Un roman choral truculent, foisonnant, riche et astucieux, très astucieux !
On est en 1970 , à New-York et Shawn , jeune black habitant le quartier d'Harlem doit échapper au gang qui a tué devant lui, son meilleur ami . Il trouvera refuge au Dakota , à Manhattan, (immeuble qui deviendra mythique ); son oncle y dirige "quarante-neuf membres du personnel, de jour et de nuit, pour quatre-vingt-treize appartements. Des liftiers, des portiers, des factotums, un type dans chaque ascenseur, des concierges, un préposé au courrier..." . Shawn deviendra le premier black à y travailler .
Le Dakota a été "commandé " pour ressembler à un château , appartements immenses "tous différents", "certains ont jusqu'à vingt pièces", "cinq mètres de hauteur sous plafond", immense hall d'entrée, "domesticité" aux petits soins pour les habitants ...
Et quels habitants !
Lauren Bacall ,
Léonard Bernstein ,
Rudolf Noureev. de quoi vous rendre un peu snob ...
Polanski se verra refuser de tourner les scènes de" Rosemary Baby" à l'intérieur du Dakota, il ne filmera que l'entrée ...Quand
John Lennon voudra y acheter un appartement , certains propriétaires s'y opposeront ! On connaît la suite ... le Dakota deviendra l'immeuble devant lequel
Lennon a été assassiné et rentrera dans la légende .
Mêlant habilement l'Histoire du Dakota , les petites anecdotes de ses célèbres propriétaires et celles de personnages totalement fictifs, Ariane Bois dresse le portrait de New-York, des années 70 à 95 . de Harlem à Manhattan, de la communauté black à celle des nantis, des homos aux juifs en passant par les fêtes mémorables de New-York et ses lieux de nuit : tout est survolé , un peu à la manière d'un
Amistead Maupin et ses "Chroniques de San Francisco" .
C'est agréable, instructif , distrayant , foisonnant . On se dit que la société a bien évolué pour certaines minorités , ou qu'il reste du boulot à accomplir, des oeillères à faire sauter ! On n'a pas envie de laisser Shawn et les autres, voguer vers une autre partie de leur vie en toute discrétion, qu'on ferait bien encore un bout de voyage avec eux ... On se dit aussi qu'on habiterait bien le Dakota dans une autre vie !
Dakota Song , c'est comme une chanson douce que nous aurait chanté les actualités, toutes ces dernières années , j'ai adoré .
Il parait que lorsque je suis allée à New-York, on est passé devant . Je ne me souviens de rien ... C'est" ballot" , il va falloir que j'y retourne ! ;-))