Que l’on vous batte ou vous dorlote que l’on vous nourrisse de la meilleure cuisine qui soit ou qu’on vous laisse mourir de faim, que vous viviez dans la crasse et la propreté la plus étincelante, une cage reste une cage.
Il existe toujours une fragile tolérance prédatrice d’un côté, la crainte de ce qui vit dans le noir de l’autre. Mais les humains, s’ils font preuve de prudence, survivent. La plupart du temps, ils survivent.
« Elle ne se rendrait pas. Son corps ne deviendrait pas la propriété de quelqu’un d’autre. Elle résisterait autant qu’elle le pourrait, aussi longtemps qu’elle le pourrait. Elle ne retirerait rien de plus que la fierté de se comporter comme une personne à part entière et non un objet, car la fin demeurerait la même. »
« - Alors, il est temps pour toi d’expérimenter le monde au lieu de te contenter de l’identifier par morceaux. »
« Les terra indigene ne sont pas des animaux qui se transforment en humains ni des humains qui se transforment en animaux. Ceux sont des êtres mystérieux qui ont appris à adopter une forme humaine parce que ça leur convenait. Ils y ont gagné quelque chose, que ça soit la station debout ou l’avantages conféré par les pouces opposables, tout comme ils ont profité de la forme animale qu’ils ont absorbée. »
Il tâcha d’adopter un ton aimable afin qu’elle ne démissionne pas. Vlad détestait autant que lui les formalités administratives à accomplir au départ d’un employé, raison pour laquelle ils avaient tous les deux dû promettre qu’ils ne mangeraient pas ceux qui décidaient de les quitter simplement pour s’éviter la paperasse. Comme Tess l’avait souligné, consommer le personnel sapait le moral des humains et rendait d’autant plus difficile la recherche de nouveaux salariés.
Si tu me fais encore une frayeur comme celle-là, je te dévore !
Il y a de cela très longtemps, Namid donna naissance à de nombreuse formes de vie, parmi lesquelles les créatures appelées humains. Elle leur transmit une part de sa fertilité et leur donna de l'eau de qualité. Comprenant leur nature et celle des autres êtres qu'elle avait crées, elle les isola de manière à leur laisser une chance de survivre et de prospérer. Ce qu'ils firent (...)
Les Autres regardèrent les humains et ne virent pas des conquérants. Ils virent une viande d'un genre nouveau.
— Mais… pourquoi vous êtes-vous enfuie ? Vous vivez dans des endroits spéciaux. On vous couve de tous les soins, on vous donne le meilleur de…
— Que l’on vous batte ou vous dorlote, que l’on vous nourrisse de la meilleure cuisine qui soit ou qu’on vous laisse mourir de faim, que vous viviez dans la crasse ou la propreté la plus étincelante, une cage reste une cage, assena Meg avec passion. On apprend ce que les Noms-qui-marchent veulent que nous sachions, car à quoi sert une prophétesse si elle n’est pas capable de décrire ses visions ? On passe nos journées assises dans des salles de classe, à regarder des images représentant des situations du monde réel, mais on nous interdit de faire connaissance, de nouer des liens d’amitié, de parler, à moins que ça fasse partie d’un exercice. On nous dit quand manger, quand dormir, quand utiliser le tapis de course pour faire un peu d’activité physique, et même quand aller chier ! On est vivantes, mais sans jamais avoir le droit de vivre. Combien de temps résisteriez-vous, enfermé comme ça ?
- Donne-nous le louveteau, le vieux, ordonna l’un des hommes.
- Comment ? gémit Erebus en tournant la tête, comme s’il n’entendait pas bien.
Comme s’il n’était pas capable de déceler le plus infime battement de cœur en territoire Sanguinati, songea Vlad.