Le roman de
Bernard Blethon nous emmène en première intention, pour quelques jours, en villégiature à Copenhague.
Son personnage principal, un cinquantenaire au profil flou, désigné par le narrateur uniquement à l'aide du pronom personnel "il", y retrouve une lointaine aventure amoureuse de ses jeunes années. L'homme, traversé par des émotions nouvelles, déstabilisantes et parfois contradictoires, va tourner, à la faveur de cette occasion, son regard vers son passé de post-soixante-huitard.
De bribes de souvenirs diffus en anecdotes oubliées, c'est son chemin de vie qu'il va passer au crible, lentement, sans complaisance, sans regrets ni nostalgie mais presque avec fatalité. Un constat doux-amer fait de désillusions, d'idéaux détournés par un quotidien de contraintes et peut-être, au final, de l'éloignement définitif de cette sève essentielle, aveuglément fougueuse que l'on nomme la jeunesse.
Cet ouvrage se singularise en premier lieu par le climat particulier qui y règne dans sa totalité. Une atmosphère brumeuse et feutrée entoure le lecteur dès les premières lignes et l'amène à réfléchir et s'interroger sur sa propre existence en épousant les considérations introspectives d'un "héros" ordinaire anonyme.
Vous ne trouverez ici ni accélérations, ni virages à angle droit mais plutôt une lente dérive ouatée au coeur de la pensée humaine et des questions philosophiques qui l'habitent.
L'omniprésence du narrateur, juste émaillée par quelques dialogues et servie par une plume riche et souvent poétique, donne un ton apaisé et une distance à l'ouvrage qui en font tout le charme.
Pour conclure, si vous aimez flâner en littérature, voguer sur les canaux sinueux de l'esprit et de son rapport au monde, vous ne pourrez qu'apprécier ce voyage à bord de ce bien joli livre.