AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246467717
134 pages
Grasset (13/01/1993)
3.88/5   82 notes
Résumé :

Août 1982. Vêtu d'un anorak et d'un bonnet de laine, David, douze ans, raconte son calvaire à des policiers de la banlieue parisienne. Depuis l'âge de quatre ans, il a vécu enfermé dans la salle de bains de la maison de ses parents, enchaîné au pied d'un lit, puis cloîtré dans un placard. Pendant ces longues années, sa mère l'a ignoré, battu, brûlé. Ce jour d'été, elle a oublié de refermer la porte et l'enfant s'est évadé.C'est auprès de Tony Lainé, psyc... >Voir plus
Que lire après L'enfant derrière la porteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 82 notes
5
6 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Je vais vous raconter une histoire.
Il y a quelque temps, j'ai emmené ma puce au parc. Un parc magnifique, très boisé, plein de jeux pour enfants, toboggans et tout le toutim.
Dans un coin du parc, un manège égrenait sa musique. Des mômes couraient de tous côtés. Vélos, ballons, trottinettes se croisaient allègrement.
.
À chaque entrée, se trouvait une boîte à livres. Dans ce genre de cas, mes pieds ne m'obéissent plus et foncent sur "mes précieux".
J'adorais ces boîtes, il y avait toujours des livres d'horreur, thrillers, etc. Même si je lis en ebook, je ne boude jamais mon plaisir.
Parmi toutes sortes d'ouvrages, ma main se tend vers un tout petit bouquin noyé dans les plus grands. Je m'en empare et vais m'asseoir sur un banc pendant que la petite s'amuse... et je l'ouvre.
.
J'arrive en plein procès. Un enfant de 12 ans doit témoigner contre sa mère et son beau-père, mais il ne dit rien. Il réclame la clémence. Il le fait pour son petit frère.
.
Voyez-vous, David n'est jamais allé dans un parc pour s'amuser comme tous les autres enfants (ou presque). Il ne sait pas ce qu'est un manège.
Sa mère ne voulait pas de lui. Elle le savait depuis la grossesse.
Alors quand il est né, elle l'a envoyé de nourrice en nourrice, Il y était heureux et choyé.
.
Mais quand il a eu 4 ans, sa mère avait un nouveau compagnon. le couple a eu un bébé, alors David a été repris à ses nounous, pour occuper une place de choix... dans la salle de bains, ou de temps en temps attaché aux barreaux du lit des parents.
Le pauvre gosse a été maltraité, torturé, rejeté de toutes les manières possibles, sans la moindre raison,alors que son petit frère avait une vie "normale".
Inutile que je vous décrive tout en détails.
.
À 12 ans, il a réussi à s'échapper, des professionnels se sont occupés de lui et ont réussi à le faire sortir de son mutisme.
C'est son histoire qu'il a fini par raconter, écrite et publiée par David Bisson et Évangéline de Schonen.
Un récit bouleversant, que j'ai parcouru très vite parce qu'il est court.
.
Curieuse expérience, une telle lecture alors que vous êtes assis bien tranquillement au milieu de rires d'enfants.
.
Vous regardez le vôtre et vous avez subitement envie de le serrer très fort.
Je pense que tout parent ou grand-parent (ou autre) comprendra ce genre d'impulsion...
.
Une fois rentrée chez moi, j'ai posé le livre et oublié d'écrire un retour. Voilà qui est fait.
.
.
Commenter  J’apprécie          8485
L'affaire avait fait la Une de tous les journaux. Août 1982, la France découvre avec horreur l'histoire de ce petit garçon enfermé dans un placard, maltraité par sa mère (peut-on encore dire "mère" d'ailleurs ?) A l'âge de 12 ans, il parvient à s'enfuir de chez lui, profitant que celle-ci ait oublié de retirer les clés. Bien évidemment, ne sachant pas quel jour il est, quel mois, quel temps il fait, David se précipite sur le bonnet et l'anorak de son frère et, c'est ainsi vêtu, sous le regard de tous les passants, qu'il découvre la rue, la liberté. Emmené dans un commissariat, il raconte alors son histoire, terrifiante. Il subit les sévices de sa marâtre depuis qu'il a 4 ans. Il a les mains brûlées. Mais bien plus que le corps, c'est le mental qui est abîmé. On le serait à moins n'est-ce pas ?

Ce livre lui sert d'exutoire. Ce qui est choquant, c'est qu'au procès, David demandera une grâce, sous la pression de son frère, pour sa génitrice, qui ressortira, de ce fait, au bout d'un an de prison. Il ne semble pas lui en vouloir. Je ne suis pas psychologue mais il me semble que nous avons affaire ici au fameux syndrome de Stockholm. A moins que l'auteur ne veuille tout simplement en finir avec toute cette histoire afin de se reconstruire...

Ce qui est intéressant ici, c'est que ce livre, écrit avec simplicité, est une autobiographie. Ainsi, on ne peut pas dire qu'il s'agit d'une fiction... ce qui fait que le lecteur en a des frissons. Malheureusement, depuis cette affaire, les maltraitances envers les enfants ont gagné du terrain.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          664
Je pense que tout le monde ressent la même chose face à ce genre de témoignage. de l'écoeurement, de l'incompréhension & de la haine.

David a vécu 8 ans attaché & enfermé comme un chien. Pire. Il n'a jamais su pourquoi sa mère ne l'aimait pas, puisqu'elle aimait son petit frère. Son beau-père ne disait rien, sûrement impuissant face à cette femme puisque David n'était pas son fils à lui. Il était d'abord attaché dans la salle de bain ou dans les toilettes, à voir les allers & venus de chacun, comme s'il n'était pas là.. À subir ce qu'on lui montrait alors que ce n'était qu'un petit garçon.. Puis il a été attaché au lit familial. Pour finir, il a été enfermé dans un placard. Dans le noir. Pendant tout ce temps il a subi la colère de sa mère. Crises qui n'étaient aucunement justifiées puisque David ne faisait rien de mal. Que pouvait-il faire, attaché ? Jouer ? C'était punissable apparemment.

Des passages m'ont énormément marqués. Sa mère était d'une telle violence. Je me demande comment c'est possible. Il garde des traces, physiques & morales, dans sa vie d'adulte. On n'efface pas le passé. On vit avec. J'ai de la peine pour David. Beaucoup. Aucun enfant au monde, si turbulent soit-il (même si là, ce n'était pas le cas), ne mérite un enfer pareil.

Pourtant, David a toujours su garder courage & espoir. Dix ans à peine, il pensait déjà à la mort mais il a toujours fait face. J'admire beaucoup sa ténacité , sa patience & même son pardon.

Je ne critiquerai pas la façon d'écrire de David, ce n'est pas le but dans ce genre de roman. Il écrit avec son coeur, avec ses souvenirs, avec sa peine. Aucun mot n'est vraiment qualifiable pour exprimer ce qu'il a vécu. Il a voulu en parler, faire partager cet enfer pour se sentir mieux & j'espère juste que ce genre de témoignage fait réfléchir certaines personnes & donne du courage à ceux qui ont été dans le même cas, car beaucoup d'enfants ont subi ce genre de maltraitance. Ce livre est très touchant & très émouvant.
Lien : http://laviedeslivres.cowblo..
Commenter  J’apprécie          73
Une lecture que j'ai découverte relativement jeune, donc assez impressionnable. Mais qui ne le serait pas face à de telles horreurs? Un livre difficile encore une fois car il touche à la douleur de l'enfant, physique et psychologique. A ne pas mettre en toutes les mains.
Commenter  J’apprécie          114
Tout comme "Tim Guenard", "Laurent Gay", "Boris Cyrulnik", "David Bisson" fait parti des enfants ayant fait preuve de résilience.
J'ai pu correspondre un peu avec David, il est très sympathique, et j'aimerai souligner cette erreur que beaucoup de gens pensent :
"Les adultes reproduisent ce qu'ils ont vécu étant jeune"
Bien au contraire c'est faux, et la preuve sont les gens que j'ai susmentionné.
Dire cela est insultant, David vie normalement et échange facilement.
Il ira encore plus loin dans la résilience avec le pardon pour sa mère.
Voici pourquoi :
Pour le punir par exemple, elle le surprendra en train de jouer, ou parce qu'il ne finit pas son écuelle, lui brûle la main au troisième degré... le jour du procès, à la demande de son frère, il implorera l'indulgence pour sa mère et, quelque temps plus tard, une mesure de grâce auprès du Garde des Sceaux.
David a été aidé par un spécialiste de l'autisme car il a été huit ans de sa vie enfermé : de quatre à neuf ans attaché à un tuyau de la salle de bains, de neuf à onze ans au pied du lit de ses parents, de onze à douze ans, dans un placard.
Un témoignage d'espérance.
Commenter  J’apprécie          55

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'appartement de Brétigny était beaucoup plus grand. On entrait directement dans un couloir assez large. La cuisine, en face de la porte, était grande et claire. En continuant le couloir, le salon était à droite, avec une double fenêtre. Puis la salle de bain, sur la gauche, et tout de suite après, la chambre des parents. En face, la chambre de mon frère ; et, coincé entre les deux chambres, au bout de l'appartement et du couloir, mon placard.
Elle m'a fait y entrer, immédiatement, en arrivant. Sans un mot. Sans un moment de répit pour souffler.
Le placard mesurait deux mètres sur un mètre soixante-dix. Je l'ai lu dans le dossier, plus tard. avec des étagères sur un côté.
Ils ont rangé leurs affaires. Ils se sont installés.
Elle m'a amené un seau - il n'était pas question pour moi d'aller dans les WC qui étaient attenants à la salle de bain, dans le couloir ; c'était trop loin - et un matelas en mousse, qu'elle a posé sur les étagères. Puis elle a fermé la porte du placard à double tour. J'étais à nouveau enfermé.
Et là a commencé une autre catégorie de souffrances. Ce n'était plus les coups, mais l'oubli, l'abandon total. Quand j'y repense maintenant, il vaut peut-être mieux prendre des coups que de rester seul, en silence, dans le noir. Je n'avais plus aucune vue sur rien. Pas une lueur ne parvenait à travers la porte. Le noir complet.
Au début, elle m'amenait une gamelle, assez régulièrement. Je veux dire le soir et le matin. Puis, petit à petit, ce fut n'importe quand, et en sautant des jours.
Elle m'oubliait au fond de mon cachot. Je n'existais plus. J'étais rayé. Fini.
Commenter  J’apprécie          370
Il était attaché au tuyau entre le lavabo, les W.C et la baignoire. Il avait une chaîne autour de la taille et une autre chaîne attachait au tuyau. Il y était assis avec la tête tournée vers le mur.
Elle lui donnait la nourriture dans une gamelle et parfois elle ne la lui donnait pas. De temps en temps quand David avait soif il buvait l’eau qui restait dans les robinets et parfois il buvait l’eau dans les W.C.
Commenter  J’apprécie          30
Après mon évasion, j'ai atterri dans un foyer de la DASS, où je suis resté peu de temps. Je n'avais aucune idée sur rien. Au départ, tous les hommes devaient être comme le beau-père et toutes les femmes comme ma mère, sans doute. J'étais dans une totale inconscience des choses. On pourrait dire naÏveté. Ou plutôt comme un animal. Un véritable arriéré mental!
Les mots, en eux-mêmes, ne représentaient pas grand chose. Sauf ceux du strict minimum vital. Je pensais qu'il suffisait d'apprendre à lire et à écrire et qu'àprès on pouvait tout faire!
C'est à dire n'importe quel métier! ...
J'avais des rêves, comme ça, de devenir pilote de ligne ou conducteur de train! ... J'ai vite déchanté!
Au tout début de ma vie en liberté, j'ai débarqué à l'école du foyer. J'ai appris à lire et à compter. Là, ça allait. Même si le rythme était assez dur à suivre.
J'étais avec des enfants plus jeunes que moi. Aux repas, je me souviens, je mangeais comme un rapace, je finissais tous les plats. Je crois que j'étais assez violent.
Quelques mois plus tar, on m'a mis dans un foyer du ministère de la Justice, à Evry. J'avais douze ans. Evry, c'était comme une petite famille. Nous n'étions pas nombreux. J'étais un peu sauvage. Je faisais beaucoup de bruit. Je parlais beaucoup. Ce n'est pas que les autres me faisaient peur, mais je n'avais pas l'habitude.
Les éducateurs m'ont appris à vivre. J'ai continué à aller à l'école. J'apprenais la vie: parler, jouer, manger, se bagarrer. Enfin tout, quoi! Tout était important.
Commenter  J’apprécie          00
Et la nuit revenait.
Et la terreur s'installait.
C'était la nuit surtout qu'elle me massacrait, qu'elle me passait à tabac.
Commenter  J’apprécie          100
Les douleurs physiques s'oublient vite. Elle a toujours essayé de me faire mal, très mal, un vrai bourreau. Ma douleur est morale.
Commenter  J’apprécie          40

>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie générale et généalogique (557)
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de David Bisson (1) Voir plus

Lecteurs (259) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..