La gauche, de son côté, est déchirée entre ceux qui considèrent que
l’orientation précoce vers l’enseignement professionnel ne constitue
qu’une étape dans un processus de démixtion sociale, mettant
progressivement à l’écart des jeunes essentiellement issus de milieux
défavorisés. Ils estiment, en conséquence, qu’il est indispensable
– quoi qu’il en coûte – de faire cohabiter le plus longtemps possible
tous les élèves, y compris ceux qui sont le plus en difficulté, au sein
d’un dispositif éducatif unique, inclusif. D’autres, à gauche, moins
nombreux, appartenant à une gauche acceptant d’être qualifiée de
« gauche bac pro » par opposition à la précédente, que l’on pourrait
étiqueter de gauche fondamentaliste, considèrent qu’il est nécessaire de
proposer une voie médiane en agissant tout à la fois sur le temps court,
afin de sortir les élèves le plus en difficulté des situations inextricables
dans lesquels ils sont plongés, mais, simultanément, en investissant
sur le temps long afin de faire en sorte, qu’à terme, ces élèves soient
de moins en moins nombreux à être ainsi en difficulté. Cet ouvrage
recense les réussites engrangées, mais aussi les obstacles rencontrés
en chemin par les tenants de cette politique, moins idéologique, plus
proche du terrain, celle d’une « troisième gauche »
La seconde concerne la décision d’orientation : la voie professionnelle est celle vers laquelle est aiguillé un collégien sur trois à l’issue de la classe de 3 e , après décision du conseil de classe, une décision qui peut ne pas être conforme à son vœu d’orientation.
Un tiers des collégiens ainsi orientés – ceux qui sont le plus en difficulté –
préparera un certificat d’aptitude professionnelle (CAP). Les deux autres tiers s’engageront dans la préparation d’un baccalauréat professionnel – très majoritairement comme lycéens au sein d’un lycée professionnel.