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EAN : 9782913904378
141 pages
La Chambre d’échos (04/10/2007)
3.38/5   4 notes
Résumé :
En 2005, nous avons fait un voyage en Russie, dans l'Oblast de Kaliningrad, la région de l'ancien Königsberg, en Prusse orientale, afin de retrouver des traces de la famille de ma femme.
À la recherche d'un passé perdu, le temps d'un voyage, Adam Biro et sa femme Karin tiennent un journal à deux voix, tête-bêche. Lui écrit en français, elle en allemand, sa langue maternelle, dont le texte est traduit. Ils nous content une plongée dans l'histoire de Koenigsber... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Récit à deux voix et en deux langues (français, et allemand traduit par Alain Royer), Toi et moi je t'accompagne donne la parole à Adam Biro et Karin Biro-Thierbach, arpentant l'Oblast de Kaliningrad — anciennement Königsberg, capitale de la Prusse orientale ; à la découverte de cette partie du monde ensevelie sous les ruines d'années de conflits et de guerres. de l'aéroport de Palanga à l'isthme de Courlande en passant par la mine d'ambre d'Iantarny ou encore Tilsit et sa statue de Lénine, le couple parcourt, ensemble, la région mais chacun témoigne individuellement de son expérience. Si les deux journaux s'interpellent, se font écho, se croisent et se répondent souvent, ils sont tout à fait distincts — non seulement par le “tête-bêche” (choix éditorial de la Chambre d'échos) mais également par le message rendu.

Adam Biro, né juif à Budapest et fuyant à 14 ans la révolution hongroise, réside en Suisse où il rencontre sa future femme, allemande, avant de s'installer définitivement en France. Dans ce récit, il accompagne cette dernière sur les traces de ses ancêtres en Prusse orientale, il tente de se trouver une place sur cette terre hostile et totalement inconnue. Avec pour support d'écriture un album-photo (photos imaginaires), Biro décrit chaque cliché pour ensuite ouvrir sur des thématiques plus larges. Découvertes et explications de lieux, anecdotes sensorielles de voyages, rappels historiques, commentaires culturels, remises en question existentielles : son témoignage riche et divers déstabilise par son franc-parler mais séduit toujours grâce à une écriture personnelle, sans artifice et délicieusement cynique. Rythme effréné, listes, adresses aux lecteurs, ponctuation libre (il ne met jamais de majuscules aux noms propres des dictateurs) ; son style oral attendrit le lecteur, rapidement immergé dans son cheminement de pensées. S'il oscille entre la légèreté de blagues grivoises ou de moments de voyage contemplatifs et le rendu grave et éperdu des horreurs du XXème siècle (qu'il vulgarise pour permettre au plus grand nombre de les appréhender), le texte de Biro reste relativement sombre. Aux maintes questions qu'il se pose lors de cette exploration atypique, presque masochiste pour un exilé juif de famille amputée par l'antisémitisme, il n'en découle que très peu, voire aucune réponse, sinon une incompréhension hébétée. Mais grâce à une écriture brillamment espiègle, l'auteur s'arme d'un bouclier solide pour cette traversée sinueuse et nous livre un témoignage honnête, sobre, digne et surtout, last but not least, une déclaration d'amour à sa partenaire de vie, sa complice, sa femme Karin.

Karin Biro-Thierbach, quant à elle, opte pour un récit plus traditionnel : son témoignage suit l'ordre chronologique et géographique de cette exploration. “Exilée par choix” d'une Allemagne qu'elle ne validait pas, Karin fuit très jeune son pays et s'installe en France avec Adam (après des études de la langue). Mais toujours consciente de ses origines hanséatiques — sa famille paternelle est originaire de l'Oblast — ce voyage sans doute longuement muri devient sa conquête des origines, dans l'espoir d'éclaircir un passé obscur, oublié et d'en apprendre davantage sur son père. Alternant les adresses directes (à Adam, ses filles ou son père — qui ne sont pas sans rappeler l'ouvrage Les ancêtres d'Ulysse de son époux), les impressions de lieux, les apartés politiques et les récits historiques (implacable évocation du camp de concentration pour femmes juives de Stutthof), avec de fréquentes références à la culture allemande (chants, romans, contes), Karin nous offre un texte moins universel mais plus autobiographique et personnel, moins incendiaire mais plus lyrique, moins polémique mais plus profond. Par une écriture riche, fournie et poignante, l'auteure se dévoile à fleur de peau dans cette quête qui s'avérera globalement décevante et stérile (très peu de traces de son père, aucune de la ferme de la famille, à l'exception d'une brique récoltée par Adam) ; si ce n'est pour le couple lui-même — réunion jugée “improbable” par l'histoire, qu'un voyage au coeur des discordances rapproche et finalement renforce.
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Un roman documentaire, historique, géographique. Un journal de nord de l'autrice et de son mari.

Celle ci, après avoir découvert dans le déménagement des affaires de sa mère, une boîte à souvenir de son papa, décide d'entamer des recherches sur leurs origines. Pour son elle, ses frères et la futur génération. Une démarche qui va l'embarquer dans les coins reculés et interdit de la Russie.

Une Russie fermée, où personne n'ose dire ce qu'il pense, où les sous de table fonctionnent mieux que les mots.

Elle nous fait traverser des lieux dévastés, et stoppés dans le temps, ou rien n'évolue. Nous ramène à des époques que l'on préfères oublier, comme la guerre, avec les déportations, et les morts par millier. Puis géographiquement on suit son périple, et grâce aux cartes on se situe.

Un roman qui aurait pu apporter plus, car pas assez de liens avec le lecteur. On essaye de suivre mais c'est déroutant , certaines questions du passé sont soulevées sans reponses. Je dirai pas que ce livre n'apporte pas grand chose, mais presque.
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J'ai toujours trouvé que la Russie était un pays fascinant, tant par ces mystères que par ces coutumes. Beaucoup de choses s'y sont passé, les guerres successives ont laissé une empreinte au fer rouge. le sort qu'a connu la Prusse orientale, à cette époque reste encore aujourd'hui peu connu. Oublier par honte ou tenu secret par les gouvernements, nous en savons très peu sur le sort qu'a connu les millions de victimes juives ou les centaines de famille obligées de quitter leur foyer.
Les confidences que nous livres les deux auteurs sont retranscrites à chaud, surtout celles de Karin, j'ai eu le sentiment de ressentir ces émotions au moment où elle les vivait.
Les auteurs ont pris à coeur leur devoir de mémoire, ils se sont rendu au plus près de la réalité.
A travers les cartes que nous avons au milieu du roman nous pouvons suivre leur parcours, chaque carte a été soigneusement choisie par Viktoria, leur interprète.
Dans le résumé on nous dit que l'auteure (Karin Biro), part à la recherche des traces de sa famille, et je m'attendais à découvrir l'histoire familiale avec ses hauts et ses bas. Son enfance, son histoire, se qu'il l'avait poussé à faire ce voyage. A la place j'ai découvert l'histoire de son pays, malgré des passages très intéressant j'ai été un peu déçu.
Lien : https://lalibrairiedewookiko..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Adam Biro :

Ayant attrapé, tout jeune, la même maladie congénitale que moi, le temps, aujourd’hui il souffre de sa forme incurable : l’âge.

*

La maîtresse, c’est l’avenir des enfants ! C’est un personnage clé de notre vie. C’est l’école. Seul le savoir, précisément, nous sauvera du malheur. C’est la seule chose que vous emportez avec vous dans la fuite.

*

Le but n’est pas de ne pas faire partie d’un clan, d’une famille, d’une tribu ; le but doit être l’acceptation de l’autre groupe. Ne pas maîtriser ou haïr l’autre famille. Il est normal de parler de sa famille, de son village, de son pays ; c’est parler de soi. Nous ne vivons pas seuls. Nous sommes, inévitablement, membre d’un ensemble, d’une communauté. Mon village, ma rue, mon usine, ma famille… Non seulement ceci n’est pas négatif, mais probablement indispensable.

*

Je n’avais pas pris la peine de vérifier sur la carte l’emplacement de Kaliningrad. Ni de lire, ni. Quelques leçons de russe préalables, à Paris, avec une délicieuse Macha, pour pouvoir sinon parler du moins distinguer les enseignes des bordels de celles de pharmacie.

*

Personnellement je trouve cettee mâle tentative [viol] de N (…) d’autant plus méritoire que la ville de Soviestk, riche de poussière, de maisons grises et sans âme, de rues et de platanes uniformes, ferait débander un régiment de hussards en rut après deux mois d’exercice dans le désert de Gobi.

*

Mais non : ils [les pays baltes] se détestent. Ils n’ont pas la même religion, pas la même langue, pas la même histoire, pas les mêmes espoirs. Chacun regarde ailleurs. L’un regarde vers la Finlande, l’autre vers la Suède, le troisième vers l’Allemagne ou le Zimbabwe, on s’en fout.

Karen Biro-Thierbach :

Regarde, père, nous avons inventé notre propre genre humain, avec quatre passeports, au moins autant de cartes d’identité, et quatre patrie : Suisse, France, Allemagne, Hongrie, avec nos deux filles dont la langue maternelle n’est ni celle de leur mère, ni celle de leur père, mais la langue que nous leur avons choisie.

*

Etrange sentiment d’être déconnectée, comme si j’avais perdu tout sens d’orientation. La géographie, la géopolitique n’ont plus grand sens ici [Isthme de Courlande]. (…) Comme dans "Barrage contre le Pacifique", tout ce que l’homme, au prix d’une énergie sauvage a planté dans ce monde de sable disparaît à nouveau très vite. Combien de fois la dune mouvante a-t-elle restitué des ossements, des restes humains que le vent avait d’abord ensevelis ? (…) Mer, vent, sable et une seule route — à dire vrai, il me semble que nous sommes sur le territoire de la mort.

*

Faire resurgir par le verbe ce passé monstrueux, libérer pour la durée de mon récit les morts du silence et du néant, c’est cela que je veux.
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