Une femme était peut-être en ce moment même en train de choisir sa robe la plus flatteuse, ou de décider dans quel canapé du salon s’asseoir pour accueillir son mari à son retour à la maison. Lottie renifla. Oui, elle avait été stupide de se préparer à une offre qui n’était jamais venue.
Feindre encore quelques instants que tout allait bien. Elle pourrait se permettre de pleurer quand elle serait seule. De vives douleurs sur son corps témoignaient du nombre de tonneaux qu’avait effectués la voiture avant de heurter un arbre. Comme si cela ne suffisait pas, il avait fallu que lord Amesbury ajoute à sa détresse. Au moins, elle lui avait enfin dit ce qu’elle avait sur le cœur. C’était un petit réconfort.
Dans son rêve, il se mit à mordiller la peau dorée de lady Charlotte avant de l’apaiser de la langue. Son souffle un peu haletant lui frôlait l’oreille pendant que des mains s’activaient le long de son dos. Il leva la tête dans l’espoir de croiser son regard brûlant de désir, mais au lieu de cela, il se retrouva face à une chaussure de soirée noire. Et au-dessus, de bas de soie blanche et d’un haut-de-chausse.
La première fois que leurs chemins s’étaient croisés, ses yeux avaient réveillé en elle des souvenirs d’enfance, lorsqu’elle courait librement sur la plage et que le soleil illuminait l’océan. Ces yeux bleus pailletés d’or l’avaient fascinée quand il l’avait extirpée de cette foule surexcitée. Ils s’étaient adoucis presque tendrement quand il avait insisté pour venir prendre de ses nouvelles le lendemain.
Toutes les jeunes femmes de sa connaissance étaient mariées et avaient des enfants. Leurs lettres ne parlaient que de ragots, de bébés et d’expéditions dans des boutiques tandis que les siennes n’évoquaient que des décès ou des problèmes de métayers. De façon prévisible, cette correspondance s’était tarie pour finalement cesser complètement.