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3,46

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est en poursuivant ma découverte des écrits de Philippe Besson que je tombe sur cet ouvrage, une lecture qui colle à l'actualité puisqu'après 30 ans , l'affaire du petit Grégory rebondit aujourd'hui.

En effet, Besson écrit un roman sur cette affaire qui a ébranlé la France. Oui, je dis bien un roman car revendiqué comme tel.

Pourtant, il va raconter « l'histoire » telle qu'elle s'est déroulée. Seulement, un peu comme dans son ouvrage retraçant la vie de James Dean, VIVRE VITE, il fera parler Christine Villemin, lui prêtant des propos qu'elle n'a pas tenu, d'où le choix de l'appellation de roman.

Si on peut craindre que le livre soit racoleur, ce n'est pas le cas. Mais l'exercice reste périlleux, écrire une fiction basée sur des faits réels qui font partie de notre inconscient collectif. Sans changer les noms des protagonistes alors qu'on leur invente des propos et des situations.
A tel point que Philippe Besson se verra condamner par la justice à une amende pour atteinte à la vie privée et diffamation.

« Je sais, écrit Christine Villemin, vous allez vous défendre en disant que c'est un roman, mais, monsieur Besson, mon fils Grégory n'est pas un simple prénom couché sur une feuille blanche. C'est un enfant qui aujourd'hui irait sur ses 26 ans et nous nous devons de faire éclater toute la vérité sur son assassinat. »

Après avoir lu le livre, je trouve que Besson aurait dû rester dans la fiction en s'inspirant de l'affaire, sans en utiliser les vrais acteurs. le propos n'est pas dénué d'intérêt. Ce portrait d'une femme dans la tempête reste fort. Mais l'affaire fut trop retentissante, trop bouleversante pour la romancer.
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Cet atroce fait divers est un marronnier, avec son lot de rebondissements relançant régulièrement l'affaire dont le suicide du petit juge constitue un des derniers chapitres.

Marguerite Duras s'y était déjà aventurée en bafouant la présomption d'innocence.
Elle écrivit dans le journal “Libération” que Christine Villemin avait tué son fils et, en même temps, que son acte était “sublime” !

J'étais curieux de lire ce que Besson pouvait produire comme valeur ajoutée dans ce périlleux exercice.

L'auteur prend le parti de Christine Villemin - les noms ont tous été conservés - en nous montrant l'enfer vécu par une maman.
Il n'occulte pas les raisons qui lui valurent onze jours en prison alors qu'elle était enceinte et notamment les trois épreuves de dictée qui aboutirent à trois expertises graphologiques différentes, dont une la désignait comme le corbeau… l'assassin.

Nous n'apprenons rien sur l'affaire, on ne sait pas qui est l'auteur des lettres anonymes et on ne sait pas qui a tué l'enfant au terme du roman ! Mais ce n'était pas le but ; d'ailleurs, on peut se demander si on le saura un jour, vu que beaucoup de traces sont désormais inexploitables.

Philippe Besson nous ravit de sa plume en représentant l'atmosphère de ce village vosgien, où les ressentiments des clans ne feront une pause que pour l'enterrement : “Ils sont tous venus, ils ont tenus à être tous là, délaissant les calomnies, les jalousies, les outrages, les insinuations, la sourde hostilité, les oeillades torves, les moues dégoutées, comme si la mort d'un enfant pouvait tout effacer, en un coup de chiffon sur un tableau noir, en un tour de passe-passe.”
L'auteur sait peindre le tableau de l'affaire : ”une province rance, moisie, un automne désolé, un petit monde gangrené par les rivalités, un corbeau insolent, une famille détraquée, un père sanguin, une jeune mère éplorée, un crime aux allures de rituel, des investigations bâclées, des policiers rapidement dépassés, des suspects successifs, des aveux et des rétractations, des coups de théâtre et des baudruches qui se dégonflent, des renversements de situations ou d'alliances, un juge ballotté, des innocents au regard coupable, des accusés relâchés, des trahisons imprévues et des fidélités inexpugnables, et, à la fin, une énigme irrésolue.”

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Poursuivant ma découverte de Philippe Besson, j'ai pris ce titre au hasard dans les rayons de la médiathèque. Classé bizarrement dans les romans, je m'aperçois que "L'enfant d'Octobre" relate en fait le drame de" l'affaire Grégory".

Octobre 1984, je me souviens encore du joli minois de ce petit garçon sur la une du journal lu par un usager du métro parisien que j'empruntais à cette époque. Bien sûr, j'ai suivi les nombreux rebondissements de l'enquête et surtout les multiples erreurs qui ont empêché sa résolution et qui ont fait que, presque 30 ans plus tard, le ou les vrais meurtriers n'ont toujours pas été identifiés. le livre de Philippe Besson n'apporte pas vraiment quelque chose de plus que tout ce qui a été publié auparavant mais il a le mérite de rappeler de façon clair la chronologie des évènements. le style "Besson" est là pour nous plonger à l'intérieur de cette famille gangrénée par la jalousie des uns et des autres, pour nous décrire les errements du juge Lambert sous la pression médiatique. Par contre, je reste sceptique face aux chapitres où l'auteur s'autorise à donner la parole à Christine Villemin, imaginant ses confessions comme dans un journal intime. Je ne trouve pas cela très adroit : qui peut parler de la douleur d'une mère face à l'assassinat de son enfant ? Je comprends tout à fait la réaction des parents lors de la parution du livre.

Un acte monstrueux commis au nom de rivalités intestines, un petit innocent sacrifié sur l'autel de la vengeance, un ou des coupables qui sont parvenus à vivre en paix avec leur conscience pendant si longtemps, tout dans cette affaire n'est qu'incarnation de l'horreur la plus abjecte. Un lecture aussi émouvante que dérangeante, à laquelle j'accorde un 14/20.


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L'Affaire Grégory, le fait divers le plus connu de France...
Le meurtre du petit garçon repêché dans les eaux de la Vologne un soir de 1984 a marqué les consciences.
L'affaire Grégory c'est un emballement médiatique sans précédent et une incompétence de la police et des juges manifeste.
C'est avant tout le drame d'une mère malmenée par le destin qui devra surmonter l'emprisonnement de son mari et l'accusation effroyable de sa propre culpabilité avant son non-lieu en 1993.

Philippe Besson reprend les thèmes qui lui sont chers, la disparition d'un être aimé, le deuil, la solitude, pour revisiter ce drame qu'est l'Affaire Villemin.
Un roman alterné, avec d'un côté la description brute des faits, détachée et froide comme un rapport de police ou un article journalistique et de l'autre, sous forme de journal intime, la position d'une mère brisée, meurtrie, figure quasi emblématique d'une tragédie grecque.
Baigné de la mélancolie propre à l'auteur, un livre à la fois sobre et fort.
Cette collection des éditions Grasset où les écrivains écrivent de manière romancée sur les faits divers qui les ont touchés, est vraiment une réussite !
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L'enfant d'octobre nous relate l'affaire dite du petit Grégory, affaire encore non élucidée à ce jour et qui a refait la une des journaux il y a un an ou deux.

J'ai grandi avec cette affaire. Je suis née la même année que ce petit garçon qui a été jeté, pieds et poings liés, dans la Vologne, rivière qui coule dans le département des Vosges. Une affaire de famille, des comptes mal réglés, un corbeau qui envoie des lettres aux parents depuis plusieurs années, ce linge sale-là, malheureusement, on n'a pas fait que le laver en famille.
Ce roman, car c'est un roman, Philippe Besson imaginant les pensées de Christine, la mère du garçonnet, retrace ce fait divers devenu l'un des cold cases les plus connus de France, si ce n'est le plus connu. Il y relate les faits, les enquêtes successives, les erreurs commises, les rebondissements et constate que près de 36 ans après le drame – 22 au moment de l'écriture du livre -, on ne connaît toujours pas l'identité du coupable, qu'on ne le connaîtra probablement jamais sauf si quelqu'un décide de se délivrer de ce poids sur son lit de mort.

Philippe Besson, comme il l'avait fait avec Vivre Vite, qui relatait l'accident mortel de James Dean, a décidé de ne pas totalement romancer son histoire et a utilisé les vrais noms des protagonistes. Si le procédé ne pose pas de problème particulier s'agissant de l'accident de voiture de la star hollywoodienne, j'ai trouvé le parti pris ici beaucoup plus casse-gueule. On ne traite pas un assassinat de petit garçon comme on traite un bête accident de la route, aussi dévastateur fut il. Cependant, s'il fallait écrire un roman sur cette triste affaire, Philippe Besson était l'écrivain idéal. Je ne m'en cache pas, j'aime beaucoup cet auteur, que j'ai eu l'occasion de rencontrer au détour d'une dédicace, qui a une plume délicate et pudique. Rien n'est putassier dans ce livre et il rend je trouve un très bel hommage à ce petit garçon, rappelant par la même occasion qu'il ne s'agit pas d'un simple fait divers. Je comprends l'ire qu'a déclenché à l'époque la sortie de ce livre ; des parents, une mère, ne pouvaient pas accepter ça. Pour ma part, je me suis trouvée en empathie totale avec ce petit Grégory, ces parents qui ont perdu ce qu'ils avaient de plus précieux au monde, de la manière la plus atroce possible.

Rien n'est gai dans ce livre ; les querelles de famille, les jalousies, la petitesse des gens de cette campagne moisie, l'incompétence de la justice, et j'en passe. Rien n'est gai, non, mais le ton est juste.
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Je suis de la génération qui a connu le déchaînement médiatique autour de l'affaire du petit Grégory. C'est la plus grande affaire criminelle jamais résolue que je connaisse. Philippe Besson en a fait un roman intitulé "L'enfant d'octobre" parce que le petit garçon âgé de 4 ans a été retrouvé mort dans la Vologne, une rivière des Vosges, le 16 octobre 1984.
J'ai été surprise de l'association immédiate entre l'enfant et sa mère. D'ailleurs, le texte est construit en alternance entre le narrateur qui décrit les événements selon l'ordre chronologique et la voix de Christine Villemin qui raconte son ressenti. Cette mère qui va être accusée du meurtre après le cousin Bernard Laroche qui sera tué par le père du petit Grégory.
C'est une histoire de famille (le "clan Villemin") insensée avec un corbeau qui réitère des appels téléphoniques malveillants et qui envoie des lettres anonymes bien avant la mort du petit garçon.
Ce qui est terrible, c'est qu'on a entendu tout et son contraire. Je me souviens que les médias étaient déchaînés et j'avoue ne m'être jamais fait une opinion sur le meurtrier où la meurtrière mais seulement avoir trouvé pathétique cette médiatisation excessive.
Le parti pris de Philippe Besson est centré sur l'idée que la mère est innocente et porte donc un regard subjectif sur cette affaire mais c'est une fiction basée sur des faits réels et non un documentaire. C'est sans doute pour cela que ce roman est réussi.
Il n'en demeure pas moins que Christine et Jean-Marie Villemin ont fait condamner la maison d'édition et l'auteur à des dommages et intérêts. le roman contient un communiqué judiciaire qui indique qu'il porte atteinte à la vie privée du couple, à l'honneur et à la considération de Christine Villemin. Cela est surprenant parce que ce roman n'est pas à charge pour eux. Mais bon, je comprends qu'ils ne veulent plus entendre parler de cette histoire douloureuse qui gardera son mystère.


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Philippe Besson nous emmène dans une affaire que la France ne peut pas oublier il s'agit de l'affaire Grégory.
J'ai beaucoup aimé la façon dont le livre est écrit. L'auteur a choisit de varier les chapitres c'est à dire un chapitre plutôt journalistique, une sorte de résumé d'enquête puis un autre chapitre sur les pensées imaginées par l'auteur de la maman de Grégory.
Je pense que ce livre est important dans le monde littéraire car il permet de ne pas oublier cette mort atroce de ce petit garçon de 4 ans.
En 2014, cette affaire aura plus de 30 ans et toujours pas de coupable.
Cependant j'aurais aimé peut-être un peu plus d'engagement de l'auteur, peut-être "sa vérité" à lui.
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J'avais acheté ce livre lors d'un vide-médiathèque, j'ai juste vu le nom de Philippe Besson dessus et je me suis dit "chouette" et voilà il a atterri dans mes bras. Je ne savais pas que Philippe Besson avec écrit un roman sur l'affaire Grégory. Je connaissais cette affaire de nom mais j'en connaissais les grandes lignes mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressée.

L'auteur nous raconte donc les terribles événements de cette affaire criminelle. Il commence par nous narrer la rencontre entre les deux parents de Gregory, il pose le décor familial, nous montre les tensions, il raconte l'histoire de manière chronologique. Entre chaque chapitre sont calés les monologues de la mère. Philippe Besson nous plonge dans cette affaire avec efficacité, son style est percutant, on voit à quel point les gendarmes et la justice ont foirés cette enquête, ont effacé des preuves, à quel point cette affaire est malsaine de par tout le traitement médiatique et le fait que la justice soit réalisée par l'opinion publique.

Philippe Besson raconte l'histoire d'amour d'une mère pour son enfant mais surtout l'histoire d'amour des deux parents, ils se sont jamais quittés dans la douleur, la tragédie et ils ont continué à faire front ensemble face à toute la France.
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Ce roman est une relecture fictionnelle de l'affaire Grégory (fait divers d'ampleur nationale qu'il n'est pas nécessaire de repréciser ici).
Le matériaux de base est réel, mais l'auteur et l'éditeur ne font pas mystère du travail de relecture subjective requis par toute fiction.
On peut lire dans certaines des critiques rédigées sur ce site, des attaques très tranchées sur la légitimé de ce roman, sur la soi-disant prise de position trop orientée de Philippe Besson.
C'est à mon sens un débat qui n'a pas lieu d'être.
On n'est pas dans une enquête à charge ou à décharge de tel ou tel élément de cette affaire tentaculaire.
Il s'agit d'un roman qui extrapole à partir de l'affaire Grégory.
Ecrit dans un style simple, accessible, et parce qu'il synthétise les principaux ressorts de ce fait-divers survenu en 1985, ce livre peut éventuellement permettre au jeune lecteur de mettre le pied à l'étrier ; libre ensuite à lui de lire des enquêtes journalistiques ou des revues d'époque pour se faire son idée, pour sa "culture générale".
J'ai pour ma part pris du plaisir à lire ce livre car Besson confère à cette histoire une dimension littéraire assez triste mais non dénuée d'espoir dans l'Humanité que seule sauverait l'Amour.
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Premier choc : l'assassinat sordide d'un enfant de quatre ans.
Deuxième choc : les soupçons qui se portent sur sa mère.
Troisième choc : une telle accumulation d'erreurs dans l'enquête et l'instruction que jamais on ne connaîtra le (ou la) coupable.
Tout le monde se rappelle cette histoire entrée dans la mémoire collective nationale française : l'affaire Grégory.
En 2006, date de parution de ce livre, on a déjà tout dit et tout écrit sur cet abominable fait divers et pourtant Philippe Besson, de son écriture sans complaisance, réussit ce tour de force de nous replonger dans l'atmosphère rurale de cette chronique judiciaire irrésolue. Sans ménagement, il décrit l'enchaînement des faits qui mènent inexorablement au fiasco. Et les monologues intérieures de la mère ajoutent encore à ce texte une désolation si intense que le lecteur la ressent comme s'il découvrait lui même le cadavre au fond de la Vologne.
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