Guides bleus. Rome

Dédicacée à ma banane Calypso

Mon guide bleu de Rome a succombé aux pluies torrentielles qui sont tombées sur la ville éternelle lundi dernier. Sa couverture est arrachée, ses pages sont gondolées, il n'est toujours pas sec. Il m'a beaucoup servi, je souhaite lui rendre hommage.
Qu'on se figure un groupe de 90 élèves et 8 professeurs arrosés d'une pluie drue et continue dans des vents tourbillonnants...Aux thermes de Caracalla**, je ne peux sortir mon guide, car d'une main je tiens mon parapluie, et de l'autre je tente de regrouper mon troupeau. Entre deux hurlements de blizzard et d'élèves ("c'est quand qu'on va à l'hôtel ? -Dans dix heures, petit scarabée. -Naan !? -Si".) , je me souviens des plans du bâtiment et des dates, des anecdotes si souvent consultées, des mosaïques et de leurs significations si clairement expliquées dans mon guide bleu...Mais je ne peux rien dire car personne ne m'écoute et que j'ai trop froid pour ouvrir la bouche. A un moment, je montre les bassins, et l'un de mes Hobbits les plus spirituels me fait remarquer qu'effectivement, ça baigne...
Sur le chemin entre les thermes et le Colisée, nous longeons le Palatin sans le voir, capuche sur les yeux, parapluie comme unique horizon. Je cherche de mémoire si le guide possède une entrée "trottoirs romains", mais je ne m'en souviens pas...
Au Colisée***, nous faisons la queue une demi-heure sous la pluie battante, certains s'achètent des parapluie, d'autres des "ponchos" en plastique type pélerin en difficulté. Je pourrais faire un speach sur le monument, appuyé sur l'article Colisée ***, mais mes mains gelées m'empêchent d'ouvrir mon sac, ma voix refuse de rassembler les élèves aux lèvres bleues et aux pieds glacés qui refusent désormais d'avancer. Accueillis dans le Colisée*** par une bourrasque de vent glacial et une intensification des pluies, nous refusons en bloc de monter au second étage, et nous nous précipitons vers la sortie. Ayant perdu les quatrièmes et la moitié des troisièmes dans ce qui s'apparente au naufrage du Titanic, nous nous serrons dans les coursives au premier niveau d'arcades (ordre dorique), adoptant la technique des manchots de l'arctique. Nous discutons brièvement de la rapidité d'évacuation possible du Colisée*** par le système de ses 80 portes d'entrée, puis nous entrons en mode survie, cerveau ralenti, corps concentrant la chaleur sur les organes vitaux.
Après deux heures passées dans une pizzeria (non repertoriée), nous tentons une percée vers le forum romain *** et les forum impériaux **. Nul ne sentant plus ses membres, au complet par miracle, nous nous engageons sur la via sacra * et nous ne voyons rien que de l'eau, de l'eau de pluie, de l'eau de là-haut. A la sortie, nul ne souhaite lever les yeux vers la colonne trajane***Direction la Stazzione Centrale Termini ...Pas d'étoiles !!!Scandaleux !!! C'est pourtant le bâtiment que nous avons préféré avec : son toit encore en place, son chauffage en fonctionnement, sa lumière électrique, son charmant petit café où l'on peut boire de délicieux breuvages italiens et manger tout ce qu'on veut !! A l'abri du vent et de la pluie ! Moi je dis, pour mon nouveau guide bleu de Rome (car il faudra bien que je le rachète) : Stazzione Centrale Termini : ********** !!!