La maladie voulait avoir raison d'Annie Bert. La législation française était et est toujours (pour les autres personnes condamnées par un mal incurable et fatale) une adversaire supplémentaire ou tout au moins un obstacle infranchissable de plus dans le parcours de cette femme qui voulait juste partir la tête haute. Elle a pu le faire, mais en dehors de nos frontières et ce livre est son ultime message.
On pourrait craindre de tomber dans le voyeurisme, le pathos à l'extrême, le larmoyant… Je vous rassure immédiatement, ces écueils sont évités. Annie Bert nous parle librement de ses réactions, de ses choix, de sa volonté, de ses plaisirs, de ses craintes, des peines, des instants de vie qu'elle chérissait tant et qui lui dictent sa conduite car c'est tout simplement la meilleure issue…
Je l'ai juste perçu comme étant déjà partie avant l'heure. Sans doute était-ce en lien avec sa pathologie. Je ne saurais vous dire pourquoi autrement.
La mort, c'est la fin de vie, mais cette dernière continue tout de même :
« Notre mort ne tue rien du monde ni de la nature.
Le moment venu, seule notre existence cesse
Les lilas continueront de fleurir. L'été de chauffer le jardin, et l'automne de revenir. »
Ces quelques mots résument presque tout. Je les ai trouvés criants de vérité et essentiels. Annie Bert a indéniablement su trouver à minima ce qui est primordial à retenir.
Ce livre est un hymne à la vie car si les dernières fois ne sont pas aussi fortes qu'on pourrait le croire, c'est en réalité l'accumulation de petits instants qui remplissent toute une existence, qui lui donnent sa valeur. Annie a eu une belle vie même si elle aurait bien voulu poursuivre encore un peu la route qui était la sienne. Elle ne voulait pas de ces instants de trop.
Notre temps à tous est compté. On ne sait pas forcément comme Annie Bert quelles seront nos dernières fois, aussi vivons tout pleinement. C'est lui rendre hommage.
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