Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques.
Quatre prénoms.
Seul texte d'une carte postale adressée à M Bouveris.
Pas d'expéditeur.
Quinze ans plus tard, Anne décide de mener l'enquête pour découvrir qui en est l'auteur et ce qu'elle signifie.
Lelia, sa mère, lui fournira une partie des réponses, elle devra compléter le puzzle.
La carte postale, c'est l'histoire d'une famille.
Celle de la grand-mère d'Anne, Myriam, de ses parents et de ses frère et soeur.
Anne Berest nous entraîne de la Russie du début du XXe siècle, jusqu'en France occupée, dans les pas de la famille Rabinovitch.
À travers ses personnages, elle nous parle des Juifs.
D'une religion que l'on n'a pas forcément choisie, que l'on n'a parfois pas même pratiquée mais que l'on doit assumer.
De la montée de l'antisémitisme jusqu'aux horreurs des camps de concentration.
Elle nous parle aussi de notre société actuelle, parce que, sa mère, Anne elle-même où aujourd'hui sa fille, ont été confrontées à la violence des mots, aux regards, elles ont été pointée du doigt.
Oh, bien sûr, elle précise que bien souvent les propos dépassent ceux qui les tiennent, surtout quand il s'agit d'enfants qui ne reproduisent que les discours entendus dans leur entourage, sans en mesurer la portée, sans haine, par naïveté, simplement.
Ce roman est touchant.
Plus on avance avec Anne dans l'enquête, plus l'émotion est forte, bien sûr, liée à certains événements qui ressurgissent, mais aussi à l'empathie que l'on éprouve pour les différents protagonistes. Leur histoire est si bouleversante, qu'on en oublie la raison qui nous fait les rencontrer. Cette simple carte postale qui va remuer le passé, qui va changer la vie de cette jeune femme et qui, au moment de la révélation finale a touché le coeur du lecteur que je suis.
Un autre grand roman de cette rentrée littéraire.