Erik le Rouge, bien que vivant dans un pays réputé pour son climat froid, avait le sang chaud. Un jour, il n'apprécia pas que son voisin, Eyjolf la Fiente tue ses esclaves. Alors, il tua Eyjolf la Fiente. Il tua aussi Harfn le Duelliste. Contrairement à ce qu'on croit, il y a des lois chez les Vikings. Erik fut banni de Norvège.
Il s'installa en Islande. Il prêta généreusement des poutres à son voisin, mais quand il vint les récupérer, celui-ci refusa de les rendre… Mauvaise idée ! Ils se battirent et d'autres hommes moururent. Erik fut banni d'Islande.
Comme il lui était impossible de rentrer en Norvège, il vogua vers un pays découvert par le fils d'Ulf la
Corneille. Il décida de l'appeler Groenland (Pays vert) espérant par cette publicité mensongère, avec un si joli nom, y attirer des gens…
Critique :
Bon, je ne vais pas vous raconter toute l'histoire puisque
Laurent Binet l'a déjà excellemment bien fait. Mais où sont les Incas dans tout ça ? Petits impatients ! L'auteur démarre son roman comme un livre d'Histoire (vous avez bien pris note que j'ai mis un « H » majuscule ?).
Après le court passage consacré à Erik le Rouge,
Laurent Binet nous rapporte les aventures vécues par la fille du Viking, Freydis. Sacré caractère ! Freydis se met à explorer les côtes à l'Ouest (notons au passage qu'elle a occis deux de ses frères pour s'emparer du bateau) et finit par rencontrer des Skraelings (que nous, nous appelons Indiens). Les échanges sont fructueux… ou non car tous les Skraelings ne sont pas accueillants. Ce que les guerriers nordiques ignorent c'est qu'ils apportent avec eux des maladies qui vont décimer leurs hôtes. Ils le découvriront à leurs dépens jusqu'à ce que Freydis sache en tirer profit permettant à ses Vikings de se croiser avec des Skreylings.
Laissons là les Vikings, avançons dans le temps et voyons ce que ce cher
Christophe Colomb vient faire sur ces terres qu'il croit faire partie des Indes. Au début, ses relations avec les autochtones, sont bonnes, mais vouloir en emmener de force pour les présenter aux très catholiques roi et reine d'Espagne est, comment dire, mal perçu par la population locale… Qui fait appel à un grand cacique, un roi vraisemblablement, qui dispose de nombreux guerriers bien dotés en armes de fer. Pas sûr que notre Colomb reverra les côtes européennes de sitôt…
Laurent Binet impose le respect par son sens de la narration, en particulier lorsqu'il se glisse dans la peau de
Christophe Colomb rédigeant son journal de bord. Toute la narration de Colomb est empreinte de religiosité comme pouvait l'être l'homme de la Renaissance qui ne pouvait que croire en Dieu.
Et les Incas dans tout ça ? Ils arrivent, mais j'ai décidé de n'en souffler mot ! Lisez le livre ! Comment ? … Vous n'aimez pas les uchronies ? … Vous lisez des romans historiques ? Vous aimez les histoires de diplomatie, d'alliances, de complots, de batailles ? Ce livre est fait pour vous !
Ah, encore un mot ! Ou deux !... Voire plus ! Pour le même prix, vous aurez droit dans cet ouvrage à Charles Quint,
François Ier, Henri VIII, Luther, le pape Pie V, le pirate Barberousse,
Cervantès,
Montesquieu… Et en prime, les Aztèques…
Laurent Binet donne à l'uchronie, si besoin était, ses lettres de noblesse.