Dans la nuit du 13 juillet 1954,
Frida Kahlo meurt d'une grave pneumonie à cinquante quatre ans.
Ce sera la version officielle.
Elle était physiquement et psychologiquement « détruite » par toutes les séquelles qui lui avaient brisé son corps suite à un accident, et cela malgré les dizaines d'opérations qu'elle avait subies dans sa courte vie, dont l'amputation de sa jambe l'année précédente.
« Détruite » aussi par les fausses-couches et les avortements qu'elle a dû supporter.
« Détruite » aussi par toutes les infidélités de « son éléphant » de mari, le peintre
Diego Rivera, qui avait même eu une aventure sexuelle avec Cristina, la propre soeur de Frida.
*
Cette artiste au tempérament de feu, à la vie hors du commun et trépidante aura eu un destin d'exception. Frida va devenir en quelques décennies, par ses engagements politiques, le symbole du Mexique et du féminisme.
Beaucoup de Lobby aujourd'hui se sont emparé de l'image de cette métisse, première femme peintre reconnue internationalement, de cette boiteuse et handicapée, communiste et aux tendances bisexuelles.
Pire, l'image de Frida la mexicaine, dont ses origines ne sont pas de ce pays, n'a jamais été aussi « tendance » et elle est aussi « broyée » aujourd'hui par le consumérisme d'une société capitaliste.
Si
Frida Kahlo revenait sur terre, elle serait d'une grande colère et déception et chasserait inévitablement tous ces marchands du Temple.
Le visage de Frida avec ses célèbres sourcils en aile de corbeaux fait vendre, l'icône qu'elle représente est devenue malheureusement un vecteur marketing. Des poupées Barbie, des Tee-shirt, du vernis à ongle, une ligne de Make-up, des posters peints et édulcorés par d'autres artistes, des valises, etc., sont vendus à travers le monde à son effigie.
*
Il n'est pas facile de se repérer parmi les innombrables biographies et les livres écrits sur cette artiste unique qu'était
Frida Kahlo. Bien que je connaisse déjà beaucoup de choses sur cette peintre, mon choix s'est porté sur «
Rien n'est noir » de
Claire Berest, car j'avais été séduit par la biographie de son arrière-grand-mère «
Gabriële », écrite à quatre mains, avec sa soeur
Anne Berest.
J'ai beaucoup aimé la plume incandescente de
Claire Berest, car c'est avec une grande sensualité, qu'elle a parlé de la vie de Frida. L'auteure nous remémore souvent par son style, que l'artiste a vécu un long et indescriptible calvaire avec son corps meurtri de femme.
Une artiste qui fut cependant une des très rares femmes à s'être fait connaitre en tant que peintre au cours du siècle dernier, malgré qu'elle ait vécu vingt-neuf ans avec de grandes douleurs.
D'ailleurs
Frida Kahlo, dans un courage exemplaire, peignait souvent alitée.
Sa souffrance était sa seule source créatrice et il n'a qu'à voir les tableaux qu'elle peignait pour s'en rendre compte.
A l'écrivain
André Breton, qui n'avait décidément rien compris à son art, Frida aurait écrit :
-« Ils pensaient que j'étais une surréaliste, mais je ne l'étais pas.
Je n'ai jamais peint de rêves, mais ma propre réalité. »
*
Pour beaucoup comme pour moi, le style de
Frida Kahlo se classe entre le naïf, le fantastique et le surréaliste et est bien-sûr anticonformiste. Son premier autoportrait de 1926 a même l'esthétisme d'un Modigliani.
Frida Kahlo peindra plus de 150 tableaux.
Mais l'artiste est plus célèbre encore pour ses plus de 55 autoportraits qu'elle a peints tout au long de sa vie.
Des toiles souvent émouvantes, bouleversantes, parfois dérangeantes. Elles semblent être comme un journal intime et visuel où l'artiste raconte par la peinture, sa souffrance, ses maux, sa famille et des évènements de sa vie.
Ce qui est révélateur, c'est aussi la noirceur de certains tableaux qui s'inscrivent dans la période où la santé et le moral de Frida se dégradent.
La première exposition de
Frida Kahlo aura lieu en 1953 au Mexique.
La petite Frida, maigre à l'os et sans âge reçut des médecins l'interdiction formelle de quitter son lit.
C'est donc sur son lit d'hôpital qu'elle fut transportée jusqu'à sa galerie.
Une foule immense se pressait pour admirer les toiles au style inimitable, de l'artiste.
*
« Les visiteurs, écrit
Claire Berest, touchaient son lit, sa jupe, ses mains baguées comme on effleure une sainte aux pouvoirs thaumaturges, comme on vole un morceau d'invisible, Diego se souvient. »