Anissa / Fragments

Une pièce sur les jeunes et pour les jeunes mais qui touche également les plus grands. Des problèmes contemporains et réels. Une écriture particulière, fragmentée, qui permet à un metteur en scène d'adapter comme il le désire, de prendre des libertés. Pourtant – même à l'écrit – tout reste parfaitement compréhensible, notamment l'échec de la communication entre adultes et adolescents, la pression subie par les adolescents, la cruauté d'une institution, le rêve de trouver un lieu de liberté, la désillusion de la réalité, l'horreur de ne pas entrer dans un moule préconçu, l'envie de se battre pour une cause qui semble juste mais pas légale… Tant de points intéressants dans cette pièce !

Il doit être intéressant de la lire avec des lycéens, rien que pour voir ce que ça éveille chez eux, leurs pensées, voir comment ils comprennent cet écrit et comment ils se l'approprient.

Au début, la forme est déstabilisante. Cela commence dès les débuts : les répliques de la prof principale et des ados s'enchaînent sans aucune distinction. C'est à la lecture qu'on devine si la réplique est prononcé par la prof ou un élève, ou un autre élève, ou le même élève plus tard. Il m'a fallu un petit temps pour m'y faire, mais ensuite j'ai trouvé que cela donnait un rythme intéressant, une forme d'universalité, une possibilité pour le lecteur de projeter un peu de lui dans sa lecture (et je suppose au metteur en scène de faire de même).
La vision des ados est ici plutôt positive. Ils sont en proie au doute, à l'impuissance, mais ils tentent des choses, se viennent en aide, font preuve de solidarité et de courage, même si c'est avec maladresse.
Le langage ne tente pas de mimer celui des adolescents (ce qui se solde bien trop souvent par un échec). Là c'est juste simple, sans aucune fioriture, avec parfois des sujets ou des verbes oubliés, ou non conjugués, des fragments de phrases plutôt que des phrases bien construites. Là encore cela participe du rythme, de l'impact du texte.
C'est un texte qui m'a marqué, et que j'aimerai voir joué.