Alors qu'on pouvait croire le combat gagné force est de constater que l'égalité des sexes dans le milieu professionnel est encore loin d'être acquise. Les micro-agressions, le sexisme sous-terrain voire ordinaire sont une réalité pour nombre de femmes, qui considèrent leur sexe comme un handicap pour l'évolution de leur carrière.
Avec force humour l'autrice relate la création de son propre fight club, un groupe de travailleuses et femmes au foyer désespérées, sorte de francs maçonnerie à rebours. Si certains temps de paroles nécessitent un peu d'intimité, l'idée de ce club est bien d'être inclusif et d'intégrer les forces auxiliaires masculines à la lutte quotidienne, tout en proposant des stratégies de survie ou de combat utiles à toutes. Si les groupes de paroles font avancer les causes ce guide décalé mais très pertinent propose de formaliser les acquis de l'expérience de l'autrice et de ses proches.
Le premier chapitre s'attachera à identifier l'ennemi, parfois fort sympathique au demeurant, ce qui complique souvent la tache. Interrupteur, usurpateur, stenophallocrate, perroquet, anti-ragnagnas, sapeur d'égo, lorgneur, tir au flanc, les profils sont nombreux et variés et ne manqueront pas d'évoquer quelques souvenirs à certaines d'entre nous.
La seconde étape consistera à se connaitre, pour mieux identifier les phénomènes d'auto-sabotage qui nous piègent au quotidien de manière insidieuse. de même le syndrome de l'imposture semble être l'apanage du genre féminin et les hommes attribuent leurs succès à leur mérite et leurs échecs aux autres avec une fascinante facilité.
Enfin il s'agira de déjouer les pièges, objet du troisième chapitre, mais aussi d'apprendre comment prendre la parole et s'imposer en public. Car pour ne pas faire tapisserie et se voir confier des responsabilités les femmes devront toujours en faire plus, sans oser demander leur due. Gare aussi à la falaise de verre, qui fait qu'on confie aux responsables féminines des missions impossibles, vouées à l'échec, ou qu'on leur attribue plus volontiers la lourde tâche de réparer les pots cassés ou de "faire le ménage".
Le cinquième chapitre nous apprendra à négocier un salaire, une promotion, tandis que le dernier donnera un ultime conseil avisé. En toute circonstance il s'agit de se poser la bonne question, la QFJ, "Que ferait Jean-Machin ?", et surtout de faire comme lui !
Commenter  J’apprécie         10
J'ai trouvé qu'on sentait bien que l'autrice avait écrit ce guide en jouant son propre rôle de féministe mais surtout d'humaine. C'est-à-dire qu'elle aborde le féminisme de prime abord pour l'élévation des femmes et que, parfois, elle rajoute une mention pour les hommes (excepté la petite conclusion qui leur est spécialement dédiée). Je trouve ça normal de penser en suivant ce schéma car on a tous tendance à se contredire en tant qu'être imparfait.
Mis à part ça, le format est assez ludique et les conseils donnés sont intéressants mais comme elle, l'autrice, l'aborde vers la fin de son ouvrage, il faut l'adapter à votre situation personnelle. Des petites illustrations sont glissées par-ci par-là pour renforcer ce qui est écrit, des conseils pour construire son propre FCF, une playlist ... il y a tous les ingrédients et toutes les explications pour se conformer à la pensée de l'autrice (à quelques variantes près).
J'ai pris un malin plaisir à annoter et fluorer certains passages, que ce soit pour "partager" mes pensées ou pour me poser des questions. En effet, il y a des moments où j'aurais aimé un lexique des abréviations utilisées et un chapitre qui n'avait pas vraiment de plus value dans l'édition francophone, selon moi. Mais interagir avec ce qui est écrit, pour rajouter des points, faire des liens ou pour contester ce que je lisais a rendu la découverte du livre plus enrichissante.
Pour conclure, je dirais qu'il est intéressant de lire ce livre car il met en évidence des problèmes sociétaux du monde du travail et que cela peut éclairer la vision que l'on a des femmes dans ce contexte mais qu'il faut garder son sens critique malgré tout.
Commenter  J’apprécie         00
J'ai beaucoup aimé ce petit manuel, sous format de guide, qui est à la fois très humain mais avec une touche de féminisme, ce qui le rend encore plus intéressant. C'est un manuel assez complet avec une variété de sujet abordés, ponctué de petites illustrations, des conseils, des éléments annexes tels que des Playlists etc.
Comme piur chaque manuel, certains sujets raisonneront en vous plus que d'autres, mais c'est un support très intéressant car selon où on se situe dans sa carrière professionnelle, sa vie de femme mais avant tout en tant quhumain, vous pourrez puiser ici et la des conseils et des informations pertinentes !
Commenter  J’apprécie         00
La peur de l'échec apparait tôt chez les femmes. Les études de la psychologue Carol Dweck révèlent qu'à l'école primaire, déjà, les filles ont tendance à baisser les bras plus vite que les garçons, d'autant plus si leur QI est élevé. Cette peur d'échouer ne diminue pas avec l'âge - en particulier dans les secteurs dominés par les hommes, où le travail féminin est en général plus sévèrement jugé. Et quand une femme se plante vraiment, elle aura davantage tendance à le prendre personnellement (elle a été nulle) alors qu'un homme attribuera son échec aux circonstances (le contexte était mauvais). p. 230
Pourquoi sommes-nous tiraillées entre tant de sentiments contradictoires ? Cela s'explique tout d'abord par le poids de l'histoire : des siècles à être considérés comme le "sexe faible", à nous entendre dire qu'on est pas à notre place, au point d'en saturer notre inconscient et de nous imprégner jusqu'à la moelle. Nous n'y comprenons plus rien : d'un côté on nous serine que nous pouvons accomplir tout ce que nous voulons, de l'autre, nous nous rendons compte que c'est loin d'être le cas (et que ce n'est pas une question de mérite). p. 51)
Si les femmes avaient su qu'il suffisait de parler avec douceur en brandissant une saucisse, elles auraient peut-être gagné la révolution. Mais en attendant - ou du moins jusqu'à ce que les spécialités allemandes arrivent en Amérique -, mieux vaut nous entraîner à repérer les pièges que nous sommes statistiquement quasiment sûres de rencontrer. Et peut-être prévoir un plan B tout aussi efficace qu'un saucisse allemande.
Dans son livre "Women don't ask", Linda Babcock décrit deux types de personnes : les "navets", qui ne voient pas ce qu'ils gagneraient à demander ce qu'ils veulent (ils sont enracinés et perçoivent leur environnement comme quelque chose d'immuable), et les "huîtres", qui pensent que tout peut être amélioré si l'on s'en donne la peine. (p. 240)
George était un laxiste professionnel : le type qui a l'air de s'en sortir sans en ramer une et qui arrive non seulement à garder son boulot, mais même à se faire promouvoir (ce qu'on appelle l'échec ascensionnel). (p. 41)
Au sommaire :
Une actualité très Mediapart à l'occasion de nos portes ouvertes numériques.
François Bougon, responsable du pôle international, revient sur la condamnation de deux figures du mouvement pour la démocratie à Hong Kong.
Lénaïg Bredoux, nouvelle responsable éditoriale aux questions de genre, vient expliquer en quoi consiste son nouveau poste. Elle dialogue ensuite avec Jessica Bennett, « gender editor » du New York Times pendant trois ans.
Edwy Plenel, président de Mediapart, pour un bilan des portes ouvertes.
Edwy Plenel dialogue ensuite avec notre invitée, Cécile Marchand, des Amis de la Terre : mobilisations tous azimuts, vide politique à gauche, comment on s'en sort ?
Abonnez-vous à Mediapart : https://www.mediapart.fr/abonnement#at_medium=custom7&at_campaign=1050
Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart
+ Lire la suite