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Parmi les alpinistes qui me font rêver, Walter Bonatti tient une place toute particulière, parce qu'il a été un extraordinaire grimpeur, mais aussi parce que j'éprouve une grande admiration pour l'homme.
L'éditeur Michel Guérin le dit dans sa postface : "Bonatti est un mythe pour les alpinistes du monde entier." Oui, Walter Bonatti est un mythe : un mythe parce qu'il a accompli des ascensions fantastiques, un mythe parce qu'il était lui-même un homme exceptionnel. Pierre Mazeaud l'écrit dans sa préface : "Pour moi, il est assurément le plus pur de tous."
"Pur" est bien le mot qui convient : Bonatti était un puriste, un véritable amoureux de la montagne, respectueux de la nature, qui ne cherchait pas l'exploit pour l'exploit, mais pour qui chaque nouvelle course n'était pas une confrontation mais une communion avec les éléments.
La carrière d'alpiniste de Walter Bonatti est riche de nombreuses prouesses et pourtant, la vie ne l'a pas épargné. Ayant très jeune montré des capacités hors-norme, il fit partie à seulement vingt-quatre ans des alpinistes sélectionnés pour constituer l'équipe italienne chargée en 1954 de conquérir le K2, deuxième plus haut sommet de la planète. Les Italiens réussirent, le K2 fut vaincu. Mais l'expérience fut amère pour Bonatti qui subit trahison et mensonges de la part des "vainqueurs", une épreuve douloureuse qui le laissera changé à jamais et qui le détournera pour toujours des grandes expéditions, ne le faisant s'investir que dans des projets en solitaire ou avec un petit nombre d'amis fiables, triés sur le volet. (Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille "L'affaire du K2" du même auteur.)
Dans le chapitre consacré au K2, Bonatti conclut en disant : "Cela marque d'une façon indélébile l'âme d'un jeune homme et déstabilise son assiette spirituelle encore insuffisamment affermie." Si cette sordide affaire l'amena à tirer un trait sur une certaine forme d'alpinisme, Walter Bonatti eut une carrière riche d'ascensions extraordinaires aux quatre coins du monde. Ce livre, dans lequel il nous les raconte, en témoigne.
Je ne vais pas vous faire la liste, année après année, de ses exploits : vous trouverez tout dans ce livre très complet dans lequel, à travers des récits d'alpinisme, Bonatti se raconte avant tout. Sa façon de vivre la montagne, son avis sur telle ou telle pratique, sur l'évolution des techniques et des mentalités. C'est passionnant.
Les récits des différentes ascensions sont fascinants. Walter Bonatti est un excellent conteur. Il sait restituer les différentes sentiments qui le traversent : la peur, le découragement parfois, l'exaltation, la joie pure et intense lors de l'arrivée au sommet. Bonatti raconte les conditions météorologiques difficiles, les bivouacs tantôt agréables tantôt laborieux et exténuants, les voies risquées, les décisions difficiles à prendre, les joies et les peines, les réussites et les échecs, les accidents et les pertes douloureuses des compagnons de cordée.
Si le récit est la plupart du temps sérieux, tour à tour descriptif et introspectif, Walter Bonatti ne manque pas d'humour, comme à la fin du chapitre consacré à la mythique face nord des Grandes Jorasses. Après une ascension difficile, qui a nécessité sept bivouacs, dans des conditions souvent peu confortables et peu reposantes, l'alpiniste rentre chez lui : "J'appelle un taxi qui me ramène chez moi. C'est le comble : là non plus, personne ne m'attend. Pendant une bonne heure, je reste enfermé à l'extérieur, devant la porte : c'est là mon huitième bivouac."
L'émotion n'est pas en reste, présente naturellement dans tous les récits et en particulier dans le chapitre "Adieu, alpinisme" dans lequel Walter Bonatti explique les raisons qui l'ont poussé à prendre la décision d'arrêter de grimper. Il ne va pas pour autant mener une vie de sédentaire, bien au contraire ! Il va parcourir le monde en tous sens et s'exprime ainsi : "Mon choix n'est pas une trahison envers la montagne, mais l'intégration de mon amour pour la nature tout entière."
Montagnes d'une vie est un livre magnifique, surtout dans l'édition Michel Guérin, dans laquelle le texte est enrichi de photos soigneusement choisies : Michel Guérin est allé lui-même chez Bonatti et le choix des photos s'est fait à deux.
Montagnes d'une vie est un livre-témoignage d'un alpiniste de légende.
Walter Bonatti a vécu une vie extraordinaire. Une vie pleine, riche d'aventures et de rencontres. Il a su tirer profit de chaque expérience, positive ou négative, pour apprendre, réfléchir et devenir l'homme rare qu'il était. Pierre Mazeaud dit de lui dans la préface : "Pour moi, Walter est sans doute un héros de légende mais c'est avant tout un homme de vérité qui a tout simplement du coeur."
Si vous voulez en apprendre plus sur Walter Bonatti, je vous conseille la video suivante : https://www.youtube.com/watch?v=5l6sB-WfoG8. Mauro Scardovelli y raconte d'une façon vivante (en italien) quelques anecdotes très révélatrices de la personnalité de Bonatti.
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Nastie92, Pierre Mazeaud, Michel Guérin et même Dino Buzzati sont enthousiasmés par ce livre et par Walter Bonatti.
Moi, un peu moins. Mazeaud écrit : « Que Walter Bonatti soit l'un des plus grands alpinistes de la lignée des Comici, Cassin, des Preuss, Heckmair, comme des Allain et Terray, personne n'en disconviendra. Mais pour moi, il est assurément le plus pur de tous. Ses réussites exceptionnelles, la joie et la fierté qu'il en retire ne sont rien aux côtés de ses échecs et de la douleur qu'ils ont entraînée, blessure qui ne cicatrisera jamais ». Et je suis complètement d'accord.
L'ennui, c'est que cette blessure, aggravée par les polémiques (certaines compréhensibles, d'autres créées par des incompétents et probablement par des malhonnêtes) aigrissent ce grand alpiniste et son livre.

J'ai vraiment aimé les descriptions des ascensions, qu'elles se soient terminées dans le bonheur ou la tragédie. Quelques pages de magnifiques descriptions m'ont également touché. Bonatti ne parle pas de sa vie (mais ce n'est pas son premier livre), mais ce qu'il dit de ces montagnes choisies et de la façon dont il les a vécues suffit à mon bonheur.

J'ai ensuite été perturbé par l'explication du renoncement de Bonatti à l'alpinisme de haute difficulté, à l'âge de 35ans. Il n'était pas tenu de justifier son choix, mais l'amertume de son explication m'a fait mal (pardon, Bonatti, bien moins qu'à vous, bien sûr) : « Je vis depuis des années dans une ambiance accablante, qui touche aux limites du supportable. Il n'y a pas autour de moi cette atmosphère amicale qui engendre la sérénité. L'autodéfense énervante à laquelle j'en suis réduit m'use et me démoralise. Je déteste jouer les victimes, mais c'est la vérité. En conclusion, ce n'est pas la montagne qui m'a déçu et lassé, mais l'opacité, la bêtise et l'étroitesse de vue d'un certain « clan » avec lequel j'ai toutefois essayé de maintenir des rapports au moins formels. Aujourd'hui cependant je ne suis plus disposé à le faire. »
Je suis gêné par ce sujet, et par ce qui est dit : pas de noms, peu de faits précis, et même si Bonatti était un pur, il a été lié à des drames, et à une certaine forme de compétition, à beaucoup de publicité. Il était un homme public, et c'était aussi son choix ; il critique le sponsoring, mais a aussi bénéficié du soutien des media.
Un autre aspect qui m'a gêné est sa défense, polémique, de son style d'escalade. Oui, il a voulu aller jusqu'au bout des moyens traditionnels, jusque dans l'escalade artificielle, et je comprends qu'ils soit choqué que l'arrivée en montagne du tamponnoir puis du perforateur fausse complètement les comparaisons. Faut-il pourtant rejeter tout ce qui n'est pas sa méthode ? La règle du jeu est arbitraire et évolutive, ses prédécesseurs ont refusé les pitons d'assurance, les crampons à pointes avant, la progression en s'aidant des pitons etc. Personnellement, une voie protégée en perçant des trous, mais gravie sans aucun point d'aide ne me choque pas plus que les lancers de corde de Bonatti. A condition bien sûr de ne pas comparer les exploits des générations différentes. Mais pourrait-on les comparer quand de toute façon la connaissance du terrain, l'amélioration des moyens de communication et de secours, et le matériel ont fait disparaître la prise de risque et l'aventure de nos aînés (sauf peut-être sur quelques parois au bout du monde (voyez ce film incroyable : Meru)).

Lisez pourtant ce livre (si possible dans la magnifique collection rouge des éditions Guérin, en grand format avec les photos ajoutées et quelques compléments), les premiers chapitres sont enthousiasmants, et il y a ensuite des pages tragiques, bien écrites et parfois même humoristiques, que je vous recommande chaudement. Faites confiance à la critique de Nastie, elle dit l'essentiel.
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Ce livre, publié dans la collection "Hors Limite" des éditions Arthaud, incarne à la perfection l'esprit aventureux. Walter Bonatti y partage quelques unes des ascensions marquantes qui ont jalonné sa vie d'alpiniste de l'extrême.
J'ai admiré l'engagement, la technicité, l'ingéniosité de son escalade du Grand Capucin. J'ai compati à sa douleur lors de la tragique retraite du pilier du Frêney. J'ai été impressionné au Mont Blanc, par la magie et la poésie de sa vision de la montagne.
Ces histoires ne dépeignent pas seulement une figure héroïque, malgré l'endurance et la force de caractère de Bonatti. Elles révèlent aussi les faiblesses d'un homme, son orgueil, son ego, que l'auteur laisse transparaître avec sincérité.
Animé d'une volonté remarquable, l'auteur nous invite à poursuivre nos rêves et à mener nos propres aventures, dans une quête peut-être intérieure.

Ce classique de la littérature alpine mérite sa renommée, de part sa dimension terriblement aventureuse, mais aussi par sa capacité à entraîner une réflexion qui depasse le cadre du sujet abordé.
À lire sans réserve, pour puiser de la force et se libérer.
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Walter Bonatti, 1930-2011, est un alpiniste italien connu des années 1950-1965. Dans ce livre, il raconte ses ascensions depuis 1951 jusqu'à 1965 puis deux retours en montagne en 1984 et 1986.

Dès le premier chapitre, le ton est donné : Walter Bonatti a un caractère entier, il récrimine, accuse, se défend, se répète et écrit des paragraphes entiers qui dénoncent « ces gens-là », càd ceux qui dénaturent l'alpinisme en utilisant du matériel moderne comme le « spit ».
Ce ton vindicatif pourrait en décourager certains mais moi j'ai bien aimé. J'ai trouvé que Bonatti se livrait tel qu'il était, véhément, honnête, plutôt content de lui, un caractère fort qui cadre bien avec un passionné de montagne.

Il commence par sa performance sur le Grand Capucin. On l'a accusé d'avoir préparé la voie ?! d'avoir abusé des pitons ?! Il s'en défend, nous donne le nombre précis de pitons utilisés (cela m'a fait sourire) et nous décrit le peu de matériel qu'ils avaient à l'époque, lui et son compagnon, deux jeunes alpinistes avec cordes de chanvre et même pas un sac correct.
Quelques chapitres plus loin, rebelotte, Bonatti nous partage son amertume envers l'équipe nationale italienne envoyée au K2 en 1954. Alors qu'il remontait de lourdes bonbonnes d'oxygène à plus de 8000m pour les mettre à disposition des premiers de cordée, il ne trouve personne au rendez-vous et il est contraint avec son compagnon à un bivouac imprévu au péril de leur vie dans la tempête qui fait rage.

Bonatti est un puriste et il choisit de prendre ses distances avec les nouvelles façons de faire. Il fait de l'alpinisme une occasion de se surpasser soi-même, face à face avec la montagne, et non pas une compétition pour les médias. D'ailleurs les journalistes de l'époque ne l'aiment pas.

J'ai bien aimé ce livre, pour le caractère bien trempé de son auteur, pour les récits très détaillés de ses ascensions, pour les magnifiques montagnes qu'il m'a fait découvrir. Il m'a manqué un lexique pour la non-initiée que je suis (dièdre - et autres jolis mots inconnus…) mais en cherchant dans le dico, j'ai appris plein de nouveaux termes.

Chapitres et Ascensions :
1951 : face Est Grand Capucin
1953 : face nord Lavaredo
1954 : K2
1955 : Dru
1956 : Noël au mont Blanc (tragédie)
1958 : Cerro Torre
1958 : Gasherbrum IV
1959 : Pilier Rouge du Brouillard
1961 : Rondoy nord
1961 : Pilier central (tragédie)
1962 : Pilier d'Angle
1963 : Face nord des Grandes Jorasses
1964 : éperon Whymper
1965 : face Nord Cervin
(ainsi que deux autres ascensions en 1984 et 1986)


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Ouvrage un peu décousu qu'est ce livre de Walter Bonatti qui, certes, l'annonce dès le titre : il est là pour parler des montagnes de sa vie et donc des ascensions qui l'ont marqué.

Peu d'éléments donc sur sa vie entre 2 expéditions et focus sur les ascensions, sur le récit desquelles il excelle et, j'avoue, là où je l'attendais.

Walter Bonatti est une légende de l'alpinisme et sa "carrière" époustouflante, concentrée sur une durée de moins de 20 ans.
Sur cette relativement courte durée, on ressent bien d'ailleurs, tout au long du livre, les difficultés qu'il aura eu avec ses pairs et qui l'auront conduit à se tourner vers d'autres aventures.

Il est difficile, quand on est béotien comme moi, adepte de l'alpinisme par procuration, de se faire une religion quant aux polémiques dont Bonatti a été la cible.
Dans le même esprit, il n'est pas évident non plus de se positionner relativement à ses assertions sur la "philosophie" de l'approche de la montagne.
Et c'est un peu ce que je reprocherais à ce livre : trop de volonté de se justifier et pas assez d'éléments de contexte.
Le livre de Terray est, pour moi, plus abouti et plus homogène.

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Cette biographie permet de mieux connaitre ce grand alpiniste, qui est vraiment un sur-homme ! On comprend un peu mieux ses motivations et ce qui le pousse là-haut. Il a vécu vraiment des choses incroyables, et sort indemne de situations extrêmes : épatant.
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J'ai attaqué ce livre très rapidement après avoir refermé les Conquérants de l'Inutile de Lionel Terray qui m'avait émerveillé. Fort de cette découverte des grands récits d'alpinisme, je devais explorer d'autres sommets ou changer de cordée. Quelques rapides recherches sur Babelio et notamment dans les lectures de Nastie92 m'ont dirigé vers cet autre livre référence de Walter Bonatti. Et je rentre à nouveau ébloui par ce que j'ai vécu. Tant l'homme que ce qu'il raconte et la façon dont il le raconte m'ont envouté. Passion, situations épouvantables et fascinantes, drames, introspection, émerveillement, j'ai l'impression d'avoir été présent à certains moments. L'univers qui nous est décrit produit la même fascination sur moi qu'un univers de science-fiction imaginaire… étourdissant !
Au jeu des comparaisons avec Lionel Terray, que je ne vais développer que sur ce seul point, on sent chez Bonatti une rancoeur à l'encontre de ses contemporains. Mais quand on découvre par quelle campagne de dénigrement il est passé dès ses plus jeunes années après l'expédition italienne sur le K2 en 1954, on peut comprendre qu'il ait perdu une sorte d'innocence.
Montagnes d'une vie se dévore comme un livre de nouvelles. Chaque chapitre raconte une expédition unique sur une montagne, avec très ponctuellement une petite lassitude devant cet enchainement de sommets. Il faut alors s'autoriser un bivouac avant de repartir. Au final les réflexions et la poésie de Bonatti font de cette grande course un moment de partage et de découverte inoubliables.
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La première partie du livre n'est que critiques et justifications.
- Machin utilise telle technique, ça n'est pas très éthique.
- Bidule à dit ceci sur moi, ça n'est pas vrai ...etc.

Je ne doute pas qu'il fut un grand alpiniste, mais je n'ai pas du tout accroché à ses mémoires. du moins, ce début à la saveur de règlements de comptes m'a découragée à poursuivre ma lecture. À réserver peut être à des ferrus d'alpinisme qui sauront aller au delà.
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Les mémoires d'un alpiniste et quel alpiniste ! L'un des meilleurs de tous les temps. Ses récits d'ascension sont impressionnants et font froid dans le dos. Quelle audace pour le matériel de l'époque. Et toujours en quête du prochain défi, la prochaine paroi et en toute humilité. Une carrière courte mais fantastique, tous les problèmes de l'alpinisme de cette époque, des ascensions dramatiques aussi avec la perte de plusieurs compagnons de cordée après des bivouacs de fortune désespérés. Dans les Alpes et logiquement au-delà, un rêve en Himalaya inaccessible pour l'époque.

Bref à lire absolument pour tout alpiniste et tout un chacun qui veut découvrir une grande figure des montagnards, injustement mal-aimée et méconnue du grand public.
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