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EAN : 9782228888660
334 pages
Payot et Rivages (08/01/2006)
3.73/5   31 notes
Résumé :
Dans les familles d'autrefois, jusqu'au milieu du XXe siècle, on menaçait les enfants indociles de la « maison de correction ». Le souvenir était encore effrayant de ces prisons qui tenaient du couvent, de la caserne et du pénitencier. Depuis des décennies, on y enfermait sans distinction et sans pitié des bâtards, des orphelins, des sauvageons, coupables de vagabondage ou d'un simple vol de pain. Pour des années parfois, ces détenus de 6 ou 10 ans, mélangés à de vr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

La pandémie et la guerre actuelle sur 2 fronts, Ukraine et Gaza, poussent probablement à des considérations nostalgiques du "bon vieux temps".
À la lecture du sort des enfants condamnés au bagne, jusqu'à une date relativement récente, c'est une tout autre réalité que l'auteure nous présente.

Ce qui m'a frappé dans cette analyse approfondie de Marie Rouanet, c'est que le traitement inhumain des gosses en marge de la société, orphelins ou abandonnés,
a perduré si longtemps en France, berceau du siècle des lumières. Il est vrai que l'auteure se limite à la France et qu'ailleurs la situation n'était vraisemblablement guère mieux. Souvenons-nous des malheurs de David Copperfield, le petit héros de Charles Dickens, dont la première édition de ses aventures remonte à 1849.

Toujours est-il que les choses n'ont commencé à changer qu'après une visite de l'impératrice Eugénie au centre de la Petite Roquette de Paris, le 22 juin 1865. Comme le note l'auteure : "Ce n'est pas que l'impératrice eût pitié...mais elle fut conspuée."
Dès août 1865, le quartier cellulaire de la Petite Roquette fut fermé et les enfants détenus envoyés dans d'autres colonies.

Pour rédiger son ouvrage, Marie Rouanet, née en 1936 à Béziers dans l'Hérault, a patiemment épluché de nombreuses archives et s'est entretenue avec maints témoins.
Comme elle indique dans l'avant-propos de son livre, paru initialement en 1992, c'est l'ignorance générale du pouvoir exorbitant des parents ou des tuteurs qui pouvaient faire enfermer un enfant mineur et indocile. Elle ajoute : "Nous ne savions pas grand-chose non plus des maisons de correction".

Ses recherches se sont concentrées sur quelques centres types, tels ceux de la Petite Roquette de Paris, du Pénitencier du père Barthier à Toulouse, celui de Sainte-Radegonde près de Rodez, celui de Pezet près de Villefranche-de-Rouergue, la Colonie agricole de Vailhauguès près de Montpellier, etc.

Ce sont les exemples concrets que Marie Rouanet cite dans son opus qui nous font comprendre pleinement l'horreur des abus que ces pauvres enfants, filles comme garçons, ont dû subir.
Ainsi, sur les 281 enfants détenus au pénitencier de la capitale en 1858, 58 avaient commis de vols simples et pour les autres, il ne s'agissait que de mendicité et de vagabondage.
Honoré Cabanier par exemple, un petit berger, a écopé jusqu'à 20 ans dans une maison de correction pour le vol de comestibles !

L'auteure nous décrit également comment une journée standard se passe pour ces enfants dans des centres pénitenciers, et qui se caractérise par de longues heures de travail et une nourriture pauvre et insuffisante.

Bref, Marie Rouanet a accompli un travail des plus rigoureux sur un sujet fort méconnu, mais fatalement, de par le thème même, dur et donc pas exactement agréable à lire.
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Un livre coup de poing: voici ce qu'on faisait aux enfants, et pas seulement aux enfants délinquants, mais aux enfants orphelins, aux enfants vivant de la mendicité, aux enfants maltraités et retirés à leurs familles maltraitantes..

En France, ici, chez nous, dans nos bonnes villes, dans nos vertes campagnes...

Et cela se passait il n'y a pas 50 ans.

Marie Rouanet, la bucolique, la sensitive, prend ici sa plume la plus froidement factuelle et dresse le constat impitoyable d'un système pénitentiaire aberrant, qui confond prévention et punition, protection et contamination, mise en garde et déréliction absolue..

A lire de toute urgence, quand repointent - avec les mots de sauvageons, de racaille, de nettoyage au Kärcher- les notions de juridiction d'exception d'éducation surveillée, de centres fermés .. qui sont les tristes réponses que donne notre société violente à la violence désespérée qu'elle génère.
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C"est l'histoire de mon père qui a grandi à Tatihou...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Enfants d'hier, dans leur prison collective ou dans ces cachots d'où ils sortaient après dix, quinze, vingt jours, surveillés au fouet, rentrant en silence dans les réfectoires tout cela se rejoint quelque part du côté de l'ombre et que ces cris dans le soir sont les anciens cris retenus. J'accueille, je recueille et je cueille, je laisse le temps devenir long. l'ombre du soir lutte contre la blancheur du givre.Je me tais au milieu des champs car il n'y a pas de revanche possible.
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Jusqu'à l’installation de la colonie, le village a des morts sans histoire. On est même surpris de la longévité des habitants, du peu de décès au fil des années.
Mais à partir du moment où la colonie agricole pénitentiaire est installée au domaine de Montlobre, les listes s'allongent sinistrement. le bilan est effrayant.
Jusqu'à la fermeture de la colonie, les jeunes détenus représentent au moins la moitié des morts de tout le village, parfois les trois-quarts, parfois plus encore..
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Ce sont les filles de Marie, solidement repenties de leur vie de débauche, qui surveillèrent les délinquantes, en particulier au dortoir, et c'est peut-être dans leur expérience de la vie, dans leur connaissance intime du vécu de ces fillettes qu'il faut voir une des raisons de la réussite de la Solitude[ de Nazareth], qui passa à travers Empire et Républiques tranquillement, harmonieusement peut-on dire, et fonctionne toujours aujourd'hui en foyer d'éducation spécialisée.
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" E carne qui era cotta
Torna crura. "

(Et la chair qui était cuite redevient crue.)
Dire corse

(page 9).
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Deux garçons, Fabry et Ferrieux se sont évadés ensemble.
Le rapport de gendarmerie explique:
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Vidéo de Marie Rouanet
La bèla Marion
>Sciences sociales>Problèmes et services sociaux. Associations>Etablissements pénitentiaires (54)
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