Rien d’émouvant comme la vieillesse sereine. La jeunesse, bien sûr, c’est merveilleux. A moi, qui suis jeune, il semble doux de sentir une croissance continuer à se faire dans mon corps et dans mon âme : adhérer à Dieu apporte alors une plénitude de joie. Mais quand vient l’usure de l’âge, quand on prend conscience – peu à peu ou tout à coup – que les forces diminuent, que la vitalité baisse, que l’organisme se défait, on risque, m’ont dit des aînés, de perdre pied, d’avoir peur.
A nos âges, il ne faut pas gaspiller les larmes. Elles coulent lentement, péniblement, alors que sur les joues rebondies des petit enfants elles roulent toutes seules, rondes, jolies, des perles fines, quoi. Oh ! les larmes, les larmes… N’est-ce pas le cher Petit Prince de Saint-Exupéry qui parle du pays des larmes !
Ah ! vieillir, vieillir, quelle disgrâce ! On s’imagine toujours que la vieillesse est pour plus tard, dans très longtemps, alors qu’elle se glisse à petits pas sournois.
En grandissant, recherche-t-on moins le succès, la renommée, la prédominance sur autrui ? Non, on se laisse éblouir. Pour tout artiste, les tentations de la vanité sont terribles. Roseline se laissera-t-elle égarer par le désir d’être rangée parmi les personnalités du monde artistique ? N’aimera-t-elle plus de la même manière son mari, ses enfants, sa maison, si elle aime tant la gloire ?
Maman, à droite de Dany, couvait des yeux le cher compagnon dont le caractère impérieux la fit plus d’une fois trembler, mais dont la personnalité haute, l’amour fidèle lui donnèrent le plus sûr bonheur que puisse désirer une femme. C’est beau, un vieux couple, plus beau qu’un jeune qui n’a encore parcouru qu’un morceau de la route.