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3,57

sur 813 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est le deuxième livre que je lis de cette autrice, par hasard... En effet, la première fois je ne savais pas qu'il y avait deux autrices, soeurs Berest. J'ai donc lu Claire en pensant qu'il s'agissait d'Anne. Et voilà qu'à nouveau je fais la confusion... Qu'importe, cet acte manqué m'a permis de retrouver la folie qui semble être un thème cher à Claire (à vérifier à la lecture d'autres de ses oeuvres).

J'ai beaucoup apprécié ma lecture, d'emblée on sait qu'Etienne tue son épouse, pas de suspens, mais une analyse fine d'un couple apparemment sans histoire, d'un niveau socio-économique tout à fait correct, intellectuels parisiens bien sous tout rapport.
Elle est artiste, aime boire du vin, fumer de temps en temps et faire l'amour. Lui est décrit plus sobre, au début on se dit que c'est un bel exemple du lieu commun: les contraires s'attirent.
Mais au fur et à mesure de la lecture de ces trois jours où tout bascule on se rend compte que les apparences peuvent être trompeuses.

Un texte très joliment écrit, quelques phrases percutantes, une situation qui bascule et qui nous fait nous poser pas mal de questions, sur notre couple, sur la jalousie, ou sur des couples de nos connaissances qui semblent être si heureux en apparence. Un joli moment de projections en ce qui me concerne !!
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"Quand Etienne Lechevallier s'indigna à part lui que le serveur du Petit Brazil le reluquât encore une fois d'un drôle d'air, nous étions lundi dernier aux alentours de dix-sept heures trente ; Etienne avait comblé sa matinée de corrections sur le manuscrit d'un auteur dont il poussait au paroxysme la joie mauvaise de détester le travail, il avait avalé vers treize heures une omelette, debout dans sa cuisine, accompagnée d'un morceau de roquefort, et à l'heure du café il était parti pédalant en direction du Petit Brazil l'humeur joviale, car une seconde journée débutait pour lui, dévolue à son projet personnel qu'il jouissait encore de tenir en toute clandestinité, habillant l'escapade d'un charme secret. 

Il était alors impossible d'imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme.

En deux phrases, les deux premières phrases de ce roman, tout est dit.

Une longue phrase, à la syntaxe et à la ponctuation ciselée, respectant les règles grammaticales de concordance des temps, offrant la délicatesse d'un subjonctif, d'heures en lettres, de traits d'union joliment déposés, virevoltant au gré des activités d'Etienne, à la journée bien découpée entre pensum et projet secret..

Une deuxième phrase, courte, factuelle, brutale.

Le première page de ce roman, avec ces deux phrases porte en elle toute l'incompréhension qu'a Etienne du monde qui l'entoure, tellement qu'il est bardé de certitudes, de règles, tant dans sa vie professionnelle (il corrige des manuscrits, mais ne peut s'empêcher de les réécrire s'il les trouve trop mauvais) que personnelle (il vit dans l'appartement où il a grandi et toujours vécu, et dont il a hérité au décès de sa mère ; il prend ses vacances toujours au même endroit.

Et forcément il est invivable ....

Et quand sa femme ne voudra plus suivre ses règles, voire le quitter, il explosera ... 

Un roman dur, où la rigidité de cet homme empire de chapitre en chapitre, sans qu'il ait la moindre conscience de son état et donc ne puisse y remédier.

Il a raison, les autres ont tort.

Il n'entend ni n'écoute personne. Tous s'éloignent de lui pour se protéger et le laissent seul dans ses délires.

Et l'irréparable arrive.

Ce roman m'a secouée.  Remuée. Perturbée.

Mais je suis contente de l'avoir lu, car d'un thème (un peu trop) rabattu ces temps ci, Claire Berest produit une pièce unique. 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Voici un roman de la rentrée littéraire que j'avais hâte de découvrir, intriguée par les nombreux avis que j'ai pu lire. Je crois que je m'attendais à ressentir davantage d'émotions lors de ma lecture, au vu des réactions assez vives que cet ouvrage a suscitées. Tout le roman est raconté selon le point de vue du protagoniste principal, Etienne, et je dois dire que ses pensées ne sont pas toujours agréables à suivre. Un type un peu frustré, ancré dans un quotidien plutôt morne, incapable de dire ce qu'il pense vraiment, ce qui semble le ronger de l'intérieur. J'aime beaucoup ce genre de sujet, seulement je trouve que cette histoire aurait mérité d'être un peu plus conséquente, plus axée sur la psychologie du personnage. Ici, on ne fait que passer, si bien qu'on a tendance à être perpétuellement dans le jugement. Un roman que j'ai lu d'une traite, assez peu concernée, finalement, par le drame qui s'est déroulé tout au long de ma lecture. Une histoire dont je me souviendrai pourtant, mais qui ne m'a pas plu outre mesure.
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Féminicide. A la mode, certes mais ici, ce qui est glaçant, c'est que l'on ne voit que le point de vue de l'homme, Etienne, et que l'on sent parfaitement sa colère montée, sa frustration de ne plus être aimé et c'est ce qui rend le roman intéressant.
Donc Etienne est correcteur de manuscrit, enfin, il a tendance de plus en plus à les réécrire, ce qui lui vaut d'avoir été mis à temps partiel. Il est persuadé, à force de lire, pour lui, des navets, d'être capable de créer un chef d'oeuvre littéraire. Il reste des heures dans un café, pour rêvasser… et ne rien écrire. Mais tant pis. Pour lui, il a du talent qui ne s'est pas encore révélé, c'est tout.
Vive, sa femme, est photographe et travaille dans une galerie. Elle commence à avoir de plus en plus de succès, elle commence surtout à avoir envie d'autres choses que les frustrations d'Etienne. Mais lui ne s'en rend pas compte.
C'est Sa femme, rien ne doit changer, ni les mardis de concert classique, ni les vacances en Italie. En fait, il est resté bloqué sur leurs premières années d'amour et n'a pas vu l'évolution, n'en veut pas surtout, restant fermé sur le passé, ne rien changer, ne pas voir non plus leur galère d'argent et si on ne le considère plus, c'est la faute de la jalousie des autres, pas de lui évidemment, la remise en question ne fait pas parti de son système de pensée.
Texte court mais qui est fort parce que la mécanique est très bien montrée, sans émotion parce qu'il est impossible d'en ressentir envers Etienne et que Vive reste en retrait, tentant de vivre.
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Qui est cet homme, Étienne L, et que c'est-il passé ? Pourquoi sa vie bascule dans l'innommable ?
Les faits se déroulent sur trois jours. Il aura suffit d'un petit rien, une broutille, de l'épaisseur d'un cheveu pour que cet homme en arrive à tuer sa femme de 37 coups de couteau.

Claire Berest avec une écriture au scalpel décortique la psychologie de cet homme somme toute très ordinaire, qui mène une vie ordinaire dans un monde ordinaire. Cet homme n'est pas sujet à la violence au contraire. Et pourtant ?

Étienne, c'est le mec qui est assis sur la mauvaise chaise, celui qui se casse la binette sur la bordure du trottoir, celui qui foire tout parce que c'est la faute à pas de chance. Étienne , c'est l'exclu de tout, de partout. C'est le mec qui a rêvé grand et qui se retrouve dans une vie étriquée. Alors, il faut monter une parade pour paraître comme les autres, à l'aise ; une vie où tout doit être parfait. Et c'est là le hic. le perfectionnisme chez Étienne vire à l'obsession. Dans sa vie de couple, dans son travail, dans ses loisirs. Tout est planifié et tiré au cordeau. le gros problème dans cette organisation sous contrôle permanent, c'est la femme d'Etienne, Vive. Une artiste. Exubérante, assoiffée de tout, d'amour, de vie. Souvent incontrôlable. Ces deux-là n'avaient rien pour vivre ensemble, se marier, mais voilà ça fait dix ans que le programme est mis en place et il commence à montrer de sérieux signes de fatigue.
Nous sommes lundi, un grain de sable s'est introduit insidieusement dans les rouages ; une coupe de cheveux, un vernissage, un concert et tout va partir à vau-l'eau. Étienne n'a plus la situation en main. Étienne ne comprend pas. Sa vie perd tout son sens. Sa raison de vivre veut partir. Pour Étienne, l'humiliation est totale. Étienne est broyé entre questions et suspicions. Étienne n'est plus Étienne. La folie s'empare de tous ses sens et va le mener à l'extrême avec le même perfectionnisme dans la destruction.

Il m'a fallu plusieurs pages et la rencontre avec Claire Berest pour que ce livre, L'épaisseur d'un cheveu, qui au prime abord m'a semblé insipide et inintéressant, devienne passionnant. C'est l'écriture d'une passionnée qui n'a rien laissé au hasard. Tout est construit, pesé. Il n'y a aucun jugement. Étienne L, ça peut être vous, moi. Il suffit d'une pièce mal posée, au mauvais moment et l'édifice d'une vie s'écroule. Ne dîtes pas jamais, vous n'en savez rien.
Les hommes tuent leurs femmes pour ne pas les perdre. Les femmes tuent leurs maris pour s'en débarrasser. Nous sommes des êtres complexes avec des cerveaux au raisonnement souvent tortueux, torturé.
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L'épaisseur d'un cheveu de Claire Berest est malheureusement tellement d'actualité…

Le narrateur, Étienne, est tout sauf attachant. C'est un homme banal, sans envergure, qui s'attache à des détails et qui ne supporte pas les imprévus. Lorsque sa femme semble prendre ses distances, ses angoisses le submergent et le pousse à l'irréparable, un féminicide.
Correcteur il cherche la plus infime erreur dans les textes qui lui sont confiés au point de les remodeler et il opère de la même façon dans sa vie personnelle.

Le texte s'axe sur deux temporalités. D'un côté, l'auteur retrace l'histoire du couple et les quelques jours qui ont précédé le drame. A la première personne du singulier, on s'immisce dans les pensées intimes d'Etienne. On ressent sa vulnérabilité, ses angoisses et sa rage qui monte. de l'autre, on assiste à l'interrogatoire de la police, suite à son interpellation.

Ce livre a tout pour être primé. Un sujet fort traité dans le milieu littéraire parisien…à suivre.
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Étienne est correcteur dans une maison d'édition. Il est marié à Vive depuis 10 ans. Un couple ordinaire, sans problème apparent.
Pourtant les choses vont déraper.
Dès le départ le lecteur sait qu'Étienne va tuer sa femme. Et pendant les quelques jours qui précèdent le drame nous allons assister aux circonstances de ce passage à l'acte.
On pouvait craindre un énième roman sur un féminicide, sujet hautement d'actualité mais Claire Berest prend les choses autrement et s'attache à raconter les jours précédents le drame. Je ne crois pas qu'il s'agisse ici de chercher des explications à un tel geste mais à montrer les rouages de la folie d'un homme.
Elle nous fait entrer dans la tête de cet homme, qui semble au demeurant plutôt ordinaire, mais qui au fil du récit se découvre un tantinet déséquilibré.
C'est précis, intense, on sent le fil sur lequel marche son personnage en sachant qu'à tout moment il peut sombrer du mauvais côté. Ses fêlures apparaissent au fur et à mesure. Tous les événements de sa journée et toutes ses interactions avec les autres le rendent de plus en plus amer et aigri.
Je crois que même sans connaître la fin, on aurait pu deviner que ça finirait mal.
Claire Berest instaure une tension digne d'un thriller.
Finalement le personnage féminin est plutôt secondaire tout en étant très bien croqué. L'accent n'est pas sur elle.
Un climat malaisant jalonne l'histoire qu'on a du mal à lâcher.
C'est un roman qui se lit vite et que je pourrais conseiller à tous types de lecteur.
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Ce roman est assez surprenant car il met en scène un drame atroce et pourtant, tout au long du livre, tout est plutôt tranquille, il n'y a pas de vrai moment de tension, d'angoisse. Cela est dû à la façon dont est faite la narration et du point de vue qu'a choisi l'auteur pour nous raconter son histoire. En effet, le narrateur est Étienne, homme d'une trentaine d'années, marié à Vive, travaillant chez un petit éditeur; bref, tout va bien. Mais au fil des pages, on voit que des petits riens viennent gripper la machine jusqu'à parvenir au drame. C'est difficile de parler de ce livre sans en révéler trop, mais les choses sont vraiment bien amenées; petit à petit, on prend conscience de la situation dans laquelle se trouve Vive. C'est un roman passionnant que je recommande vivement.
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Claire Berest - L'épaisseur d'un cheveu - fin le 16 octobre

Ce livre a l'avantage de se lire rapidement. Il raconte l'histoire d'une emprise, d'un homme fou qui pense aimer sa femme, mais, par sa misanthropie et sa misogynie, va aller jusqu'à tuer sa femme. Roman des apparences (couple « bien sous tous rapports »), roman au compte à rebours très bien ciselé, c'est un livre malaisant mais très bien mené.
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Dès la première page, le lecteur sait qu'Étienne va tuer Vive.
« L'Épaisseur d'un cheveu » nous raconte le processus conduisant à ce féminicide commis par un homme qui n'a rien d'une brute tabassant sa femme au moindre écart, mot ou regard.
Étienne et Vive forment depuis dix ans un couple de bobos parisiens exclusif et fusionnel. Ils n'ont pas d'enfants.
Ils ne font rien l'un sans l'autre : les concerts de musique classique du mardi, les vacances en Italie...
Le tableau idyllique va rapidement se fissurer jusqu'à exploser.
Étienne, correcteur dans l'édition, est un homme maniaque et sérieux. Il est frustré professionnellement, persuadé que son travail n'est pas apprécié à sa juste valeur.
Alors il s'invente un grand Projet qui lui offrirait une reconnaissance méritée, lui qui est, « toujours le dernier à savoir » et souvent passé à côté de ses envies.
Un exemple : lorsqu'il était étudiant, il rêvait de faire sa maîtrise de lettres sur Verlaine. Compte tenu de l'engouement pour le poète, il fut obligé de se rabattre sur Du Bellay qui lui permit d'écoper d'un médiocre « bien ». Toute sa vie est une série de petits échecs du même acabit. Seul le duo qu'il forme avec son épouse est une réussite pense-t-il.
Vive est fantasque et semble avoir de plus en plus de difficultés à supporter l'existence corsetée dans laquelle l'enferme son mari de plus en plus colérique et paranoïaque. Progressivement le désamour s'installe chez elle.
Les contraires, qui peuvent s'attirer grâce à la surprise de découvrir chez l'autre la différence, finissent par s'opposer lorsque la passion des premiers temps s'étiole.
Construit comme un thriller avec une tension croissante, « L'Épaisseur d'un cheveu » fait l'autopsie effrayante d'un couple délétère sombrant dans la haine et le portrait d'un homme banal qui bascule dans la folie en détruisant celle qu'il pensait posséder et qui lui échappe.
Une lecture saisissante et glaçante.

EXTRAITS
Qu'est-ce que l'on comprend de l'amour, si l'on n'en connaît pas la durée ?
Si l'on N'ENDURE pas ?
Étienne Lechevallier s'en alla écouter Mahler tout seul, c'était triste.
Verlaine qui avait écrit les plus beaux vers de la poésie française […], Paul Verlaine qui pouvait foutre des roustes de l'enfer à sa femme Mathilde Mauté, et tenter même de l'étrangler à l'occasion.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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