À l'occasion
Du Livre sur la place 2023 à Nancy, début septembre, j'ai eu la chance d'assister à une conférence à laquelle
Claire Berest est intervenue avec d'autres auteurs dans la même thématique que son dernier roman paru aux éditions Albin Michel "
L'épaisseur d'un cheveu". C'est à la suite de cette conférence que j'ai eu envie de lire son roman autour d'un sujet de société sinistrement actuel qu'elle ne nomme pas dedans mais qu'on comprend tous : le féminicide. Un fléau de la société, qui malgré les appels à l'aide des victimes, ne parvient pas à toutes les sauver. C'est, pour être au plus près du roman, une tragédie romanesque au coeur de l'actualité.
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L'épaisseur d'un cheveu" nous relate l'histoire amoureuse du couple formé par Violette dite Vive et par Etienne, deux passionnés par la culture sous toutes ses formes. Malheureusement, un jour, pris d'une pulsion haineuse et incontrôlable, Etienne commet l'irréparable en tuant Vive, une femme qui avait la joie de Viv(r)e et qui n'est plus.
Pas à pas,
Claire Berest nous accompagne vers la descente aux enfers d'Etienne, correcteur aux éditions de l'Instant Fou, qui a de plus en plus de mal à garder son calme et qui passe ses nerfs sur Vive.
Pour ce faire, elle nous raconte leur vie au passé jusqu'au moment fatidique. Vive aussi supporte de moins en moins le comportement changeant et toxique d'Etienne, au point qu'elle décidera de partir quelques temps loin de lui, mais à quel prix ?
Instantanément
Claire Berest met brusquement Etienne face à la réalité à travers l'insertion de P.V. de la police criminelle durant la garde à vue d'Etienne suite à la mort de Vive. Ce qui m'a fait froid dans le dos à la lecture des procès verbaux est qu'Etienne paraissait complètement dans le déni de ce qu'il a fait, comme coupé du reste du monde en ce comprenant pas ce qu'il s'est passé. Peut-être, je l'espère, s'est-il rendu compte de la violence de son acte sur Vive (la lecture du rapport d'autopsie m'a glacé le sang).
Bien que j'ai apprécié la lecture, j'étais un peu déçue de savoir d'entrée l'issue finale, c'est-à-dire la mort de Vive. J'aurais aimé garder le suspens comme dans mes bons thrillers/polars. Les passionnés me comprendront.
Néanmoins,
Claire Berest a expliqué au cours de la conférence que ce choix d'annoncer la tragédie dès les premières lignes est une façon de faire prendre conscience aux lecteurs que le féminicide est un acte grave qui doit être pris au sérieux, tel un électrochoc.