d'estime de soi, ne baissant sa garde qu'en présence de sa fille, seule valeur sûre et pure dans son monde. Luke Cage reste toujours aussi massif, mais visiblement plus détendu que sa femme, plus heureux, malgré le comportement chaotique de Jessica. Maria Hill est une professionnelle efficace et peu portée sur l'émotion, au visage impénétrable, sauf au début de l'épisode 10 pour une raison expliquée par la suite. Les personnages secondaires bénéficient de la même consistance que ce soit le père de Maria Hill et ses manières antipathiques, ou même la babysitter de Danielle et sa forme de détachement intéressé très réussie. Tout du long, le lecteur croise des adultes complexes, même dans les séquences d'action, comme lors de l'intervention d'une brigade du SHIELD commanditée par Sharon Carter, dont le visage exprime bien la détermination, mais aussi l'embêtement face à la personne ingérable et pas fiable qu'est Jessica Jones. Enfin, il utilise les effets spéciaux de l'infographie avec pertinence et modération, en particulier pour la désagrégation des LMD.

En entamant ce deuxième tome, le lecteur se rend rapidement compte qu'il pourrait très bien avoir été publié par le label MAX, car la narration est vraiment adulte, avec des provocations similaires à celles qui existaient dans la série initiale. En particulier quand Jessica Jones est emprisonnée, le lecteur découvre un dessin en pleine page, d'elle en train de se soulager sur les toilettes de sa cellule, en page 5 de l'épisode 9, évoquant un dessin similaire dans la série initiale. Un peu plus tard, elle contraint Maria Hilla à uriner en public dans un flacon, dans un bar, sans représentation graphique. Mais le scénariste ne se complaît pas dans ces provocations un peu faciles. Il dresse le portrait d'une femme souffrant d'un manque d'estime de soi. À ses yeux, elle cumule les ratages : oubli de ses soucis par l'alcool, aide apportée par une violence déplacée et trop brutale, impression d'être un tas de détritus dans un restaurant chic, compagne à qui le conjoint ne peut pas faire confiance, mère absente (mais quand même pas complètement incompétente), détective se tapant des clients à qui on ne peut pas faire confiance, etc. le bilan est lourd. le lecteur éprouve de l'empathie pour une telle perdante qui y met un peu du sien, sans toutefois pouvoir la voir complétement comme une héroïne. Il la plaint, mais il s'énerve parfois à ses imperfections, à sa tendance de vouloir se punir en recevant des coups qu'elle pourrait éviter. Il la plaint aussi parce qu'elle a conscience d'être nuisible pour les êtres qui lui sont chers.

Bendis réussit à faire exister cette femme comme un individu complexe, souvent dépassée par les événements. Il réussit à la faire évoluer dans l'univers partagé Marvel, sans que celui-ci ne dénature le récit, ne le tire vers les superhéros industriels. Jessica Jones croise Sharon Carter dans son bel uniforme blanc, mais cette dernière apparaît comme manquant d'expérience. Elle croise également Mary Walker (Typhoid Mary) en cellule, mais la neutralise avec facilité. Il y a aussi une apparition de Hobgoblin le temps de 2 cases. À chaque fois, il apparaît que Jessica Jones survit à ces rencontres ou apparitions et elle ressort comme beaucoup plus résistante que les autres. Bendis s'amuse à insérer une ou deux piques contre les superhéros de manière incidente, en particulier la prolifération de superhéros portant l'emblème de l'araignée (faisant de l'autodérision puisqu'il a participé à ce phénomène avec Miles Morales). Il écrit donc un thriller policier avec quelques superpouvoirs, mettant en scène une femme forte et imparfaite, entièrement convaincante. le lecteur voit aussi se dessiner le portrait de maria Hill, et sa propre tragédie. Il s'agit d'un personnage créé par Bendis et David Finch dans New Avengers 4 en 2005. Contre toute attente, elle est devenue directrice du SHIELD alors que l'univers cinématographique Marvel poussait plus pour Marcus Johnson (Nick Fury junior, voir Battle Scars). Elle a été conspuée par les superhéros pour ses actions, et désavouée par le gouvernement, alors qu'elle n'a pas fait bien pire que Nick Fury. Brian Michael Bendis en dresse un portrait touchant, de personne façonnée par les circonstances, efficace et dure à la place des autres installés confortablement pour la critiquer. Bendis ne la réhabilite pas mais il la rend crédible dans un environnement complexe, et peut-être encore plus tragique que Jessica Jones.

Ce deuxième tome de la série dissipe tous les doutes que le lecteur pouvait encore éprouver à son encontre. Il est évident que les 2 Michael ne sont pas revenus pour cachetonner, qu'ils ont beaucoup de choses à dire sur leur personnage, et qu'ils font du Marvel MAX sans l'afficher. Ils racontent l'histoire d'une femme imparfaite, avec une piètre estime d'elle-même, mais qui ne baisse pas les bras. Ils ont laissé derrière eux les tics graphiques et narratifs de la série précédente, pour une narration plus fluide et plus naturelle, avec des dessins permettant un degré élevé d'immersion, et le portrait de 2 femmes complexes et attachantes dans leurs défauts.
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Ce tome fait suite à Jessica Jones All-new All-different, tome 1 (épisodes 1 à 6) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2017, écrits par Brain Michael Bendis, dessinés et encrés par Michael Gaydos, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth. Les couvertures ont été réalisées par David Mack. Javier Pulido a dessiné et encré 9 pages de l'épisode 11, et 7 pages de l'épisode 12 pour des séquences se déroulant dans le passé. Il comprend également les couvertures alternatives réalisées par Nic Klein, Marco Checchetto, Tony Fleeces, Martin Simmonds, Mr. Oz et Djbril Morissette-Phan.

Sur les toits de New York, Maria Hill court pour échapper à son poursuivant, un grand chauve au visage balafré, torse nu avec un grand tatouage tribal autour du cou, et un bouc teint en rose. le grand balèze finit par la rattraper et lui assène un coup de poing massif sur le crâne, lui faisant perdre connaissance. Il commence à se féliciter de sa réussite, mais s'interrompt rapidement en découvrant qu'il s'agit d'un androïde (un LMD: Life Model Decoy) à l'image de Maria Hill, et il s'effondre, tué par une balle entre les 2 yeux tirée par Maria Hill depuis un toit voisin. de son côté, Jessica Jones est en train d'acheter une bouteille de bourbon dans la supérette du coin. Elle ressort et casse le poignet d'un individu qui était en train d'harceler une femme, mais le couple s'en prend ensuite à elle, la considérant comme une personne dangereuse, pas bien dans sa tête. Elle se rend alors dans un restaurant huppé où Danny Rand (Iron Fist) est en train de diner. Il lui demande de ne pas faire d'esclandre et finit par se laisser convaincre de lui dire où se trouve Luke Cage et leur fille Danielle.

Les retrouvailles ne se déroulent pas de manière chaleureuse et Jessica Jones repart de l'appartement la tête basse. Elle se rend directement au bureau de son agence de détective privé Alias. Elle s'assoie dans son fauteuil et se lamente sur les conséquences de ses choix sur sa vie de famille. Elle relève la tête en entendant du bruit dans les toilettes. Elle s'y rend et y découvre Maria Hill en train de se faire un pansement de fortune. Elle lui tend sa bouteille de bourbon et commence à l'écouter, tout en sachant qu'elle ne peut accorder aucune confiance à quelque parole que ce soit proférée par cette experte en manipulation et en mensonge. Hill lui explique qu'elle souhaite l'engager pour découvrir qui a placé un contrat sur sa tête.

En découvrant la couverture de ce second tome, le lecteur a la même réaction que pour le premier : d'abord un mouvement de recul en se disant que la série n'a pas besoin d'effectuer un détour par Secret Empire de Nick Spencer, puis un soupir d'aise devant l'illustration de David Mack. En fait il n'est question de l'Hydra que de manière incidente dans les 2 derniers épisodes, et la série ne participe pas au crossover. le premier tome avait convaincu le lecteur que Brian Michael Bendis & Michael Gaydos n'avaient pas complètement perdu leur lien affectif avec Jessica Jones, personnage qu'ils avaient créé en 2001 pour le label Marvel MAX. Il revient donc avec plaisir pour se plonger dans son quotidien souvent sordide, désespérant et violent. Il retrouve les dessins baignant dans des couleurs sombres, un peu cafardeuses, attestant d'un quotidien vécu à la lumière artificielle, toujours sous le poids d'une forme de grisaille. Il n'y a que lorsque Danielle (la fille de Jessica et Luke) est présente, que cette grisaille pesante se dissipe et que les couleurs deviennent plus vives et plus franches. En surface, le lecteur a l'impression que Matt Hollingsworth se contente d'aplats de couleurs boueuses. En y prêtant attention, il se rend compte qu'il souligne très discrètement les reliefs des surfaces et qu'il participe tout aussi discrètement à faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres. C'est un exercice assez difficile, car il lui faut éviter de charger des cases, déjà denses en traits encrés.

En découvrant l'agencement des pages 3 & 4 de l'épisode 8, le lecteur sourit car il retrouve l'utilisation de cases photocopiées chère à Bendis lors de la première série, mais c'est la seule occurrence de ce dispositif narratif. Il reconnait également le recours à un autre dessinateur pour des séquences dans le passé, comme les auteurs y avaient déjà eu recours dans la série initiale, avec les pages dessinées par Mark Bagley pour les passages dédiés à Jewel, c'est-à-dire la courte carrière de superhéros de Jessica Jones. Ici, c'est Javier Pulido qui vient illustrer les séquences consacrées à la jeunesse de Maria Hill, avec un graphisme naïf et rétro, mais une narration visuelle impeccable et un découpage de planche inventif. Cette approche est entièrement justifiée par le fait qu'il s'agit de séquences du passé, et que ces souvenirs sont revécus comme si Maria Hill ressentait es mêmes émotions que lorsqu'elle était plus jeune, avec une forme de regard adulte sur une période plus simple.

Dans la majorité des 6 épisodes, le lecteur retrouve les dessins sophistiqués de Michael Gaydos. Il remarque qu'il continue d'utiliser de références photographiques pour les décors urbains et les intérieurs comme le faisait Alex Maleev sur la série Daredevil écrite par Brian Michael Bendis. le lecteur a l'impression de pouvoir toucher la granulosité des briques sur les toits. Il appréhende de toucher les échelles de secours, pour partie rongées par la rouille. Il peut s'amuser à compter le nombre d'alcools différents sur les rayonnages du marchand de spiritueux. Il peut observer chaque façade lors des scènes de rue, pour en comparer les architectures. Il peut ainsi constater de visu le changement de quartier d'une scène à l'autre. Cette approche graphique ancre les actions dans la réalité, et y apporte un parfum d'authenticité qui participe à développer l'atmosphère si particulière, totalement urbaine. Michael Gaydos apporte le même soin aux décors d'intérieur, que ce soit la décoration du lieu de travail de Raindrop Lilly (avec les étonnants posters au mur, des couvertures de comics), le bureau d'Alias plongé dans la pénombre avec les stores vénitiens, sa salle de bains hygiénique à l'éclairage glauque, l'absence de toute intimité dans la cellule où se retrouve Jessica Jones, le bar à la propreté douteuse, la banlieue proprette où réside la mère de Maria Hill, etc.

Michael Gaydos fait évoluer ses personnages dans ces décors, avec un naturel impressionnant. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit du milieu naturel de Jessica Jones et que son bureau est le reflet de sa personnalité. de séquence en séquence, le lecteur se rend compte de la justesse des expressions sur son visage et de leur nuance. le lecteur côtoie une personne cynique, vaguement désabusée, avec un défaut d'estime de soi, ne baissant sa garde qu'en présence de sa fille, seule valeur sûre et pure dans son monde. Luke Cage reste toujours aussi massif, mais visiblement plus détendu que sa femme, plus heureux, malgré le comportement chaotique de Jessica. Maria Hill est une professionnelle efficace et peu portée sur l'émotion, au visage impénétrable, sauf au début de l'épisode 10 pour une raison expliquée par la suite. Les personnages secondaires bénéficient de la même consistance que ce soit le père de Maria Hill et ses manières antipathiques, ou même la babysitter de Danielle et sa forme de détachement intéressé très réussie. Tout du long, le lecteur croise des adultes complexes, même dans les séquences d'action, comme lors de l'intervention d'une brigade du SHIELD commanditée par Sharon Carter, dont le visage exprime bien la détermination, mais aussi l'embêtement face à la personne ingérable et pas fiable qu'est Jessica Jones. Enfin, il utilise les effets spéciaux de l'infographie avec pertinence et modération, en particulier pour la désagrégation des LMD.

En entamant ce deuxième tome, le lecteur se rend rapidement compte qu'il pourrait très bien avoir été publié par le label MAX, car la narration est vraiment adulte, avec des provocations similaires à celles qui existaient dans la série initiale. En particulier quand Jessica Jones est emprisonnée, le lecteur découvre un dessin en pleine page, d'elle en train de se soulager sur les toilettes de sa cellule, en page 5 de l'épisode 9, évoquant un dessin similaire dans la série initiale. Un peu plus tard, elle contraint Maria Hilla à uriner en public dans un flacon, dans un bar, sans représentation graphique. Mais le scénariste ne se complaît pas dans ces provocations un peu faciles. Il dresse le portrait d'une femme souffrant d'un manque d'estime de soi. À ses yeux, elle cumule les ratages : oubli de ses soucis par l'alcool, aide apportée par une violence déplacée et trop brutale, impression d'être un tas de détritus dans un restaurant chic, compagne à qui le conjoint ne peut pas faire confiance, mère absente (mais quand même pas complètement incompétente), détective se tapant des clients à qui on ne peut pas faire confiance, etc. le bilan est lourd. le lecteur éprouve de l'empathie pour une telle perdante qui y met un peu du sien, sans toutefois pouvoir la voir complétement comme une héroïne. Il la plaint, mais il s'énerve parfois à ses imperfections, à sa tendance de vouloir se punir en recevant des coups qu'elle pourrait éviter. Il la plaint aussi parce qu'elle a conscience d'être nuisible pour les êtres qui lui sont chers.

Bendis réussit à faire exister cette femme comme un individu complexe, souvent dépassée par les événements. Il réussit à la faire évoluer dans l'univers partagé Marvel, sans que celui-ci ne dénature le récit, ne le tire vers les superhéros industriels. Jessica Jones croise Sharon Carter dans son bel uniforme blanc, mais cette dernière apparaît comme manquant d'expérience. Elle croise également Mary Walker (Typhoid Mary) en cellule, mais la neutralise avec facilité. Il y a aussi une apparition de Hobgoblin le temps de 2 cases. À chaque fois, il apparaît que Jessica Jones survit à ces rencontres ou apparitions et elle ressort comme beaucoup plus résistante que les autres. Bendis s'amuse à insérer une ou deux piques contre les superhéros de manière incidente, en particulier la prolifération de superhéros portant l'emblème de l'araignée (faisant de l'autodérision puisqu'il a participé à ce phénomène avec Miles Morales). Il écrit donc un thriller policier avec quelques superpouvoirs, mettant en scène une femme forte et imparfaite, entièrement convaincante. le lecteur voit aussi se dessiner le portrait de maria Hill, et sa propre tragédie. Il s'agit d'un personnage créé par Bendis et David Finch dans New Avengers 4 en 2005. Contre toute attente, elle est devenue directrice du SHIELD alors que l'univers cinématographique Marvel poussait plus pour Marcus Johnson (Nick Fury junior, voir Battle Scars). Elle a été conspuée par les superhéros pour ses actions, et désavouée par le gouvernement, alors qu'elle n'a pas fait bien pire que Nick Fury. Brian Michael Bendis en dresse un portrait touchant, de personne façonnée par les circonstances, efficace et dure à la place des autres installés confortablement pour la critiquer. Bendis ne la réhabilite pas mais il la rend crédible dans un environnement complexe, et peut-être encore plus tragique que Jessica Jones.

Ce deuxième tome de la série dissipe tous les doutes que le lecteur pouvait encore éprouver à son encontre. Il est évident que les 2 Michael ne sont pas revenus pour cachetonner, qu'ils ont beaucoup de choses à dire sur leur personnage, et qu'ils font du Marvel MAX sans l'afficher. Ils racontent l'histoire d'une femme imparfaite, avec une piètre estime d'elle-même, mais qui ne baisse pas les bras. Ils ont laissé derrière eux les tics graphiques et narratifs de la série précédente, pour une narration plus fluide et plus naturelle, avec des dessins permettant un degré élevé d'immersion, et le portrait de 2 femmes complexes et attachantes dans leurs défauts.
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Tout Daredevil par Ed Brubaker est disponible en 3 volumes dans la collection Marvel Deluxe
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Daredevil T01 : Connaître la peur (Marvel Deluxe) - Chip Zdarsky & Marco Checchetto
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LE titre par lequel débuter selon nous : Aurélien : Daredevil : Sous l'aile du Diable (Marvel Must-have) de Kevin Smith & Joe Quesada Emile : Daredevil : Renaissance (Marvel Must-have) de Frank Miller & David Mazzucchelli
Notre histoire préférée : Aurélien : Daredevil : L'homme sans peur (Marvel Must-have) de Frank Miller & John Romita Jr. Emile : le Décalogue (histoire disponible dans le 4ème et dernier tome du Daredevil de Brian M. Bendis)
Merci à Emmanuel pour le montage et ClemB pour l'habillage sonore.
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