A la réflexion je n'avais jamais lu de biographie de Peintre, me contentant le plus souvent de feuilleter ces "beaux livres" que l'on ramène parfois à la suite d'une expo. ou de dénicher un doc. comme en produit régulièrement Arte ou Fr. 5 .
Ici l'iconographie est plutôt réduite, mais c'est d'avantage, le contexte, l'analyse de l'oeuvre et le parcours perso de Manet que j'étais venu chercher. le livre riche et complet, réponds parfaitement à cette attente et sans surprise nourrit de manière conséquente le regard que l'on porte alors sur le travail de ce peintre génial, inclassable, incompris et dont les portraits dans les premiers temps empruntent à la peinture espagnole d'un Goya ou d'un Velasquez leur puissance d'incarnation et dans la dernière partie de le vie du peintre, par leur vitalité, la vérité de leur représentation et du cadre dans lequel ils évoluent , annoncent et accompagnent les premiers pas des impressionnistes.
Manet, premier des modernes, symbole de rupture, mais aussi de lien charnière entre deux conceptions de la peinture. Unique et fascinant.
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Même si l'institution du Salon est rétrograde et exaspérante, Manet y voit un défi à relever: un vrai professionnel doit exposer au Salon. Et la seule façon de faire évoluer l'institution - dans le choix des oeuvres, la composition du Jury - et en meme temps le gout du public dans la compréhension du " nouvel art" est d'y rester. Au lieu de créer un shiisme en se ralliant à des confrères de meme sensibilité, il, préfère poursuivre le combat de l'intérieur. En se mesurant au Salon à des pairs solidement établis, il faut pour se distinguer faire évoluer la conception traditionnelle du grand art, autrement dit se faire accepter comme " classique", avec la perspective d'avoir un jour sa place au Louvre.
Un Bar au Folies Bergère est le testament artistique de Manet, sa dernière grande oeuvre, le monument qu'il érige à la vie parisienne qu'il a connue. Il y met tout son talent, il reprends tous les themes qui parcourent ses oeuvres majeures. C'est sa représentation la plus complexe du demi-monde qui est lui meme une métaphore du demi siècle et sur un plan personnel , une métaphore de la dissimulation, de la tromperie , de la fausse identité: celle des femmes dont les tenues à la mode couvrent des corps publics ; des hommes qui cachent leurs vices sous d'impeccables redingotes ; le plaisir de ces vies qui ne trouvent pas leur sens, qui masque la banalité de la tristesse, de la maladie, de la mort.
Manet semble avoir été attiré d'abord par Goya- ses figures austères et son utilisation spectaculaire du noir en tant que couleur - et, surtout par Velasquez qui dans ses portraits sans concession et par la conscience qu'il a de lui meme comme artiste, montre qu'une toile révèle moins la réalité extérieure que l'artifice de l'artiste.
C'est une scene estivale de badinage amoureux sur la terrasse d'un jardin ou une jeune homme regarde avec adoration une femme plutôt guindée, contient la promesse d'une rencontre plus intime. dans toute l'oeuvre de Manet ce sont les deux seuls personnages qui soient attentifs l'un à l'autre. Cette composition radieuse dans la chaleur d'un après midi d'été est chargée d'une attente érotique . Chez le Père Lathuile, marque une rupture avec le theme de l'introspection et de las solitude des êtres.
Quand il fait beau Manet part travailler à Fontainebleau, ou les peintres de Barbizon se lancent dans la peinture de paysage en lumière naturelle. Le travail en plein air est récent: grace à l'invention du tube de peinture en étain et au chevalet pliable, l'artiste peut désormais se déplacer facilement avec tout son équipement.