Ah ça fait vraiment plasisir de livre un ouvrage de jeu de rôles qui donne une aussi furieuse envie de jouer là maintenant, tout de suite...
Fate of Cthulhu est à la fois complètement barré et tout à fait cohérent, dans une logique non euclidienne, bien entendu.
On y joue une équipe de personnages contemporains et d'agents venus du futur pour empêcher l'avènement d'un grand ancien. Les joueurs ont une petite idée de la trame temporelle qu'ils vont essayer d'empêcher, comme dans Terminator, ou dans l'armée des douze singes, sauf que là, une partie des événements à empêcher sont mi ésotériques, mi mondains.
Le jeu se démarque des lovecrafteries habituelles par son traitement de la corruption. Il ne s'agit pas ici de folie, bien que tout semble un peu fou dans cet univers bien entendu, il s'agit de corruption physique ou mentale qui se gère, grâce au système Fate par des aspects que le MJ peu contraindre. Avec la corruption viennent des pouvoirs, mais les utiliser entraine plus de corruption, à utiliser avec modération donc. D'autant qu'il y a deux compteurs dans un scénario : les succès des personnages contre le mythe, et les corruptions qu'ils acceptent ou causent. Dès qu'un compteur est à 4, c'est la trame temporelle qui est significativement changée, en bien ou en mal selon le compteur.
C'est vraiment un système très bien pensé pour jouer le concept de corruption ET les changements de trame temporelle, et un fabuleux ressort pour l'improvisation au coeur des scénarios. Parce que tout le système FATE est conçu pour improviser des rebondissements fabuleux, et parce qu'ici il est vraiment utilisé jusqu'au bout du concept.
Enfin, cerise sur le gâteau, nous avons plusieurs campagnes de grande ampleur, autour de l'avènement de plusieurs grands anciens. Pour chaque campagne, il y a 4 événements clé, qui sont autant de scénarios haletants pour sauver le monde. Pour chacun, les événements sont bien conçus, passionnants à lire, donnent envie de jouer, et bien évidemment, il y a à chaque fois un twist intéressant parce que les personnages n'ont qu'une connaissance partielle des événements. A jouer avec de très bons joueurs, ça doit être absolument jouissif. En tous cas, ça l'est à lire et à imaginer comment ça peut se mettre en scène.
Une réussite totale magistralement traduite en français par 500 nuances de Geek.