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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Absolument jouissif ! Ambrose Bierce donne libre cours à son incurable misanthropie, mais souvent avec ironie et humour. Un dictionnaire aux définitions non conventionnelles d'un auteur désabusé par les agissements de l'Humain. N'oublions pas qu'il a participé à la guerre de sécession et ne s'en est jamais remis. Il nous livre ici un dictionnaire sans concession, reflet de son vécu.
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Bien sûr, ce livre ne se lit pas comme un roman. Tout de même, on y trouve de vrais petits récits, comme cette discussion entre un client et son assureur. J'en ai encore mal à la tête.
Parfois, on se demande légitimement si l'auteur dit vrai ou pas. Par exemple, il est crédible que l'origine de la ponctuation dans les textes soient les chiures de mouches sur les parchemins d'origine que les copistes reproduisaient fidèlement.
A conseiller aussi : la postface de l'édition Rivages, qui propose une biographie passionnante de l'auteur.
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L'écrivain et journaliste Ambrose Bierce est un personnage hors du commun sur bien des points, et sa vie mouvementée est encore bien moins légendaire que sa mort, dont la date est inconnue mais qui est sans doute survenue au cours de l'année 1910.
L'ouvrage de référence de l'écrivain est "Le Dictionnaire du Diable", un ouvrage satyrique bourré de définitions allant de l'hilarante à la dramatique, en passant bien souvent par les voies de l'humour noir. Citons par exemple la définition du mot Singe : "Animal arboricole qui se sent également très à l'aise dans les arbres généalogiques." Ou encore celle du Chanvre : "Plante dont les fibres produisent un article d'encolure qui est fréquemment ajusté après proclamation publique en plein air, et qui prévient le sujet des risque ultérieurs de rhume." Mais aussi, bien entendu, celle de l'adjectif Opiacé : "Qui déverrouille la porte de la geôle de l'identité. Elle donne sur la cour de la prison."
Bien entendu, les travaux littéraires de Bierce ne se limitent pas à ce seul ouvrage. Entre autres livres, il a écrit plus de cent nouvelles, recueillies ou pas, dont la lecture nous montre aujourd'hui quel fin auteur il a été. Il en est de même dans le domaine de la presse ou l'écriture de certains articles satyriques, notamment pour le "News-Letter & California Advertiser" de San Francisco, dont il deviendra rédacteur en chef en 1868, a provoqué, dans le milieu comme en périphérie, la controverse la plus totale. Mais plus c'était amer, éléctrique ou orageux, plus l'homme qu'il était se sentait l'âme nourrie par la réussite de son seul but dans la vie, à plus grande échelle : générer le chaos. Non pas un désordre gratuit, bien au contraire, mais le souffle d'une énergie incontrôlable, obligeant la masse à se réveiller et à réagir. A cette époque, cela fonctionnait encore bien mais, si Bierce était né à notre époque, il se serait sans doute donné la mort face à l'ampleur de la tâche.
Homme fougueux et débordant d'énergie créatrice, le genre d'individu que René le Senne, le caractérologue, aurait classé parmi les Passionnés, il n'hésite pas, quand c'est selon lui nécessaire, d'entrer en duel ou au combat, que ce soit de sa plume virulente ou de son propre corps. Adulte et mature, son arme favorite était un exemplaire replié du journal, le San Francisco Examiner, avec lequel il lui est souvent arrivé de se battre en pleine rue, mettant parfois une raclée mémorable à plusieurs hommes à la fois. Il faut dire, à ce propos, qu'il a fréquenté très jeune une école militaire et, alors qu'il n'était âgé que de 19 ans, il s'est engagé dans le neuvième régiment de volontaires d'Indiana quand la guerre de Sécession a éclaté. Il sera promu officier grâce à son dévouement au combat dans le camp des nordistes. Blessé à la tête durant la bataille de Kennesaw Mountain, il doit quitter les champs de batailles et rencontrer la Fée Morphine qu'il saura apprivoiser, contrairement à la majeure partie des personnes dans son cas qui devinrent rapidement dépendants.
En effet, durant sa vie, et surtout à son époque, la consommation de drogues diverses touchait très facilement le milieu artistique dans son ensemble, et Ambrose Bierce ne fit pas exception. Mais l'écrivain savait user des substances sans en abuser. Il est parvenu toute sa vie à jouir de l'ivresse des paradis artificiels sans pour autant s'y installer définitivement.
Outre sa bibliographie riche et exceptionnelle, si l'on peut aujourd'hui retenir quelque chose de la vie de cet homme, c'est la façon dont il a décidé de mourir. On suppose qu'il se savait atteint d'une maladie à l'issue fatale et que c'est la raison qui le poussa, à l'âge de 71 ans, à mettre sa mort à profit plutôt que de mourir dans un lit. Il rejoignit l'armée révolutionnaire de Pancho Villa et disparut, à une date inconnue, en se battant aux côtés des paysans et des desperados mexicains.
Il n'a jamais été revu, pas plus que sa dépouille retrouvée.
Cette mort, aussi noble qu'héroïque, a fait travailler les imaginations d'autres artistes. L'écrivain panaméen Carlos Fuentes (1928-2012) a écrit un roman, intitulé "Le vieux Gringo" (1985), inspiré de la fin de la vie de Bierce, où il imagine ce qu'il a pu advenir ; une belle histoire sur le point final héroïque de l'auteur âgé, lancé dans les combats furieux de la Guérilla mexicaine.

Ghislain GILBERTI
"Le Cabaret du Néant"
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Un dictionnaire, normalement, sert à donner à chaque mot une définition propre, consacrée généralement par l'usage, et corroborée par des éléments linguistiques, historiques, voire sociaux. Quand la définition devient celle de l'auteur du dictionnaire, on appelle ça le Dictionnaire du Diable.
En l'occurrence, le Diable s'appelle Ambrose Bierce.
Ambrose Bierce (1842-1914) est un journaliste et écrivain américain. Célèbre en son temps pour écrire dans ses journaux les chroniques les plus féroces de l'histoire, il est connu pour avoir publié un certains nombre de nouvelles et de contes, souvent relatifs à son expérience dramatique de la Guerre de Sécession, et aussi pour avoir rédigé cet ouvrage inclassable qu'est le Dictionnaire du Diable.
Le Dictionnaire du Diable (1911) se présente comme un dictionnaire classique, alignant près de mille définitions qui sont tout sauf académiques : corrosives, caustiques, acides cyniques, tendancieuses, et animées d'un bout à l'autre par une mauvaise foi aussi réjouissante que persistante.
Quelques exemples :
Abdication : Acte à travers lequel un souverain atteste qu'il est sensible à l'élévation de température de son trône.
Aborigènes : Personnes de moindre importance qui encombrent les paysages d'un pays nouvellement découvert. Ils cessent rapidement d'encombrer, ils fertilisent le sol.
Absurdité : Affirmation manifestement incompatible avec son opinion propre.
Amitié : Bateau suffisamment grand pour transporter deux personnes quand il fait beau, et une seule en cas de mauvais temps.
Amnésie : Don de Dieu accordé aux débiteurs , pour compenser leurs faiblesses d conscience.
Antipathie : Sentiment inspiré par l'ami d'un ami.
Avouer : Confesser une faute. Dévoiler les fautes d'autrui est un grand devoir imposé par l'amour de la vérité.
Bâtons d'encens : Petits bâtonnets que les Chinois brûlent au cours de leurs niaiseries païennes en imitations des véritables rites sacrés de notre Sainte Religion.
Beauté : Pouvoir qui permet à la femme de charmer un amoureux et d terrifier un mari.
Bien-être : Etat d'esprit produit par la contemplation des ennuis d'autrui.
Canon : Instrument utilisé dans la rectification des frontières.
Etc. etc.
Ambrose Bierce est donc humoriste blanc qui fait de l'humour noir. Son dictionnaire est à la fois une oeuvre d'esprit, et un pamphlet contre la bêtise universelle, la bien pensance, les institutions, la religion...
C'est bien simple : c'est Desproges avant l'heure !
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Certains livres sont de réels bijoux. Des joyaux aux multiples facettes que l'on ne peut s'empêcher de tourner dans tous les sens, et d'admirer. Comme cherchant à fixer dans notre esprit l'éclat le plus brillant. Or, le dictionnaire du diable en fait partie.

Car il s'agit là d'un ouvrage intemporel, qui se lit sans faim et se relit avec délectation. Ouvrir une page au hasard et esquisser un sourire, même si le ton employé est toujours des plus ironiques. Surtout s'il est ironique.

Car Ambrose Bierce est un virtuose de la satire sociale et de l'humour noir. le présent recueil nous offre ainsi un aperçu de son esprit critique, qui a trait au génie. C'est une ode au cynisme qui nous propulse face à la réalité des choses. Qui prête à rire, et à réfléchir plus encore.
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Ce livre est un petit bijou de sarcasme et d'ironie. Beaucoup plus drôle et "méchant" que le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, il est universel et ne se limite absolument pas à l'époque de l'auteur. A chaque période d'examens, ou presque, j'en relis quelques définitions pour me détendre. C'est un vrai plaisir à chaque fois. A lire et relire sans modération.
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Une verve incroyable. Un cynisme grand comme le monde. Une acidité visionnaire.
Dans ce sulfureux dictionnaire, Ambrose Bierce signe en 1911 une oeuvre intemporelle. Un texte magistral, drôle et piquant. Un nuancier d'humour noir, par l'un des maîtres de la nouvelle étasunienne, critique redouté de son vivant.
Un livre indispensable.
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Réjouissant, intelligent, lucide......indispensable en nos temps incertains!
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Grinçant, noir, intelligent. Une lecture qui change, qui fait rire et réfléchir. Beau.
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