La lettre à Helga

Encore un très bon roman islandais.

Bjarni est un vieil homme de 90 ans, ancien éleveur de brebis en Islande, il sent venir la fin de sa vie et écrit une longue lettre d'amour à Helga.
Bjarni était marié avec Uunur, leur union n'était pas très heureuse car Uunur, suite à une opération chirurgicale n'était pas en mesure d'avoir des enfants. Cela la rendait très malheureuse, amère, acâriatre et difficile à vivre au quotidien. Bjarni adorait son métier, son pays, les brebis.
Un jour il croise Helga une éleveuse voisine et a un coup de foudre pour elle, il faut dire qu'elle est très belle.
Il essaierai de résister à la tentation mais finira par céder au désir. Ils seront amants en cachette pendant de longues années, il sera même le père de sa fille.
Suite à son divorce, Helga se retrouve libre et lui propose de s'installer ensemble dans l'anonymat de la grande ville de Reijavick , il est tenté mais refuse de quitter sa femme (par devoir) et surtout sa ferme, la terre de ses ancêtres, la vie à la campagne si essentielle à son équilibre.
Il évoque sa vie dans sa lettre à Helga, il parle des choix qu'on fait ou pas, de ce qui reste quand on est très vieux et de son pays l'Islande. C'est très beau.

Je n'ai pas lu beaucoup de littérature islandaise autre que des polars. Ce roman a donc attisé ma curiosité.

C'est un roman épistolaire sous la forme d'une longue lettre de Bjarni à l'amour de sa vie, amour qu'il a refusé par deux fois pour les raisons qu'il lui expose.
C'est l'histoire d'une passion au long cours qui nous est contée mais à laquelle le narrateur a préféré sa terre, son héritage, ses obligations d'éleveur de moutons.

L'auteur nous offre un récit sensuel et lumineux qui nous plonge dans la vie islandaise avec ses consonances si exotiques, ses traditions particulières et ses références littéraires méconnues.
En effet, Bjarni lit beaucoup et il est sensible à la beauté de sa vie au plus près de la nature. Ses descriptions parfois poétiques rendent la splendeur et la sauvagerie du paysage islandais.
Il dévoile aussi la vie dans une petite communauté où le moindre hasard donne lieu à des rumeurs sans fin mais également la solidarité des habitants qui compense la rudesse de la vie ilienne (j'ai beaucoup ri au passage narrant la récupération du corps de Sigridur).

C'est également un roman du regret, de l'amour désavoué, de ce qui aurait pu être mais n'a pas été, par crainte de l'avenir et du pressenti : Bjarni imagine la vie qu'il aurait pu avoir. A-t-il raison ? Nul ne le saura mais cela sonne comme des excuses.
En outre, il évoque un mariage sans amour, la vie qui s'écoule dans le train-train des tâches répétées et la vieillesse qui marque l'heure des bilans et de la vérité.

En bref, un beau roman court qui se lit très rapidement et qui fait découvrir un autre aspect de la littérature nordique.
Trois étoiles et demie.

Ce très court roman est une vraie déclaration d'amour à une femme dont le narrateur, Bjarni, garde un souvenir ardent. Il questionne ses choix et se penche sur ses regrets. Mais ce livre est aussi un superbe hommage à tout un pays : l'Islande. Cette île où les conditions climatiques sont difficiles et où la séparation entre ville et campagne est une véritable barrière. L'attachement à sa terre natale est aussi au centre de cette lettre. Une terre dont il est bien difficile de se déraciner tout comme au métier de fermier. le héros fait le bilan en retraçant d'une façon concise son parcours et ses états-d'âme.
Bjarni se trouve au crépuscule de sa vie et souhaite faire un dernier geste vers la femme qu'il a toujours aimé mais qu'il n'a pu accompagner pour bien des raisons. Celle-ci est d'ailleurs décédée depuis plusieurs années. Bjarni est un personnage déroutant. Il est parfois très cru et bourru mais devient poétique à certains moments notamment lorsqu'il décrit son pays. Sous ses airs de dur, se cache un homme sensible, simple et amoureux. L'ensemble est très bien écrit et tient la route. Il n'y a aucune fausse note. On sent que l'auteur souhaite faire passer un message et faire découvrir son pays.
J'ai dans l'ensemble apprécié ma lecture malgré quelques paroles très crues. Ce roman m'aura fait voyager en Islande pendant quelques heures. Je vous le conseille pour la découverte d'une plume singulière et pour la personnalité haute en couleur de Bjarni.
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Alors que sa vie touche au but, un homme s'adresse à celle qu'il a aimé et avec laquelle jamais il n'a vécu. Il le fait au travers d'un monologue dense qu'il adresse comme une lettre à celle qui ne pourra pas la lire. Ces pages griffonnées, comme le dit leur auteur, refont le parcours d'un amour impossible, à la fois désiré et refusé, barré. Partie par honnêteté, partie par lacheté autant que par orgueil, il n'a su aller jusqu'au bout de l'amour d'une femme, de son corps et de l'enfant qui naîtra et qu'il ne connaîtra pas. L'épouse stérile qui s'efface le pousserait presque, mais il ne peut ni ne veut, même s'il voudrait bien pouvoir et vouloir. Il lui reste l'amour des mots, des collines et des saisons, de son travail, des animaux et des humains. de la vie.

Cela se passe dans la campane islandaise, loin de l'univers de la capitale, et commence dans un monde où le modernisme de l'après guerre n'est pas encore arrivé. Un monde où les choses peuvent être brutales, âpres et rudes, même quand arrive la TSF, même quand les traditions cèdent le pas devant les nouvelles techniques agricoles. Pour autant, il n'y a pas d'angélisme passéiste ou d'idéalisme écolo new-age dans ce récit qui parfois se perd puis retrouve son fil, hésitant mais résolu.

Le vieil homme est paysan dans l'âme autant que dans son corps et son rapport au monde. Il est aussi amoureux des mots et des livres auxquels il se réfère souvent, citant les bardes et poètes de son pays. Il ne dédaignent pas la philosophie mais la soumet à une confrontation sans indulgence ni équivoque à la réalité des paysages, des climats et surtout des nécessités et des contraintes de la vie qu'il connaît.

On dit souvent de l'Islande qu'elle est un pays où se marie étrangement le froid, vent, neige et glace, et la chaleur passionnée des volcans. Les deux sont au rendez-vous dans ces souvenirs qui sont aussi un peu comme un roman d'apprentissage, pris du côté de la grande récitation finale.

Un texte à la fois âpre et lyrique, désenchanté et ironique, désabusé et plein d'espoirs. Une belle lecture qui nous extrait de notre quotidien hyper-urbanisé et hyper-médiatisé sans pour autant nous bercer d'une nostalgie mièvre et doucereuse.
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Un fermier au crépuscule de sa vie écrit une longue lettre d'amour à la femme qu'il a aimée dans sa jeunesse. Marié à Unnur qui ne peut lui donner d'enfant, il entame une liaison avec Helga. Helga aux yeux de génisse, Helga à l'échine pleine, au bassin accueillant. L'évocation du corps d'Helga est crue, animale et se fond dans l'adoration de ce paysan pour la nature et son métier. Cela peut paraître troublant et pourtant ; loin du romantisme galvaudé, cette célébration de l'amour et de la terre d'Islande est une célébration de la vie, une vie qui s'enfuit comme la mémoire et dont il ne demeurera que les formes charnelles sculptées par le vent, le froid et la pluie.

Bjarni, après la mort de son épouse, écrit une lettre à Helga, une voisine avec qui, quelques années plus tôt, il avait réussi à partager quelques rapports sexuels passionnés. D'une de ces étreintes est née une petite fille et la possibilité de vivre cette passion au grand jour. Mais cet agriculteur n'a pas pu, pas su, pas voulu prendre ce chemin à la fois par peur et par devoir. A 90 ans, par le biais d'une longue et magnifique lettre, il retrace sa sombre vie et exprime enfin cet amour qui l'a habité pendant des décennies.
Ce texte, à la fois récit de la vie rustique d'éleveurs d'ovins islandais et histoire d'amour peu vécue, est de ceux qui s'insinuent dans la tête du lecteur pour l'habiter longtemps.
La vie est rude en Islande, comme les hommes qui y la peuplent. Loin des villes, isolés, se battant sans cesse contre les éléments, ils vivent frustrement et sans se poser trop de questions au milieu d'une nature nourricière mais hostile.
Bjarni, le narrateur, passionné par son métier d'éleveur de moutons, acceptant moultes responsabilités au sein d'un canton que l'on devine peu habité, a épousé Unnur pour ....le pire. Une tumeur ovarienne est décelée et l'opération qui en suivra la rendra stérile mais également inapte au moindre rapport sexuel.
Dans cette vie austère, le frustration sexuelle va lui faire poser le regard sur sa voisine, Helga, mal mariée et aux formes alléchantes...
Ce récit mêlant amour du travail et de la nature, sexualité peu épanouie, emporte le lecteur par sa dureté et par la justesse des sentiments. Ses hésitations, ses élans refoulés, son amour identique pour ses bêtes, son tracteur et sa voisine, aussi étrange que cela puisse paraître sont d'une intensité troublante. Même ses étreintes aux relents d'urine ont la saveur de la vraie passion.
La fin sur le blog
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130 pages pour une lettre, c'est quand même beaucoup. On s'imagine bien que cette lettre n'est pas ordinaire.
Bien que sceptique au départ, je me suis laissé porter par les mots de cet homme exprimant magnifiquement ses sentiments avec au passage de bonnes réflexions sur notre société et l'humain.

Ce livre est moins émouvant que ce à quoi je m'attendais. Je m'attendais à un livre qui me ferait pleurer à chaudes larmes, cela n'a pas été le cas.
Ce livre, c'est un homme qui raconte comment il a aimé une femme toute sa vie, sans jamais vivre avec. Il le fait sous forme de lettre, à cette fameuse femme, Helga. Cela reste un beau livre d'amour, exprimant l'amour tu, le chagrin d'amour silencieux, mais aussi la folie et la rage de devoir vivre sans l'être aimé.
C'est un ouvrage universel, qui parlera à beaucoup je pense. Je le conseille, malgré la légère déception, parce qu'il reste bon et court

Ce roman est traversé de moments d'une grande beauté. L'auteur sait parfaitement alterner instants triviaux d'une vie de campagne et contemplations poétiques.
Malheureusement, le récit est trop court mais approfondir réellement son sujet. Parler d'amour nécessite du développement pour envisager ses nuances, ses paradoxes. Ce qui a manqué au roman pour réellement me toucher.

Plus d'une bonne chose dans ce livre court mais dense.
La vie des gens de la terre est très bien saisie et tous les traits essentiels s'y trouvent.
La proximité et l'importance de la nature, des animaux et des saisons, les liens avec la terre natale léguée et travaillée par les ancêtres, les règles de conduite strictes et la pudeur, la rudesse du travail, l'importance d'engendrer des enfants, les petites sociétés ou l'entraide est réelle mais le jugement des autres permanent et impitoyable sont dépeints dans la lettre, toute en retenue d'un paysan islandais. Mais, et c'est ce qui fait la valeur de ce livre, ça aurait pu être un paysan de n'importe quel endroit.