« le fils. L'amant. La pute. Je pouvais incarner ce que les autres voulaient que je sois.
C'est dans leur besoin que je me construisais. Dans leur envie que je me solidifiais. »
Une citation en préambule, c'est bien commode pour entamer un commentaire et donner une sonorité, une ambiance, une couleur particulière au roman que je viens d'achever.
C'est également bien pratique pour exprimer un ressenti que je ne parviens pas à exprimer clairement, encore sous les émotions de cette histoire à la crédibilité troublante.
C'est le roman de la métamorphose de Victor, jeune homme mièvre et introverti.
« Est-ce qu'on pouvait passer une vie comme ça, à l'écart du monde, à regarder les autres s'échiner à trouver un sens à leur existence. »
Pour ce jeune provincial, Hypokhâgne à Paris sera son exutoire et un drame en sera son révélateur, l'éclaircissement d'un chemin de vie.
Jean-Philippe Blondel décortique avec justesse et lucidité les bouleversements qui atteignent Victor. A-t-il bénéficié du malheur d'autrui pour exister aux yeux de ses camarades de promotions, pour s'affranchir de la gangue oppressante du mal-être ?
L'ascension de l'échelle sociale lui permettra-t-elle de se réaliser dans ce qu'il imaginait être une réussite ?
Des existences en question, des vies en devenir et d'autres en dévastation, c'est ce chassé-croisé que propose l'auteur avec beaucoup de distinction et de pertinence qui quasiment à chaque phrase prête à réflexion.
Finalement, comme je ne suis pas sûr d'avoir formulé pleinement mes sensations au sujet de ce roman, je termine donc ce commentaire sur une citation dont je reste persuadé de la véracité : « Dans les familles ou les sentiments s'expriment, les enfants doivent être moins enclins à escalader les rampes et à se jeter dans le vide. »