L'autofiction produit parfois des ouvrages que je juge excellents. Des livres qui bouleversent, qui amusent, qui font réfléchir tant sur la vie et son étrangeté que sur la forme et le travail de l'écrivain. Ce sont des livres que je prends « plaisir » à lire. Je mets « plaisir » entre guillemets car je songe notamment à
Chloé Delaume et la lecture de ses livres est souvent si perturbante, voire dérangeante, que ce terme n'est pas forcément le plus approprié.
Mais dans le cas de
Sagan 1954, j'appelle ça se regarder le nombril, tout simplement. Personnellement, je n'ai pas été intéressée par la vie d'Anne Beret : sa séparation par exemple ou ses interrogations sur son travail n'éveillent rien en moi. Il me rappelle le livre
Au travail : les écrivains au quotidien de
Géraldine Kosiak. Apparemment, écrire sur un autre auteur est un bon prétexte pour parler de soi.
Je ne veux pas sembler trop dure ; peut-être
Anne Berest sent réellement un lien avec
Sagan, d'où cette volonté d'écrire ce livre (même s'il lui a été suggéré par
Denis Westhoff, le fils de
Sagan tout de même…), mais je n'ai pas vraiment compris ce lien, ni été touchée par ce qu'elle raconte.
Quant à la vie de
Françoise Sagan au cours de cette incroyable année 1954, la description en est plutôt sympathique bien qu'évidemment imaginée et fantasmée. Même si de véritables témoignages recueillis par des biographes de
Sagan ou par l'auteure elle-même auprès de ses proches, ce que
Sagan a réellement ressenti au moment de déposer ses manuscrits ou pensé en signant ses premiers autographes reste un mystère. Même si la plongée dans le Paris des années 1950 est plaisante et crédible, j'ai été dérangée par le sentiment qu'
Anne Berest transposait ses propres émotions à
Françoise Sagan. Est-ce un livre sur
Sagan ou sur Berest ?
Je n'ai pas apprécié, je ne le conseillerai pas, mais
Sagan 1954 m'aura au moins donné l'envie de relire
Bonjour tristesse.