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EAN : 9782271120588
200 pages
CNRS Editions (20/09/2018)
3.69/5   8 notes
Résumé :
Cela est contre-intuitif, mais souvent nous ne pensons et n'agissons pas de façon rationnelle. Par exemple, après les attaques du World Trade Center, beaucoup d'entre nous ont eu peur de prendre l'avion et ont privilégié les déplacements en voiture lorsqu'ils étaient possibles. Pourtant la probabilité de mourir en avion est très inférieure à celle de mourir en voiture.
Pourquoi avons-nous tendance à accorder plus de poids aux informations qui confirment nos ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'erreur est humaine n'est pas un roman. C'est un ouvrage scientifique.
Il est en grande partie fondé sur les travaux des psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky.
Le plus souvent cité, Daniel Kahneman a obtenu le prix Nobel d'économie en 2002. Il est à l'origine du développement d'une nouvelle branche de l'économie, appelée économie comportementale, non plus fondée sur un modèle théorique d'homme parfait et rationnel, mais sur l'analyse du comportement des hommes réels.
On se trouve à l'interface de l'économie et de la psychologie, et c'est passionnant.
Depuis toujours, ou presque, les hommes se pensent rationnels. Aristote ne voyait-il pas en l'homme un animal doué de raison ?
L'homo oeconomicus, cette représentation théorique du comportement humain a longtemps été à la base des modèles économiques.
L'homo oeconomicus a un objectif : la maximisation de ce que les économistes appellent son "utilité", celle-ci mesurant la satisfaction obtenue par la consommation ou l'obtention de biens et de services. Il sait parfaitement analyser les situations de choix auxquelles il est confronté et prend donc ses décisions en toute rationalité.
Ainsi, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
En fait, pas vraiment.
Dans les années 1970, Daniel Kahneman et Amos Tversky ont été les premiers à faire voler en éclat les certitudes admises jusque-là, et ils ont prouvé expérimentalement les limites de la rationalité humaine.
Ils ont mis en évidence l'existence de "biais cognitifs" qui faussent nos jugements et influencent nos décisions à notre insu.
À travers de nombreux exemples tirés de leurs travaux ainsi que de ceux d'autres chercheurs, Vincent Berthet nous fait prendre conscience de notre irrationalité, qui dans de nombreuses circonstances affecte notre perception de la réalité et nous fait faire de mauvais choix.
Ce livre est publié aux éditions du CNRS, ce qui est un gage de sérieux, mais aussi d'un certain niveau scientifique : il faut avoir un bagage mathématique minimum pour profiter de son contenu, particulièrement dans le domaine des probabilités et précisément des probabilités conditionnelles.
En clair, si vous ne connaissez rien aux probabilités conditionnelles, cet ouvrage risque malheureusement de vous être inaccessible.
L'auteur alterne discours général (quelquefois pas toujours limpide, c'est le seul petit reproche que je ferais) et exemples très éclairants.
On comprend de plus en plus au fil de la lecture où sont les limites de notre rationalité et comment certains peuvent profiter des failles dans le fonctionnement de notre cerveau, avec des intentions plus ou moins bonnes.
L'homme réel, bien éloigné de l'homo oeconomicus théorique peut se faire berner, manipuler, flouer, influencer, avec une facilité que vous ne soupçonnez pas, dans des situations auxquelles vous n'auriez pas pensé, et à un point que vous n'auriez jamais imaginé.
Les publicitaires et les politiciens, pour ne citer qu'eux, l'ont compris depuis longtemps et savent fort bien tirer partie de cette faiblesse.
Vous vous croyez à l'abri ?
Détrompez-vous, vous ne l'êtes pas.
Personne ne l'est.
J'ai une solide formation mathématique et j'ai toujours travaillé dans ce domaine (enseignement en classes préparatoires, formation d'enseignants d'école élémentaire, rédaction de manuels scolaires) : je ne me pensais pas a priori concernée par la manipulation à travers "les chiffres" et la façon de les présenter.
C'était avant que je ne lise cet ouvrage.
L'erreur est humaine est une lecture passionnante, mais également dérangeante. Le genre de lecture qui bouscule nos certitudes.
Ni tout blanc ni tout noir : si nous ne sommes pas entièrement rationnels, nous ne sommes (heureusement !) pas totalement irrationnels : voilà l'idée fondatrice du concept de "rationalité limitée", et ce sont ces limites que Vincent Berthet met en évidence.
Laissez-vous embarquer dans un voyage passionnant, aux frontières de votre propre rationalité. L'auteur vous a balisé un parcours riche de nombreuses références scientifiques. et vous apprendrez à mieux connaître ce qui se passe dans votre cerveau.
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Intéressant ? Oui et non.

Dans une première partie il explique les deux modes de prise de décision : les heuristiques et les choix rationnels. Les heuristiques étant, disons, des raisonnements simples et rapides pour des décisions d'urgence. le contrepoint sont les choix rationnels fondés sur une logique plus rigoureuse, nécessitant un temps de réflexion plus long.

Ensuite il décrit les différentes formes des limitations cognitives dans nos décisions : les biais (je dirais plutôt les choix tendancieux). Par exemple, notre habitude de mal estimer les événements rares ou trop fréquents. On voit, en ce moment, en ce qui concerne les vaccins : c'est dangereux parce qu'il y a eu quelques cas de thrombose ou c'est inutile parce que sont efficacité n'est que de 90 %. Ceci est juste un exemple des nombreux autres biais.

Cette partie est un résumé du livre "Système 1 - Système 2" de Daniel Kahnemann ("Thinking Fast and Slow" en anglais). C'est cette théorie qui lui a valu un Prix Nobel. Un bon complément serait le livre "Rationalité" de Steve Pinker.

Ensuite, il y a un chapitre entier d'application de ces biais à la finance, opérations boursières, etc... Domaine qui, vraisemblablement, fait partie du sien mais, comme il le dit dans les conclusions : "la finance moderne est devenue inaccessible pour le commun des mortels" (p. 200).

Enfin, il y a une partie que c'est celle que j'ai apprécié le moins : "La rationalité limitée dans un monde moderne". En fait, il s'agit tout d'abord de montrer comment l'utilisation de modèles statistiques modernes permettent de s'affranchir de ces biais de raisonnement. En fait, tout cela relève de ce qu'on appelle "Inférence statistique", branche des Statistiques qui existe depuis très longtemps. le pendant moderne est l'Apprentissage Automatique (Machine Learning), une branche, informatique, de l'Intelligence Artificielle qui, grosso modo, fait la même chose que l'Inférence Statistique, mais d'une autre façon. L'apprentissage automatique est un domaine qui fait beaucoup de progrès depuis les années 90.

Il y a une partie intéressante sur les "nudges" mais... trop longue : 18 pages, soit 10% de la longueur du livre. Ne méritait pas autant.

Il parle aussi de "Les Algorithmes". On voit souvent apparaître cette expression, avec un aura, ce qui est le cas ici aussi. Un algorithme n'a rien de transcendantal, c'est juste une suite d'opérations bien définies permettant de réaliser un calcul. L'algorithme considéré comme le plus ancien est celui d'Euclide, permettant de trouver le plus grand diviseur commun à deux nombres. Algorithme que nous avons tous appris à exécuter en primaire avec un crayon et une feuille de papier.

Il y a des expressions, que l'on retrouve souvent avec un aura non mérité : algorithmes, IA, big data, ... et dont la signification et implications ne sont pas tout à fait celles sous entendues.

Pour résumer mon avis sur ce livre, la première partie expliquant les modes de prise de décision est bien résumée. Une introduction avant de s'attaquer aux 600 pages du livre de Kahnemann. C'est la partie essentielle du livre. La partie suivante, concernant la finance, bien pour ceux qui s'intéressent. le reste, aurait pu être condensé et sans se lancer dans la mythologie des algorithmes ou du big data (par exemple).

Par contre, la partie finale (Conclusion) est très intéressante.


Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
'p. 92)
Les experts sont largement victimes du biais de rétrospection. Il y a une différence fondamentale entre prédire quelque chose et rendre compte de quelque chose. Juste avant le référendum sur le Traité établissant une constitution pour l'Europe en mais 2005, les analystes étaient bien en peine de prédire l'issue du vote. Une fois le résultat connu, beaucoup d'entre eux étaient sur les plateaux télévisés pour expliquer que la victoire du "non" était évidente. Car l'esprit humain, avec sa facilité à produire des narratives, est toujours en mesure d'expliquer a posteriori ce qui s'est passé.
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(p. 199)
Prenons le comportement de vote. D'un côté, la très large majorité des électeurs votent en ayant une information imparfaite sur les questions politiques, économiques, sociales, internationales, etc. Comme le coût de s'informer sur ces sujets est démesuré par rapport au bénéfice qu'il peut en tirer (un vote individuel ne pesant quasiment pas sur le résultat final), l'électeur n'est pas incité à s'informer : il est "rationnellement mal informé". D'un autre côté, la plupart des électeurs votent de façon passionnelle plutôt que raisonnée. Voter de façon passionnelle, ou irrationnelle, consiste à fonder son choix sur des considérations idéologiques plutôt que sur une analyse objective de la situation. [...] Cet exemple montre qu'un comportement irrationnel n'est pas nécessairement une propriété intrinsèque de l'individu mais une réponse rationnelle à un environnement donné.
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« Prédire est difficile, surtout quand il s'agit du futur » disait le physicien Niels Bohr.
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