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4,01

sur 2229 notes
C'est mon 3ème livre de Laurent Binet, et la 3ème fois que je succombe à l'efficacité de sa curiosité, à sa rigueur presque (mais seulement presque) scientifique. Il a le talent de raconter des histoires qui flattent notre mémoire et les dispenseront de l'oubli. L'emploi de la 1ère personne inquiète au début mais ne lasse finalement pas.

Il est ici à l'opposé de sa marque de fabrique (à base d'uchronie ou de délires mixés avec la réalité) : il cherche à photographier le réel de l'histoire et n'y insère des lignes fictionnelles pour relier les pointillés des faits qu'en prévenant le lecteur.

Son seul défaut est peut-être de ne jamais vraiment nous surprendre (au contraire d'un Tristan Garcia) mais il le fait avec légèreté, densité, et talent, si bien qu'on ne s'ennuie jamais avec lui.

Je ne suis pas un grand spécialiste de la période 1935-1945, mais j'ai appris beaucoup de choses que j'espère retenir, en particulier sur le contexte tchèque de l'expansionnisme nazi et de la Shoah.

Lectures liées : "Les Cerfs-Volants" de Romain Gary

Citation marquante : "C'est amusant de constater comment, lorsqu'on s'intéresse de près à un sujet, tout semble nous y ramener."

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Ecouté en livre audio.

Quelle claque! Un début un peu longuet me faisait craindre le pire. Les aller-retours entre un passé de mort, hurlant et vociférant, et un présent confortable mais questionnant est au début un peu déstabilisant, et puis on s'y fait, mieux, on apprécie ce décalage, donnant une vie à un récit fait de morts.
Le roman (car c'en est un) se finit telle un polar, et l'écriture de Binet correspond bien au rythme, animant le récit telle un marionettiste maniant des fils invisibles, tout en douceur et délicatesse.

La lecture de Dekoninck est absolument parfaite, mettant en avant davantage le récit que sa personne. Bravo.
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Il y a longtemps qu'un récit historique ne m'avait pas autant happée. Laurent Binet a à coeur de nous raconter un épisode bien précis de la Seconde Guerre Mondiale, celui de l'attentat contre Heydrich en mai 1942 à Prague. En faisant ce choix, il ouvre une fenêtre que personnellement je ne connaissais pas sur l'ensemble des événements de cette période et qui permet d'enrichir non seulement nos connaissances, mais surtout notre regard, parfois trop « franco-centré »… Ainsi, à travers cette histoire, c'est à la fois du nazisme dont il est question, incarné par Heydrich et sa « carrière » au sein du parti, et de la Résistance, notamment celle du peuple tchécoslovaque. Des risques que des hommes et des femmes ont su prendre. du prix qu'il leur a fallu payer… A cet égard, l'évocation du massacre de Lidice, présenté par l'auteur comme une réponse sanglante à la mort du chef des renseignements nazis, est glaçante…
Certes l'originalité du roman de Laurent Binet tien beaucoup à son parti-pris de présenter son texte davantage comme un « docu-fiction », même s'il n'utilise pas le terme, que comme un roman historique tel que la tradition l'a pratiqué, comblant les manques d'information par l'imagination. Certes, le narrateur n'échappe pas à la règle mais il signale systématiquement ce qui est avéré et ce qui est supposé ; de plus il alterne le récit des événements avec celui de sa propre quête de romancier, et surtout ses scrupules. Cela, non seulement transforme le propos en une réflexion sur la construction même de l'histoire, mais lui donne une note d'authenticité qui rend, me semble-t-il, encore plus touchante l'attachement de l'auteur à ce récit, et à l'humanité dont il y ait, au fond l'éloge. En conclusion : précipitez-vous !
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J'ai toujours aimé les écrivains qui questionnent les genres littéraires et qui jouent avec le lecteur. du coup, ca me plait bien quand Laurent Binet, au nom de la véracité, s'attelle à écrire un roman expurgé de toutes ficelles romanesques. Évidemment cette narration hachée en chapitres condensés et brefs vous tient et on a beau connaitre l'histoire, on espère, on voudrait...Mais, non, on ne réécrit pas L Histoire.
Alors, certes, parfois l'auteur est maladroit avec ces jugements à l'emporte-pièce. Certes il y a quelques lourdeurs répétitives. Mais les faits sont là, magnifiquement bien retranscrits. Et le romanesque est là aussi. Un auteur qui devient personnage de son propre roman : où s'arrête le réel et où commence la fiction Monsieur Binet ?
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J'ai beaucoup aime ce roman sur l'operation anthropoide.L'auteur a su nous raconter une partie de la seconde guerre mondiale de facon tres interessante et pas du tout ennuyeuse.
Laurent binet a construit son livre de maniere originale puisqu'il conte dans de tres courts chapitres l'histoire de l'operation qui doit mettre un terme a la vie du commandant Heydrich,et alterne d'autres courts chapitres dans lesquels il nous explique toutes ses recherches et son ressenti sur cette operation ou sur ses apprehensions sur la difficulte de restituer de maniere fidele les faits historiques
Cela nous permet de mieux apprehender le colossal travail de recherche necessaire a ce genre de recits
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HHhH, c'est l'étrange titre de ce roman-récit de Laurent Binet, parut en 2009 et couronné du prix Goncourt du premier roman. HHhH, ce sont les initiales de cette phrases que se répètent les SS : "Himmlers Hirn heißt Heydrich", "le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich".

Il y est question, donc, de Reinhard Heydrich, l'un des plus haut dignitaires nazis, responsable aussi bien d'avoir initié la "solution finale" que d'avoir fait régner la terreur à Prague et dans tout la tchéquie, "protectorat" de l'Allemagne nazie dont il sera le dirigeant, ce qui lui vaut l'un de ses surnoms, "le boucher de Prague". (l'autre, fréquemment utilisé même devant lui, car nimbé de prestige dans la bouche des nazis, est "la bête blonde".



Heydrich doit mourir, le gouvernement tchècoslovaque en exil à Londres l'a décidé; et il mourra par la main de deux résistants issus de la nation même qu'Heydrich terrorise : un tchèque, un slovaque.



C'est donc un roman d'aventure qui pourrait naître de cet épisode historique, tous les ingrédients sont réunis : un méchant détestable, deux héros courageux, prêts au sacrifice, l'exaltation des valeurs humaines les plus hautes, mais aussi le sang, la violence, la trahison...



Pourtant, Laurent Binet refuse d'écrire un roman. Habité, obnubilé pendant des années par cet attentat contre Heydrich et par ceux qui l'ont perpétré, il veut leur rendre hommage, il veut dire ce qu'il sait, il veut faire oeuvre de pédagogie, autant que rendre un devoir de mémoire. Il ne veut pas romancer :

"Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu'on leur rende hommage. Mais c'est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n'est d'aucune utilité à ceux qu'elle honore, mais elle sert celui qui s'en sert. Avec elle je me construit, avec elle je me console."

Pourtant, à chaque page, à chaque chapitre, il rend compte de ce combat qui se livre à l'intérieur de lui-même, entre la réalité historique et la fiction.

Passionnant ouvrage, dans sa partie documentaire historique; passionnant aussi par le regard de l'écrivain sur lui-même, sur son travail, sur son rôle.

Et malgré ce côté "récit-documentaire", il parvient à nous placer au coeur de l'action, à nous associer à la mission de ces deux hommes, à nous les rendre aussi proches que peuvent l'être des personnages de roman...
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Un roman historique qui se refuse à en être un puisque l'auteur ne veut - et ne peut - romancer les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale. Une biographie qui n'en est pas une puisque l'auteur ne peut avoir toutes les informations, ne peut connaître toutes les pensées de son personnage qui d'ailleurs n'en est pas un, puisque c'est un homme réel, la Bête blonde du nazisme. L'originalité du roman vient des interrogations constantes de l'auteur sur la forme même que doit prendre son oeuvre, il nous fait partager ses scrupules à se heurter à l'histoire. Les trente dernières pages sur l'attaque de l'église sont un moment de mémoire et d'épopée.
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Alors ça, je ne savais pas que 2 hurluberlus tchèques avaient réussi à tuer un général allemand en pleine rue. du coup, j'ai appris pleins de choses sur les armées des ombres des pays occupés en 40, et comment tout était affaire de chance, ou de malchance. Mais des découvertes, j'en ai sans doute moins faites que l'auteur lui-même qui se documente sur son sujet, sujet qui l'envahit peu à peu et dont il nous fait partager cette invasion jusque dans sa vie privée. Car il est question dans ce livre, que je ne peux appeler "roman" du travail de documentation et de préparation de son texte par un auteur. Auteur qui prend de la distance avec son sujet, et qui fait parfois preuve d'humour : "le sport, c'est quand même une belle s....loperie fasciste." p.277 Une narration intéressante à plus d'un titre, donc, un livre qui ne fait la part belle à personne - l'auteur s'en empêche - et un écrivain à suivre.
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Un roman atypique que nous livre ici Laurent Binet, un coup de maître pour un premier roman, il a d'ailleurs reçu le très mérité Goncourt du premier roman.
Une succession de courts chapitres, écrits avec un soucis de l'exactitude historique recherché. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la façon dont il thématise ses soucis pas rapport. justement, à cette exactitude historique.

Au final un roman historique fouillé sur un personnage central du 3ème Reich (Reinhard Heydrich) et sur la façon dont il a été éliminé.
Peut-être moins haletant qu'un roman plus "normal" mais la trame est là et le suspens maintenu, un vrai coup de génie et un vrai coup de coeur !
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Ce n'est plus un secret depuis le temps, je suis passionnée par la période historique de la Seconde Guerre Mondiale. Je lis à peu près tout ce qui me tombe sous la main et qui est relatif à cette époque. Ca faisait un sacré moment que j'avais ce livre de Laurent Binet dans ma PAL mais, je ne sais pas pourquoi, je ne parvenais pas à me convaincre de l'attaquer. Une lecture commune m'aura permis de lire enfin ...

Laissez-vous transporter dans la tourmente de la Deuxième Guerre mondiale, à Munich, Berlin, Londres, Paris, Kiev, faites un petit détour par le Moyen Age et repassez par 2010 pour atterrir à Prague, en 1942. HHhH raconte l'histoire de l'attentat contre Heydrich et de la folle traque qui s'ensuivit pour s'achever dans une église au centre de Prague où sept hommes soutinrent un siège de sept heures face à sept cent SS. Reinhard Heydrich, "l'homme le plus dangereux du IIIe Reich", était le bras droit d'Himmler mais chez les SS, on disait "HHhH", ce qui signifiait : "le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich". A l'heure où le débat fait rage autour des rapports tumultueux entre Histoire et fiction (cf. l'affaire Lanzmann-Haenel), dévorez sans attendre ce roman étonnant qui reconstitue les faits avec une précision maniaque fondée sur un travail de documentation impressionnant mais qui se pose sans cesse la question, entre deux déflagrations : comment raconter une histoire vraie ?

Je ne m'attendais pas vraiment à lire ce que j'ai trouvé dans ce bouquin. Je savais que ce n'était pas un roman mais j'ai été déstabilisée par ma lecture. L'auteur nous livre les faits historiques avérés mais il nous explique aussi qu'il doit inventer certains détails (histoire d'apporter du liant au récit) et en parallèle, il nous parle de sa vie privée à lui ... Ca m'a un peu perdue au début et à la fin du livre, ça commençait même à me prendre la tête.

Je n'ai pas spécialement envie de connaitre les détails de la vie des auteurs que je lis. Je n'en vois pas l'intérêt même si là, je peux en comprendre les raisons. Mais toutes ces digressions sont un peu pénibles à la longue. Cependant, j'ai été embarquée par la préparation de l'attentat contre Heydrich, c'est absolument passionnant. En plus, Heydrich je ne le connaissais pas spécialement celui-ci. C'était très prenant, intéressant ... Laurent Binet construit son récit un peu comme un thriller, c'est très plaisant.

On se laisse vraiment prendre au jeu de "l'histoire racontée", on a même un petit goût d'aventure (oui, oui !) mais je déplore le foisonnement de détails, pas intimes mais personnels, que l'auteur ne cesse de nous livrer tout au long du récit. Malgré tout, ce sera une belle découverte mais assez loin de ce à quoi je m'attendais.
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