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3,7

sur 1082 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque j'avais sélectionné le livre je n'avais pas bien prêté attention au titre. Je croyais qu'il s'agissait de "Lettre à Helga". J'oubliais le déterminant placé juste devant, qui est pourtant très important et donne d'autant plus de force au récit. Cette lettre c'est en effet celle d'une vie, une déclaration d'amour et surtout une confession. Bjarni est un vieillard lorsqu'il rédige cette lettre, il sent ses derniers jours approcher et décide de se livrer avec honnêteté, sans grand sentiment, mais avec une vraie poésie et une franchise remarquable, même si certains moments pourraient paraître triviaux. le narrateur évoque son amour pour une femme inaccessible et la façon dont son amour s'est fondu pour toujours dans les reliefs de sa contrée natale. Car au-delà d'une déclaration romantique ce texte est surtout une ode à la vie rurale et aux traditions islandaises. Bjarni raconte la vie à la ferme et le travail des animaux avec beaucoup de poésie. Il y a les joies d'un tel mode de vie, mais aussi les contraintes : l'éloignement, les commérages, l'hiver rude. Au fil des pages l'auteur renvoie sans cesse à des passages des sagas islandaises, ces textes légendaires que j'ai regretté de ne pas connaître afin de mieux apprécier les correspondances.

La façon dont le narrateur évoque son désir pour une femme autre que la sienne est assez déchirante. Surtout lorsqu'on découvre que son épouse était rongée par un malaise sur lequel il n'avait aucune prise. Peut-être n'a-t-il pas fait les bons choix, peut-être la vie et les conventions l'ont maintenu dans un destin qu'il aurait voulu autre, et sans doute part-il avec quelques regrets, mais au moins il aura aimé Helga.

Un passage m'a particulièrement touché, qui souligne la beauté des coutumes islandaises. Bjarni raconte comment un hiver une femme est décédée et qu'il était impossible de transporter son corps pour les funérailles. En attendant de meilleures conditions climatiques son époux a décidé de la conserver dans la cabane servant au fumoir à poissons. Avec respect il a enveloppé le corps de façon à ce qu'il ne se détériore pas, et l'auteur décrit cela avec beaucoup de tendresse, même si le procédé pourrait d'abord paraître indigne. L'ensemble du texte est à l'image de ce passage. L'auteur réussie à sublimer les actes les plus anodins de la vie à la campagne, pour rendre palpable la vibration d'un destin parmi d'autres.

J'ai été enchantée par ce texte bien trop court, qui m'a fait voyager le temps d'une heure à peine dans les contrées islandaises.
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Confession amoureuse d'un homme ultra timide à son amour défunt. Dans cette lettre, Bjarni, éleveur de moutons aux méthodes originales, confie la force de son amour contrarié à Helga. Entre les lignes, pudiques cependant sensuelles, on entrevoit la vie quotidienne des pêcheurs/paysans islandais du XXème siècle. La force et la violence de cette nature, qui s'impose à tous, forgent des caractères et des parcours humains terribles où l'expression des sentiments a peu de place. Au fil des ligne s'esquisse également l'effacement d'une société paysanne de labeur au profit d'un monde des villes que notre héros ne comprend pas.
Dans une langue simple, poétique, à couper le souffle, cet homme simple finit par nous livrer son coeur. C'est beau et puissant.
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De littérature islandaise…non pas encore un de ces romans policiers scandinaves mais de la littérature servie magnifiquement par la traduction de Catherine Eyjolfsson. Ces colliers de mots, ces bijoux ciselés, ouvrent à soi et aux autres plus efficacement qu'une visite chez le coiffeur. Silence dans les rangs, ouvrez le court ouvrage et embarquez pour l'Islande.

Intimiste et voyeur, touchant et agaçant, Bjarni Gislason adresse une dernière supplique à Helga, son amour de toujours. La naissance de ce désir ardent pour Helga et la courbe de ses seins, dans la grange ; Hallgrimur, ce mari aux heureuses absences mais encore par trop présent ; l'annonce du fruit de l'amour défendu et le choix terrible : Partir avec Helga à Rekjavik ou rester avec Unnur, sa femme.

Bjarni est sa terre. Il communique avec l'invisible, la nature. Son amour pour Helga est physique, sensoriel. D'Helga, nous en saurons plus ses mamelons sacrés à l'image d'une colline où il lui plaît de poser la tête, que sur ce qui l'a fait rire ou pleurer.
Bjarn est l'Islande paysanne. Comment pourrait-il suivre l'exode rural et se rendre à Rekjavik ? “Les canards de Reykjavik sont devenus exactement pareil aux gens tristes parasites qui se chamaille mais ce qu'on leur jette.” L'occupation américaine (25% de la population), le mépris de l'occupant, amène à porter sur soi un regard différent.

De ce moment la Lettre parcourt sa vie sans Helga ; la naissance de celle qui deviendra par le fait fille de Hallgrimur, leur fille ; les regrets, les justifications ; l'incantation contre l'orgueil d'Helga à ne pas vouloir rester au village.

“Je ne regrette rien, Helga. Puisque c'est toi qui as voulu qu'il en soit ainsi. C'est pourquoi, je l'affirme : il n'a jamais été question de choix pour moi. C'est à toi qu'il appartenait. Tu n'as pas voulu de moi.”

Comme moi, comme tous les lecteurs vous prendrez parti pour Helga ou pour Bjarni. N'aurait-elle pas dû quitter son mari, faire fi des langues mauvaises, rejoindre son amour et vivre heureux au lieu de créer rancoeur et malheur. Helga ne porte-elle pas à elle seule le poids de la culpabilité ?
A l'inverse, il a refusé de quitter sa femme, Unnur. Point barre. Et puis l'exode rural était, à l'époque une réalité. le couple eut pu s'y tailler une place. Helga ne fait-elle pas déjà un gros effort pour proposer de se rendre à la ville avec ce paysan arriéré et libidineux ?


Pour les curieux
Visitez le toujours excellent de l'Université de Laval au Québec

Rappelons les éditions Zulma et Catherine Eyjolfsson nous avaient déjà enchantés avec l'excellent livre Rosa Candida de Audur Ava Olaffsdottir.

Merci à ma libraire Lucile, de l'heure des Mamans à Versailles pour ce conseil avisé.

Editions Zulma, 130 pages, 16,50€

Lectori salutem, Pikkendorff


Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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L'écriture comme un exutoire.



Un éleveur de brebis écrit à la femme de sa vie, la seule qu'il a aimée, alors qu'il est "un vieillard impossible qui prend plaisir à raviver de vieilles plaies." Mais il n'a jamais vécu avec elle, il n'a jamais voulu quitter sa vie pour elle…

Ce n'est donc pas seulement un hymne à l'amour mais aussi une ode à la nature… Rien n'a pu lui faire quitter sa campagne, ses moutons, son ciel nuageux, ses automnes et ses printemps, et surtout pas elle. D'ailleurs, entre amour et désir physique, on ne sait démêler tout au long de cette lettre ce qu'il ressent vraiment pour elle… enfin, si, on comprend, à la fin… et on comprend aussi qu'écrire ces mots a permis au personnage de saisir ce qu'il ressentait vraiment. La vie, c'est aussi faire des choix, qu'on ne regrettera pas quand viendra l'heure de partir définitivement… ou qu'on regrettera… trop tard…

Il y a de la poésie dans ce texte, des touches d'humour et on le lit d'une traite, d'une part parce qu'il est court, et d'autre part parce qu'il nous faut arriver au terme de la lettre pour réaliser qu'elle était le but inavoué du narrateur et pour lire ses derniers mots chargés d'émotion.

Et justement, ce n'est qu'à la fin que l'émotion est devenue palpable. C'est peut-être pour cette raison que ce livre n'est pas un coup de coeur…

Et pourtant, j'ai suivi avec plaisir les anecdotes racontées tout au long de ces pages… notamment, ce passage sur la dépouille de la femme de Gisli qu'il a laissée plusieurs mois dans le fumoir parce qu'il n'avait aucune autre solution pour la garder intacte, "brunie et bienheureuse, embaumant comme le meilleur des gigots fumés", ce passage, disais-je, est tout simplement succulent (sans jeu de mots) et émouvant.



Mais ce roman n'est pas un coup de coeur parce que j'attendais davantage… plus de profondeur, plus de densité, plus d'émotion… peut-être… J'ai passé un très agréable moment avec en arrière-goût ce petit manque d'un petit je-ne-sais-quoi… et pourtant, plus les heures passent, plus je réfléchis à cette lecture, et plus j'aime les questions qu'elle a suscitées en moi. Ce roman est une lente prise de conscience…


Lien : http://krolfranca.wordpress...
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L'amour d'une femme est-il plus fort que l'amour de sa terre ?

La lettre à Helga, c'est une seule lettre, l'ultime réponse après un lourd silence.

La lettre à Helga, c'est la peinture d'un amour sensuel, perdu, recherché. Tout prend forme sous la plume du vieil homme qui partage ses souvenirs vivaces de sa Belle Helga.

La forme épistolaire permet une plongée dans l'intimité de Bjarni. Les descriptions des paysages et du quotidien islandais sont magnifiques. C'est, à mon goût, la beauté de la littérature islandaise, ce lien tissé entre les émotions et les paysages volcaniques, le "paysage état d'âme".
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Un roman épistolaire. Une lettre d'amour que Bjarni adresse au soir de sa vie à Helga la femme qu'il a aimée et avec qui il a partagé une passion adultère.
Une lettre d'amour à une femme mais aussi à une terre, la lande Islandaise entre mer et montagne avec ses tempêtes, ses hommes et ses brebis.
La confession d'un vieil homme qui avoue son amour éperdu mais aussi ses faiblesses et sa lâcheté.
Humour et sensualité, poésie et harmonie sont les ingrédients de ce magnifique texte qui nous emporte sur les terres glacées.
L'écriture est lyrique, très imagée et m'a laissé entre rire et larmes.
C'est émouvant.
C'est drôle parfois.
C'est une très belle lecture.
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Très belle confession amoureuse d'un éleveur de brebis islandais, Bjarni, vieil homme de 90 ans, à la seule femme qu'il aima d'un amour impossible, inaccessible. La rencontre avec cet homme est vraiment magnifique. Très beau voyage, très bon livre, touchant, qui partage toute la sensibilité d'un rude paysan dans son rapport à l'amour, à la terre, au travail, à la tradition, à la survie et au sens de sa vie.
Superbe !
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Combien de millions d'hommes et de femmes, depuis que le monde est monde, se sont rencontrés, se sont manqués...se sont aimés, se sont perdus, et se sont retrouvés, souvent trop tard.

L'histoire qui nous est racontée n'est pas originale. Ce qui l'est en revanche, c'est la manière dont Bjarni, ancien éleveur de brebis, un "vieillard impossible qui prend plaisir à raviver de vieilles plaies" raconte à Helga ce qu'il a sur le coeur....c'est un gros fardeau dont il veut se décharger, un amour qu'il n'a pas su partager.
.
Dans cette lettre où Il lui déclare tout son amour, nous comprenons petit à petit ce qui a entravé cet amour. . Des égoïsmes, des coups de tête, un fort attachement à la terre, autant d'obstacles qu'ils n'ont pas su dépasser.

Pas de rancoeur, pas de haine ni de violence. Un livre attendrissant, plein d''humanité, de sincérité, de poésie, de fraîcheur. J'ajouterais également une vision lucide et empreinte de sagesse. Un livre qui fait du bien.


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Au seuil de son existence en Islande, Bjarni décide d'écrire une lettre à celle qu'il a aimée toute sa vie, la belle Helga. Avec beaucoup d'humour, le vieil homme confesse à Helga ses fantasmes d'autrefois, nourris par la nature et par la vie animale qu'il observait chaque jour, les agnelles bien en chair, l'odeur forte des animaux, la sensualité brute qui se dégageait de sa bergerie. Il évoque la saison des amours de sa vie, bien trop courte mais si intense. Il raconte également l'affection qu'il portait à sa femme, si malheureuse de n'être qu'une "brebis stérile" (c'est ainsi qu'elle se nommait elle-même).
J'ai trouvé cette confession touchante et pleine de poésie. Quelques anecdotes sont particulièrement croustillantes comme celle de la vieille dame qu'on ne peut enterrer parce que la terre est gelée. Je ne vous raconte pas la suite mais j'ai bien ri. Bjarni est un homme d'un autre temps, attaché à sa terre plus qu'à tout autre chose. Il a aimé passionnément une femme sans assouvir pleinement sa passion, ce qui n'a sans doute fait que la renforcer. Avec les yeux de notre époque, on peut lui trouver bien des défauts à ce Bjarni, dont celui d'être lâche. Personnellement, je n'ai pas eu envie de le juger.
La version audio, lue par Rufus est une réussite. Il fallait pour ce texte, une voix d'homme qui a du vécu.
Une bien belle lettre d'amour.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Quand on est attaché à sa terre, à sa ferme, à son troupeau, à la nature qui nous environne, est-on prêt à tout lâcher pour son nouvel amour et partir à la capitale?
Quand on a une femme qui est une acharnée du travail et qui réfute la poésie, qui ne peut vous faire d'enfants et qui refuse qu'on la touche, est-on prêt à abandonner son exploitation (qui appartient à la même famille depuis 8 générations) pour la ville, son bruit, sa pollution, sa violence?
Quand on a des voisins qui cancanent sur votre supposée liaison avec la femme du fermier voisin, n'a t-on pas envie de prendre le large?
Ce sont toutes ces questions qui se sont posées à Bjarni pendant toute sa vie.
Toutes ses envies, tous ses désirs, toutes ses interrogations sur une vie qui avance trop vite, sont, aujourd'hui (au crépuscule de sa vie) mis noir sur blanc dans "La lettre à Helga".
Cette correspondance que Bjarni fait à son ex-maîtresse est intime, brutale, désolée. Elle est à l'image de l'Islande, pays glacial, île balayée par les vents; une terre sans concession que l'on doit soit vivre pleinement ou subir de plein fouet.
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