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Eva Bester nous propose un petit fascicule sans prétention. C'est une introduction intéressante pour qui ne connaît pas Léon Spilliaert et son abondante production. Nous comprenons pourquoi le peintre utilise le noir de l'encre de Chine pour exprimer le spleen et la mélancolie. Ses toiles vous convient à suivre sa trace à Ostende.
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Je trouve que FlorenceLecart, d'abord, puis Kikujiro, ensuite, ont à eux deux très bien résumé l'essentiel sur ce petit livre, et sur le coup je ne voyais pas grand-chose à ajouter. Mais j'ai horreur de laisser passer une imposture éditoriale pour un excellent ouvrage, ainsi que de laisser penser que deux pauvres imbéciles qui n'y connaitraient rien à Spilliaert jouent les rabat-joie sans aucune bonne raison. Je n'apprécie pas beaucoup non plus qu'on me prenne pour une idiote dans les commentaires de Babelio en adoptant un ton ironique et condescendant à mon égard. Par conséquent, je vais faire le troisième rabat-joie, histoire qu'on s'aperçoive qu'un quart des lecteurs de cet ouvrage l'ont trouvé nullissime, et je vais ajouter quelques arguments bien sentis pour démontrer à quel point ce livre est une daube - et tant pis pour la bienséance matinée d'hypocrisie.


"Mais pourquoi ai-je acheté ce livre ???" me suis-je lamentée pendant toute la lecture. Je l'avais pourtant feuilleté en librairie, et j'avais décidé qu'il était plus intéressant qu'un autre livre sur Spilliaert du même format et dans les mêmes prix - vu que je n'avais pas les moyens de me payer le catalogue d'exposition neuf, et que je n'avais pas pu aller voir l'exposition Spilliaert au musée d'Orsay de 2020 non plus (oui, parce que y'a pas que les gens qui ont de l'argent et les Parisiens qui s'intéressent à l'art, contrairement à certains clichés un peu trop répandus). Mais remettons les choses dans leur contexte. Pourquoi ce livre a-t-il été publié ? Parce que justement, chaque grosse expo parisienne s'accompagne de publications de catalogues fort onéreux, de hors-séries de revues d'art et de livres à plus ou moins bas prix (enfin quand on débourse 12€ pour une daube, peut-on encore parler de "bas prix" ? Heureusement que je l'ai acheté d'occasion, mais c'est quand même 9€ de foutus, ce qui n'est pas rien à mes yeux.) Donc déjà, qu'Eva Bester ne nous fasse pas croire qu'elle a eu soudain très envie d'écrire sur Spilliaert (car c'est un peu ce qu'elle laisse entendre), la sortie de son bouquin trois semaines avant l'ouverture de l'expo, c'est juste de la politique éditoriale et donc commerciale. Cela dit, je suis une imbécile de m'être laissé avoir, car je connais justement toutes les astuces mercantiles de ce genre d'événement. Mais voilà, comme je ne comptais pas tripoter ce livre plus que de raison en librairie pour des questions sanitaires évidentes, que j'avais aperçu quelques lignes traitant de la biographie de Léon Spilliaert, et que je faisais confiance aux éditions Autrement, j'ai commis l'irréparable (je me suis rendu compte par la suite que ça faisait moult années que je n'avais pas lu un ouvrage publié chez Autrement...)


Le livre commence presque avec cette phrase évoquant Spilliaert : "Pour le côtoyer davantage, j'ai voulu écrire sur lui en partant sur ses traces. Ostende, Bruxelles, Paris. Ce n'était pas si loin." Donc on a une auteure qui visiblement croyait que la Belgique se trouvait loin de la France (bonjour les notions géographiques ! Ah, et au fait, la France ne se réduit pas à Paris, je pense que c'est important de le préciser, il est fort probable qu'Eva Bester ne soit pas au courant de ça non plus), et qui donc pense nous apprendre que c'est tout près. Merci, chère Eva Bester, mais la plupart d'entre nous sont déjà au courant que la France et la Belgique sont des pays frontaliers, oui, oui, oui ! Mais ce qui m'embête plus que les connaissances élémentaires étrangement lacunaires de l'auteure, c'est sa façon de nous dire qu'elle a entrepris une espèce de voyage initiatique pour écrire son livre... alors que, bon, je suis peut-être terriblement vieux jeu et trop rigoureuse, mais ça me paraît être un peu le minimum que d'aller voir les oeuvres d'un artiste là où elles se trouvent quand on compte écrire un bouquin sur lui, et ça, même si c'est juste pour vendre ledit livre tel un goodie lors d'une grande expo.


Ca continue avec Eva Bester qui clame prendre des anti-dépresseurs. Donc là, j'ai tout de suite un gros doute, vu que j'ai pas mal bossé avec des gens atteints de dépression sévère, et je peux vous assurer qu'ils n'en font pas un étendard, excepté s'ils ont une certaine propension à se mettre en scène (c'est très loin d'être la majorité d'entre eux). J'estime même que c'est leur manquer de respect et réduire la dépression à un cliché qui n'a déjà fait que trop de mal pendant très longtemps. Mais ça vous donne une idée de l'auteure : se mettre en scène en se proclamant dépressive, elle trouve ça très fin. Mais de toute façon, elle a visiblement une très haute idée d'elle-même, puisque le livre va parler d'elle autant que possible, Léon Spilliaert servant juste de prétexte.


Alors oui, elle nous délivre quelques informations sur la biographie de l'artiste. Mais enfin, là aussi, c'est un minimum. Pour le reste, aucune analyse - mais ce qui s'appelle aucune, j'insiste sur ce point. Juste des impressions, des platitudes, des évidences. Léon Spilliaert utilisait l'encre de Chine. Merci, on était au courant. Léon Spilliaert créait des paysages sombres, mélancoliques. Merci, on s'en était vaguement aperçu. Léon Spilliaert était dépressif... Sauf que là, on n'a que la parole d'Eva Bester, et aucune source pour appuyer ses dires. Ses oeuvres en seraient la preuve. Ah ben oui, évidemment, quand on crée des oeuvres mélancoliques ou oppressantes, c'est forcément qu'on est dépressif, c'est tellement évident ! Alors on va quand même pas se fatiguer à se documenter, hein. Et puis on va faire des spéculations fantaisistes pour expliquer l'état mélancolique de Spilliaert (et donc jamais prouvé dans ce livre) : des frères morts en bas-âge, tiens, pourquoi pas ? Et on va conclure par ce cliché dont tout véritable auteur aurait terriblement honte : "les voies de la vie psychique sont impénétrables".


Mais on n'en a pas fini avec les sottises et autres billevesées. Franchement, j'aurais pu me contenter pour cet article de reprendre toutes les idioties écrites par Eva Bester et en donner une liste ; ça aurait constitué le bêtisier ultime. Exemples : "Pour frimer, ajoutons que certaines de ses marines me font penser à celles du Polonais Gustaw Gwozdecki, mais comme personne ne sait vraiment qui c'est, la crânerie sera brève." Malheureusement, la crânerie n'est pas brève puisqu'elle est le moteur de cet ouvrage, mais elle est aussi facile et praticable par n'importe qui. Il nous suffit d'être spécialisé dans une discipline ou tout simplement d'avoir acquis par hasard une connaissance peu commune pour "crâner". Il est fort probable qu'Eva Bester serait, elle, totalement dépassée par des noms de scientifiques bien connus de la communauté à laquelle ils appartiennent. Et puis je sais pas pourquoi, ce genre de fanfaronnade gratuite a très très légèrement le don de m'agacer. Mais poursuivons : "Tim Burton pourrait figurer parmi ses héritiers ; David Lynch aussi, ne serait-ce que pour la coupe de cheveux." Alors déjà, j'aimerais des explications sur la filiation Spilliaert / Tim Burton ; mais le coup de la coupe de cheveux, ça, c'est de l'argument ! Aaaah, mais oui, c'est censé être drôle ! Mince, j'avais pas capté sur le moment ; et en fait je ne trouve toujours pas ça drôle mais toujours aussi con et inutile (je rappelle que le bouquin vaut 12€). Mais c'est pas fini, on a encore mieux un peu plus loin :"Si les enquêteurs d'X-Files s'étaient projetés dans ses dessins à résonances métaphysiques, ils arriveraient vite à cette conclusion : il fait froid nous sommes seuls et nous allons bientôt mourir." Là encore, vous aurez observé l'alliance subtile d'un humour à la finesse délicieuse et d'une analyse terriblement pointue de l'oeuvre de Spilliaert. Suit une référence à Lovecraft encore sans rapport avec Spilliaert, ce qui fait qu'Eva Bester aura réussi à dire en peu d'espace tout un tas de sottises en invoquant des artistes et des sujets juste parce que ça fait bien, j'imagine, selon sa conception des choses, et aussi parce qu'il faut bien remplir les pages blanches - artistes et sujets sur lesquels elle n'a visiblement strictement rien à dire. En revanche, nous apprendrons que Marvin Gaye a vécu un an et demi à Ostende, ce qui constitue une information en soi, j'en conviens, qui cependant n'apporte absolument rien, encore une fois, à qui s'intéresse à Spilliaert.


Alors, que reste-t-il de ce pseudo-essai, de cette pseudo-biographie, de ce pseudo-livre ? Des reproductions d'oeuvres "choisies" (parmi les plus connues de Spilliaert) sur une page, avec en regard une impression de l'auteure ou une citation terriblement originale : aller chercher Baudelaire pour évoquer la mélancolie, mais qui y aurait pensé, franchement ??? Ca se termine d'ailleurs sur une note d'humour lourd et égocentrique à l'image de tout le reste, Eva Bester présentant un portrait de femme comme le sien, "réalisé plus d'un demi-siècle avant sa naissance" (riez, mais riez donc, puisqu'on vous dit que c'est drôle!) Et c'est cette présentation d'oeuvres de Spilliaert qui m'a définitivement convaincue qu'elle ne connaissait rien à son sujet.


Car il se trouve qu'alors qu'elle fait la maligne en prétendant connaître les influences de Spilliaert au cours de son texte (elle est juste allée chercher des trucs dans d'autres bouquins, soyons clairs), elle ne s'est pas du tout aperçu que l'oeuvre intitulée Marine avec balises lumineuses, datant d'environ 1900 (bon, on n'a droit ni aux dimensions des oeuvres ni aux techniques employées, ce qui est considéré comme un impératif pour les livres sur l'art, mais elle allait quand même pas se fatiguer à ce point, encore une fois), donc, disais-je, Eva Bester n'a absolument pas remarqué que de Marine avec balises lumineuses émanait une énorme influence de Degouve de Nuncques, et notamment de son pastel Effet de nuit de 1896. Alors j'en vois certains arriver de loin pour me dire que, après tout, qu'est-ce que j'en sais, que peut-être Eva Bester a juste tu cette information. Sauf que non, la logique et la psychologie les plus élémentaires nous conduisent à conclure qu'il y a d'énormes probabilités pour qu'une personne à l'égocentrisme forcené, qui se sert d'un artiste pour se mettre en avant tout en ayant rien à dire et qui ne se prive jamais de lâcher les quelques pauvres infos qu'elle a retenues ou notées, ne se serait certainement pas privée non plus de fanfaronner une fois de plus en voulant nous montrer qu'elle connaissait l'influence d'un autre artiste, pas plus connu que Spilliaert en France, sur ce dernier. Au lieu de quoi on se retrouve avec une citation De Lautréamont en regard de Marine avec balises lumineuses. Donc, on a voulu encore faire sa maligne avec Lautréamont (autre marque d'originalité, après Baudelaire) et on a démontré qu'on ne connaissait pas Degouve de Nuncques, un des grands peintre symbolistes belges et une des influences pourtant connues de Spilliaert. Bien joué !


Comme l'a remarqué FlorenceLecart dans sa critique, ce livre a été conçu pour les fans d'Eva Bester (chose à laquelle je n'avais pas du tout pensé), qui la suivent sur France Inter. Que donc les lecteurs-cibles, qui ne connaissaient pas Spilliaert mais ont lu le livre pour son auteur, se montrent très indulgents, ça peut se comprendre - bon, en fait je comprends pas vraiment, je trouve qu'il y a des limites à l'indulgence, mais passons. En revanche, je suis persuadée qu'il existe un autre lectorat parfait pour ce livre, un lectorat sournois et malfaisant (ne faisons pas dans la dentelle, soyons âpres, rudes, mais justes !) : celui qui coure les expos parisiennes non pas parce qu'il est intéressé par l'art, non pas parce qu'il est curieux, mais parce que c'est tellement chic de se donner rendez-vous dans une expo, de se raconter sa vie tout fort et de se coller aux autres visiteurs en criant "Ah, c'est beau, c'est beau, c'est beau, c'est tellement mieux de le voir en vrai, hein que c'est beau !" (c'est du vécu, je pense que vous l'avez compris), qui courent acheter le catalogue à la sortie pour l'exhiber après avoir emmerdé tous ceux qui étaient juste venus pour voir de l'art, un lectorat qui cultive l'égocentrisme et l'arrogance au point d'apprécier avec délices un auteur qui, quitte à ce qu'il n'ait rien à dire et soit incompétent pour écrire un livre, leur ressemble. Si c'est pas une menace bien pire que les grands méchants de la fantasy, je ne sais pas ce que c'est !


À ceux qui s'intéressent aux arts plastiques et à Spilliaert, je n'ai à donner que ce conseil (très empreint de culture populaire, donc pas assez snob pour les personnes citées juste plus haut) : "Fuyez, pauvres fous !"



Je vous invite à aller lire les critiques de FlorenceLecart et de Kikujiro.

Lien : https://musardises-en-depit-..
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Comment ne pas marquer un temps d'arrêt devant la couverture de l'essai consacré à Léon Spilliaert montrant cet homme à la figure inquiétante et à la chevelure quasi radioactive ?

Elle reprend un autoportrait de ce peintre belge dont je n'avais jamais entendu le nom avant de lire ce livre.

Eva Bester nous emmène dans sa ville, Ostende, spécialisée dans la pêche au hareng avant de devenir une station balnéaire mondiale.

Saviez vous au passage que c'est Ostende qui a inspiré le chanteur Marvin Gaye (il y a vécu un an et demi ) pour Sexual healing et tous les morceaux de Minight Love ? L'office du tourisme de la ville propose d'ailleurs aujourd'hui un Minight Love Tour.

Eva Bester entremêle éléments biographiques et analyse fine et jamais ennuyeuse de la peinture de Léon Spilliaert pour dresser un portrait tout en nuances d'un artiste à la fois introverti, tourmenté, inclassable et drôle.

Artistiquement, difficile en découvrant ses tableaux, de ne pas penser à Edvard Munch et ses regards hallucinés.

On sent le plaisir qu'a Eva Bester à suivre les traces de l'artiste pour nous le faire connaître. Elle referme, pour moi, la porte, un peu trop vite. Vous connaissez ce peintre 🎨
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Exactement ce que je déteste. Prétentieux et inintéressant. Je parle d'Eva Bester et pas de Spilliaert, bien sûr.
Un livre pas trop cher pour qu'on se fasse avoir, où Eva Bester fait la maligne parce qu'elle croit faire partie des rares élus à connaître Léon Spilliaert. Vous savez quoi ? Même quelqu'un comme moi qui ne s'intéresse que modérément à l'histoire de l'art a déjà vu des oeuvres de Spilliaert. C'est vrai que c'est parce que Musardise m'a beaucoup (en)traîné dans les musées de Belgique et de France. C'est vrai aussi que Spilliaert n'est pas très connu en France, mais de là à se montrer extrêmement prétentieuse parce qu'on a déjà vu des oeuvres de lui, il y a une marge.
C'est typiquement le genre de livre attrape-nigaud qui sort au moment des grandes expositions parisiennes et dans lequel l'auteur nous pompe l'air avec un texte pratiquement vide, avec un peu de biographie, beaucoup de brassage d'air et pratiquement rien sur le travail de l'artiste.
Je ne suis pas un fan de Léon Spilliaert, mais il ne mérite sûrement pas un traitement pareil.
Ce livre est un produit formaté écrit par quelqu'un issu du merveilleux système du piston à la française, qui s'imagine être un écrivain doué, mais qui n'utilise que des formules toutes faites en guise de style.
Je laisse Musardise préparer sa critique que j'imagine assassine, vu sa réaction pendant et après la lecture de cet objet inutile.
Regardez des oeuvres de Spilliaert avec vos yeux et votre tête, et non avec ceux d'Eva Bester. Vous en apprendrez plus qu'avec ce livre.
Une conclusion s'impose : Musardise a dépensé de façon inconsidérée l'argent du foyer. Nos chats risquent d'être mécontents quand ils apprendront qu'on aurait pu leur acheter une peluche à la place de ce livre, même s'ils ont déjà gagné une peluche à un jeu pour Noël et qu'ils ne s'y intéressent pas. Mais après tout, ce ne sont pas mes affaires !
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Aux brumes d'Ostende, à l'encens des arbres, aux mirages des flacons, au canal des ombres, aux fioles en miroir, à son regard, à son génie. Léon Spilliaert, profondément. "« La ville est une sirène qui fait perdre la mémoire à celui qui la façonne afin qu'elle puisse conserver son âme. " Italo Calvino, les villes invisibles.
Astrid Shriqui Garain
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Transmutation de l'âme.
Ostende, la ville maritime flamande que le peintre belge Léon Spilliaert (1881-1946) arpenta de long en large durant des décennies a pu influencer ses visions avec des cieux bas de grise mine, des lignes de fuite portées vers des horizons sans limite, des terrains vagues recouvrant des abîmes. Dans ces paysages taillés à l'os, nulle âme ne pourrait s'y mouvoir hormis celle gangrenée par la mélancolie de l'artiste. La journaliste Eva Bester sort de l'ombre « l'oeuvre au noir » de Léon Spilliaert à travers une monographie bienveillante : « Spilliaert et moi sommes frères de noir ». Les humeurs s'y mêlent et l'alchimie opère malgré les années d'écart et les fossés incommensurables entre les êtres. de surprenantes tournures émaillent un propos que la bile noire pourrait poisser. Eva Bester invite de belle manière le lecteur à faire connaissance. Une sélection d'oeuvres reproduites en couleur donne une bonne idée de la dimension du peintre. Sa série d'autoportraits datée de 1908 fascine. Autrement a édité un remarquable ouvrage à la couverture souple, avec une typographie agréable et une mise en page aérée. Maintenant, quand la mélancolie gagnera, un Pajak avec son « Manifeste incertain » ou un Bester avec ses « Remèdes » feront l'affaire et on pourra repartir, comme en 1914, affronter seul les vents érosifs de la vacuité.
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En lisant les critiques positives sur ce fascicule (car je ne vois pas comment appeler autrement ce tout petit objet de 96 pages, truffé de pages blanches ou de pages colorées ambiance nuancier pour gagner de la place...), je m'aperçois que je n'étais pas la cible.
Je ne connaissais absolument pas l'autrice, or, c'est une condition sine qua non pour apprécier la lecture ! Au final, ce fascicule parle plus d'Eva Bester que de Léon Spilliaert... Ce détournement d'un artiste magistral de manière aussi auto-centrée risque d'agacer ceux qui ne sont pas venu pour écouter une psychanalyse de la rédactrice. Les informations sur l'artiste sont fort communes, je n'ai pratiquement rien appris de nouveau.
L'autrice fait de l'humour, ce qui plaira probablement à son public mais qui tombe comme un cheveu sur la soupe pour le lecteur extérieur.
Les oeuvres sélectionnées sont elles aussi particulièrement connues et aucune analyse n'est proposée : l'autrice se contente de faire résonner la peinture avec des citations spleenesques de Baudelaire et d'Edgar Alan Poe.
D'autre part, un livre proposant des reproductions aurait gagné à s'épanouir dans un format plus imposant pour nous en faire profiter ! Mais cela aurait mis en valeur la ridicule petitesse du texte... alors le format poche a été adopté.
Bref : très déçue !
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J'aime beaucoup Eva Bester et son rapport à la mélancolie.
De sa voix douce et assurée, elle invite chaque dimanche matin ( sur France Inter) une personnalité à livrer un film, une musique, un livre, une recette, sorte de baume pour mieux sonder la mélancolie, triste ou joyeuse, curieuse ou déroutante, mais toujours instructive et inspirante.
Je m'amuse souvent à répondre à la question et invariablement les réponses fluctuent suivant la mélancolie du jour, les balances restent des balances !
Dans ce petit livre, Eva Bester nous propose une balade mélancolique en compagnie de Léon Spilliaert, peintre hypersensible pétri de doutes, une balade qui débute à Ostende en pleine période Art nouveau.
Dans le sillage de Léon, nous croisons entre autres Emile Verhaeren, dont il illustrera les textes et qui deviendra son grand ami, il lui présentera Stephen Zweig, bientôt collectionneur de l'oeuvre. Mais aussi James Ensor.
Spilliaert est prolixe, il laissera 4500 oeuvres, des encres, des lavis, des peintures proches de l'estampe, des marines, des dessins, des autoportraits.
Un artiste complexe où les affres des débuts laissent peu à peu place à la lumière, une jolie lumière.
Une promenade agréable pour rencontrer un peintre méconnu rendu à la vie sous la plume mutine de l'experte en mélancolie.
J'ai beaucoup aimé ses plages, ses arbres, ses intérieurs.
Un peintre émouvant et mon histoire de l'art personnelle qui souvent rejoint la psychologie de bazar me laisse entrevoir, par ses autoportraits morbides, une peur, un désamour, une cécité, quelques failles…

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Un essai que je me suis procuré sur le seul nom de son autrice Eva Bester, qui officie sur Inter et dont j'admire la voix et l'esprit. En effet je ne connaissais Spilliaert que de nom. Je vais m'empresser d'aller rechercher les images de ses oeuvres sur internet.
C'est un plaisir de lire Eva Bester, on croirait l'entendre. La langue est gourmande, et je trouve qu'elle a la mélancolie heureuse si cela signifie quelque chose.
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Léon Spilliaert n'a décidément pas de chance : pour une fois qu'un grand musée le mettait à l'honneur en dehors des frontières de sa Belgique natale, il n'aura pas fallu plus d'une quinzaine de jours pour que le covid le prive de la lumière dont il jouissait enfin ! C'est d'autant plus navrant qu'au-delà du caractère inédit de cet événement, les oeuvres rassemblées dans cette exposition présentent un caractère exceptionnel, puisqu'un grand nombre d'entre elles proviennent de collections particulières et sont donc généralement inaccessibles au public…

Heureusement, en attendant que le musée d'Orsay rouvre ses portes, les éditions Autrement ont eu l'excellente idée de consacrer un ouvrage à ce peintre injustement méconnu.

Et cet ouvrage se révèle absolument parfait pour une première approche. Il s'agit en effet d'une brève présentation de l'artiste proposée par la délicate Eva Bester, que vous connaissez peut-être si vous écoutez l'émission « Remède à la mélancolie » le dimanche sur France Inter, dont elle est la talentueuse animatrice. Il se trouve que Spilliaert est l'un de ses artistes de prédilection, qu'elle fréquente de longue date, ressentant ses paysages « comme des asiles » et voyant en lui « un alchimiste » capable de transformer « en sublime » « la boue et la sombreur ».

En quelques pages seulement, la jeune femme nous présente cet Ostendais qui au tournant des XIXe et XXe siècles produisit des oeuvres dominées par le spleen, le sentiment de solitude et une forme de vertige (c'est d'ailleurs le titre de l'une de ses encres les plus célèbres), des oeuvres d'une somptueuse sobriété qui ne peuvent que captiver et happer celui qui les regarde.

Ce précieux petit opus ne serait rien s'il ne prenait ses aises dans une mise en page soignée et aérée, laissant place à d'élégants à-plats de couleur, ayant fait le choix d'une typographie évocatrice et d'un papier offset de très bon aloi, et faisant enfin la part belle à une sélection de reproductions à l'impeccable rendu. Accompagnées de poèmes ou de citations de personnalités ayant influencé Spilliaert, celles-ci, malgré le format poche de l'ouvrage, ne perdent rien de leur charme singulier.

Voilà, maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire pour patienter jusqu'à la réouverture de ce fabuleux endroit qu'est le musée d'Orsay... A moins que vous ne soyez tout simplement à la recherche d'une jolie idée de cadeau (qui ne vous ruinera pas !) à commander à votre libraire préféré !
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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